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  • Sam 7 Jan - 23:01
    Tuons la bête !!!


    Hiver 03
    Frontière entre Melorn et le Reike




    Allongée le toi de la caravane, les yeux mi-clos, j'attends qu'Aryan soit prêt à partir. Serpent est toujours à l'intérieur depuis que nous somme descendu du bateau de Vera. Il fait froid et d'ordinaire, mis à part pour voler, j'évite de l'emmener dans des endroits aussi froid. Ici, nous somme dans la forêt, il n'y a pas de montagne et pourtant, la neige tombe et le givre couvre les branches depuis quelques jours. C'est un nouveau monde...

    En contre bas, un moineau se pose. Je le suis des yeux, tête droite. Mon expression involontairement hautaine le toise et il s'envole rapidement.

    Aujourd'hui, Aryan veut passer dans un village pour récupérer de l'encre et quelques ingrédient qu'il apprécie pour la cuisine. A force de lui demander de réessayé d'aller avec lui au contact des humains, et comme il ne veut vraiment pas que je porte les vêtements qui me faisaient mal à la peau, j'ai fini par lui faire accepter ma présence sous une autre forme. Je ne serait pas le centre de l'attention alors même pour moi ça fait un peu moins peur, surtout que ce village est plus grand que le premier dans lequel il m'a emmené. Mais au moins je pourrai essayer une nouvelle fois... Et peut-être m'habituer un peu à leur réaction.

    Depuis que je voyage avec Aryan, il y a sa protection qui fait beaucoup, mais les réactions des humains me paraissent aussi souvent moins mystérieuses. Alors en les observant comme lui observe le monde, ils me surprendront peut-être moins ?

    Aryan sort enfin de la roulotte et je me relève. Sur mes quatre pattes, je m'étire et fais le dos rond avant de sauter à terre depuis le toit. Toute féline, je m'approche des pieds de mon Grand Duc et me frotte à ses jambes en signe d'affection. Ma douce toison d'un blanc rosé illuminée de grands yeux rose fuchsia détone vraiment avec le sol dur, l'absence d'herbe et les alentours ternes, mais je ne m'en rends pas vraiment compte... Tout comme je n'imagine pas un instant que cela pourrait attirer l’œil des humains. Ils ont de drôles d'yeux les humains.

    Le village n'est pas très loin et j'obéis au doigt et à l’œil à tout ce que pourrais me demander Aryan, sur mon apparence de chat comme sur le comportement à adopter. Contrairement à la première fois, je ne suis pas en humaine, mais je ne le touche pas non plus. Un plus un moins pour mon cœur qui bat incroyablement vite.

    - Miia. " miolais-je en apercevant les premières maisons, la fourrure bouffant malgré moi sous l'effet du stress.

    Nous avançons, les gens commencent à être plus nombreux... Anormalement nombreux. Quelque chose vibre dans l'air. Un goût de chasse. Une envie de richesse. Une peur de l'étranger qui fait courir le frisson de l'aventure le long du dos. Je hume l'air, trouvant l'endroit étrangement frais pour un regroupement d'humains. Ils ne sont pas là depuis bien longtemps et vibrionnent ensemble.

    - Une battue ! C'est le mieux à faire ! " lance un homme de haute taille d'une voix si grave et portante qu'elle me parvient sans peine.

    D'autres murmures se font plus discrets. D'autres hypothèses et d'autres volontés se font entendre.

    Moi, je regarde Aryan, inquiète. Ma queue bat rapidement l'air et je dois avoir l'air deux fois plus épaisse que je ne le suis vraiment tant mes poils sont ébouriffés.

    CENDRES
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  • Dim 8 Jan - 19:16
    Cela faisait maintenant quelques jours qu'ils avaient traversés le détroit pour atteindre les forets du nord. Il faisait ainsi beaucoup plus froid, il pleuvait d'avantage, et on voyait moins aisément a l'horizon. Pourtant, l’atmosphère n'avait pas véritablement changé. Le temps n’était qu'un détail. Tant qu'elle était avec lui, tous le reste était anecdotique.

    En sortant ce matin la, il avait changé de style de vêtements. Il portait toujours ses pantalons amples, mais au lieu de ses vestes fines et ouverte, il portait un manteau plus épais, en fourrure, qu'il gardait cependant toujours entrouverts, pour bien respiré. Il n'avait pas changé de style par hasard, et cela n'avait rien a voir avec le froid ambiant. C’était plutôt dans un soucis de choc culturel.

    Ils allaient bientôt atteindre un village. Hava serait sans aucun doute sous métamorphose, tant qu'elle n'avait rien a se mettre sans s’abîmer la peau. Aryan continuait d'ailleurs de réfléchir a ce qu'ils pouvaient bien faire pour remédier a ça. Quand a lui, si il arrivait dans une région froide a moitié dénudé, il allait largement attirer l'attention. Enfin, d'avantage que ce qu'il faisait déjà. Voila pourquoi il était plus vêtu que d'ordinaire.

    Il se pencha quand elle vint se frotter contre lui et la caressa. Il allait laisser les chevaux ici, alors que les petites maisons du premier village qu'il croisait depuis leurs arrivés étaient en vu. Il remarqua aussitôt l'attroupement qui se trouvait entre eux et le village. Mais visiblement, ils avaient le dos tournés aux arrivants, donc ce n’était pas vis a vis de eux que la colère grondait. Une battue.

    - Reste bien proche de moi, Hava.

    Il n'avait pas besoin de poser la question pour comprendre de quoi il en retournait. Une bête. Un monstre, dans les parages. Plus loin dans la foret. Et les hommes s’étaient armés pour s'occuper d'elle. Hum. Aryan eu sa curiosité piqué. Qu'elle était donc cette bête sanguinaire qui pouvait bien faire aussi peur a tout ces gens. Il jeta un œil a Cornue, et en souriant, tomba accroupit pour etre plus a la hauteur de sa petite protégée.

    - Ces gens sont a la poursuite de quelques chose. Si cela te conviens, essayons de la trouver avant eux.

    Toujours souriant, il agita légèrement la main. Aussitôt, venu de l'autre coté, a l'opposé d'eux, une silhouette humain sortit en courant. Un voyageur. Qui semblait a bout de force.

    - Il...ils sont des dizaines...ils vont venir ici...il faut se mettre a l'abri...

    Un énorme tumulte prit le groupe qui, prit de panique, se rua droit vers le cœur des maisons, loin du danger. Pas très courageux pour des volontaires a une chasse. Enfin, si ils devaient affronter une meute entière de monstres, ce n’était déjà plus la même chose !

    Relâchant son illusion, Aryan accéléra pour rejoindre Cornue qui avait déjà prit les devant. Il fallait maintenant partir a la recherche de la créature en question. Visiblement, ils avaient déjà défendu leur maison, et attaquer la bête. C’était ce qu'il avait compris des discussions du groupe d'humain. Ils n’étaient pas encore si loin du Reike, et il y avait encore beaucoup de communautés humaines.

    - Tu dois nous aider a le trouver, ma belle Hava. C'est ta spécialité aprés tout, plus que la mienne.

    Ils passèrent pratiquement deux heures a marcher, s'éloignant petit a petit du village, jusqu'à parvenir a remonter une piste. Ils n’étaient plus très loin.
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    Rêve
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  • Dim 8 Jan - 21:49
    Si les méandres des forêts qui bordaient Melorn et ses villages périphériques avaient déjà quelque chose de magique, tant par leur nature que par leur longue histoire, elles abritent aujourd'hui en leur sein une anomalie bien au-delà de sa faune habituelle. Ca et là, contre le tronc d'un arbre centenaire ou encore déposé sur un amas de mousse, une curieuse substance liquide se mouvait lentement. Véritable curiosité de la nature, les épaisses éclaboussures luisaient d'un éclat curieux tout en adoptant continuellement de diverses teintes et textures, tantôt somptueuses et vibrantes et parfois sombres et inquiétantes.

