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  • 28.03.24 20:50
    ⋯ Célestia, aux alentours de -10 000 ⋯

    Il était une fois un homme et une femme qui désespéraient d'avoir un enfant. Ils avaient tout essayé. Toute sorte de charmes, de prières et de sortilèges, mais après de longues années, le ventre de la femme demeurait toujours inoccupé.
    Jusqu'au jour où...

    Siame méditait. Sa vision de la nuit dernière l'avait laissé pensive. En ces temps-ci, où les Titans régnaient en maître sur ces Terres, ses transes étaient régulières et les révélations de ses rêves : limpides. Elle avait vu ce couple, avait entendu leur chagrin sans pour autant le partager. Ils avaient perdu leur premier enfant à la naissance et les années qui suivirent ne furent pas plus clémentes. Les Dieux refusaient d'entendre leur souhait, car, dans leur bêtise, ils avaient fait l'erreur de prier les mauvais. Mais les temps changeaient, et avec, la loyauté des Hommes. Elle vacillait au rythme des saisons, et surtout à celui de leurs désirs.

    En tailleur, de silence et d'airain, les mains à plat sur ses genoux et ses ailes coulant sur la roche, Siame ferma les paupières. Le vent polaire des Rocheuses transperçait sa peau. Son esprit continuait sa course, impassible, précis. Ses pouvoirs lui chuchotaient des secrets, révélaient les chemins à emprunter, les emplacements idéals où planter l'influence de ses maîtres. Le plus fertile de tous : le cœur des Hommes.
    Dans l'obscurité de ses paupières, l'Ange voyait des visages, des gens, les possibilités innombrables qu'offrait le futur. Le destin n'avait jamais existé. Tout était une question de choix. Et en ces temps-ci, le choix leur appartenait. C'était une pensée qui la rassurait.

    Elle sentit la présence feutrée de sa sœur dans son dos, comme une ombre qui ne la quitte jamais vraiment, même la nuit tombée. Le petit matin s'éveillait et les premiers rayons du soleil venaient réchauffer ses os. Siame laissa sa sœur la rejoindre, les paupières toujours closes. Quelques secondes s'écoulèrent avant qu'elle ne prenne la parole.

    Tu dors trop, guenon fainéante. Le sermon n'avait pas tardé.

    Sa voix claqua durement, jurant avec le sourire en coin qui venait finement poindre sur ses lèvres. Qu'aurait-elle fait, sans sa sœur ? Elle n'y pensait pas. Il lui était parfaitement inconcevable qu'elles puissent être, un jour, séparées. Elle n'imaginait pas le vide que son absence laisserait en elle, des années après, si profond que même sa colère contre la guerre qui les diviseraient échouerait à le remplir.

    Son expression fermée s'adoucit et elle ouvrit les yeux pour faire face à Phèdre.

    Bonjour, murmure-t-elle d'une voix plus douce, celle de la grande-sœur, celle de la plus mesurée, plus sévère peut-être, mais plus sage aussi.

    Des deux, elle est la calme, l'attentive. Celle qui pèse ses mots et qui sort les crocs quand on s'en prend à sa sœur. Qui ne flanche jamais et qui trime sans relâche. Il avait fallu qu'elle écope pour sœur d'une chipie sauvage, indomptable, bien décidée à n'en faire qu'à sa tête. Qui louvoie parce qu'elle veut tout, et surtout plus. Une épine dans le pied que Siame n'aurait pourtant remplacée pour rien au monde.

    Sur ses genoux reposait un petit journal ouvert. Elle connaissait chacune des pages sur le bout des doigts, en avait rédigé chaque mot, en avait rêvé chaque histoire. Siame gardait une trace de toutes ses visions de peur qu'un jour sa mémoire lui fasse défaut : à vivre non seulement sa vie, mais aussi toutes les possibilités, tous les chemins, tous les êtres que l'avenir lui racontait. Les versions étaient innombrables, certaines probables, d'autres invraisemblables. Le vent vient feuilleter furtivement les pages du grimoire.

    Il était une fois deux anges.
    Il était une fois deux sœurs, main dans la main...


    Siame n'avait jamais connu l'enfance, ni la candeur des contes de fées, mais chacun de ses récits commençaient en "il était une fois".  Dans une autre vie, elle aurait peut-être été scribe ou bibliothécaire, gardienne de la mémoire des hommes. Mais ici, en ces lieux, en ce temps, Siame est prophétesse de la parole de sa maîtresse.

    Phèdre, aujourd'hui, un homme et une femme se présenterons à l'entrée du Temple. Il est venu le moment d'exaucer leur vœu.


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  • 30.03.24 14:09
    L’ange s’enroula dans les couvertures dont les odeurs d’encens avaient tellement imprégné le tissus qu’elle ne les sentaient plus. Tout ici avait cette odeur de toute façon et c’était pour elle une véritable madeleine de Proust. Elles étaient synonymes de sécurité, de chez soi et de Siame. Cependant la chaleur de cette dernière manquait cruellement à l’appel. Tendant le bras, Phèdre tâtonna la place vide à côté d’elle, n'y trouvant qu'un matelas glacial elle maugréa tout en se forçant à soulever une paupière. Un faible rayon de soleil l'éblouit et elle trouva refuge sous les draps. Sa sœur, de toute façon, ne devait pas être loin. Lorsqu’elle ouvrit les yeux pour la seconde fois, aucun rayon ne vint la faire grimacer mais les vitraux faisaient danser des lueurs rouge et vertes sur le mur au dessus de la tête de lit. Cette fois, malgré l’envie qui la tenaillait, elle ne se recoucha pas et s’extirpa du lit. Ses mouvements étaient rapides, quoi qu’un peu désordonnés ; elle était en retard. En retard pour quoi ? Elle n’aurait su le dire mais elle savait que sa sœur lui en ferait la remarque. Siame était ainsi, toujours debout aux aurores, alerte et fiable lorsque Phèdre aimait se prélasser dans son lit comme un chat pour ne le quitter que quand elle le décidait. Elle était à la nuit ce que Siame était à la lune. Aussi complémentaire et similaire que foncièrement différentes.  

    Tapis dans l’ombre d’un retour rocheux qui formait au devant un balcon naturel, elle observait sa sœur sans mot dire. Elle était belle ainsi, seule lueur pâle dans les rayons dorés du matin. Parfois lorsqu’elle la regardait, ainsi abandonnée à ses pensées ou aux transes qui avaient rythmées leur existence, Phèdre se demandait ce qu’il serait advenu d’elles si leurs rôles avaient été inversés. Elle ne trouvait jamais la réponse et Siame n’était guère encline à lui en fournir une, probablement parce qu’elle n’en avait pas. Mais Phèdre était capricieuse, elle lui lançait donc un regard de reproche et retournait faire ce qui devait être fait.

    A pas de velours, elle se glissa dans le dos de sa sœur.
    Si Siame était en transe, elle ne l'entendait pas et si c’était le cas, elle était vulnérable. Il suffirait d’une lame bien aiguisée et il en serait fini d’elle. Phèdre devait la veiller.

    Elle était sur le point d’arriver à sa hauteur quand la voix cristalline mais impétueuse manqua de la faire sursauter. Interdite, ses yeux bleus-gris s’arrimèrent à la silhouette qui lui tournait le dos. Là, elle songea combien sa sœur lui semblait frêle et fragile. C’était toujours un étrange mélange d’amour et de jalousie qui s'entremêlaient en une valse dont Phèdre avait, depuis bien longtemps, apprit le tempo. Elle aimait Siame plus que tout. Elle n’avait qu’elle après tout. Si elles avaient eu une enfance, elles l’avaient oubliées depuis bien longtemps. D’aussi loin que remontaient ses souvenirs, elle n’était rien et un jour elle s’était réveillée avec la main de sa sœur dans la sienne. Parfois elle aimait à penser que quelqu’un avait scindé ce qui était autrefois un pour créer deux. Mais malgré cet amour capable de résister aux millénaires, Phèdre s’était dernièrement mise à la jalouser. Parce qu’elle n’offrait pas. Siame se contentait de la guider, de prendre soin d’elle mais jamais, elle n’offrait. Jamais son ventre n’avait été rond, jamais elle n’avait dû se déchirer les entrailles alors que Phèdre l’avait fait tant de fois. “C’est là ta tâche”, lui répondait-on et elle s'en acquittait.

