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  • Lun 15 Aoû - 20:59
    13 décembre de l’An 2


    Cela fait des jours que nous naviguons dans un calme relatif, nous n’avons plus qu’un navire sur les trois au départ mais pratiquement tout le monde est sauf et c’est ce qui m’importe le plus, le reste n’est que matériel.
    Néanmoins il nous faut accoster car nous commençons à manquer de vivre et surtout d’eau claire pour tous.

    Je ne suis pas navigatrice mais je sais que nous approchons du but parce que le temps a changé, même si nous sommes en plein hiver, les températures se sont radoucies et la côte a changé de paysage. Nous avons quitté le Doreï et passé les monts Kazan, nous sommes donc au Sud du Reike et proches des Oasis. Cependant cette région aussi “libre” soit-elle est occupée par de nombreuses garnisons Reikoises et avant postes que nous allons devoir éviter.

    Nous avons donc cherché une crique isolée et avec de la végétation afin d’y dissimuler le navire restant, l’Etoile de Shoumei. Cela ne fut pas sans difficulté mais nous avons trouvé.


    Carte : Dunes | feat Ashewa Voshin [FINI] Mt63


    15 décembre de l’An 2


    Tout a été déchargé du navire, tout ce que nous pouvions transporter, les quelques chevaux qui nous restaient serviront de chevaux de traits, ce n’est pas leur rôle originel et nous devrons veiller à ne pas les épuiser, nous n’avancerons donc pas vite et nous ferons tout pour les soulager.

    Nous avons trouvé de l’eau et rempli tout ce qu’il était possible de remplir.
    Quelques personnes restent près du navire, plusieurs guerriers et un couple de vieillards, trop épuisés pour affronter le désert. Ils sont cependant heureux d’être loin des conflits, armés de leur foi intacte, ils veilleront que l’Etoile. Peut-être reprendrons nous la mer pour Mael quand la guerre sera terminée, on ne sait pas de quoi demain sera fait.

    Nous voilà donc prêts à partir alors que tombe la nuit. Nous voyagerons uniquement de nuit pour des questions de température, nous sommes habitués au froid en tant que Maeliens et parce que nous nous dirigeons selon les étoiles. Wan se souvient sommairement de l’emplacement de l’Oasis qui l’avait accueilli par le passé, il sait quelles étaient les positions des étoiles dans le ciel à cette époque là. Bien sûr cela a changé et nous allons devoir chercher mais nous avons un cap, un objectif, l’espoir de trouver un havre pour nous poser, panser nos plaies et nos âmes avant de pouvoir repartir un jour prochain.


    17 décembre de l’An 2

    C’est la troisième nuit ou nous levons le camp pour avancer plus avant dans le désert. Nos gens sont fatigués plus que nous ne l’avions escompté. A mes côtés Wan est un support indéfectible, il reste égal à lui même en toute circonstance et me permet de m’accrocher au phare qu’il est. Ruyven pour sa part est toujours dans mon ombre, et veille sur moi comme sur sa propre famille, il est des choses qui ne changent pas.

    La nuit avance, nous progressons lentement, en procession, dans le silence le plus complet. Seules nos respirations montrent nos efforts, même les bêtes se taisent, sensibles au danger que représentent ses terres inconnues pour nous. Le ciel est clair, la voûte étoilée nous guide et certains adorateurs du Shierak trouveraient cela magnifique à n’en pas douter. Nous ne les observons que parce qu’elles nous indiquent le cap.

    La nuit est à son apogée quand des bruits au loin retentissent. Nous nous arrêtons, attentifs. Un éclaireur va rapidement voir de quoi il en retourne et revient aussi vite qu’il fut parti. De l’autre côté de la grande dune de sable, un Lanconda géant qui fonce sur nous, il a senti l’odeur des chevaux et humains et il semble affamé. La bête est impressionnante, elle mesure près de 10m de long.

    Lanconda:

    Nous brisons le silence, les soldats donnent des ordres, femmes, enfants, vieillards, se mettent au centre, les chevaux et carioles autour et les soldats font face, je suis Ruyven au devant de la caravane, prête à défendre nos vies.
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  • Lun 15 Aoû - 22:17
    Depuis des jours, depuis qu'il avait pris en compte cette troupe désorganisée, Ashewa tentait désespérément d'oublier ce qu'il avait vu. Oh, il avait été si certain, encore quelques années plus tôt, qu'il était assuré dans sa Foi et que rien, ni personne, ne pourrait l'en desceller. Les Gardiens, dans leur infinie existence, garantissaient un équilibre, un cycle, une acceptation certaine de la finitude d'une enveloppe, si ce n'était d'une âme. Puis, presque cruellement, la réalité vint lui rire au nez. Bien sûr, il avait la quasi assurance de l'existence des Gardiens. En effet, si les Titans existaient, leur contrepartie également, au certainement que le Soleil et la Lune des Reikois. Mais tout le reste...

    Rien ne justifiait le massacre de ses compatriotes. Rien ne justifiait la destruction indiscriminée de tant et tant de gens, de maisons, d'animaux, et de façon si cruelle. Sauf à ce qu'il ne s'agisse que d'une Ordalie. Il en venait à détester ce mot également, même s'il devait faire bonne figure. Certains, dans ceux qui le suivaient, ne cessaient de parler d'Ordalie et de prier les Titans, et d'expier leurs péchés et ainsi de suite. S'ils étaient si sûrs d'eux, pourquoi ne pas rester et les prier, leur fichus Titans? Il secoua silencieusement la tête. Il ne pouvait pas penser cela. Ces gens étaient comme lui, détruits, perdus, la montagne s'effondrant sous leurs pieds.

    Et ils le suivaient, Croisé presque déchu, et certainement incertain, ses bijoux ternis, son teint fatigué, ses cheveux plats et sans brillance, son cheval soufflant comme le vent, derrière lui. Il se devait d'offrir un visage confiant, de les guider, vers les Oasis, vers la République, à travers des terres hostiles, sans guerrier ni mage, juste des gens ordinaires, de peu de moyens, des enfants, des humains âgés, des adolescents bravaches, comme il l'avait été un jour. Un air lourd de défaite s'installait le soir, devant le feu. Nul ne parlait, et les flammes étaient discrètes. Il ne faisait pas toujours bon être Shoumeïens quand les Reikois traînaient. Surtout pas lorsqu'ils vivaient leur Foi.