    Ce mystérieux produit détenait en réalité de bien tristes origines, car il était tout bonnement le sang d'une créature née de la magie, une bête formidable aux intentions nébuleuses que l'Homme, dans sa peur intemporelle de l'inconnu, avait jugé bon de détruire. La chimère se mouvait difficilement, tâchant d'éluder la douleur poignante qui parcourait son corps meurtri pour se concentrer sur l'important : sa survie. Son corps immense serpentait entre roche et végétation tandis qu'elle s'enfonçait toujours plus profondément dans l'obscurité, cherchant dans les ténèbres le réconfort du monde dont elle était issue, à savoir celui des songes. Elle ne rencontrait bien sûr aucun succès dans sa tâche puisque malgré la longueur de son périple, rien ne le séparait vraiment de ses terribles poursuivants. En effet, son sang aux propriétés surréalistes trahissait sa présence, de même que les empreintes gigantesques que laissaient ses serres sur son passage.

    Il aurait pu voler pour s'échapper, bien entendu, disparaître dans la nuit afin de trouver un nouveau nid moins inhospitalier. Sa blessure, bien qu'insignifiante en vue de sa taille extraordinaire, freinait toutefois ses facultés à recouvrer ses forces et le plongeait doucement dans une léthargie qui rendait incertaine la perspective d'un décollage. La bête se trouvait donc bien embêtée, car nul lieu n'était sûr pour elle, du moins pas dans son environnement immédiat. Là où elle n'avait jusqu'à présent qu'observé les Hommes depuis son apparition sur le plan matériel, elle avait récemment commis une faute qui, de fil en aiguille, était remontée jusqu'à elle, causant ce cuisant échec qu'elle connaissait actuellement.

    L'erreur se situait dans sa naïveté profonde, son ignorance partielle des dogmes humains et des trahisons dont ils se rendaient si souvent responsables. Il s'était posé aux abords de Melorn et, dans son infinie curiosité, avait pris le temps d'explorer les abords d'un lac, détaillant chaque chose qui s'y trouvait avec un intérêt certain, mais il s'était attelé à cette tâche avec tant d'entrain qu'il en avait oublié ses sens et qu'il avait lâchement été frappé d'une flèche décochée par un chasseur qui rêvait sans doute d'effectuer la prise de sa vie, faisant de la bête impossible un trophée unique en son genre. Ses compères et lui-même avaient connu un sort bien triste car, dans sa colère, la créature avait usé de ses dons mystiques afin de riposter, causant chez les agresseurs des lésions spirituelles si profondes qu'ils en étaient ressortis brisés, la psyché fragmentée par le pouvoir terrible du monstre onirique.

    Certains étaient tout de même parvenus à se défaire des hallucinations et de la souffrance par pur instinct de survie, revenant paniqués de leur excursion pour communiquer à leurs pairs l'effroyable découverte à laquelle ils avaient été confrontés. Bien vite, les Hommes s'étaient rassemblés pour faire face à ce qu'ils avaient désormais identifié comme menace. Malgré sa tentative d'échapper à la revanche des traqueurs, la bête avait visiblement été retrouvée, car des bruissements perdus dans les murmures du vent la tirèrent à ses réflexions pleines d'angoisse. De toute sa hauteur, elle s'était redressée afin de faire face aux arrivants, déployant les plumes fabuleuses qui ornaient son cou allongé tout en étirant ses ailes gigantesques, mimant ainsi la posture menaçante de l'oiseau de proie dont il partageait certains traits.

    S'il n'avait que peu en commun avec le prédateur dont il avait hérité le faciès, Rêve savait se montrer cruel lorsque sa situation le nécessitait.
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  • Lun 9 Jan - 0:53
    Tuons la bête !!!


    La demande d'Aryan était claire... Et je ne peux pas faire comme si je ne savais pas ce que trouver une chose curieuse et neuve représentait pour lui. Il adore ça. Je crois qu'en un sens, c'est même pour ça qu'il était inquiétant quand nous nous sommes rencontré. Maintenant je suis moins étrange à ses yeux, alors moins intéressante. Mais le monstre dont parle les humains de ce village, ça c'est une autre histoire.

    En sentant que la poursuite se profile, je ne pouvais m'empêcher de plaquer mes oreilles en arrière, les yeux exorbités, finissant de ressembler à une boule de chat terrifiée.

    Je veux lui faire plaisir, vraiment, mais une idée vient de me traverser l'esprit au rythme de la peur et de l'agressivité de la petite foule humaine : ils pourraient très bien me prendre pour un monstre. Mes ailes ne sont pas déployées, mais elles me font mal quand même. Une chaleur brûlante monte dans mon corps au point d'en être glaciale et le souvenir des hurlements de colère et de victoire me font vraiment peur.

    Aryan doit finalement me ramasser pour que nous nous éloignons de quelques dizaines de mètres, avant que je ne parvienne à me calmer, en ronronnant fort dans ses bras.

    Une fois passer la vague de panique, le chat fait place à la louve. Pâle au point d'en paraitre albinos, je hume et tends l'oreille. Le nez dans l'humus, malgré le gel, le parfum frais que j'avais trouvé à la bourgade semble étrange sous mon museau, seulement partiellement présente. Intriguée, je reprend ma forme bipède, celle qu'Aryan aime le plus, et là, je comprends.

    C'est sous cette forme que je la perçois le mieux. Ce parfum est à la fois fait de vent et d'éther.

    Je m'interrompt, surprise, et fais quelques pas pour m'éloigner d'Aryan.

    - Non. Reste là. " S'il s'approche, je ne serai pas sûr. Parce que là c'est léger... Mais familier... La curiosité prend le pas sur la peur et après avoir fait quelques cercles dans la zone, je pointe formellement une direction. " Vient !

    J'attrape la main d'Aryan et le tire à ma suite droit dans la forêt, dans la direction la plus impraticable. Mes jambes s'égratignent sur les ronces qui ne font que glisser sur le pantalon de l'ange, mais les marques n'ont même pas le temps de laisser perler mon sang qu'elles s'effacent aussitôt. C'est un phénomène à la fois récent et ancien. Avant, j'étais comme ça, quand on me blessait, l'entaille se refermait. Mais après je ne l'étais plus. Et je recommence un peu depuis que nous avons traversé l'Océan. C'est agréable de ne plus me demander où je peux poser mes pieds ou quel buisson va le moins piquer. Au pire, ça s'arrête vite.

    Soudain, je m'arrête une nouvelle fois et lâche Aryan pour sauter à quelques pas de là, ouvrant les ailes pour planer jusqu'à un tronc et m'y fixer avec mes griffes. Là, sur la racine, une substance aux reflets étranges m'observe bizarrement. Sous mon ombre, elle tourne au gris cendre. Je bouge, elle rayonne un bref instant d'une couleur que tous les yeux ne peuvent pas voir.

    - Aryan ! C'est ça ! " Je tends la main et touche la substance.

    Liquide. Chaude. Froide. Électrique. Irritante. Douce...

    Je frissonne et l'essuie précipitamment sur le tronc avant de sauter de nouveau au sol. Ce n'est pas douloureux ou véritablement désagréable c'est juste que... J'aime pas. ça me révulse du plus profond de mon être. Il y a là dedans une puissance sur laquelle je ne veux pas mettre de mots. Un peu plus inquiète, mais toujours aussi curieuse, je cherche un peu alentours et dénichent d'autres traces de cet étrange liquide. Un signe à Aryan et je les suis, me déplaçant à moitié accroupie en m'aidant de mes bras pour garder plus facilement l'odeur.

    - Hmmm... "
    Le sol a beau être froid, par endroit, il garde tout de même la trace bien marqué d'une empreinte lourde. La première fois j'ai cru à une créature autre. Mais la seconde, je réalise que les empreintes suivent le liquide irisé. Je pose la main à côté pour mesurée entre mon pouce et mon indexe. " C'est un oiseau. Il a des pattes comme ça... Un oiseau de proie... Un très très gros Grand Duc... Très différent de toi, aussi.

    Je fronce les sourcils. Oui... Très différent d'Aryan. Je me relève et me met sur la pointe des pieds, pour tendre le bras le plus haut possible en une estimation approximative. ... Je peux pas aller plus haut !

    - Grand... comme ça.

    Je retombe sur mes talons, soupirant. Il devait être même plus grand encore...

    - J'ai pas assez de bras... Mais tu vois ?

    Mon angoisse n'est absolument pas monté après ses observations. Au contraire. C'est un animal. Un animal bizarre et grand aux parfums d'éther familier. Autrement dit, rien à craindre, il est prévisible et on peut facilement lui parler et s'expliquer, contrairement aux humains. Puis un grand duc avec mon grand duc, ça pourrait être une belle rencontre aussi... Tant que je n'essaie pas de les faire cohabiter longtemps sur le même territoire j'imagine. Enfin Aryan n'attaquera pas le premier, il ne lui fera pas de mal, alors ça devrait aller.