    - Bonjour. Un sourire qui fit écho à celui de Siame vint soulever le coin de ses lèvres, ne faisant que souligner l’air mutin qu’elle arborait naturellement et elle se tut. Son regard était rivé sur le livre dont les pages s’agitèrent comme un pied de nez à sa condition. Avait-elle vu quelque chose ? Sa sœur voyait toujours. Elle était aussi douée pour cela que Phèdre l’était pour manipuler les esprits. “C’est sans doute pour cela que j’ai été choisie.” Songea-t-elle sans détacher ses yeux du livre dont elle n’arrivait pas à saisir l’écriture aux arabesques délicates.

    Alors que Siame parlait Phèdre l’enlaça délicatement par derrière jusqu’à ce que sa poitrine rencontre son dos. De là, elle nicha son nez dans son cou et murmura : - C’est ce que tu as vu ? Sont-ils de bons croyants ? Phèdre exécrait ceux qui ne priaient que lorsqu’ils en avaient besoin. Ceux-là étaient faibles et leur foi bancale. - Sera-t-il beau ? Je parle de l’enfant. Précisa-t-elle avant de redresser légèrement la tête. - Quoi que le mâle aussi. Le dernier était laid, très laid, Siame. Heureusement son esprit était si faible que je n’ai pas eu à rester longtemps. “Son enfant était beau”. Réfléchit-elle finalement. Et quand bien même il aurait été horrible, c’était Eux, qui avaient exigé cette union et si les sœurs servaient Aurya, elles n’en étaient pas moins épargnées de besogner pour les autres Titans.

    - Quand arriveront-ils ? Demanda-t-elle finalement en se détachant de la chaleur de Siame à contre-coeur.
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  • 01.04.24 22:49
    Le sourire de sa sœur, qu'elle sentait poindre dans sa nuque coula une chaleur agréable dans sa poitrine. C'était bien l'unique étreinte qu'elle acceptait. Elle accueillit les bras de Phèdre, leur étau protecteur, en glissant les siens par dessus. Phèdre aurait pu lui briser la nuque sans s’essouffler et pourtant Siame n'avait jamais éprouvé la moindre crainte à cette idée. Non pas que sa confiance lui était absolue – bien qu'elle l'était – mais parce que de toutes les créatures de ce monde, sa sœur était la seule pour laquelle elle acceptait de donner sa vie.

    Le monde n'avait jamais été juste. Les Titans n'avaient jamais été bons, ils inspiraient chez leurs serviteurs une loyauté fervente et contagieuse. Leur existence, à elles, n'avait jamais supposé être facile et confortable. Elles n'avaient pas été créées dans ce but. Tout ça n’avait jamais démontré la moindre rentabilité lorsqu’il s’agissait de conquérir le monde.
    Aussi délicates et jolies leur maîtresse les avaient-elles imaginées, elles étaient nées du grondement impitoyable de l'orage de ses désirs : pour servir les prétentions cruelles, mais divines de la titanide. Siame n'avait pas les instincts rebelles de sa sœur. Ses transes lui offraient une vision tout autre du Monde. Elle ne questionnait pas l'avenir, croyait en l'équilibre et en la nécessité de prendre les décisions difficiles, pénibles pour que les autres n'aient pas à le faire. Phèdre donnait, offrait la vie, la perpétuité des volontés de leur maîtresse. Siame, elle, prenait. Détruisait, lorsqu'il le fallait, suivant une morale aux seules normes esthétiques. Elle volait le futur d'une famille, ébranlait l'espoir juste né d'une mère. Mais de ses missions, la plus importante restait celle du guide. Celle d'ouvrir et de montrer la voie aux serviteurs. Sa sœur comprise. C'était là sa tâche. Et ici, l'erreur ne lui était pas permise. Les risques étaient bien trop grands pour qu'elle ne s'autorise le moindre repos.

    La voix de sa sœur serpenta dans le creux de son oreille et réchauffa ses sens. Siame sentit le bout de son nez froid chatouiller sa nuque, lui arrachant un sourire tendre. Elle secoua la tête de gauche à droite, en guise de réponse. Phèdre exécrait les mortels et leur foi artificieuse uniquement ancrée dans le besoin, jamais dans la dévotion.

    Ils ne le sont pas. Trancha-t-elle avec la droiture qu'on lui connaissait. Mais ils le seront. Et leur enfant nous servira mieux que quiconque pour la décennie à venir.

    Leur enfant. Car Siame ne parlait jamais d'eux comme les enfants de sa sœur. Ils ne l'étaient pas, ne le seraient jamais. Phèdre engendrait, mais n'était jamais mère. Elle se retourna pour lui faire face, ses bras s'enroulèrent autour de sa taille, collant son ventre au sien. Réfrénant un sourire à sa prochaine question, elle fronça les sourcils devant quelque chose qui l'avait dérangée. Les lèvres pincées, elle dégagea une mèche de cheveux passée devant les yeux de sa vis-à-vis, agaçant son esprit rigoureux, perfectionniste.

    Comment ne pourrait-il pas l'être ? Tu t’es vu ? Tu es la raison même pour laquelle le soleil se lève le matin. Il aura tout de toi, sauf ton immortalité.

    Elle ne contient pas son sourire, cette fois, quand Phèdre évoque le précédent, sa laideur autant que sa bêtise. Elle plonge un regard sur les lèvres en cœur, boudeuses qui lui font face et sur sa sœur qui porte le caprice comme une seconde peau. Elle reprit, arborant un air faussement grave, moralisateur. Sa voix s’est infléchie, plus sérieuse.

    Ça, je ne le choisis pas. Les hommes ne sont pas faits pour être beaux, Phèdre. Tout ce qui importe c'est que leur semence soit robuste.

    Il y avait quelque chose de cocasse à l'écouter parler de la chose avec l’austérité presque scientifique d'une femme à qui toute notion d’humanité échappe : qui n’avait encore jamais pris la peine de découvrir sa propre féminité. C’était un peu comme entendre un homme déclarer avec la plus fine subtilité : “un trou reste un trou”. Dans ses yeux, les mortels n'étaient pas plus, pas mieux que du bétail. Siame déconsidère tout sentiment, comme s'il s'agissait de s'encombrer d'un fardeau trop immense. Comme le carnet qu’elle claque entre sa paume pour le refermer : son cœur est cousu et relié. Plus tard, des millénaires plus tard, l’Ange repenserait à ce moment, au sacrifice qu’elle exigeait de sa sœur. Seulement là, enrichie de ses expériences, de celles des vies observées, elle serait capable de comprendre le cauchemar d’une telle destinée—de la situation précaire, de la bâtardise déroutante du sort qui était réservée à Phèdre : ni épouse, ni putain. Siame apprendrait, considérerait la jalousie de la seconde à l'égard de sa situation à elle. Elle tirerait des leçons de son futur désastreux et du cuisant souvenir des échecs de son passé.

    Ils arriveront en début d’après-midi. Cela nous laisse le temps de te préparer. Elle esquissa un sourire entendu, anticipant la demande de sa sœur. Et de voler, peut-être. Si tu te dépêches.

    Elle avait donc finalement un cœur, et un peu de tendresse pour sa sœur. L’Ange n’avait encore aucune idée d’ô combien elle chérirait le souvenir de ces moments, où elles étaient encore libres, ensemble, et où ses ailes étaient encore agrafées à son dos.

    Viens. Elle se saisit de sa main. Allons te faire couler un bain et je t’en dirais plus sur ma vision.

    À cette époque, les bains étaient rares, mais sacrés. C’était une préparation, presque un rituel : l’eau claire était remplacée par du lait d'ânesse que l’on parfumait méticuleusement. L’odeur vous restait une journée entière sur la peau. Elle laissa Phèdre choisir les essences appropriées : sa sœur avait toujours eu un don particulier pour savoir ce qu’il plaisait aux hommes, quel arôme choisir pour sa peau, quel tissu pour ses vêtements, quelle coiffure pour ses cheveux… Elle savait quelle attitude adopter pour susciter leur intérêt, quel regard offrir pour éveiller leur désir et enflammer les orgueils les plus masculins.