    Quelques-uns venaient chercher son conseil, et il tentait de rassembler ce qu'il lui restait de dignité autour de lui, son enseignement, sa longue expérience de Croise de l'Ordre. Il n'était plus un petit tas de poussière à danser dans une chambre, il avait vécu, voyagé, géré ce genre de situation ! Il s'énervait parfois, contre lui-même, plus qu'autre chose, mais jamais devant eux. Ils comptaient sur lui, et aussi incertain soit-il, il ne pouvait pas se permettre de montrer la moindre hésitation.

    Ils avaient voyagé de jour en quittant le Shoumeï, pour épargner leurs plus anciens, et parfois les plus jeunes, qui avaient désormais peur du noir et des bruits. Mais plus ils se rapprochaient des terres Reikoises, plus il décalait leur départ, de plus en plus tard, et plus tard encore. Il n'avait pas de problème particulier à voyager la nuit, à se guider avec les étoiles, il l'avait fait maintes et maintes fois. Il avait plus de difficulté à gérer le froid, et il se tenait aussi proche d'Ekou, son destrier, qu'il le pouvait pour profiter de sa chaleur, souriant avec encouragement à ceux qui comptaient sur lui, mais légèrement tremblotant malgré tout. Il détestait le froid, et l'avait toujours mal vécu.

    Ils avançaient, ayant pu recharger leurs outres d'eau un peu plus tôt, mais ils commençaient à manquer de vivres. Ils n'était pas exactement partis de chez eux en faisant leurs bagages et beaucoup n'étaient que de simples compatriotes, avec peu de ressources à leur nom. Ils avaient besoin de gibier, mais peu savaient chasser, ou voulaient même essayer de sortir de leur apathie. Il respira un grand coup, il allait devoir le faire lui-même. S'il trouvait peut-être un petit lanconda, un mètre ou deux, cela devrait suffire, sans leur prendre trop de temps à préparer. Il entendait presque déjà son glissement, son cri si particulier, son... ce n'était pas son estomac qui lui faisait entendre des choses ! Il y avait vraiment un lanconda quelque part.

    Il regarda son entourage, les quelques hommes et femmes vaillants qui avaient un bâton ou un semblant d'arme avec eux, puis leur environnement. Il ne pouvait pas tous les retirer, les enfants allaient paniquer, mais s'il y allait seul et que le lanconda était plus grand que prévu... Il en désigna deux, ordonnant aux autres de rassembler les plus faibles au centre, et de se mettre en périphérie, priant en dépit du bon sens qu'il ne leur arrive rien, tout en sachant pertinemment que même s'il leur arrivait quelque chose, ce ne serait qu'un retour à une autre vie. Laissant de côté ces sombres pensées, il avança avec ses deux acolytes, aussi silencieux qu'ils le pouvaient, armés avec ce qu'ils avaient. Son bâton ne ferait certainement pas grand bien, mais il pourrait probablement l'immobiliser quelques instants, suffisamment, peut-être, pour que les courtes lames des jeunes humains qui l'accompagnaient. C'était un pari, et Ashewa n'était pas joueur, mais il n'avait pas le choix, l'animal était sur leur chemin.

    Au pied d'une dune de sable, et la remontant aussi vite que son long corps, neuf ou dix mètres, à vue d'oeil, le lui permettait, il semblait se précipiter vers... quelque chose.  Fronçant les sourcils, le Croisé accéléra, faisant fi de la prudence et du silence. Le lanconda ne les entendrait pas, vu le raffut qu'il faisait lui-même. En haut de la butte de sable, il écarquilla les yeux, voyant le campement de fortune, organisé comme les villageois qu'il avait laissé un peu plus loin, en cercle, les soldats à l'extérieur, bien mieux préparés que ses hommes, de surcroît. Et à leur tête... plusieurs personnes. Difficile de dire qui commandait vraiment. Il ne les connaissait pas, mais il n'avait pas le choix, il allait devoir leur faire confiance. Les laisser se faire attaquer et en profiter pour porter un coup, ou détourner l'attention de l'animal et les laisser ouvrir le bal?

    Il n'avait jamais été amateur de violence, mais la simplicité de ressentir ce type d'adrénaline lui permettait d'oublier un peu le reste de ses tourments. La vue des personnes effrayées, au moins dans son esprit, derrière le groupe de soldat finit de sceller sa décision. D'un mot sec, il fit se déployer ses deux aides avant de littéralement tirer le serpent par la queue. Laissant son bâton dans son étui, attaché dans son dos, il permit à sa magie de l'envahir. Il y avait du sable, beaucoup, mais le sable faisait aussi de la poussière, comme les gens autour, et les chevaux. Fort heureusement. Petit-à-petit, ses longues tresses noires prirent une teinte grisâtre, et sa peau sembla se déliter, créant un flou autour de lui, alors même que d'un coup sec, il exerçait une pression sur l'appendice du laconda qui, dans un cri de douleur, se retourna vers lui. Il montra les dents, plein de défiance, soufflant une prière aux Gardiens pour que ces soldats comprennent son intention.

    Puis il commença à danser. Il tenta de divertir l'animal par de petits courants d'air, lui coupant légèrement les paupières, la langue, tout en esquivant follement. Oh, il prit quelques coups, ou plutôt le résidu de l'énergie de plusieurs coups, qui ne manqueraient pas de marquer, mais il espérait tenir assez longtemps pour que ce second groupe ait l'opportunité de fuir ou de passer à l'assaut.
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  • Mer 17 Aoû - 12:01
    Nous étions prêts à agir, les rangs formés grâce à l’expérience de nos soldats.
    Dans la nuit étoilée, scène idyllique s’il en fallait, nous allions affronter un nouvel obstacle, mais loin de nous désespérer cela nous confortait dans notre avancée, notre propre rédemption. Nous n'affronterions jamais les titans, ils étaient ceux que nous vénérions mais nous avions nos propres combats à livrer pour trouver la paix.

    Alors que Lanconda s’approchait de nous, désireux de se repaître de nos chairs pour grandir encore et toujours, quelqu’un chose d’inattendu se produisit. Mais pour une fois l’inattendu ne semblait pas en notre défaveur.