    Nous marchons encore un moment, moi, de retour dans les bras d'Aryan par pure envie. Après lui avoir voler un baiser, je le guide d'un nouveau geste de la main, puis me redresse et l'arrête en reposant ma paume sur son torse emprisonné de fourrure. Les oreilles dressées, je tourne la tête et observe entre les arbres. Là-bas, dans la pénombre d'un replis de terrain, dans une portion particulièrement inextricable de la forêt, je viens de voir quelque chose bouger. Des plumes. Des couleurs étranges. Je ne parviens pas à en saisir la forme...

    La pointe de mes cornes cristallines luit légèrement de ce feu fuchsia qui scintille parfois derrière mes iris. Je me colle davantage à Aryan, tout contre son oreille.

    - L'oiseau est là. Je crois qu'il nous vois... Il sent la peur... ça peut le rendre dangereux. Il faut être très doux.

    Je considère à nouveau la pénombre agréable et ajoute toujours en un murmure.

    - Je peux aller voir d'abord si tu veux... Mais si tu restes pas loin.

    Parce que bon... Il est quand même très très gros cet oiseau là.


    CENDRES
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  • Ven 13 Jan - 22:03
    Il n'avait pas spécialement de compétence pour la traque. Il était même, actuellement, bien plus intéressé par la voir faire, plutôt que de chercher lui même. Chacune de ses actions était faite a dessein. Jamais rien au hasard. Un animal, a la traque d'un autre. Il reste d'abord en retrait, comme elle lui avait ordonné, mais la suivant des yeux autant que possible, puis tendant l'oreille pour essayer de l'entendre, quand elle fut hors de vue.

    - Tu as une piste ?

    Visiblement oui. Elle avait fait des cercles, presque comme un oiseau de proie, et quand elle eu quelque chose, elle revint le chercher. Pour ne pas l'oublier peut être ? Ou bien pour se sentir plus en sécurité alors qu'elle était a la recherche d'un potentiel réel danger. Jusqu’à il y a peu, elle n'aurait probablement fait ça. Elle aurait plutôt éviter cet endroit. Avec des humains proches, elles n'auraient meme pas approché pour avoir ne serait ce qu'une idée de ce qui se passait, non ?

    - Hum...montre moi ?

    Il s'approcha après qu'elle ai eu lâché sa main. La substance avait la texture du sang, mais donnait une impression visuelle autre. Aryan n'eut aucun mal a comprendre. C’était une illusion. Ni l'un ni l'autre n’était capable de définir la forme exacte de la chose. Impressionnant. Une illusion a distance se basant sur la vision de celui qui regardait. Il se demanda comment cela marchait.

    - Continuons.

    Il observa l'estimation et songea légèrement. Aussi grand, c’était difficile de croire que les villageois s’étaient fait avoir par surprise. Il se demanda si elle avait vraiment attaqué les humains ? Ça ne lui aurait pas étonné qu'ils décident de passer a l'attaque sans vraiment réfléchir. C’était bien le genre de l'humanité. La peur les etreignants, ils essayent de faire disparaître ce qu'ils ne comprennent pas. La peur de Hava venait de la.

    Ils tombèrent finalement sur la créature. L'oiseau, comme l'appelait Cornue. Elle était revenue dans ses bras, presque plus comme une habitude que par besoin. Elle avait envie, et de plus en plus au fil des semaines. Lui même n'avait pas autant de soucis a lier le contact physique. Ils étaient un vrai duo a présence, d’âme et de cœur. Il accepta le baisé et la laissa reposer par terre, en relâchant ses fesses, par lesquelles il la tenait toujours.

    - Seule, pourquoi ça, ma douce Hava ? Nous sommes deux, nous restons deux.

    Il passa doucement la main dans ses cheveux, et doucement, passa devant, pour la première fois depuis le début des recherches. Il faisait juste assez de bruit pour qu'ils ne soient pas une surprise, et si il avait gardé une main dans cette d'Hava, il leva l'autre gentiment.

    - Bonjour, créature. Te voilà bien blessé.

    Il s’arrêta a une bonne vingtaine de mètres, et lâcha la main de la démone. Il ne pouvait pas s'approcher d'avantage sans entrer dans le périmètre de sécurité naturelle de la bete. Une créature massive, mais visiblement bien abîmé. Les yeux de l'ange pétillèrent un bref instant qu'Hava pu reconnaître facilement maintenant, si elle l'avait vu. Et si il l'avait lâché, c’était pour qu'elle, puisse s'approcher, sans doute plus douée pour mettre en confiance la créature.

    - Nous ne voulons que ton bien. Nous avons mis tes poursuivants sur une mauvaise piste. Et je peux essayer de te soigner, si tu acceptes de me laisser approcher.

    Il avait levé la deuxieme main. Et se tu, laissant désormais Hava lui donner confiance.
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    Rêve
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  • Sam 14 Jan - 1:43


    Les ailes toujours tendues en signe de menace, la créature mystique s'agitait mollement tandis que son cou immense se balançait latéralement, décrivant des mouvements serpentins qui se voulaient hypnotiques. Les plumes toujours tendues depuis leurs racines, le monstre légendaire fixait de ses yeux noirs les deux intervenants curieux qui venaient de se joindre à lui. Silencieusement, il les jaugeait sans mot dire comme l'aurait fait un animal farouche, ce qu'il était d'ailleurs temporairement devenu sous le coup de la peur. Son amour pour les rêveurs était certes inconditionnel, mais il savait toutefois ses craintes parfaitement justifiées en vue de la violence bestiale avec laquelle il avait été traité récemment malgré son absence totale d'hostilité. N'ayant pas le besoin essentiel de se nourrir, il n'avait d'ailleurs anéanti aucune vie depuis son apparition sur le plan matériel.

    Malgré son angoisse, il parvint peu à peu à recouvrer ses esprits ainsi que sa sagesse après un long moment d'hésitation. Devant lui se tenait un humanoïde splendide au visage enjôleur et à la gestuelle élégante et mesurée. Rêve était certes passé maître dans l'art de l'illusion mais se laissait tout de même prendre à son jeu malgré lui, la pureté que dégageait son vis-à-vis aidant à le mettre en confiance. Il y avait d'ailleurs quelque chose de surnaturel dans la beauté de cet être, une forme d'aura apaisante de bienveillance qui semblait le placer au dessus des hommes. Il y avait de quoi craindre un diamant aussi parfaitement taillé, car un tel trésor venait rarement sans prix, mais Rêve choisit tout de même de se laisser tenter.

    Ses ailes étincelantes s'affaissèrent peu à peu et le cou allongé se tordit pour s'abaisser, ramenant le faciès du volatile au niveau de celui de son interlocuteur. Le Voyageur faillit s'approcher mais, après un premier pas, il découvrit le second personnage que l'obscurité avait maquillé jusqu'à présent. Une femme, ou du moins en avait-elle l'apparence. Rêve nota immédiatement qu'elle se présentait dans son plus simple appareil, mais il savait pour s'être déjà conféré une telle apparence que la nudité totale n'était pas synonyme d'absolue franchise. Il y avait ce premier personnage déjà bien énigmatique et s'y ajoutait désormais une partenaire tout aussi intrigante, chose qui suscita chez la créature onirique un nouveau regain d'anxiété. Ce duo était trop beau, trop parfait pour être vrai. Cela cachait-il quelque chose ?

    Pour savoir, il devait toucher, établir un contact afin de subtiliser quelques fragments de souvenir. Pour écarter les craintes et chasser la curiosité qui pointait le bout de son vilain museau, le Prince exilé se voyait contraint de faire preuve d'un excès de bravoure. Alors il leva sa patte griffue pour se lancer, montrant aux inconnus un dos rond ainsi qu'une démarche peu assurée, proche de celle d'un loup qui entrevoyait sa proie sans pouvoir établir avec certitude si elle valait la peine d'être attaquée. A l'apparent altruisme s'ajoutaient des mots rassurants, des promesses pleines de bonté. Ils voulaient aider, ils n'étaient pas venus s'enfoncer dans les ténèbres afin de lui nuire. Pouvait-il les croire ?