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  • 05.04.24 23:55
    Phèdre boudait. Exactement comme l’aurait fait un enfant d’une dizaine d'années. Elle suivait sa sœur en traînant volontairement la patte, les bras croisés sur sa poitrine en soupirant suffisamment fort pour être certaine que Siame l’entende. Même sans cela, il n’aurait pas été difficile de deviner les émotions qui se cachaient derrière son visage de poupée. Elles se connaissaient trop bien. Il y avait même fort à parier que Siame l’avait vu venir et c’était probablement pour cette même raison qu’elle lui avait proposé de sortir voler. Car s’il y avait bien une chose qu’elles aimaient autant l’une que l’autre et sur laquelle il était bien difficile de les départager, c’était bien cela. Hélas, les périodes de sorties pouvaient s’avérer rares. Plus encore lorsqu’on l’en privait pour “préserver l’enfant”. Phèdre avait toujours eut du mal à comprendre ; l’enfant était à demi elle. Il était à demi-ange. Comment pouvait-il être endommagé par un simple vol ? Elle avait posé la question autant de fois qu’on lui avait interdit la chose et s'était toujours vu recevoir l’exacte même réponse : “C’est ainsi, Phèdre”.

    - Pourquoi dois-je offrir quoi que ce soit à ceux qui ne savent même pas honorer leur prière ? Pesta-t-elle en bifurquant à la suite de Siame pour entrer dans une salle d’eau. La pièce était entièrement faites d’un marbre si noir qu’il semblait absorber les rayons du soleil qui entraient par une vaste lucarne au plafond. En son centre siégeait, majestueux, un bassin dont l’eau avait laissé place à du lait.  Phèdre se débarrassa habilement de sa nuisette en lin qu’elle laissa se répandre en silence sur le sol. Nue comme un ver, pas gênée le moins du monde par la présence de sa jumelle, elle se mit à évoluer dans la pièce dont les murs étaient recouverts d'un nombre d’étagères incalculables et sur lesquelles étaient entreposés des dizaines voire des centaines de bocaux. - Crois-tu que les mâles disgracieux ont une semence plus robuste ? demanda-t-elle en soulevant le couvercle d’un pot. Elle grimaça et le referma avant de passer au suivant. - Je suis sûre qu’Aurya ne nous enverrais pas de pareil laiderons. Ses ailes vibrèrent comme pour appuyer ses propos.

    Phèdre longea une étagère de pots pourris. Elle les huma l’un après l’autre puis en choisit un qu’elle vint déverser dans l’eau laiteuse. Ce fut ensuite les flacons d’huile qu’elle se mit à trier avec un air concentré, comme si une quelconque entité, dressée sur son épaule, lui soufflait ce qu’elle devait faire. C’était peut-être le cas après tout. Ainsi elle ajouta de l’huile de gingembre qui se dilua en de petites billes transparentes au milieu des fleurs de capucine séchée. Penchée légèrement au-dessus de l’eau, l’ange inspira profondément. “Je n’aime pas cette odeur, mais lui oui.” Pensa-t-elle avant de se redresser.

    D’un pas léger, presque guilleret à l’idée de se baigner, Phèdre contourna le bassin pour en gagner l’entrée qui descendait en escalier. La vasque était gigantesque, suffisamment pour qu’elle put si allonger en étoile et qu’aucun de ses membres ne touche les rebords. C’était là le moment qu’elle préférait de la reproduction. Celui où elle oubliait que son destin ne lui appartenait guère. Ses orteils s’agitèrent, invisibles, sous le lait alors que l’agréable chaleur la faisait frissonner. C’était un véritable délice, si bien qu’elle dû se faire violence pour ne pas plonger la tête la première. Siame la réprimanderait, elle en savait quelque chose et elle ne tenait pas à la mettre en colère. La sienne était d’ailleurs déjà oubliée. Phèdre pouvait parfois être une vraie girouette. Descendant les marches, l’eau lui arriva d’abord aux genoux, puis aux cuisses et enfin jusqu’à la taille. L’escalier s’arrêtait pour faire place à une pente douce. Si elle continuait d’avancer, elle serait obligée de marcher sur la pointe des pieds. C’est d’ailleurs ce qu’elle fit. Elle se laissa glisser dans l’eau jusqu’à ce que l’on ne vit plus que ses seins, ses épaules et sa tête. Ses cheveux d’opale créaient derrière elle un linceul qui se perdait dans son dos, ainsi Phèdre et le bassin ne semblaient plus faire qu’un.

    - Alors ? Qu’y a-t-il à dire de plus ? Demanda Phèdre. Mais avant que Siame n’eut pu lui répondre, elle se laissa glisser dans l’eau tout entière. Ses ailes restèrent un instant à la surface puis, d'un mouvement sec, disparurent à leur tour. Une seconde puis dix puis trente s’écoulèrent dans le silence de mort qui régnait bien trop souvent dans le temple. Seulement troublé par le pas affairé des petites gens qui s'attachaient déjà à remplacer ce qu’elle avait emprunté. Elle creva la surface à l’extrémité la plus profonde du bassin. - Baigne-toi avec moi, Siame. Lui demanda-t-elle tout en revenant vers sa sœur. Arrivée à sa hauteur, elle se pencha sur le marbre froid, laissant des traînées blêmes sur la pierre d’obsidienne. - S’il te plait. Son tout se fit plus doux, moins malicieux.
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  • 09.04.24 20:30
    Ce n’est pas à eux dont tu fais don de l’enfant, c’est à Aurya. C’est un privilège de pouvoir donner vie aux futurs fidèles de notre maîtresse, tu sais ?

    Et parfois, le privilège avait le goût du sacrifice.

    Un fin sourire étira ses lèvres. Siame écoutait sereinement sa sœur traîner des pieds à sa suite, comme si ça avait là l’ordre naturel des choses. Tout comme les mortels qu’elle guidait, quoi qu’il arrive, sa sœur était sa responsabilité. S’assurer qu’elle ne dévie pas de sa Voie était un travail de tous les jours, auquel elle s’attelait avec autant de patience que de plaisir. Étrangement, les jérémiades de sa sœur avaient pour effet de réchauffer son cœur de marbre. Elle aimait Phèdre pour ses excentricités et son impertinence, son caractère de cochon et, à l'opposé, ses humeurs radieuses. Le jour de leur naissance, de leur  divine création, leur maîtresse les embrassait toutes deux en leur offrant ses premiers mots. "Siame sera ma fierté, Phèdre sera ma joie." Il s’agissait là de leur première mission, un premier sens à leur vie.

    Tandis que Phèdre se déshabillait, Siame elle, prenait soin d’allumer quelques encens à disposer autour du bassin. Les divagations de sa sœur l'amusaient. Derrière ses grands airs nobles et sévères, l'Ange était tout aussi mesquine qu'elle.

    C'est plausible. Elle craqua une allumette. Après tout, le sort a probablement décidé que leur meilleure chance de reproduction était d'investir dans la qualité plutôt que dans l'apparence. Qui aurait pensé que l'avenir de l'espèce humaine dépendrait autant des hommes à la physique douteuse ?

    Robuste, il fallait qu’elle le soit. Ce n’était pas à la portée de n’importe quel mortel d’être capable de féconder un Ange. Son sourire s’intensifia à la réponse de sa sœur, avant de disparaître comme s’il n’avait jamais existé. Elle retrouva sa mine sévère.

    Aurya n’y est pour rien. Nos maîtres sont puissants, mais il y a tout de même des choses qui leur échappent. Une pause, puis sa voix se fit plus douce. C’est pour ça que nous sommes là. Pour corriger les aspérités du Monde.