    Quelqu’un dansait, valsait, tournoyait, c’était aussi hypnotique qu’un mouvement de serpents. Ce qui était surprenant dans tout cela c’était la nature de ses déplacements, il devait manipuler des énergies particulières, sable? poussière? Dur de le savoir.

    Il n’était pas seul cependant et ses deux acolytes œuvraient aussi pour détourner l’attention du monstre gigantesque de sa cible première. Cela permit donc à nos hommes d’attaquer. Ruyven en tête lança l’assaut, suivi de quatre autres hommes d’armes. Leurs épées affutées tranchaient des morceaux de chair mais cela semblait tellement ridicule comparé à la masse qui nous faisait face.

    Wan s’approcha de moi et me prit la main.

    - Nous devons les aider, et pas uniquement en les défendant et en les soignant, nous devons être avec eux. Tu attaques, je protège les nôtres.

    J’étais effrayée par cette idée, littéralement, mais il était élémentaire d’eau, avait presque un millénaire alors que je n’avais pas vingt cinq ans encore. J’avais peur mais confiance.

    Alors nous avons laissé notre mana couler. Wan créa un bouclier d’eau qui enferma nos gens dans une bulle protectrice. Dans la nuit du désert, étoilée, une odeur marine s’est élevée, perturbant le monstre. Ce fut une des plus grande concentration d’énergie que je réalisais, dans mon esprit, l’eau, était une force parmi les plus puissantes, porteuse de vie mais aussi de destruction. Alors pour faire face à ce serpent gigantesque, j’invoquais l’image mentale d’un dragon d’eau, presque aussi grand que le monstre, animé de mana pure. Et je l’envoyais à l’assaut de la chose, ses crocs plongeant dans son corps qui s’anima de soubresauts sous la violence des attaques. (P4 eau)

    Il saignait certes mais cela provoqua aussi sa colère, irraisonnée et puissante, seul son instinct réagissait maintenant et son regard était fou de douleur. Il fallait maintenant que les guerriers ne le frappent en un point sensible. Le Lanconda cracha alors une première fois de son venin, un peu hasard et nulle part de fait, il rata toutes les cibles devant lui. C'étaient une attaque de gagnée pour nous. Bien qu'affaibli cette créature était puissante, gigantesque et il faudrait des attaques précises et réussies pour en venir à bout.

    De sa queue il balaya le sable et envoya plus loin les guerriers. Ne restait devant lui que l'élémentaire insaisible et moi qui incantait et contrôlait ce dragon d'eau qui continuait son attaque mais cela ne durerait pas, l'énergie était considérable et j'allais bientôt en manquer.
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  • Mer 17 Aoû - 18:14
    Ils avaient compris. Ashewa n’attendait que cela, et que le lanconda se retourne pour poursuivre son attaque. Il avait bien envie de tester une chose sur laquelle il travaillait à ses heures perdues, à errer sur Ekou de part en part, pour ne pas ruminer sur l’effondrement de son existence. Et ce n’était d’ailleurs toujours pas le bon moment pour y penser !

    Continuant à esquiver avec la grâce d’une danseuse exotique, son corps comme autant de grains de poussière dans un rayon de soleil perçant les nuages, il essayait de ne pas trop se faire souffler par l’animal, malgré un inconfort certain. Les grands mouvements d’air et la poussière n’étaient pas les meilleurs amis au monde, au moins dans un premier temps. Mais ce qui s’écartait devant le déplacement et l’onde de force se rejoignait en une vague plus dense encore. Tous ceux ayant déjà tenté d’épousseter un meuble le constataient assez vite.

    Petit-à-petit, il tentait de faire rentrer de petites lames de vent renforcées par de la poussière dans les coupures créées par les guerriers, alliés momentanés, qui protégeaient les villageois. Deux personnes semblaient se tenir à part, du moins dans la vision périphérique du Croisé. Il n’avait pas beaucoup de temps pour se concentrer sur leur organisation, à virevolter et concentrer sa magie en même temps. Il était élémentaliste de combat, mais malgré tout, il n’était pas un Gardien !

    Sa théorie tint jusqu’à l’apparition d’un gigantesque lanconda d’eau, fondant sur celui fait de chair et de sang qui tentait de les engloutir. La bataille fit d’autant plus rage, un crachat de venin manqua toute cible alors que l’animal se débattait à ce nouvel adversaire redoutable, devant lequel Ashewa était admiratif. Il était incapable d’une telle prouesse. Il dut se reculer précipitamment. Son manque de concentration lui jouait à nouveau des tours, et il devait être beaucoup plus près qu’il ne l’aurait aimé.

    Cependant, la boule de poussière, aussi tranchant qu’il pouvait la rendre, était prête. Arrêtant temporairement tout mouvement, il la guida jusqu’à la gueule du lanconda, dans l’espoir de le déchiqueter de l’intérieur. Sale, mais potentiellement efficace. Une nouvelle morsure de la créature aqueuse entraîna cependant l’animal dans un soubresaut qui fit trembler la dune, et la boule de sable tournoyante explosa hors de sa gueule dans une pluie de venin qui tomba sur un des Shoumeïens l’ayant accompagné jusqu’ici, le faisant s’effondrer en un instant.

    Plus tard, il aurait le temps de prendre conscience qu’il s’agissait du cycle naturel et que cette mort n’était pas à regretter. Pour l’instant, la culpabilité l’étreignit alors qu’il se rapprochait plus encore pour transporter plus et plus encore de poussière, sur un filet de vent, dans les trous béants laissés par les crocs du monstre d’eau dans la peau du lanconda. Une pensée errante lui traversa l’esprit. S’ils ne le tuaient pas vite, il n’y aurait plus que de la charpie à manger.

    Il secoua la tête et accéléra la cadence, désormais presque à bout touchant du grand serpent. C’était dangereux, et il reçut autant d’éclaboussures de venin que de coups, mais il refusait de lâcher. Désespérément, il cherchait autant à survivre qu’à atteindre le cœur de la bête, ou son cerveau, pour mettre fin à la bataille. Ce serait lui ou elle, et son grand allié aqueux semblait perdre du souffle à vue d’œil. Pas le moment de flancher.

    Et effectivement, il n’eut pas le temps de réagir. Dans un cabrement, le lanconda se contorsionna, éjectant Ashewa presque aux pieds de la mage, s’écrasant dans un nuage de poussière et de sable mélangés. Étourdi, il peinait à retrouver le haut du bas et, sur des membres flageolants, il parvint à se redresser sur un genou puis, s’aidant de son bâton, à se redresser. Il avait certainement au moins une côte fêlée, mais trop de choses, incluant sa fierté, étaient dans la balance pour abandonner maintenant.