    A portée de bras du mystérieux individu, Rêve pivota sur le côté et offrit ainsi son flanc vulnérable. Il tendit son aile meurtrie timidement et dévoila ainsi sa plaie béante au clair de lune. La flèche avait perforé l'aile repliée, puis avait traversé la chair arc-en-ciel pour s'y loger. Dans sa course, elle avait pénétré le corps de la bête jusqu'au torse, décrivant au terme de son trajet une seconde incision, peu profonde mais également douloureuse. Il souffrait, et de là naissait une colère sourde qu'il n'avait jamais eu l'occasion de connaître dans le monde immatériel où il avait tant vécu. Encore une fois, la perspective de devenir intégralement Cauchemar devenait chaque jour un peu plus alléchante.

    "Je vous accorde ma confiance, rêveurs. Ne la trahissez pas."

    Les deux voix qui s'étaient échappées de son corps gigantesque trahissaient sa condition. Loin de la bête sauvage que décrivait les villageois apeuré, il était un être doué de conscience et d'une palette d'émotions vastes, toutes aussi fugaces et puissantes que l'étaient celles des mortelles. Son ton était anormalement sec, plus menaçant d'ailleurs qu'il ne l'aurait voulu. Sa voix la plus grave s'était faite rauque, caverneuse, mais aussi impérieuse et angoissante, comme pour démontrer que sous le doux plumage se cachait la puissance millénaire d'une créature qu'il n'était pas sage de défier en vain. Le regard d'ébène se plongea dans les iris clairs de la figure angélique. La bête attendait de découvrir si sa proposition était sincère, mais elle s'apprêtait déjà à faire usage des serres mortellement aiguisées que son créateur lui avait sculpté.

    Seuls les claquements de sa queue battant l'air venaient rompre le silence du somptueux bosquet et la tension demeurait palpable.
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  • Sam 14 Jan - 19:44
    Tuons la bête !!!


    C'est assez drôle en fait... si mon grand-duc est un jour blessé, je l'imagine assez facilement agir comme cet oiseau là.

    Grand, suspicieux, mais fort, tellement fort qu'il ose montrer sa blessure comme ça, sans preuve, sans soin. L'un comme l'autre, ils savent qu'ils sont grands, dans tous les sens su terme. ... Je ne lui dirais pas mais les plumes de cet oiseau là son plus jolies que celles d'Aryan, même si celles d'Aryan sont mieux parce que ce sont celles d'Aryan. D'une couleur chaude qui resplendi dans la pénombre, irisées de reflets aussi multiples que ceux de la Lune et de l'eau qui miroite dans les coroles des fleurs juste après le couché du soleil. Ses plumes épaisses semblent chaude, duveteuses. L'est-il plus que le ventre de Faucon contre lequel j'avais passé quelques jours en attendant qu'il récupère d'une blessure à l'aile ?

    Lorsqu'Aryan m'a lâché la main, je lui en était reconnaissante. Lui s'amusait à rencontrer quelque chose de neuf. Moi... Moi j'ai reçu de plein fouet une vague d'angoisse, de peur et de colère qui me faisait bouillir le sang. C'était violent et tout en reconnaissant sa présence, éviter de montrer les crocs était une attention constante, ma queue fouettant l'air malgré moi.

    Pourtant, alors qu'il est si proche, l'oiseau est... différent. Contrairement à ce que je pensais, il n'est pas une bête. Il n'est pas un humain non plus. En retrait, à l'ombre d'un tronc, je l'observe de mes grands yeux roses. Ma bouche me fait mal et particulièrement mes crocs. Une telle envie de mordre... Et l'odeur étrange de son sang, familier et inédit. Hérissée, je me tiens les côtes et respire pour laisser passer les impressions et l'énergie qui me rend fébrile. Un gouffre s'ouvre en moi et... J'ai Faim. De temps de choses... riche de tant de regrets et de tant d'espoir... Passer en mots et en concepts les sensations brutes que l'Oiseau m'inspire est un travail auquel je ne me résous pas.

    D'une façon ou d'une autre, j'ai l'impression de le connaitre.

    Puis il a montré la flèche... Et j'ai compris. Ni bête, ni homme. Chassé par les humains qui le trouvent bizarre. Seul dans la forêt.

    Il est comme moi.

    Le mouvement colérique de ma queue redouble, mes longues oreilles plaquées en arrière contre mon crâne. Si je me laissais aller, j'en gronderais. Ils lui ont fait du mal à lui aussi. Comme moi. Comme ma forêt. J'ai pas envie de me calmer et mes émotions se mêlent aux envies et aux émotions qui ne sont pas tout à fait les miennes. Mes yeux semblent luire de l'intérieur et mes ailes frémissent. C'est fort... Puissant... Les voir hurler face à une bête d'horreur pur... Sentir leur peur.

    Mes pupilles s'étrécissent. Un coup de langue passe sur mes lèvres et je respire à fond, l'énergie que me donne cette perspective me donnant envie de déployer mes ailes, de sentir mes griffe s'enfoncer dans la terre dure à chaque foulée.

    Pour ne pas mettre l'Oiseau mal à l'aise, je reste à quelques pas sans faire mine d'avancer, le sang battant mes tempes. ça ne me gêne pas, ni ne m'effraie, mais cela pourrait déclencher des réactions chez l'homme-oiseau.

    - Aryan sait soigner. Il m'a soigné. Tu peux le soigner, n'est-ce pas ? Et moi je peux aider.

    Ma voix est inhabituellement chaude, légèrement rauque. Les mots d'ordinaire difficiles à venir glissent sur ma langue avec facilité. Je garde les yeux sur ses magnifiques plumes et une fois que j'estime le soin bien entamé, je cherche ses yeux au bout de ce cou sinueux. J'ai beaucoup de questions. Au moins trois, mais une me parait plus pressante. Une question cryptique qui n'en est pas vraiment une...

    - Oiseau... Ceux qui t'ont fait ça peuvent souffrir. Tu veux de leur peur...

    Moi, je peux aider...

    CENDRES
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  • Lun 16 Jan - 20:37
    Aryan n'eut pas besoin de réfléchis beaucoup pour comprendre. La taille de la créature avait commencé a l'aiguiller. Sa morphologie animale, ensuite, qui ne l'empéchait pas de parler. Et enfin, cette impression identique qu'il avait la premiere fois qu'il avait vu Cornue. Il etait loin de trouver ce volatile aussi beau et fascinant que sa démone a lui.Parce qu'il la considérait comme a lui dorénavant, sans jamais le lui dire comme ça bien entendu. Et l'inverse etait également vrai. Il etait a elle, un peu.

    « Un démon ».

    Difficile d'etre vraiment tout a fait sur, mais comme il aimait les hypothèses, celle la était sa numéro une. Il observa encore la créature, tandis que Hava lui parlait, et s'approcha lentement, les paumes toujours un peu redressé pour signifier qu'il venait en paix. Un monstre de cette taille serait une vraie plaie a abattre, sans compte le fait de devoir convaincre Hava de se défendre. Elle avait toujours mille et une raison pour fuir ou bien pour justifier la hargne d'un animal. Mais il n'en etait pas vraiment un.

    - Je n'ai pas des compétences très importantes, je ne sais pas si ca suffira. Je peux au moins gagner du temps, jusqu'à ce qu'on trouve mieux pour vous soigner avec une méthode plus...rudimentaire.

    Il remarqua alors la voix d'Hava et soupira. Voila qu'elle criait vengeance. De ces humains dont elle ne voulait absolument pas entendre parler en grande quantité. Il posa la main sur sa tete et appuya un peu en lui frottant les cheveux un peu sechement, de façon un poil désagréable, histoire que sa pensée passe sur ça plutot que l'idée des coupables de la blessure.

    - Réfléchit deux secondes, Hava. Qu'est ce que je t'ai déjà dis un grand nombre de fois ? Garder son sang froid. Si tu t'emporte, nous aurons tous des problèmes. Il n'est pas mort, aidons le et partons d'ici en l'aidant a s'éloigner. Tu ne peux pas affronter tous le monde dés que tu es agacée.

    Et si en plus l'autre s'y mettait aussi, avoir les deux sur les bras a gérer ne serait pas très facile, même pour lui. Si en plus son sang émettait de lui même des illusions, pas sur que les siennes fonctionnent bien. Il relâcha sa tête et se pencha, l'embrassant dans les cheveux avant de rejoindre le flanc du volatile. La blessure était visiblement assez vilaine.