    Dans son dos, elle entend Phèdre entrer dans le bassin et sent l’odeur de l’encens et des parfums choisis soigneusement par sa sœur embaumer la pièce. Siame se retourne et la regarde avec l’impassibilité brute de ses traits. Elle possède le même visage doux, mais ses sourires n’ont jamais la saveur délicate de ceux de Phèdre. Ils sont amers, piquants ou ironiques, et parfois, un subtil mélange de tout ça. Son regard est cinglant, aussi dissuasif qu’une boule de démolition ou bien irrévérencieux à réveiller les egos les plus fragiles. Combien s’étaient vu à s’agiter intérieurement, à bouillir jusqu’à exploser lorsqu’elle se contentait seulement de les regarder droit dans le fond des yeux dans un mutisme dérangeant ? Mais les yeux qu’elle pose sur sa sœur trahissent l’affection et l’importance qu’elle lui accorde. Son regard coule sur son ventre nu. Il s’arrondirait bientôt. Elle serait belle alors, encore plus qu’à l'habitude. Et vingt-quatre mois plus tard, Siame l’assisterait comme elle l’avait toujours fait. Jamais elle n’avait laissé personne d’autre s’occuper des accouchements de sa sœur. C’était sa responsabilité. Elle tiendrait sa main fermement dans la sienne, épongerait son front perlant de sueur, accueillerait l’enfant de ses mains. Le laverait, lui donnerait son petit doigt à sucer pour faire taire ses sanglots, et le déposerait dans les bras de ses parents mortels. Jamais, jamais dans ceux de Phèdre.

    Quand elle l’invite, Siame reste de marbre un instant, perdue dans ses pensées, dans toutes ces tâches qu’elle aurait à accomplir pour préparer l’arrivée de l’enfant. Une ombre voltige dans ses yeux de silex. Puis, un sourire se couche paresseusement sur sa bouche. On entend le claquement d’un lien de cuir que l’on défait d’une main assurée et le froissement des vêtements abandonnés sur le sol. Un flegme captivant s’échappe de son corps nu. Elle rejoint le petit escalier de pierre noire qui rejoint le bassin, attrape une brosse sur son passage, et sa voix claque à destination des religieuses divinistes qui se pressent comme des fourmis derrière elles. Leurs mouvements est une synchronie grouillante.

    Sortez.

    Siame veut profiter d’un moment seul avec Phèdre. La présence des nonnes ne la dérange pas outre mesure, et bien qu’elle ne les méprisent pas, certaines mœurs mortelles lui paraissent aussi irrationnelles qu’hypocrites. Elle les voit se cacher pour embrasser les garçons d’écurie et battre le pavé le lendemain, haranguant des jeunes femmes célibataires, pour leur brandir des pactes de pureté. Ce sont aussi les mêmes qui viennent la voir en secret, amorphes, le teint grisâtre et leurs épaules recroquevillées de honte autour d’elles. Elles masquent leur grossesse dans des vêtements amples, lui demandent de ne rien dire aux prêtres—de faire disparaître le fruit de leur péché, des billes liquides de culpabilité dans le coin des yeux.

    Rejoignant sa sœur au centre du bassin, résorbant la distance absurde entre elles – comme si on avait vraiment pu un jour les séparer – elle la regarde en toute impudicité.

    Viens par là, rouspète-t-elle quand sa vis-à-vis, joueuse, fait mine de lui échapper.

    La malice se tapisse tout au fond de ses yeux, s'interdisant d’éclater au grand jour et s’enroule doucement aux coins de sa bouche. Une main chaude se glisse dans la sienne et Siame attire sa sœur contre elle. Elle lui caresse les cheveux et se demande si elle peut sentir la possessivité qui vibre dans le bout de ses doigts, dans la façon dont elle la touche, empreinte d’amertume. Jamais elle n’a aimé l’offrir de la sorte aux mortels. Mais jamais elle ne l’a signifié.

    Tu m’es infiniment précieuse, Phèdre, murmure-t-elle en lui embrassant le front.

    Elle hume l’odeur de ses cheveux, celle de sa sœur. Elle ignore les parfums du gingembre et des capucines. Ses doigts courent dans sa chevelure et elle passe la brosse à l’intérieur pour les démêler.

    Il aura ton petit nez. Elle brisa le silence, décocha un sourire mutin en frottant le bout de son nez contre celui de sa sœur. Je l’ai vu grandir, beau, fier et fort—résolu à servir avec loyauté et ferveur. Auréolé d’une aura sacrée qui captivera de nombreux fidèles. Ils les guidera dans leur foi. Ensemble, sous ses ordres, ils brandiront leurs épées pour défendre nos maîtres, prêts à combattre et à donner leur vie pour soutenir les Créateurs…

    Sa voix s’était durcie au fil des mots. À cette époque, bien que les mortels organisaient déjà discrètement et prudemment leur rébellion à venir, la guerre n’avait pas encore éclaté. Siame ne disposait pas réellement des moyens de voir précisément les événements qui viendraient, mais elle avait appris à lire entre les lignes, à combler ce que ses transes ne lui manquaient pas pour prédire un avenir selon ses expériences et sous la bénédiction de sa maîtresse.

    Des heures difficiles s’annoncent. Nous aurons besoin de tous les fidèles que nous pourrons rallier à notre cause.


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  • 18.04.24 21:25
    Un ange passa tandis que Siame semblait d’être perdue dans ses pensées et Phèdre cru, pendant un instant, que sa sœur allait simplement refuser. Mais l’esquisse de sourire qui vint faire tressauter le coin de ses lèvres était une preuve du contraire. Incapable de retenir ses propres lèvres de se réhausser, elle laissa son corps glisser lentement jusqu’à l’intérieur du bassin avec un air satisfait. Les deux anges ne passaient presque aucun moment l’une sans l’autre. Elles partageaient leurs repas, leurs activités, leurs nuits et leurs prières. Il n’existait que deux raisons à leur séparation: les bains et la fornication. La première n’était en vérité qu’un caprice de Phèdre qui n’aimait pas rester seule dans les eaux opaques de cette gigantesque baignoire et aussi parce qu’elle adorait la façon qu’avait Siame de brosser affectueusement ses cheveux. La seconde était un sujet houleux, qu’elles avaient déjà abordés et qui n’était plus jamais revenu depuis. Les choses étaient simples ; Phèdre s'acquittait de sa tâche et une fois faites, c’était à Siame de prendre le relais. Rien de plus, ni de moins.

    L’ange regarda les nonnes s'enfuir d’un pas pressé. Elles avaient constamment cet air craintif quand elles s’adressaient à elles. Pourtant à sa connaissance Siame ne leur avait jamais rien fait et Phèdre ne leur adressait presque jamais la parole sauf lorsqu’il lui fallait impérativement quelque chose -comme de nouvelles huiles de bain. Elles n’étaient, à ses yeux, que des fourmies destinées à l’empêcher de mourir de faim dans la crasse. Sommes toutes pas assez dangereuses pour qu’elle ne les maltraite mais pas assez intéressantes pour qu’elle essaye d’échanger réellement avec elles. Ses yeux suivirent lentement l’avancée de sa sœur. Le visage partiellement dissimulée dans l’eau laiteuse, son nez flirtant avec la surface alors que ses cheveux s’étendaient en une corolle opaline, Phèdre était plus proche du kelpie que de l’ange et quand Siame arriva presque à sa hauteur elle fit mine de s’enfuir.

    Tout en laissant un léger rire briser le silence confortable qui les entourait, elle vint se blottir contre sa sœur et déposa sa joue contre sa poitrine. Elle aimait se tenir ainsi, prisonnière des bras rassurant de Siame, sa main libre caressant ses cheveux avec affection et le tambour familier de son cœur à son oreille. C’était pour ce genre d’instants, que Phèdre aurait aimé que le temps puisse s’arrêter.

    - Toi plus encore. Murmura-t-elle simplement contre la peau chaude et sécurisante de laquelle elle dû s’arracher pour laisser Siame lui brosser les cheveux. Elle en aurait presque oublié sa question précédente si la voix cristalline derrière elle n’avait pas re-abordé le sujet. Elle rouvrit les yeux qu’elle avait fermés et tenta d’imaginer ce que sa soeur était en train de lui raconter. C’était la seule chose qu’elle pouvait faire car Phèdre ne revoyait jamais les enfants, ses enfants, mais qu’elle ne devait pas appeler ainsi car ils n’étaient pas sien. Il n’empêchait que, parfois, elle se demandait ce qu’ils étaient devenu, à quoi pouvaient-ils ressembler ou encore s'ils avaient embrassés le destin tracé pour eux. Ces questions trouvaient parfois des réponses dans les visions de Siame mais elle n’était que des contes et des fables qu’elle ne constatait jamais de ses propres yeux.