    Croisant à peine le regard de la jeune femme, chancelant, il repartit à l’assaut, sans plus de prudence. Il fallait au moins cela, après tout, pour le remettre sur le droit chemin.
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  • Ven 19 Aoû - 12:15
    Les combats n’étaient pas ma spécialité, c'était un fait avéré mais je savais me donner sans compter. Notre allié du moment avait une grâce toute envoûtante, et sa danse particulièrement dangereuse. Je n’avais que la puissance de ma mana pour soutien et je la matérialisais comme je pouvais.

    Le dragon poursuivait son œuvre destructrice et la chair du Lanconda pendait le long de ses flancs, symboles de ses blessures profondes. Il était amoindri mais sa masse et sa puissance destructrice n’étaient pas encore mises à mal loin s’en fallait.

    L’élémentaire se donnait littéralement dans ce combat, et ses lames entaillent la chair de notre adversaire. Ce fut à ce moment-là que le serpent frappa notre allié et l’envoya voler à mes pieds. Un instant je perdis ma concentration, j’avais le regard posé sur l’homme étourdi, était-il blessé?

    Je sentis sa douleur mais je n’eus guère le temps de m’attarder dessus car il se releva et repartit à l’assaut de la créature. Je renforçais ma prise sur ma mana,
    pour que le dragon ne faiblisse pas, je sentais cependant que cette puissante déferlante de mana arrivait bientôt à sa fin, je pouvais le maintenir encore un peu mais je sentais que mon sang tapait à mes tempes, chaque battement de mon coeur m’était perceptible.

    Je devais aider notre allié et j’eus une idée. Je me focalisais sur mon dragon d’eau pour qu’il s’enroule autour du Lanconda et le maintienne immobile le temps d’offrir à mon allié l’opportunité de lui porter un coup fatal.Mes efforts payent visiblement car le dragon d’eau s’enroule autour de notre ennemi, tel une corde il referme son étreinte et immobilise pratiquement le Lanconda. Ce dernier ne peut cracher sur personne, sa gueule dirigée vers l’opposé mais sa queue balaie l’air furieusement. Cela reste néanmoins notre meilleure opportunité d’en finir avec cette horreur.

    Et déjà mon esprit pragmatique se dit que nous allons pouvoir récupérer de sa chair, la brûler et l’emporter autant que possible pour les jours à venir, cet adversaire n’est qu’un obstacle, une épreuve dans notre quête de rédemption et d’un havre de paix, un signe des divins en somme. Ou est-ce la chaleur de la nuit du désert qui me fait divaguer, allez savoir… L’effort est intense et je suis aux portes de l'inconscient, je le sais, je le sens mais je tiendrai ce qu’il faut.

    - Allez-y, mettez fin à son existence. Je le maintiens le temps nécessaire.

    Je peine à parler distinctement, la fatigue est complexe à gérer mais je poursuis tout en maintenant ma concentration tant que je le peux.

    - Je ne vais pas tenir longtemps par contre, c'est...

    Trop puissant pour moi peut-etre?

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  • Ven 19 Aoû - 13:22
    Alors même que l'adrénaline du combat faisait oublier à Ashewa les blessures subies, et qu'il tentait une nouvelle fois de s'approcher du serpent pour lui porter un coup fatal, le dragon d'eau s'enroula subitement autour du lanconda pour l'immobiliser. Le Croisé s'approcha précipitamment, pour enfin achever l'animal. Pour tout le bien que cela lui fit, malgré son envie de cocher au moins une victoire à son actif dans cet environnement d'échecs accumulés. Malgré sa force et sa taille, l'invocation aqueuse ne parvint pas à arrêter les violents mouvements de queue du grand serpent qui, dans sa rage, ne cessait de se contorsionner pour tenter de se libérer, avec d'autant plus de force que ses mouvements étaient restreints. Un coup de l'appendice se dirigeait à grande vitesse vers l'élémentaire, qui lâcha son bâton pour enrouler le reste du corps dans un sarcophage de poussière.

    Concentré pour limiter au maximum ses mouvements, il dût laisser à d'autres la charge d'achever l'animal. Un des soldats de la mage, celui qui lui avait parlé avant de se jeter dans la bataille, escalada le long du corps serpentin avant de plonger son arme dans son crâne, dans un mouvement demandant une haute maîtrise. Dans un soubresaut qui finit par briser l'emprise d'Ashewa sur la queue et l'envoya à nouveau embrasser le sable, le lanconda souffla enfin son dernier soupir. La mort comme continuité de la vie, pour créer la vie en nourrissant les corps de ceux encore vivant.

    Encore une fois, il se redressa, et alla chercher son bâton, avant de se diriger vers son dernier paysan vivant, l'envoyant chercher les autres. Et surtout, l'éloignant de cette troupe inconnue. Maintenant que la menace était morte, qui pouvait dire s'ils seraient aussi accueillants. La guerre et son passif militaire, avaient rendu Ashewa méfiant. Avoir aidé ou sauvé ne signifiait plus qu'ils partageraient un repas ou même de bons mots. Il se redressa malgré les douleurs qui se faisaient ressentir dans ses côtes et ses bras, jambes et... un peu partout, en fait. Il relâcha son pouvoir, ses cheveux reprenant leur teinte sombre, sa peau reprenant sa définition dorée, ses bijoux des contrepoints brillants dans la nuit.

    Il approcha de la mage. De la jeune mage. Elle ne devait pas être plus avancée dans sa croissance que lui, à son échelle, malgré son impressionnante puissance. Mais ce n'était pas le sujet. La personne plus ancienne, avec elle, devait être leur chef. Ou peut-être le guerrier qui avait achevé le lanconda. Difficile à dire, mais il ne voulait pas présumer. En tous les cas, il ne perdait rien à être poli, après l'aide qu'elle avait apportée. Il lui adressa un sourire un peu vide, juste une ombre de ce qu'il aurait été quelques années plus tôt, inclinant la tête pour la saluer.