    - Il faut commencer par retirer le projectile. Vous avez perdu beaucoup de sang.

    Mais maintenant qu'il y pensait, Hava se soignait naturellement. Pas lui ? Ce n’était donc peut être pas une caractéristique au démon en général, mais juste a elle... ? Si c’était le cas, elle était encore plus exceptionnelle qu'il n'avait cru. Il posa le regard sur elle, et une vague d'amour un peu incontrôlable surgit de sa poitrine. Il n'avait que rarement eu cette émotion. La fois tous les deux dans la foret. Et sans doute rarement autrement. Elle était si belle, a ses yeux.

    Il s'occupa de couper la pointe la flèche qui avait traversé, permettant de plus facilement retirer le reste du projectile. Avec un couteau, il s'en occupa. Il récupéra le bout de feraille, mais il restait a retirer le bois.

    - ...Je vais tirer a trois...un....

    Il retira directement l’épieu de bois ensanglanté qu'il renifla. Pas de poison. C’était une bonne chose. Il posa alors sa main sur la plaie assez profonde, qui commença tranquillement a chauffer. La sensation sur la blessure fut des petits picotements, puis une sensation a la fois désagréable de chair en train de se reformer, et de soulagement, avec la douleur s'échappant peu a peu.

    - Si tu veux aider notre ami, Hava, prend dans mes affaires une serviette, et la gourde d'eau. Pour lui nettoyer un peu le sang tout autour.

    Il désigna son sac d'un mouvement de tete, sans détourner les yeux, concentré sur sa tache.
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  • Mar 17 Jan - 11:58

    Les soins procurés par la figure angélique semblaient être effectués avec diligence, respect et bienveillance. C'était d'ailleurs une bonne chose, car Rêve n'y accordait que peu d'attention et ce manque de méfiance aurait tout à fait pu s'avérer fatal, si le curieux duo s'était finalement montré hostile. La seconde créature, humanoïde en apparence, s'était désormais accaparé la majeure partie de l'attention du Voyageur qui, dans son empathie surnaturelle, percevait dans l'attitude de la jeune inconnue des sentiments aussi curieux que fascinants. Hypnotisé par cette brûlante personnalité qu'était celle de la mystérieuse femme ailée, Rêve sourcillait à peine lorsque le bois et l'acier étaient extraits de son enveloppe meurtrie. Un instant, la souffrance ne devint qu'un bruit de fond, perdant en substance et en importance, et seuls les mots prononcés par l'étrangère semblaient réels.

    Il la dévisageait fixement et son cou se tordait lentement tandis qu'il réfléchissait, s'interrogeant autant sur la nature de la mystérieuse demoiselle que sur la portée des termes qu'elle employait. La peur ? Elle constituait une partie de son être. Il était vrai que l'inspirer lui procurait parfois de formidables sensations, plus puissantes encore lorsqu'il terrifiait ceux qui avaient tenté de le flouer. Toujours sous le joug de cette enivrante envie de découverte, l'immense volatile manqua de peu de s'écarter brusquement du jeune homme pour rejoindre cette dénommée Hava, mais une nouvelle pique de douleur plus importante que toutes les autres le ramena à la réalité de sa situation. Contrastant avec la dureté du traitement, les mots de la figure masculine étaient doux et rassurants, chose que Rêve accueillit avec politesse :

    "Vous avez mon respect ainsi que ma gratitude, rêveurs."

    Les deux voix de la créature mystique avaient retrouvé leur harmonie ainsi que leurs volumes respectifs. L'une ne prenait plus le pas sur l'autre, ce qui témoignait d'un regain d'équilibre certain dans l'esprit du Voyageur. Extirpé de bref élan obsessionnel qui l'avait attiré vers la figure féminine, il se recentra momentanément sur la personne qui procurait physiquement les soins et tâcha de se montrer coopératif avec cette dernière. Après les manœuvres purement pratiques, Rêve fut enfin témoin des facultés surnaturelles dont étaient doté l'inconnu. Du néant, l'étranger sembla attirer à eux une quantité de magie impressionnante qui, dans un vortex étincelant, vint reformer la silhouette abimée de la chimère pour lui rendre progressivement l'apparence conçue par le créateur. Tel un tissu extrait tout droit du cosmos, la chair parsemée d'étoiles se reforma maille par maille, recousue par la simple force de l'esprit et ce spectacle éblouissant ne manqua pas d'attirer l'attention du Voyageur.

    Depuis son ascension sur le plan matériel, il s'était vu privé de la majeure partie de ses facultés et réalisait sans bonheur qu'il n'avait su retenir que ses compétences destructrices, au détriment de miracles de la vie tels que celui-ci. En effet, sa création s'était effectuée en ne sauvegardant que les plus vicieux aspects de ses talents, chose qu'il regrettait amèrement. Il entrevoyait toutefois la perspective de réapprendre des talents plus bénéfiques à son entourage et ne désespérait pas de voir ce souhait réalisa. Peut-être qu'à l'issue d'un entretien avec cet aimable soigneur, il disposerait de nouveaux éléments lui permettant de faire usage de sa magie à ces fins ? L'heure n'était pas encore à cela, de toute manière. Après les directives données à la fameuse Hava par le bienfaiteur, Rêve fixa intensément Aryan et lui murmura subitement :

    "Je lui ressemble, Aryan ?"

    Etrangement, sa voix avait passablement changé. Exclusivement féminine, elle était pour ainsi dire très proche du timbre avec lequel s'exprimait la mystérieuse Hava. Sans le vouloir, Rêve avait inconsciemment profité du bref contact avec la peau d'Aryan pour lui subtiliser bien malgré lui quelques informations sur la nature de la relation qu'entretenait le duo. Sans rien y comprendre, il avait perçu des fragments de chaleur, de la douceur, des rires. L'odeur de la mer, également, mais cette dernière impression avait été si fugace que Rêve peinait à établir s'il s'agissait vraiment d'un souvenir ou d'une simple idée.  S'il relevait la tête, Aryan aurait tôt fait de réaliser que le cou serpentin ne se terminait plus en tête de chouette, car il s'était métamorphosé entièrement pour répliquer les traits de sa démoniaque partenaire. Cerné de plumes, c'était le visage d'une Hava aux yeux intégralement noirs qui l'observait avec attention, copiant jusqu'à l'expression naïve et affectueuse par réflexe :

    "Et toi, tu es un peu comme nous. Mais tu es aussi... différent."

    C'était presque indéchiffrable mais, par ses aptitudes, le Voyageur n'avait pas simplement tenté de copier l'apparence et la mine de la créature mystérieuse. Plus que cela, il tentait maladroitement de s'approprier sa façon de s'exprimer. Inconsciemment, il tentait de la comprendre par tous les artifices et talents dont il était pourvu. Et en passant par cette mystérieuse manipulation, il cherchait à percer la carapace du second inconnu pour l'analyser avec plus de profondeur.
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  • Mer 18 Jan - 19:57
    Tuons la bête !!!


    La main sur mon crâne est pesante. Désagréable. Je la chasse d'une main. Je la repousse fermement. Je parlait à l'Oiseau et il me déconcentre comme ça.

    Face au visage d'Aryan qui me parle comme si de rien était, je prend conscience du regard aiguë et prédateur que je darde sur ses traits et me reprend aussitôt. Je ne voulais pas être agressive avec lui ! C'est pas lui !

    - Je veux pas les affronter !

    Je veux qu'ils aient peur ! Je veux les voir pleurer et les voir demander pitié. Et lui aussi il veut ! L'Oiseau ! Mais comment faire ? Une minute plus tôt cela me semblait évident, mais plus j'y réfléchi, moins j'arrive à me souvenir de ce que je voulais faire... Pourtant il y avait quelque chose, c'est sûr. Quelque chose de bien moins important que l'attention qui me rattrape. Celle de l'Oiseau.

    Ses yeux noirs plongent dans les miens. Abyssaux. Familiers.

    Un frémissement dans ses plumes et je fais un pas en avant, mais une douleur fulgurante m'immobilise. L'Oiseau se détournant vers Aryan et je me retrouve moins tendue. Obéissante, je retourne en arrière de quelques pas pour récupérer l'eau et du tissus. Aucune hésitation, pas la moindre question, le geste est naturel et je reviens aussi sûrement vers Aryan. J'étais déjà en train de mouiller la serviette, sans me soucier du changement de voix de l'Oiseau, lorsqu'il avait posé sa dernière question.