    - Beau et capable. Répéta-t-elle avec un sourire fier. - Son nom sera-t-il auréolé de prestige ? De courage ? Sera-t-il connu ? Saura-t-on que je l’ai mis au m-.. La voix de Phèdre s’éteignit et le silence prit à nouveau possession des lieux. Les secondes s’étirèrent, interminables,  jusqu’à ce qu’elle ne se tourne lentement vers Siame. - Ne dis pas ça… Nos maîtres sont puissants et aucun mortel n’oserait les défier ! Elle parla d’une voix plus revêche qu’elle ne l’aurait voulu. - Qui pourrait défier un titan ? Personne Siame, tu blasphèmes. Ses mains crevèrent à leur tour la surface pour se déposer sur les joues de son vis-a-vis. - Ne doutes pas d’eux, ils ne douteront pas de nous. Un faible sourire étira ses traits et elle lui embrassa affectueusement la joue tout en lui ôtant la brosse des mains. Elle se glissa ensuite dans son dos et rassembla ses cheveux avant de les démêler calmement.

    - As-tu vu… Une guerre ? Demanda-t-elle finalement au bout de quelques minutes. Machinalement, elle leva les yeux vers le plafond comme si ses maîtres pouvaient la voir et elle eut brusquement l’impression de porter le poids du monde sur ses épaules. - Quand bien même, nous aurons le dessus. Poursuivit-elle autant pour se rassurer que pour apaiser les possibles oreilles divines qui tendraient à les écouter. - N’est-ce pas ? Phèdre s’arracha à la chaleur du dos de Siame et louvoya jusqu’aux escaliers qu’elle grimpa avec douceur. - Avons nous le temps pour une promenade ?
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  • 24.04.24 20:05
    Les questions de sa sœur restent en suspens, flottent au-dessus de l'eau avant de se noyer dans les remous du bassin. Que dire d'un nom qu'elle ne choisira pas, d'un enfant qu'elle ne verra pas grandir. Siame perçoit la gorge nouée de sa sœur qui étouffe la fin de sa phrase. Non, le secret de sa grossesse restera entre elles, et les "parents". L’enfant naîtra avec des ailes, mais elles seront l’héritage du Divin, jamais réellement accordé à sa génitrice. Siame, elle, se contente de sourire brièvement quand sa sœur s’offusque, et la laisse faire lorsqu’elle se saisit de la brosse pour venir démêler ses cheveux à elle. Ses visions n’étaient jamais plus que des hypothèses variables, changeantes—et pourtant, elle prit la peine de chérir ce moment plus qu’auparavant. “Qui pourrait défier un titan ?” La question bourdonne dans son esprit. Elle ne le sait pas encore, mais l’histoire démontrerait que non seulement les mortels s’y risqueraient, mais que certains d’eux parviendraient même à les vaincre.

    Tu as raison, se contente-t-elle de répondre à Phèdre, autant pour rassurer sa sœur que pour se rassurer elle-même.

    Siame opine à la question – trop heureuse de changer de sujet, inquiète d’imprimer ses propres doutes sur sa jumelle – avant de sortir à son tour du bassin. Le froid lui mord immédiatement la peau, mais l’Ange ne semble pas s’en émouvoir. Elle est habituée aux températures glaciales de Célestia et son rejet de toute fragilité s’applique même aux frissons de son corps. Malgré tout, soucieuse, elle vient recouvrir les épaules de Phèdre d’un lin chaud.

    Sortons. Je veux te montrer quelque chose.

    Avec un peu de chance, elles n’avaient pas encore manqué le réveil des aigles. Comme un rituel, chaque matin au lever du soleil, les gardes ouvraient les cages des rapaces domestiqués, et Siame assistait à chacun d’entre eux, sans exception, lorsque sa sœur ne demandait pas son attention. Tout ça, participait à construire le souvenir qu’elle garderait de ses années passées au temple de Célestia, aux mille raisons pour lesquelles l'Ange considérerait le lieu comme sa véritable maison, bien des années après. Les deux sœurs s’étaient rhabillées, et Siame avait entraîné Phèdre à l’extérieur jusqu’à la fauconnerie. Elle salua le jeune fauconnier d’un léger hochement du menton, sec, comme à son habitude. Le garçon ne sembla pas s’en offusquer—l’habitude.

    — Ils sont encore dans leur cage, la dernière à gauche, lui indiqua-t-il, tandis qu’il tendait aux deux jumelles deux gants de cuir épais.

    Siame le remercia, en silence—avec les mortels, elle s’encombrait toujours de peu de mots, il fallait apprendre à la lire, et le jeune homme semblait y être parvenu comme peu l’avait fait. Elle mena sa sœur jusqu’à la cage indiquée et un sourire posé, curieusement béat, se dessina sur ses lèvres. Avec toute la douceur et la prudence dont elle était capable, elle ouvrit la cage, et fit sortir un jeune faucon, l’éclat dans ses yeux aussi curieux qu’intelligent. Le rapace sautilla sur le poignet ganté qu’elle lui offrait, et laissa sa tête scruter l’horizon. Sans le quitter des yeux, elle s'approcha de sa sœur, l’invita à lui offrir son avant-bas.

    Tiens, joyeux anniversaire… murmura-t-elle, sans oser parler franchement, comme si elle avait pu perturber l’oiseau, tandis que le rapace passait d’un bras à l’autre. Siame ne flanche pas devant grand-chose, mais devant eux, elle semble se découvrir une délicatesse insoupçonnée. Il leva vers Phèdre des yeux incroyablement beaux, incroyablement confiant. Il lui faudra un nom, lui explique-t-elle, avant de poursuivre : comme ça, même lorsque je ne serais pas là pour voler avec toi, tu ne seras pas seule. Son sourire s’épanouit sur ses lèvres.

    Au fond de la cage, très sagement, patiente son frère.

    Ils sont encore tout jeunes, la portée du printemps dernier. Joseph – le fauconnier – vient tout juste de parfaire leur entraînement. Ce sera leur premier vol au grand air.

    Et elle enfonce à nouveau son bras dans la cage, vient cueillir le second aigle—le sien.


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  • 28.04.24 22:48
    S’il y avait bien quelque chose que Phèdre adorait, c’était les surprises. Elles étaient si rares dans cette existence faite de visions, de prévoyance et où rien n’était jamais laissé au hasard. Alors lorsque Siame prit un air énigmatique tout en l’invitant à sortir, elle abandonna la brosse sur le rebord du bassin sans demander son reste. Elle n’eut pas le temps de goûter à la fraîcheur de la pièce que déjà une serviette chaude recouvrait ses épaules, elle s’enroula dedans et songea que rester ici encore un peu ne pourrait pas tuer qui que ce soit. Hélas l’ange connaissait sa sœur mieux que personne et elle savait qu’elle ne lui ferait pas l’aumône d’une minute de plus. Ce qui aurait pu la chagriner si seulement elle n’était pas autant dévorée par la curiosité. Que devait-elle voir ? Il était difficile de surprendre un être millénaire mais Phèdre savait combien Siame était douée et surtout à quel point elle l’a connaissait. L’une était l’extension de l’autre et Phèdre n’avait aucun secret pour sa jumelle. Une chose qui ne tarderait pas à changer.

    La jeune femme délaissa sa tunique de nuit pour revêtir la robe qui avait été laissé à son attention. C’était une pièce de qualité mais qu’elle ne portait que lorsqu’un événement comme aujourd’hui se produisait. Le tissu était fin lorsqu’il n’était pas absent. La tenue entière était faite pour attiser l’envie mais aussi pour ne pas laisser place à l’imagination, elle était simple et dépourvue d’apparat car dans cette robe le bijou, n’était pas fait de pierre ou de métal, c’était le corps somptueux mais surtout fertile qui était offert en présent. C’était lui qui était mis en valeur dans la modestie de cette tenue. Cependant Phèdre n’était pas insensible au froid, aussi elle revêtit presque immédiatement une épaisse pelisse dans laquelle elle fit passer ses ailes avant de la boutonner par l’avant.