    "Salutations voyageurs nocturnes. Heureuse rencontre que la nôtre, sous ce ciel étoilé. J'espère que tous vos compatriotes se portent bien? Nous avons des soigneurs dans les camarades qui m'accompagnent, et je ne doute pas que vous soyez tous épuisés par cette épreuve, si vous aviez besoin de notre assistance. Dans la découpe du lanconda, également."

    Son sourire ne varia pas, ni ne tomba. Il y avait un tout petit peu de défiance et de son arrogance passée dans sa posture. S'ils devaient refuser et devenir hostiles, ce serait maintenant. Traverser le désert sans nourriture avec un groupe serait certainement une ineptie, et le point de contention le plus facilement mis au jour. Son attitude ne changea pas, mais il observait tout ce qu'il pouvait de la troupe devant et autour de lui, en espérant que ses gens n'arriveraient pas trop vite, et ne seraient pas massacrés. Après tout, qui savait qui ces gens pouvaient être, en ces temps troublés?
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  • Ven 19 Aoû - 17:09
    La fin du combat dut épique à mes yeux, bon en toute franchise, chaque combat revêtait cette même caractéristique. L’élémentaire continua son combat avec force et volonté. Ce fut son oeuvre et celle de Ruyven qui finirent par venir à bout de cette créature gargantuesque. J’ai vu cet homme voler après un dernier soubresaut de notre adversaire mais il sembla n’être pas trop blessé, mais la guérisseuse en moi se disait qu’on ne devait jamais se fier aux apparences.

    Je le vis ensuite parler à son homme et celui ci partit en courant, dans un réflexe stupide je lançais mon don vers eux, sentir leurs émotions, en surface je ne ressentis aucune animosité, je devrais me contenter de cela.

    Quand la bête fut inerte au sol enfin, je relâchai la pression et le dragon se dissipa, baignant les alentours d’eau qui fut rapidement bue par le sable vorace du désert. Je soufflais trop fortement pour que cela me donne un air digne de ce nom mais j’avais besoin de reprendre une goulée d’air.

    Je me laissais tomber au sol, mains dans le sable, je reprenais ma respiration et mes esprits. Je n’avais rien d’une menace en cet instant. A l’arrière Wan arrêta lui aussi de focaliser son énergie et le bouclier protecteur disparu lui aussi. Dans la nuit on put percevoir le soulagement de tous ses gens, ils étaient saufs et nous n’étions pas les seuls instigateurs de cela.

    Ruyven rangea son épée dans son fourreau, et s’approcha de moi après avoir adressé un simple merci à notre compagnon de la nuit. Puis il se pencha vers moi.

    - Comment allez-vous Dame Myriem? Vous n’êtes pas blessée j’espère?

    Cela me fit sourire, non je n’avais rien du tout mais lui du sang gouttait de sa main, il devait être blessé au bras mais n’en disait rien et il n’était pas le seul blessé.

    Toujours au sol je relevais mon regard vers l’homme qui venait de s’adresser à nous, sans trop savoir à qui parler, ce qui pouvait se comprendre.

    - Salutations à toi, toi et tes compagnons avez été de précieuses aides, votre arrivée inattendue nous a permis de vaincre ce Lanconda. Les titans parsèment notre route d’épreuve et sous ce ciel étoilé nous venons d’en réussir une.

    Je continuais de haleter, manquant de souffle mais j’avais à faire, je le savais. Je tendis une main à Ruyven qui m’aida à me relever. Chancelante mais intacte je pressai sa main et m’approchais de l’homme, blessé en de multiples endroits.

    - Je suis Myriem de Boktor… enfin j’étais. Myriem suffira. Mes compagnons de route et moi-même cherchons ici notre salut. A qui devons nous cette aide inespérée?

    Mon accent, la couleur de ma peau, toujours claire, tout indiquait une habitante de Shoumei, et si il regardait les vêtements de tous les gens présents, il verrait qu’eux aussi venait du Shoumei, du Nord probablement, sûrement pas du Doreï.

    - Nous n’allons pas reprendre la route cette nuit. Il serait idiot de laisser passer la chance de prendre plus de nourriture pour notre avancée. Nous acceptons votre aide.

    J’observais un instant la caravane et j’indiquais à Ruyven d’aller se poser, je venais le soigner, qu’il annonce à ceux sachant s’occuper du dépeçage qu’ils avaient de quoi faire, prendre de la chair en quantité, la brûler, cela nous occuperait la nuit. Les autres monteraient le camp, nous repartirons le lendemain à la nuit tombée.

    - Etes vous nombreux? Joignez vous à nous si vous le souhaitez, le désert est un endroit dangereux et voyager en grand groupe est bien plus judicieux. Et vous, vous allez m’accompagner et rejoindre mon camarade Ruyven. Je vais soigner vos plaies.

    Cela pouvait choquer certaines personnes, mais j’étais noble depuis toujours, habituée à donner des ordres plus que des conseils et surtout, on m’obéissait en temps normal.
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  • Sam 20 Aoû - 10:37
    Plus Ashewa observait cet assemblage de personnes, leurs vêtements, leurs manières, leur couleur de peau, leur accent, dans les échanges qu'il pouvait percevoir, plus il avait l'impression qu'il s'agissait de Shoumeïens. Son sourire devint un peu plus vrai, alors qu'il regardait la jeune mage, visiblement épuisée, mais de façon compréhensible. Il vacilla un petit peu en se rendant qu'elle faisait certainement partie de la masse de divinistes qui voyaient l'arrivée des Titans comme une Ordalie ou la réalisation de leurs prières, ou une autre étrangeté de ce genre. Il ne pouvait pas les traiter de personnes stupides, car il avait, fort longtemps, vécu par ses propres croyances. Mais il avait encore du mal à avaler leur acceptation d'autant d'inepties. Il retint cependant ses paroles. S'ils étaient inclinés à les aider, autant en profiter. Et il y avait d'autres partageant ces croyances dans ceux qui le suivaient. Après tout, la guerre floutait les frontières, et un Croisé était un Croisé, qu'il soit cultiste ou non. Et plus il avançait, plus il se demandait s'il l'était toujours.