    Je relève la tête te là... Là... C'est moi ! Juste à côté d'Aryan, à une demi longueur de bras de son flanc, je ne peux pas me tromper. Ce visage c'est celui que j'arbore en cet instant précis ! Sauf les yeux qui sont toujours les siens... Moi aussi je préfère mes yeux. Et justement ! D'habitude c'est moi qui suis les autres et là... c'est lui qui est moi ! Mon visage s'illumine de joie.

    C'est si étrange ! C'est si plaisant de voir comme ça un reflet de moi-même ! Même parcellaire, même étrangement déformé comme celui là. Aucune peur, aucun rejet dans mon cœur. Je me met même a glousser.

    - C'est Aryan. C'est un Ange. Donc il est pas comme moi. Mais c'est pas non plus entièrement un humain.

    Ma queue s'agite joyeusement en de longs tracés sinueux. Je crois... Je crois que c'est la première fois que j'ai l'impression de rencontrer quelqu'un comme moi. Je ressens tellement de choses...

    - Mais... On est vraiment pareil toi et moi ? Tu... Tu es quoi ? Tu es qui ? S'il te plait ! " demandais-je avec emphase, la serviette et l'eau toujours dans les mains. C'est curieux comme sa douleur semble beaucoup plus loin que celle de la plupart des êtres.

    CENDRES
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  • Ven 20 Jan - 20:57
    Aryan ne fut pas vraiment agacé de la voir le repousser ainsi. Plutôt...intrigué. De mémoire elle n'avait jamais réagit comme ça vis a vis de lui. Il se demanda si c’était vraiment elle, ou bien si elle avait ingurgité un trop plein d'émotion négative, la mettant sur les nerfs, voir sur la défensive. Peut être que ça lui arrivait régulièrement, ou bien que c’était la première fois. Ne pas la toucher pour le moment, bien.

    Il retourna la tête vers celui qu'il était en train de soigner. Il n'avait pas besoin du respect ou de gratitude, et il s'en moquait. Il voulait juste que la créature soit dans de bonnes conditions pour pouvoir discuter, établir un climat de confiance. Cela semblait etre sur la bonne voie. Il ne pourrait pas totalement soigner la blessure avec ses capacités actuelles, mais c'etait assez pour qu'il puisse bouger et ne se vide pas de son sang. Le temps ferait le reste.

    Alors qu'il commença a changer d'abord sa voix, puis son physique. Donc il pouvait aussi faire ça, mais visiblement, pas changer la taille de son corps. Sauf si c'etait simplement le but de lui montrer une copie de Cornue. Il n'eut pas le temps de répondre qu'Hava, juste a coté, approcha aussitôt, l'air heureuse et un peu éberluée. Comment pouvait elle etre aussi fasciné par quelque chose qu'elle faisait a longueur de temps ? Pour une fois, ça le dépassait un peu.

    - Assez oui. Le timbre surtout fait la différence. C'est la partie du corps la plus difficile a métamorphosé, n'est ce pas ? Les cordes vocales sont un organe qui demande beaucoup de finesses pour les changer de forme.

    Il retira finalement sa main, et la chaleur disparue. La douleur était maintenant beaucoup plus supportable. Il était sur qu'ils avaient le temps, mais c’était sans doute plus simple, avec plus de sécurité, si ils pouvaient s'éloigner un peu d'ici. Mais pas question de précipiter les choses avec une créature pas encore totalement identifiée.

    - Mais vous ne pouvez pas ressembler a quelqu'un juste en copiant sa voix, sa façon de parler ou bien son apparence. Je peux vous assurer sans aucune hésitation, que si je ferme les yeux et que je vous écoute, je reconnaîtrais la vraie Hava entre mille.

    Il posa la main a nouveau sur sa tête, mais cette fois lui caressant simplement brièvement les cheveux de façon affectueuse. Enfin, ca restait quand même une belle performance. Il songea cependant qu'Hava était meilleure pour copier. De ce qu'il en avait vu en tout cas. Mais le démon blessé semblait ne pas être a la mesure de ses pleines capacités.

    - Dans tous les cas, si vous pouvez vous déplacer, nous devrions nous éloigner d'ici. Pas besoin d’attiser le danger et la haine. Et ca vaux pour les deux camps. Réfléchis une minute, Hava.

    Il se tourna vers elle et la regarda de toute sa hauteur, sans la toucher cette fois, les bras croisés. Comme toujours quand il avait les yeux sur elle, l'intensité argenté qu'elle pouvait ressentir etait intense. Mais elle ne devait pas se rendre compte d'a quel point il y avait un petit quelque chose en plus qu'elle pouvait sentir, que les autres n'avaient pas le droit d'avoir.

    - Tu veux les effrayer ? Les traumatiser ? Œil pour œil n'est ce pas ? Mais je croyais que tu voulais qu'ils t'acceptent ?

    Il jeta un œil vers « l'oiseau », se demandant qu'elle était son avis sur la question. Ils auraient peut être l'occasion d'en discuter ensuite.

    - Ils auront encore plus peur de toi, et seront de plus en plus agressif. Ce sera l'escalade de la violence. Personne ne sera gagnant a la fin. Ne pense pas a ce qui est fait de mal, pense a ce que tu peux faire de bien. Ca, cela te satisfera sans doute immédiatement. Mais dans deux jours. Dans dix. La situation sera pire encore qu'elle ne l'est maintenant.

    Et il se retourna vers celui qui etait potentiellement le plus envieux de se venger.

    - Et vous, qu'en pensez vous ? Vous voulez qu'ils payent pour cette blessure ? Vous etes en colere contre eux ? Vous avec de la haine ?

    Ses yeux brillaient de l'intensité de sa curiosité, vis a vis des réactions a venir.
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  • Ven 20 Jan - 22:37
    De la crainte qu'il avait ressenti lors de la rencontre du mystérieux duo, il ne demeurait que quelques vestiges d'angoisse bestiale. Rassuré par l'évidente bienveillance de ces créatures à son égard, Rêve se montra tout aussi curieux que joueur, la personnalité joviale et colorée de la dénommée Hava étant pour ainsi dire communicative. Assailli de questions, Rêve se mit à sourire en réponse à l'entité qui lui ressemblait tant mais laissa au fameux Aryan le soin d'exprimer ses mises en gardes pleines de sagesse. Ils échangèrent longuement sur ce qu'impliquait de prendre une revanche sur les humains qui l'avaient blessé et Rêve se mura temporairement dans le silence, en proie à une profonde réflexion.

    Il ne put s'empêcher de rester sur une note du discours de l'Ange et ce fut donc avec un certain air de défi qu'il choisit d'améliorer sa transformation, maintenant que les soins apportés lui permettaient d'altérer sa structure physique avec davantage de précision. Sans mot dire, la créature onirique s'approcha lentement des deux autres personnages et tendit lentement sa dextre griffue à Hava. Après une brève hésitation, la demoiselle accepta cette étrange invitation et vint poser sa paume dans celle de la chimère qui, très vite, entreprit une nouvelle transformation. Les plumes qui parsemaient son corps étoilé se muèrent en une peau clair et douce, sa silhouette s'ajusta en même temps que sa posture afin d'épouser à la perfection celle qu'il tentait de répliquer. Le plumage qui ornait son cou serpentin s'allongea et changea de texture jusqu'à copier la forme des cheveux d'Hava, à la différence près qu'ils conservèrent la teinte sombre de sa forme d'origine.

    En l'espace de quelques secondes, Rêve changea du tout au tout, établissant cette fois-ci une copie extrêmement convaincante malgré d'évidentes différences. Les ailes étoilées, les restes de la blessure qu'il avait subi ainsi que ses yeux d'un noir profond constituaient désormais les seuls éléments fiables pour dissocier les deux créatures. Pendant qu'il menait cette manœuvre mystérieuse, il fit également usage de son talent d'exploration des souvenirs, captant par ce geste une poignée d'informations tout à fait fascinantes sur cette intrigante personnalité qu'était celle d'Hava. Une fois changé de la tête au pied, Rêve plongea son regard dans celui de sa consœur et la gratifia d'un sourire dans lequel se lisait sans mal une profonde affection, chose curieuse en vue de la maigreur de leur échange. Après quoi, Rêve pivota pour faire face à Aryan, sans pour autant lâcher la main de sa jumelle.