    Phèdre ne venait jamais ici. Parce qu’elle attirait trop l’attention mais aussi parce qu’elle n’aimait pas se mêler aux inconnus. Sans doute avait-elle déjà accompagné sa sœur à plusieurs reprises mais le souvenir ne l’avait pas marqué. Tout comme le visage du fauconnier. Elle le dévisagea lorsqu’il lui tendit un gant de cuir. Il ne semblait pas les craindre, pas plus elle que Siame. Ce qui était pour le moins inhabituel. Ses yeux bleus le fixèrent encore un moment, jusqu’à ce que son regard à lui, ne vienne à sa rencontre et qu’une question s’y forme : “Quoi ?” semblaient-ils demander. Un léger sourire étira les lèvres de l’ange et l’homme détourna le regard.

    - Que faisons-nous là ? Demanda néanmoins Phèdre quand elles eurent dépassé le fauconnier. La patience n’était pas sa plus grande qualité. Mais Siame répondit bien vite à sa question. Elle contourna quelques cages jusqu’à une en particulier puis l’ouvrit et en fit sortir un faucon dont le ventre blanc était strié de noir, tout comme sa tête. Il observa d’abord sa sœur, grimpa sur son bras puis claqua du bec en tournant ses yeux d’obsidienne vers Phèdre qui tendit à son tour le bras. L’animal non plus ne la craignait pas et il ne détournait pas le regard. Il l’a regardait simplement pour ce qu’elle était, confiant, sans savoir qu’elle pourrait lui tordre le cou d’une main. Ils se jaugèrent encore un moment avant que sa nouvelle propriétaire ne détourne la tête et ne se fende d’un sourire.

    - C’est donc ça que tu avais en tête ces dernières semaines ? Demanda-t-elle en sachant pertinemment que c’était la raison pour laquelle elle avait pu grappiller autant d’heures de sommeil dernièrement. Ce qu’elle avait pris pour un relâchement, n’était finalement, qu’un autre présent. - Aucun aigle ne saurait te remplacer. Si elle pensait chacun des mots qu’elle disait, le contentement se lisait toutefois sur les traits de son visage. Siame l’accompagnait souvent mais dans la majorité des cas, Phèdre s’envolait seule et cela lui pesait, dorénavant ce ne serait plus le cas. Sa main libre se leva pour caresser les plumes de l’animal du bout des doigts. Elles étaient plus douce encore que du velours et, remarqua-t-elle, elle n’était pas noir comme elle l’avait cru mais d’un bleu marine si profond qu’il semblait absorber la lumière. La tête de l’animal se pencha, il cligna des yeux puis claqua le bec une nouvelle fois.

    - Il s’appelera Sgaeyl. Lança-t-elle finalement à sa sœur d’un air satisfait. C’était la première fois qu’on lui donnait le choix d’un nom, c’était aussi la première fois qu’un être vivant lui appartenait. Cette idée lui plaisait. - Comment as-tu appelé le tiens ? Demanda-t-elle plus par politesse que par intérêt, non que les affaires de Siame ne l’intéressent pas mais elle brûlait désormais d’expérimenter le vol avec son nouveau compagnon. Preuve en était, elle avait tourné les talons avant même que sa jumelle ne lui ait offert une réponse pour s’approcher d’une porte close.

    La volière était sans doute la tour la plus haute du temple dans lequel les deux anges avaient élu domicile. Elle était aussi haute que large et abritait tout un tas d'oiseaux qui allait des faucons qu’elles avaient à leurs côtés en passant par les pigeons voyageurs les plus miteux du Sekaï. Il y avait également tout le matériel nécessaire à leur bien-être et une porte qui donnait sur un balcon. Ou plutôt une piste d’envol car il n’y avait aucune barrière pour prévenir d’une chute. Phèdre fut la première des deux à s’y rendre. Sgaeyl s’agita sur son gant mais elle avait les doigts fermement arrimés aux lacets de cuir qui le maintenaient prisonnier. Bientôt elle sentit la présence de Siame dans son dos et elle s’approcha du bord jusqu’à voir le bâtiment juste en dessous d’elle. Une chute de cette hauteur serait mortelle, même pour un ange. D’ici, elle apercevait les nonnes qui n’étaient plus que des fourmis en train de grouiller dans la cour principale. Un sourire étirait ses lèvres lorsqu’elle fit volte face et qu’elle plongea ses yeux azurin dans ceux d’acier de sa sœur. Joseph, dans l’ombre de la porte les observaient tout en faisant mine de nettoyer une cage vide.

    - Je t’aime. Souffla Phèdre à Siame avant de se laisser tomber en arrière, dans le vide.  

    La jeune femme se laissa tomber quelques secondes avant de relâcher les lacets de Sgaeyl qui déploya immédiatement ses ailes. Elle le regarda faire avec émerveillement puis à son tour déploya les siennes qui étaient infiniment plus grandes. D’un coup bref mais puissant, elle stoppa sa chute et se propulsa au-dessus de l’air de vol. A sa grande surprise le faucon l’avait suivit et s’il battait furieusement des ailes pour la suivre, il ne semblait pas perdre du terrain. Un second battement de sa part et elle se projetta plus haut encore, au-delà de la tour et de sa pointe décorée d’une étoile du matin. Sgaeyl la talonnait toujours. Alors elle replia ses ailes contre elle et plongea en piquet. Le regard de l’animal la suivit puis il l’imita et les deux tombèrent comme des flèches vers le sol. Leur manège se poursuivit ainsi de longues secondes avant que Phèdre ne se fende d’un rire franc qui raisonna dans l’immensité des montagnes qui jouxtaient leur domaine. En planant, ils revinrent jusqu’à l’air de vol sans s’y poser.

    - Rejoins moi, quémanda Phèdre à sa jumelle.
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  • 09.05.24 19:37
    Je t’aime. Les mots sont beaux, parce qu’ils sont ceux de sa sœur. Elle s’était prise à sourire, du coin des lèvres, tandis que sous ses yeux, Phèdre et son nouveau compagnon basculèrent dans le vide, confiants, s’offrant aux Cieux. Joseph aussi regardait, silencieux, devant le spectacle dont il éprouvait à peine l’émotion, mais considérait la chance qu’il avait de pouvoir y assister en première loge. Bien sûr, cette incorrigible guenon – née avec un shoot d’adrénaline dans le sang – n’avait pas attendu d’avoir la réponse à sa question pour se précipiter dans les airs—et Siame n’en avait pas espéré moins d’elle. Elle regretta simplement que les deux petits mots qu’elle prononça s'échappent dans l’air avant que sa sœur ne puisse les percevoir. Je t’aime, Phèdre. Un moment s’écoula et elle échappa un rire entre amusement et dépit, avant de s’avancer à son tour vers le bord de la falaise.

    C’était ça. C’était ça le bonheur—pur, puissant, véritable. Sa sœur – qui planait désormais comme un cerf-volant – et les Cieux, sous le regard satisfait de sa Maîtresse. Le reste de sa vie ne lui serait éternellement rien de plus qu’un fardeau. Et en perdant chacune des choses qui lui étaient alors précieuses, Siame se déréglerait, petit à petit—elle deviendrait défaillante. À cette heure-ci, alors que ses ailes se déployaient majestueusement au-delà de ses épaules, elle ne réalisait pas encore les épreuves qu’il lui faudrait alors affronter. Elle ne réalisait encore qu’elle perdrait tout. À l’inverse de Phèdre, Siame ne se laissa pas chuter dans le vide. Non : elle prit son envol d’un coup d’ailes puissant, parfaitement contrôlé, tenu en bride par ce grand besoin, cette grande illusion qu’elle possédait : que si elle parvenait à tout maîtriser, alors tout irait bien. Cette rigidité psychique et affective bavait partout et sur tout, la rendant alors incapable de s’adapter à ce Monde qui lui, précisément, n’avait rien de permanent. Elle ignorait la terrible réalité : ses instincts de conquérante étaient à la fois sa plus grande force et sa plus grande faiblesse, qu’ils l’empêchaient de réellement s’envoler. Que tout ça, cette cage dans laquelle elle s’enfermait volontairement, c’était négliger ce qu’elle était véritablement.