    Il la regarda être aidée par le guerrier, qui la soutint un moment, et il la salua bien plus poliment, dissimulant aussi bien que possible la douleur qui lui coupa un instant le souffle lorsque qu'il se releva de sa courbette. Dans le même temps, son esprit tournait à plein régime. Boktor, Boktor, il avait déjà entendu cela. Ajouté à leur teint, et la façon dont les gens s'adressaient à elle... Il se retint de s'exclamer quand cela lui revint, au-delà de la province, évidemment. L'intendante du port de Maël. Il l'avait traversé plus d'une fois, cet endroit, dans ses missions, et s'il ne l'avait jamais croisée, les marins et taverniers avaient toujours eu un bon mot à son propos, même s'ils ne l'avaient que rarement identifié comme un membre de l'Ordre.

    Par déduction, la plupart de ses compagnons devaient être des habitants de Maël qui avaient échappé autant aux Titans (malgré leur Foi, n'est-ce pas, fervents Divinistes?) qu'aux armées reikoises. C'était un long trajet, et il se demandait bien par quel moyen ils l'avaient parcouru en si peu de temps. Mais en réalité, probablement pas beaucoup plus long que le sien. Il maintint son sourire lorsqu'elle les invita à se joindre à eux pour la nuit.

    "Un honneur, Dame Myriem, nous ne sommes qu'un groupe de paysans cherchant un lieu pour poser ses maigres effets. Vous pouvez m'appeler Ashewa."

    Sa voix, un peu touchée par la douleur de ses blessures, a néanmoins conservé une certaine douceur, comme du sable s'écoulant entre ses doigts. Si tout se passait bien, il pourrait même confier les paysans à la jeune femme, et repartir faire... Autre chose, il ne savait pas encore vraiment quoi. Mais il avait besoin d'être seul, de réfléchir, de réaliser une introspection nécessaire, pour enfin essayer de comprendre. Cependant, le devoir restait important, et il avait servi une grande partie de sa vie, il continuerait s'ils avaient besoin de lui. Il la laissa poursuivre alors que les autres s'installaient, et s'apprêtaient probablement à dépecer le lanconda. Ses gens ne devraient d'ailleurs pas tarder à arriver et il les...

    "- Etes vous nombreux? Joignez vous à nous si vous le souhaitez, le désert est un endroit dangereux et voyager en grand groupe est bien plus judicieux. Et vous, vous allez m’accompagner et rejoindre mon camarade Ruyven. Je vais soigner vos plaies."

    Il avait servi, mais sans recevoir d'ordres de l'Ordre depuis fort longtemps. Son sourire se crispa un instant, et il tenta d'analyser la situation et de ne pas s'agacer. Ils venaient de traverser une épreuve, les tensions étaient hautes, elle avait occupé une position d'autorité durant quelques années, et cela ne servirait à rien de se mettre ces gens à dos. C'était presque un mantra, à ce stade. Et l'intention n'était certainement pas maligne.

    "Nous acceptons votre proposition avec plaisir, Dame Myriem. Beaucoup de ceux qui m'accompagnent ont besoin de ces soins, et nous ne manquerons pas de rejoindre votre camp dès qu'ils seront présents. Ceux pouvant aider rejoindront vos troupes dans le dépeçage de lanconda. Pour ma part, je vais aller aider mon compatriote à disposer de la dépouille de notre compagnon."

    Il lui adressa un petit clin d'oeil avant de repartir chercher le jeune Gelen pour s'occuper du corps de Feril, ou tout du moins ce qu'il en restait. Le venin avait été radical. Il finit par voir ses troupes, Ekou en tête, le brave animal, et les rejoignit. Ses muscles étaient en train de refroidir, et s'il s'arrêtait de bouger, il n'était pas certain de réussir à repartir. Il les accompagna jusqu'au camp, les jeunes personnes saines s'empressant d'aller aider au découpage du lanconda, alors que les plus âgés, ou ceux étant capables de soigner, allèrent porter leur assistance où c'était nécessaire. Ashewa les suivit plus lentement, toujours un peu appuyé sur son bâton, pour voir ce qu'il était possible de faire pour lui. Il adressa un sourire un peu canaille à Myriem.

    "Me voilà entre vos mains, Dame Myriem, et tout semble être en ordre du côté du dépeçage. Quelle médecine avez-vous pour moi?"

    Il attendit sa réponse, l'air presque innocent, malgré la douleur.
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  • Mar 23 Aoû - 12:38
    J'étais littéralement vidée d'une grande partie de ma mana mais j'étais sauve et nulle blessure ne venait me restreindre dans mes mouvements. Je m'aidais du bras de Ruyven pour me relever, il me faudrait juste quelques instants pour être moins faible sur mes jambes et me déplacer. Ensuite je pourrais faire ce que je savais le mieux faire depuis toujours : non pas donner des ordres, tsss... soigner !

    Je sentais le regard interrogateur de l'élémentaire qui nous avait aidé, nul besoin de recherche sur son passé pour savoir qu'il en était un de part ses prouesses si spéciales. Il finit par se présenter et je souris en retour avant de répondre.

    - Eh bien Ashewa, vous êtes tous les bienvenus avec nous, nous sommes des voyageurs qui cherchent un havre de paix en ces terres reculées de tout. Si vous avez fait le choix comme nous de ne pas affronter les Titans et de ne pas finir dans les geoles Reikoises du coup nous nous entendrons.

    Qu'ils soient divinistes, cultistes, m'importait peu, et il en allait de même pour mes gens, la majorité étaient des divinistes mais il y a avait quelques exceptions pour confirmer la règle bien entendu.

    J'ai bien senti sa crispation, son agacement, à ma façon de faire, mais je n'allais pas m'excuser d'être telle que je l'avais toujours été : noble. J'avais cotoyé l'Ordre de la Main mais hormis une personne qui m'avait montré que la bonté existait chez eux, je ne gardais le souvenir que des moutons qui avaient suivi les ordres de la régente athé Gunnhildr et avait envoyé les nobles de Mael et Sancta à leur Ordalie : la Purge. J'avais connu des mois des prisons à cause de cela mais j'étais sortie vivante et innocente de tout crime, contrairement à un trop grand nombre, je doutais qu'ils aient été coupables en aussi grande quantité. Cet acte, cette Purge avait été la première pierre enlevée aux fondations de Shoumei, une pierre porteuse qui avait ébranlé notre société et conduit à notre ruine par un effet papillon auquel avait participé le Monarque sans le vouloir en un sens avec son enfermement au Reike.

    Néanmoins je ne souhaitais pas de tension, pas en ce lieu alors je pris le temps de reformuler.