    "Bien sûr que tu la reconnais, le lien qui vous unit va bien au delà de l'apparence."

    Malgré l'amélioration de sa précédente métamorphose, le Voyageur avait abandonné temporairement l'emprunt du timbre d'Hava et s'exprimait à nouveau avec ses deux voix. Satisfait par les quelques bribes de données qu'il était parvenu à obtenir lors de son bref passage dans les mémoires de celle qui lui ressemblait tant, bien qu'il n'avait réussi qu'à dénicher que des sensations, des images et de vagues pensées. Il se sentait désormais en sécurité en leur compagnie et s'exprimait sans crainte. Son attention se reporta sur celle dont il avait subtilisé l'apparence et il répondit calmement à sa précédente question :

    "Je suis Oiseau, si c'est le nom que tu souhaites me donner. J'ai bien d'autres noms, mais chacun d'entre eux a autant de valeur à mes yeux. Je ne saurais pas m'en choisir un seul. Et pour te répondre, je suis convaincu que toi et moi sommes ce que les rêveurs appellent des Démons."

    Vint ensuite le tour d'Aryan et de ses questions posées avec une intensité toute autre. Dans le regard de l'Ange, une multitude d'émotions apparaissaient, rendant son expression aussi formidable qu'indéchiffrable. Il semblait presque inquisiteur, à la manière d'une figure d'autorité chargée d'assister Hava dans sa quête de connaissances. Peut-être qu'Aryan était pour sa jeune amie ce qu'était le créateur pour le prince des songes ? Était-il une sorte de guide bienveillant, ou bien plus encore ? Leur relation semblait si complexe et il tardait à Rêve d'en découvrir davantage à leur sujet. Toujours avec douceur, mais avec une note de gravité toute neuve, le Voyageur répondit enfin :

    "Je ne souhaite pas me venger. Ceux qui m'ont infligé cette blessure payent déjà le prix de leur affront à l'heure où nous parlons. Les bêtes se chassent entre elles, c'est dans l'ordre des choses, et je ne fais pas exception à cette règle. De plus, tu dis vrai : un conflit avec ces rêveurs n'est pas dans mon intérêt et j'ai par ailleurs bien mieux à faire que de me livrer à une telle bataille. Parlons encore un peu, si vous le voulez bien."

    Puis, accordant une légère œillade à Hava qui le dévisageait toujours de ses immenses prunelles, il ajouta :

    "Cependant, je ne vois pas ce qu'il y a de mal à entreprendre une telle revanche. Les rêves de conquête ont leur charme, après tout. Si détruire est ton souhait, rêveuse, alors ainsi soit-il."

    Ses doigts encore entrecroisés avec ceux de sa consœur se resserrèrent légèrement, comme pour consolider le lien qui les unissait. Il l'observa longuement puis entama la marche avec élégance, invitant ses deux compagnons à se joindre à lui dans les profondeurs sylvestres de la forêt endormie. Sa main libre, si semblable à celle d'Hava, se tendit alors vers Aryan.

    "Je ne sais pas où aller, Aryan. Veux-tu bien nous guider loin du danger ? Il me tarde de tout apprendre de vous deux."
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  • Sam 21 Jan - 3:09
    Tuons la bête !!!


    Je veux être acceptée ? Je veux être accepter... Je penche la tête sur le côté face à Aryan. Je ne crois pas.

    - Je veux comprendre... Et je veux trouver ce que je n'ai plus... Et je veux être en sécurité comme avec toi. " énumérais-je face aux yeux gris qui me regardent, mécontents. Calmes. attentifs. Le reste de ce qu'il y a dans le cœur, derrière les prunelles lunaire, je n'en ai aucune idée. Ses émotions sont toujours légères, multiples et subtiles, sauf quand il perd réellement pied et alors là ni lui ni moi ne répondons plus de rien. Mais ce n'est pas le cas maintenant et je n'y prête pas spécialement attention, alors que ce serait comme entendre un murmure dans une foule qui crie.

    Mes oreilles retombent en arrière lorsqu'il me tance encore un peu plus. Ils seront plus viles, plus violents... Alors quoi, je dois ne pas être ce que je veux pour qu'ils ne soient pas non plus ce que je ne veux pas ? C'est... révoltant. Ton mon être rejette cette idée qui me semble tellement contre nature. Bien... Ma... Je ne comprends pas. Il me semble que nous en avons déjà parlé bien des fois et même avec Luviël, mais ça ne reste pas dans ma tête. Ce sont des mots étranges qui me rappellent des échos que je n'aime pas...

    - Tu parles comme un prêtre" soufflais-je, le regard baissé.

    Je n'aime pas les prêtres... Et je crois que je n'aime pas trop qu'il parle comme ça... Mais s'il ne veut pas, je n'irai pas. J'aimerai encore moins lui cause du soucis ou du chagrin.

    C'est ce moment que l'Oiseau choisi pour me tendre la main. Je la regarde, surprise, et lui donne la mienne, sans crainte, croisant mes doigts entre les siens. Curiosité, Fierté et caractère joueurs se profilent en éclats dansants, tout comme l'ombre qu'ils projetaient un peu plus tôt m'avait tourné la tête. Je frissonnais en entendant le bruissement léger de la flèche. Son affection. Sa complexité. Sa vieillesse. Sa jeunesse... Tout le contraire d'Aryan me semble-t-il soudain. Je ne comprends pas tout. Je ne comprends jamais tout.

    Oiseau se tourne vers Aryan sans que je cesse de l'observée, le sourire aux lèvres. Par jeu, mes ailes frissonnent et se couvrent de plumes sombres aux reflets aussi multicolores que ceux que je vois sur le corps du Rêve, une blessure s'ouvre, mais mes yeux restent hantés de leur éternel feu d'un rose violacé.

    Que se passe-t-il lorsque deux miroirs sont mis face à face ? Que reflètent-ils si ce ne sont les infimes détails qui grêlent leur surface à l'infini ?  En regardant son profile je détaille la forme de mon nez, de mes lèvres, de mes seins, de ma queue, de mes jambes. Je suis vraiment comme ça... ? Si... Si humaine ? Si... différente de tout ce qui nous entoure ? A mes propres yeux, ce corps me fait un effet excentrique et les émotions du Rêve une cacophonie aux voix aussi discordantes que celles qui franchissent mes lèvres... Ses lèvres.

    Mais il ment... Si rien en lui n'appelle la peur, pourquoi j'ai ce creux au ventre ? Le miroir reflète-il la fêlure de l'autre ou la sienne ?

    - Détruire... Moi je veux pas... Je crois pas...

    Interdite, je regarde toujours sa façon de bouger. Parler. Là dessus, il n'est vraiment pas comme moi. Je pourrais passer ma main dans son nombrile sans y trouver de tripes. Il parle si bien, si beau, je me demande si je pourrais faire de si jolies mots sans les préparer à l'avance comme parfois pour aryan ou pour la lune, sous forme de chant ou de vers... Finalement je porte ma main libre à mon ventre, sans faire attention à la fausse blessure qui me décore le flanc. Je jette un regard à Aryan, vaguement, sans vraiment vérifier s'il prend ou non la main de mon double. Ce que je ressens me perturbe... cela ne vient pas vraiment de moi, si ?Je me laisse entrainer là ou le Rêve et l'Ange me conduisent.

    CENDRES
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  • Sam 21 Jan - 3:44
    Il secoua la tête, en soupirant. Elle n'avait visiblement pas comprit. Et c’était peut être en parti a cause de son attention porté sur la créature ? Une étrange sensation le prit dans la poitrine qui l’arrêta légèrement, le faisant rentrer dans une analyse interne de ses émotions. Une pointe étrange, au niveau du cœur, qui s'accentua en la voyant lui sourire. Hum. Il y réfléchirait plus tard.

    - Cela n'a rien a voir avec les prêtres, Hava. Je ne te dis pas de les laisser par amour. Je te dis de le faire pour éviter un conflit totalement inutile qui en plus t'éloignera des objectifs que tu m'as plusieurs fois dis. La vengeance, dans ce cas précis, serait contre-productif.