    À son bras, le jeune aigle trépignait d’impatience à l’idée de rejoindre son frère. Il ouvrit le bec, émit un bref chuintement hâtif et le referma tout près du visage de l’Ange pour la sortir de ses rêveries.

    Tout doux, veux-tu. Je ne suis pas une souris.

    Il ne s’envola que lorsque, d’un bref coup d'œil autoritaire, sa nouvelle maîtresse lui en donna la permission. Joseph l’avait choisi à la perfection pour Siame. Un claquement sec de ses ailes, et elle s’envola à son tour. Si les aigles étaient les maîtres du ciel, sur le Sekai, les Anges, eux, étaient les maîtres de Cieux. Et rien sur le visage de celle-ci ne trompait sa noblesse toute divine. Elle n’avait jamais été plus Belle et lumineuse qu’à ce jour : ses aigles gigantesques, superbes, soyeuses ; sa sœur à ses côtés. La suite de son histoire démontrerait que même les créatures les plus divines pouvaient perdre de leur éclat. Elle aimait voir le Monde de là-Haut. Tout en bas, on relevait les visages sur le passage des deux Messagères Divines. Assister au vol des Anges, c’était forcément signe de bon présage : synonyme de protection divine, et certains mortels se prenaient alors à plier le genou pour une prière, un remerciement adressé aux Titans. Siame ne leur adressa pas un regard, les yeux rivés sur sa sœur et sur les deux aigles qui les accompagnaient. Ils voletaient autour d’elles, encore jeunes, encore un peu maladroits—comme s’ils avaient peur de leurs ailes.

    Une fièvre aimante s’empare d’elle lorsqu’elle rejoint finalement sa sœur. Elle vola jusqu’à elle, ses ailes battant dans le vide pour la maintenir sur place. Siame ne lui parlerait pas du couple qui les attendait désormais au temple, ni même de la guerre qu’elle croyait avoir vu arriver, ni même de sa mission divine. Non, elle laissait tout ça pour le moment où, inévitablement, elles devraient reposer pied à terre. Tout le moment avait été étudié pour que Phèdre s’échappe à son rôle, et peut-être que pour elle aussi, puisse le faire.

    Je n’en ai pas choisi. Les mots s’envolèrent de ses lèvres et une bourrasque de vent les emporta. Elle s’approcha, glissa ses mains autour de sa taille pour un balai. Alors, le visage tout près du sien, elle répéta plus fort : Je n’en ai pas choisi. De nom, je veux dire.

    L’air frais bats ses joues de plein fouet. Ses longs cheveux volent autour de son visage, dans un fouillis blanc. Elle ajoute d’une voix posée, le coeur lourd et à la fois léger :

    Choisis le pour moi, veux-tu ?

    À cette époque, Célestia était propre, neuve : resplendissante de gloire. Ses icônes s'élevaient vertigineusement au-dessus des mortels. Il alors difficile de s’imaginer ce qu’elle devrait un jour : déception et déchéance, tâchée de sang et de larmes et l’air troublé de fumées épaisses et graisseuses—lourdes des réminiscences qu’elle abandonnerait un jour ici. Des souvenirs joyeux, qu’elle partagerait avec Phèdre, et ceux, plus douloureux, d’une trahison, qu’elle cacherait alors à sa sœur.


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  • 13.05.24 23:02
    Phèdre aurait pu rester ici durant des heures. Ses ailes étaient puissantes, plus petites que celles de Siame mais également plus agiles. En cela, sa sœur l’avait supplanté mais ça ne la dérangeait pas. Elle adorait la voir les déplier, aussi pâles que ses cheveux d’albâtre et d’une largeur plus qu’honorables pour sa frêle silhouette. Les siennes étaient d’un blanc écru, qui constrasait légèrement avec ses cheveux mais cela aussi elle s’en fichait. C’était une manière comme une autre de les différencier, tout comme la couleur de leurs yeux ; gris chez Siame, bleus chez Phèdre. Comme pour tout le reste, les deux sœurs étaient aussi similaires que différentes mais c’était ce qu’elles étaient l’une pour l’autre qui faisait leur force et elles en tirait partie même dans leurs différences à la manière d’un piano qui perdrait toute utilité si on venait à lui retirer ses touches noires.

    Le vent battait furieusement ce jour là et mettait leurs muscles à l'épreuve. C’était les journées que Phèdre préférait. Les vents puissants créaient des remous d’air ainsi que des turbulences qui rendaient les vols beaucoup plus délicats et  par extension : amusants, les courants puissant lui permettaient de se laisser porter sur de dizaines de kilomètres tout en effectuant des vrilles et parfois, il l’a surprenait et l’obligeait à se battre pour ne pas s’écraser sur le flanc d’une montagne. La décharge d’adrénaline qui déferlait dans son corps était d’une puissance telle qu’elle était galvanisée durant des heures et que jusqu’à ce jour, elle n’avait rien trouvé d’aussi excitant dans sa longue et morne existence. Toutefois, Phèdre savait pertinemment qu’aujourd’hui elle ne pourrait pas s’échapper aussi longtemps qu’elle l’aurait voulu. Malgré le vent qui fouettait ses cheveux, faisait geler sa peau sur ses os, Sgaeyl qui voletait de droite à gauche en utilisant des courants ascendants et le beau sourire de sa sœur, Phèdre n’oubliait pas que d’un instant à l’autre il leur faudrait redescendre. Dans quelques minutes, peut-être un peu plus si Siame la laissait jouer encore un peu les ignorantes, elle devrait se débarrasser de sa cape et aller se pavaner comme une jument de concours devant un mâle qui ne serait probablement même pas à son goût. Peut-être sa femelle aurait-elle l’audace de la fusiller du regard où se contenterait-elle de courber l’échine avec déférence. C’était un petit jeu qu’elle s’était lancé avec elle-même, des paris dont elle était la seule gagnante mais qui lui permettait de s’imprégner des regards qu’elle recevait sans les laisser la consumer de honte ou de colère.

    - Mais il est à toi. Répondit Phèdre en amoindrissant l’amplitude de son battements d’ailes pour ne pas gêner celui de sa jumelle. Ses yeux se tournèrent naturellement vers le faucon de Siame qu’elle observa. Légèrement plus clair que le sien, il arborait un plumage d’un brun profond qui lui rappelait les forêts de pins argentés. Cependant elles ne pouvaient guère le nommer Terre, Pin ou Tronc. Même pour un faucon c’eut été humiliant. Le sien portait un nom puissant, celui de sa sœur le devait aussi. Mais Phèdre n’était pas certaine de vouloir nommer quelque chose qui ne lui appartenait pas, tout comme les enfants qui venaient au monde et qui ne lui étaient pas destinés. - C’est à toi de choisir. Trancha-t-elle finalement en donnant un coup de nez affectueux à celui de Siame et en enroulant ses bras autour de sa nuque. Phèdre la serra brièvement contre elle puis dans un souffle étouffé lui murmura : - La dernière arrivée en bas du mont à perdu. Et sans demander son reste, elle cessa de battre des ailes, libéra la nuque de sa sœur et se laissa tomber comme une pierre vers le sol. Son faucon sans jamais avoir cessé ses acrobaties, plia ses ailes contre son corps et se laissa tomber à sa suite.

    C’était l’un des jeux favoris de Phèdre. Le parcours jusqu’aux pieds des montagnes de Celestia était ardu, il obligeait à la concentration et à la maîtrise aussi bien de ses ailes que des vents qui couraient entre les cols. Les soeurs les connaissaient parfaitement, elles avaient effectuées cette course cent fois au cours de leurs longues vies. Mais Phèdre ne s’en lassait pas. Ses ailes se déployèrent avant d’atteindre la tête d’une statue représentant Lothab, ce qui n’empêcha pas les nonnes de se pencher vers le sol comme si elle pouvait être assez idiote pour aller les heurter. Levant les yeux, l’ange poursuivit sa route au-dessus du temple jusqu’au parapet qui donnait sur le vide et plongea à nouveau. Sgaeyl qui l’avait maintenant rejointe volait à ses côtés. D’ici, elle discernait à peine les villages dans la vallée, alors elle donna un nouveau coup d’aile pour accélérer sa chute.