    - Tous vous êtes les bienvenus je le répète et je... *cherche les mots* j'ai tendance à donner des ordres vous vous en rendrez compte pour organiser et faciliter notre vie. Nous avons besoin de savoir ou nous allons et comment nous allons y arriver et on m'a appris a prendre les décisions pour les gens sous ma responsabilité. Je m'excuse cependant pour les ordres que je viens de vous donner dans le vouloir.

    Je le laissais partir pour enterrer la dépouille des morts, c'était une noble tâce. Durant ce laps de temps ses compagnons nous avaient rejoint et le camp se montait dans un calme relatif, peu de bruit, nous avions appris à ne pas en faire. Quand on fuit c'est vital non?

    Je renvoyais ceux fatigués sur des couches modestes, ils n'allaient pas aider il se reposeraient car ils auraient besoin de leurs forces quand ils prendraient la route. Quand Ashewa me rejoignit j'étais en train de soigner Ruyven, il avait daigné s'arrêter pour que je m'occupe de sa blessure, et aussi parce que son épouse Mélyssa l'avait forcé à le faire.

    Assis sur un lit de fortune, moi à ses côtés, il avait ôté sa chemise, son corps de guerrier était bardé de plusieurs cicatrices. J'avais nettoyé ses plaies et j'étais en train de recoudre la blessure de son bras, je n'userais pas de magie pour lui, cela saignait beaucoup mais ce n'était pas grave. Je gardais ma mana pour les blessures importantes.

    J'invitais Ashewa à s'asseoir aussi il me semblait que Lanconda avait craché sur lui un instant et cela devait être soigné magiquement.

    - Allez y installez vous je suis à vous dans quelques instants.

    J'en avais fini avec Ruyven, j'attrapais un tissu propre et déchirait une longue bande pour en faire un bandage que je serrai autour de son bras.

    - Allez file retrouver ta femme et ta fille, elles s'inquiètent pour toi. Demande à Mélyssa de préparer de la tisane pour dormir, je veux que les blessés dorment du sommeil du juste.

    Il se leva et s'éloigna après avoir salué Ashewa. Je reportais donc mon regard sur lui, et esquissais un sourire.

    - Alors montrez moi comment vous réussissez à enlever tout ça. J'admire !

    Oui car les guerriers ont souvent tendance à jouer les fiers à bras et à ne pas avouer la gravité de leurs blessures. J'avais trouvé cette stratégie par le passé, les faire se déshabiller eux même, j'observais tout, je laissais mon don actif pour savoir quels mouvement leur faisait mal, lesquels étaient impossibles quand ils changeaient de posture ou technique en cours de route.



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  • Ven 26 Aoû - 10:08
    Lentement, pour ne pas tirer sur ses blessures, plus un impact dans les côtes, et un tout petit peu d'acide sur le bras, même s'il avait été majoritairement protégé par les poussières qui tournaient autour de lui lors de l'utilisation de sa magie, il prit place sur la paillasse à côté de l'autre guerrier. Il souffrait majoritairement du syndrome de tous les combattants, de petites entorses, de petits hématomes, rien de foncièrement grave, mais il aurait du mal à repartir le lendemain. C'était bien loin d'être la première fois qu'il avait une rencontre désavantageuse avec une créature sauvage. Ou même des personnes mal intentionnées. Après tout, il ne portait aucun signe distinctif de son statut de Croisé, et même s'il l'avait fait, l'Ordre n'était pas en vogue partout dans le monde, bien loin de là, même.

    Il l'observa soigner, de façon traditionnelle plus que magique, mais il se doutait qu'elle devait être épuisée. C'était étrange, malgré tous ses discours sur la noblesse et être habituée à donner des ordres, de la voir humblement soigner quand probablement la moitié des gens du camp étaient aussi capables qu'elle de bander un bras. Et ce n'était même pas parce qu'elle avait une relation particulière avec cet homme, puisqu'elle le renvoyait vers sa femme. Ashewa soupira presque en le voyant partir, c'était une vision de rêve, ce corps de guerrier. Après tout, il ne pouvait que regarder, alors autant en profiter. Enfin, ce n'était pas tout à fait le sujet.

    Assis, et avec la température du désert la nuit, il refroidissait sévèrement, et il se sentait déjà courbaturé. S'il n'étirait pas rapidement ses muscles, il n'arriverait probablement même pas à se relever. Il retint quand même un rire lorsqu'elle parla de sommeil du juste. Qui l'était encore, juste, et qui jugeait de qui l'était? Son monde était devenu si compliqué, depuis l'arrivée des Titans. Avant, même pendant la Purge, les décisions étaient prises pour lui. Il n'avait qu'une opportunité d'interprétation desdits ordres, puisqu'il n'était que très rarement au siège de l'Ordre. Devoir décider lui-même de ses règles... Il avait vraiment besoin de temps, de réflexion, pour réapprendre.

    Il répondit à son sourire quand elle lui demanda de retirer lui-même ses vêtements pour qu'elle le soigne. Ce n'était pas exactement son premier passage devant un soigneur, et il n'aimait pas que l'on découpe ses vêtements. Aussi sales soient-ils en cet instant, couverts de sang et de sable, ils étaient de belle qualité, et d'une couleur rouge qui le mettait spécialement en valeur. Cela lui avait servi, il attirait toujours plus de confessions avec du miel que du vinaigre. Il défit les attaches dissimulées sur le devant de la tenue, l'ouvrant largement avant de laisser glisser le tissu le long de ses bras. Ce n'était pas exactement confortable de réaliser ce mouvement, mais rien n'était confortable avec des côtes abîmées.

    "Si je n'avais pas autant de respect pour votre station, Dame Myriem, j'aurais cru que vous souhaitiez un petit spectacle. Malheureusement, je ne danse plus avec les voiles aussi bien qu'avant."

    Il sourit. Il n'avait vu qu'une ou deux fois ces danses sensuelles et il ne faisait évidemment que plaisanter. C'était un petit aperçu de ce qu'il avait été avant cette catastrophe, et l'adrénaline du combat l'aidait à retrouver un peu ce sentiment. Cela partirait bien assez tôt, il voulait en profiter pour l'instant. Et il se moquait bien d'être torse-nu. Sans être aussi musclé que le guerrier, Ruyven, peut-être, il n'était pas du tout mal fait, et une vie sur les routes avait laissé ses marques sans laisser beaucoup d'occasions de se remplumer. Il était uniformément doré de peau, bien qu'un énorme hématome violacé ait été visible sur toute sa partie gauche. Il sourit.