    Mais actuellement, les avaient elle encore en tête, ces objectifs ? Ou était elle tellement étouffé des émotions puissantes d'une créature peut être aussi vieille qu'elle, qu'elle ne parvenait plus a faire la différence entre elle et lui ? Sa façon de l'observer lui donnait l'impression que l’hypothèse était peut être dangereusement juste.

    Mais elle sembla se reprendre légèrement, quand elle précisa qu'elle ne voulait pas. Puis il fronça a nouveau les sourcils, quand elle marqua l'indécision. Il devait vraiment essayer de voir pour ce projet qu'il avait pour elle. Mais pas la peine d'y penser et de se polluer l'esprit pour l'instant. Il ne pouvait rien faire de plus qu'essayer de la protéger comme il pouvait.

    - Marchons vers l'est quelques temps. Il faudra aussi aller chercher la carriole, un peu plus tard. J'irais en volant.

    Il posa les yeux sur la main qui lui était proposé, et une autre émotion qu'il ne ressentait pas souvent apparut brièvement. De la méfiance. Il ne connaissait pas assez son homologue pour pouvoir contrôler exactement ses propres gestes vis a vis de lui, et cela l'agaçait au plus haut point. Ne pas être en contrôle était l'une des plus grande épreuve qu'il pouvait affronter. Il etait censé savoir. Il existait pour ça.

    - Je vais passer devant.

    Précédemment, il avait fait un geste pour toucher Hava, avant de commencer a prendre son apparence, si bien que le contact physique devait etre un pré-requis. Autant l'éviter au maximum, ne sachant pas ce qu'il pouvait bien faire au corps qu'il touchait. Simplement une analyse, ou volait il quelque chose ? Il esquiva la main en les dépassant.

    Il songea a ce qu'avait dit Luviel. Les démons et les anges. Ils étaient des anti-thèses. Jusque la pourtant, avec Hava, il n'avait jamais eu cette impression. Mais pour la première fois depuis longtemps, il était sur ses gardes vis a vis de quelque chose qu'il ne connaissait pas. Il jeta un œil en arrière sur Hava, en songeant que c’était peut être ce qu'elle ressentait quand il l'a traînait dans des aventures aussi dangereuses que totalement aléatoire, dans l'inconnu.

    - Oiseau donc ? Vous vivez dans cette foret ? C'est la première fois que vous etes ainsi attaqué ?

    La réponse lui donnerait peut être une échelle de temps sur l'existence de la créature. Toute information était bonne a prendre. Et si Hava, par la même occasion, pouvait rencontrer un congénère...il ne pouvait pas lui refuser ça. Il ne pouvait rien lui refuser tout court de toute manière, elle pouvait faire ce qu'elle voulait de sa vie. Il était juste..inquiet pour elle.

    - Racontez nous comment c'est arrivé. Cet affrontement qui a résulté de la blessure ?

    A leur rythme, tout en discutant, il s'éloignait rapidement de la zone de danger autour du village. Aryan savait qu'ils n'avaient plus rien a craindre. Mais autant continuer a bouger. Il ne semblait pas belliqueux et avait accordé une grande confiance très rapidement. Définitivement pas comme Hava. Elle n'avait meme pas fait signe de chercher la présence de Serpent, resté a la carriole. Il devait vraiment la garder a l'oeil....
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  • Sam 21 Jan - 11:03
    La fausse Hava sembla passablement déçue de voir son invitation au contact ainsi refusée. Son sourire s'effaça brièvement, laissant place à une expression confuse imprégnée d'une vague frustration. Dans cette errance, elle laissa son regard voguer au gré de son instinct et ses yeux croisèrent enfin ceux de l'originale, et le radieux sourire fit surface à nouveau. Certains êtres étaient plus secrets que d'autres, après tout. Chassant de mauvaises pensées de son esprit, Rêve reprit la marche en compagnie de sa jeune consœur, guidé par les indications que leur offrait l'Ange. Chemin faisant, on lui posa à nouveau une foule de questions auxquelles il répondit sans mal, puisqu'elles revenaient toutes au sujet de ses origines :

    "On m'a nommé Rêve ou Cauchemar, en de nombreuses occasions. Je ne suis pas né ici Aryan, mais sur le plan du Songe. J'ai erré des millénaires durant dans la toile tissée qui constituent vos rêves, ainsi que ceux de chaque être doté de conscience. Il y a peu de temps, je me suis malencontreusement laissé porter jusqu'à une fantaisie qui n'était pas faite pour m'accueillir, un évènement imprévu s'y est donc produit et par chance, je n'ai pas été détruit. Bien au contraire, je me suis reconstitué sur le plan matériel."

    Marquant une pause, il laissa ses souvenirs s'emparer de lui un instant. Il se remémora sa douloureuse renaissance, les mots du créateur, et toute cette folle aventure qu'il avait vécu depuis son ascension dans le monde réel. Malgré cette faible et lancinante douleur qui le prenait encore à la poitrine suite à l'assaut qu'il avait injustement subi, Rêve se sentait à la fois apaisé et heureux en cet instant précis. De son malheur était né une belle rencontre. D'un cauchemar glacial, un rêve plein de douceur venait de voir le jour. Tout était en ordre, comme toujours.

    "Les rêveurs qui s'en sont pris à moi n'étaient que d'humbles chasseurs, je crois. Surpris par cette enveloppe qu'ils peinaient à comprendre, ils ont choisi de s'en prendre à moi. Peut-être ont-ils vu en moi une menace pour leurs pairs, ou peut-être ont-ils souhaité m'occire pour se couvrir de gloire auprès de leurs proches. Ils ne sont pas parvenus à m'anéantir, c'est la seule chose dont je suis certain à ce sujet."

    Rêve ne s'en aperçut pas immédiatement, mais son affable risette s'affaiblit subtilement tandis que la lueur éclatante qui décorait ses iris s'assombrissait. L'espace d'un infime instant, il parut à la fois cruel et impitoyable. Il tentait de se montrer avenant, mais l'empathie surnaturelle d'Hava perçait à jour cet aspect de lui. Au fond de l'âme du Voyageur, une part de ténèbres étouffante subsistait toujours, bien qu'elle fut habilement masquée par son apparente bienveillance.

    "Je n'ai pas détruit leurs corps, mais j'ai brisé leurs esprits. De mon royaume onirique, ils ne connaitront plus que les cauchemars."

    Il avait fait une promesse au créateur: s'interdire de laisser sa part d'ombre engloutir son cœur tout entier. Toutefois, c'était de cette dualité entre beauté et laideur qu'il était né, il lui semblait donc normal de laisser parfois libre court à l'horreur qui constituait cette immense part de son être plein de paradoxes. Rêve marchait  jusqu'à présent légèrement plus vite qu'Hava qui, curieusement, se laissait porter par sa copie. Le prince exilé ralentit subitement la cadence pour se retrouver aux côtés de sa consœur puis, de ses deux voix que tout opposait, il murmura à l'oreille de la jeune créature démoniaque :

    "Je suis fait de bonheur et de douceur, mais également d'effroi et de violence. Tu l'as ressenti, n'est-ce pas ? Tu sais que je me nourris de la peur que j'inspire. Est-ce aussi ton cas, ma sœur ?"

    Un rire cristallin lui échappa et ses doigts fins vinrent quitter ceux d'Hava, suite à quoi le prince exilé s'éloigna d'un bond vif vers l'avant, s'élançant jusqu'à Aryan qui conduisait toujours l'expédition. Ses mains vinrent se joindre dans son dos tandis qu'il gambadait aux côtés d'Aryan, à la fois joueur et provocateur. Dans son avancée, il effectuait parfois quelques pas dansants, rythmant l'exploration de quelques pirouettes et autres spirales qui se voulaient amusantes. Au bout d'un moment, Rêve se glissa devant l'Ange et se mit à marcher à reculons, tentant par tous les moyens de capter le regard de ce dernier :

    "Tu as peur que je vous fasse du mal ? Je ne le ferai pas, tu sais ? Vous êtes tous les deux des rêves bien trop beaux pour mériter d'être transformés en cauchemars. Je veux que vous restiez comme vous êtes."

    Sans le quitter des yeux, Rêve dévoila les crocs affutés qu'il avait emprunté à sa consœur puis tenta une fois encore d'établir le contact avec Aryan en lui offrant sa main, sachant pertinemment pourtant qu'elle n'avait pas été refusée sans raison la fois passée.
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