    Phèdre songea qu’elle était en train de fuir ses responsabilités.
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  • 21.05.24 23:37
    Avions-nous déjà dit que sa sœur était une guenon pénible ? “Mais il est à toi”. Un éclat insistant passa dans le regard de Siame, l’air de dire “je sais bien”. Elle manqua de comprendre qu’elle voulait que ce soit elle, qui le nomme. Parce que tout ça lui importait finalement très peu : si ça ne concernait pas Phèdre. Il fallait dire que cette dernière avait des façons bien à elle de manifester son impatience : c’est-à-dire qu’elle négligeait tout ce qui ne la concernait pas directement. Siame elle, fusille du regard son nouveau compagnon, comme s’il venait de manquer à une tâche de la plus haute importance. Et voilà que… Oh non. Ce petit rapprochement, ce frottement de nez malin, tout ça ne lui dit rien qui vaille. Qu’a-t-elle encore prévu. Quand sa jumelle lui fait la proposition d’une course – quelle gamine ! et d’une manière, il s’agissait là de leur “enfance”, pour peu que l’on occulte le reste… – elle ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel (ne pas noter l’ombre du sourire sur ses lèvres), et pourtant, elle ne démontre pas plus de volonté lorsqu’il s’agit de l’interrompre. C’était à croire que la loi de l’emmerdement maximum était toujours vérifiable, et elle soupçonnait que sa vis-à-vis avait décidé d’en faire une maxime de vie. Phèdre remarquait leurs différences physiques, mais en vérité, c’était leur personnalité entière qui dénotait. Et quand bien même, il ne lui serait jamais venu à l’idée de l’aimer un peu moins pour ça. Il sembla néanmoins que Siame fût bien moins enjouée quant à la perspective d’une course.

    Phèdre, ils sont arrivés, il faut que nous re… prétendit-elle tout de même, pour faire bonne figure.

    Mais déjà, sa sœur n’est plus là. Hop, envolée. Ses doigts l'ont lâchée, ils l’ont laissé partir. L'ont laissé s’échapper.

    Avec elle, n’importe qui aurait déjà jeté l’éponge. Plus tard, bien plus tard, l'Ange resongerait à ce moment. Elle regretterait de ne pas avoir joué. De ne pas avoir su apprécier ce qu’elle avait quand elle l’avait. Elle regretterait la caresse du vent dans ses cheveux ; sur ses ailes ; la chasse aux nuages ; l’air frais, glacial, dans ses poumons. Et le ciel. Les Cieux, la liberté suprême, toute-puissante à perte de vue. Il n’existait rien de semblable… Et celui qui n’avait jamais volé de ses propres ailes ne pouvait pas comprendre le sentiment. Mais, à cette heure-ci, les Titans régnant en maîtres sur le Sekai, Siame n’est que Siame : obnubilée par sa mission, obnubilée par l’idée de faire les choses correctement. Elle n’a jamais encore véritablement vécu aucune épreuve : n’a pas perdu ses ailes, n’a pas perdu sa sœur. Non, à cette heure-ci, elle ne savait pas encore ce que c’était de perdre, vraiment — ne connaissait pas encore la mélancolie de ses souvenirs — ne connaissait pas non plus le spectre entier des émotions humaines : celles par lesquelles il lui faudra passer, et celles qu’elle s’obstinera toujours à rejeter. Tout son bel esprit n’est alors que servilité foncière. Il s’agit de ne surtout profiter d’aucun moment de la vie : car cela signifierait une trahison bien trop importante envers ses devoirs, pas vrai ? Toute cette vie ne tourne autour que d’une chose : recevoir les messages divins et courir après son andouille de petite sœur. S’assurer qu’elle reste dans les clous. Tandis qu’elle volait pour la rattraper avec la ferme intention de mettre fin abruptement à son petit jeu, comme toute grande sœur chiante qui se respecte—“Allez, Phèdre. C’en est assez, nous avons à faire, maintenant.”

    Quand elle finit par la rattraper, les joues rougies, battues par le vent qui les avait fouettées, elle venait de poser pied à terre (l’avait-elle laissé gagner ?). Elle se saisit de la main de sa sœur, à nouveau, glisse des doigts dans les siens, jalousement. Non, Siame n’avait définitivement pas la même insouciance que Phèdre.

    Ils sont arrivés, déclare-t-elle, tandis que l’aigle vient se poser sur son épaule. Il est temps.

    Elle a un froncement de sourcils fâcheux, un peu dur. Pas réellement pour Phèdre, mais pour tout le reste.  Son regard se leva en direction du temple. Il leur fallait désormais tout remonter (merci qui ?).

    Les deux sœurs arrivent finalement. Autour d’elles, un silence de mort. On leur adresse quelques regards désapprobateurs : elles sont en retard. Siame les ignore. Phèdre aussi. Qu’allait-il faire ? Trouver une autre ange pour pondre leur gamin sans s’en plaindre ? Bon courage. Mais le silence n’est pas que désapprobateur. On respecte l’événement à venir : car il s’agit d’une cérémonie. D’un mariage pour un soir. Pour Phèdre ? Un sacrifice. Siame y assisterait, aussi glauque pouvait être la chose, il était hors de question qu’elle laisse sa sœur aux mains d’un homme sans supervision. La femme aussi – cette petite épouse bien heureuse et pourtant malheureuse de ne pouvoir enfanter comme elle le devrait –  serait présente dans la chambre, comme si – ironiquement – il s’agissait de s’assurer de la fidélité (du cœur) de son mari. Tout ça n’avait jamais été une question de plaisir. Ça n'avait rien de beau, rien d’honorable. C’était d’une froideur et d’une tristesse absolue—une scène privée de tendresse, privée du moindre fantasme. Il ne fallait pas non plus que ce soit crasseux : parce que la crasse était obscène. Non, l’influence religieuse et les préceptes divinistes prudes ne permettaient rien de tout ça : il fallait faire la chose sans faire l’amour. Il fallait faire la chose sans la faire. En vérité, peu importait ce qu’il s’y passait, de la manière dont ça se passait, car seule la finalité comptait.

    Regretterait-elle ? D’avoir contraint sa sœur à ce rôle-ci ? S’en voudrait-elle d’avoir toujours refusé de remplir cette fonction-ci ? D’avoir préféré la faire subir à Phèdre, puisque c’était “ainsi que les choses devaient être” ? Pour l’heure, Siame se cramponnait à ses seules convictions. Comme si, se risquer à y penser, c’était négliger sa conscience – son manque de conscience, vraiment – professionnelle.

    Elle ne se poserait pas non plus de question, lorsqu’elle trahirait sa sœur, quelques années plus tard. Non, c’était bien plus simple d’être sans vergogne que d’ouvrir les yeux. Siame, aussi brave se voulait-elle, n’en restait pas moins d’une lâcheté immense, honteuse—celle de ceux incapables de se mettre en face d’eux même et de considérer la réalité de leur être. C’était en vérité une formule très simple – celle de démolir quelques vies sous prétexte de le faire pour le Divin – il s’agissait simplement de laisser fermées certaines portes de sa psyché.

    10 000 ans, c’était une éternité. C’était mille vives à vivre, alors qu'on n'en vivait pourtant qu’une. C’était la perspective d’une vie d’humains – car il fallait vivre parmi eux – mais en plus lent. Beaucoup plus lent. L’apprentissage aussi, le serait. Combien de fois se vautrait-elle, sur ce chemin-là ? On avançait toujours à la perspective d’une pente montante, mais en vérité, tout n’était que remous. Et parfois, c’était le gouffre—si profond qu’on en voyait plus la fin. C’était 5 000 ans d’échauffement pour chuter lamentablement. 5 000 ans d’échauffement pour un faux départ, un échec, et pour que tout soit perdu. Ses ailes—qu’elle chercherait sans fin. Sa sœur—qu’elle penserait perdue à jamais avant que…


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