    "Il me semble que nous avons trouvé le coupable. Ne vous épuisez pas pour moi, Dame Myriem, d'autres demandent certainement votre attention."

    Il revint ensuite sur ce qu'ils s'étaient dit avant, profitant de la bulle de calme de cet espace de soin.

    "Vous avez quitté Maël à l'arrivée des Reikois, c'est bien cela? Vous vous dirigez vers Liberty? Un bastion de la République? Ou vous comptez créer un camp Shoumeïen quelque part? Quel est votre objectif final?"

    Avant de lui confier ces gens qui avaient cru en lui, il devait le savoir. Il n'irait pas les abandonner à quelqu'un ayant d'étranges idées comme reprendre une ville aux Reikois avec un assemblage de paysans et une poignée de guerriers. Il ne voulait pas ça pour eux.
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  • Ven 26 Aoû - 15:45
    Seule avec Ashewa, je restais assise à l’observer œuvrer, je l'avais dit, le voir réaliser chacun des gestes, observer ses réactions. J'aurais pu en d'autres circonstances utiliser directement de ma magie pour analyser, étudier et ensuite soigner mais je me sentais presque vidée de toute ma mana alors je devais la préserver pour ce qui ne se voyait pas.

    J'ai rapidement compris qu'il était blessé à une côte, cela relèverait donc d'un acte magique pour éviter qu'il ne souffre inutilement pour les journées à venir. Quand il avait fini par enlever sa tenue, qu'il préservait avec ... avec quoi? précaution? Ce n'était donc pas une simple tunique pour lui mais quelque chose de plus important.

    Son bras était brûlé par l'acide et là aussi je pourrais soigner cela facilement par magie.
    Je n'avais pas compris ce qu'il y avait de drôle dans ma formulation mais parfois la rechute d'adrenaline nous laisser dans une étrange perplexité. Fatiguée je me permis néanmoins de répondre.

    - C'est l'avantage de se déclarer soigneuse, je profite de la vue sans que quiconque ne s'en offense ou n'y trouve à redire, pas même mon divinisme.

    Un peu d'autodérision en cet instant ne pouvait pas nous faire de mal non? Et j'avais confiance, je ne risquais rien avec cet homme, enfin élémentaire, j'en avais l'intime conviction.

    - Quand à la danse, attendez d'être sur pied et je viendrai vous en réclamer une en paiement de mes soins si cela vous convient.

    L'hématome était conséquent, énorme mais j'étais persuadée qu'il y avait plus qu'un simple choc ou contusion. Je me suis levée pour rejoindre mon patient du jour et j'ai posé avec une douceur infinie mes doigts sur sa peau qui aurait du être dorée. J'ai d'abord effleuré la zone puis je l'ai touché délicatement, me concentrant pour percevoir ce qu'il y avait en dessous. L'air autour de nous avait de nouveau changé et se chargeait de cette odeur marine, mes yeux sombres s'éclaircissaient et brillaient d'un violet lumineux.

    - Il n'y a pas qu'un hématome, vous avez deux côtes fêlées voyez vous et cela c'est long à se remettre naturellement et dans ce genre de contrée nous ne pouvons pas nous permettre d'être amoindris les uns et les autres. Et inutile de protester je vais vous soigner, au pire je tomberai de sommeil devant vous, rien de bien grave promis!

    Cela étant dit, je commençais à laisser ma magie glisser dans les chairs de Ashewa et grimaçais en m'excusant.

    - Par contre ce sera douloureux sauf si vous souhaitez que je j'atténue ce que vous ressentez.

    Je pouvais le faire mais je ne le faisais jamais sans le consentement des personnes à mes côtés. Ma magie glissa, s'insinua et repositionna les côtes comme il se devait avant de forcer la régénération cellulaire des os. Je n'aimais pas faire souffrir les gens mais c'était nécessaire pour que la guérison soit parfaite. Il ne fallut cependant que quelques minutes de concentration pour que les côtes soient guéries et naturellement l'hématome se résorba, changeant de couleur au même rythme.

    Je soufflais et me saisis d'une gourde posée près de la table de soin pour en boire une bonne rasade, c'était du thé froid. Je m'essuyais le front, je suais alors que les températures s'étaient rafraîchies sérieusement et que l'immobilisme me faisait sentir la nuit du désert.

    - Bien maintenant ces brûlures pour que cela ne se propage pas plus loin dans vos chairs, le venin de Lanconda a cette pénible capacité.

    Et je me mis au travail, d'abord nettoyer le sang du venin puis viendraient ensuite les chairs, mais c'était plus simple et moins couteux en mana que les côtes aussi je pus répondre en même temps à la question posée avant.

    - Nous avons cohabité avec les Reikois pendant un bon moment, nous pensions qu'ils venaient nous soutenir mais quand il fut évident qu'ils venaient faire leur propre guerre et s'installer chez nous, nous savions qu'il était trop tard pour les repousser. Alors j'ai pris mes trois navires, j'avais une compagnie maritime de transport et nous sommes partis pour venir ici. Car a une journée ou deux d'ici, se trouve un Oasis protégé du Reike dans lequel nous souhaitons nous établir pour refaire nos forces et prendre le temps de réfléchir à ce que sera demain, ensembles. Libres de choisir nos combats, nos croyances. Belle utopie non?
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  • Dim 28 Aoû - 9:55
    Ashewa garda son sourire une bonne partie du temps alors que Dame Myriem l'examinait. Si elle le retrouvait plus tard, un jour prochain, alors qu'ils étaient tous deux dans de bien meilleures dispositions, il danserait pour elle, pas de problème. On lui avait déjà dit que ce n'était pas horrible à regarder. Ce ne serait pas dramatique de faire cela pour elle, surtout si elle pouvait accélérer les problèmes de santé dus à leur malencontreuse rencontre avec un lanconda affamé.

    Il secoua la tête lorsqu'elle lui proposa de réduire la douleur. Il avait l'habitude, d'une part, et d'autre part, elle avait déjà l'air épuisée, et ça ne servait à rien qu'elle se fatigue encore plus pour un simple confort. Il s'efforça à se concentrer sur sa respiration pendant qu'elle faisait son oeuvre. Ce n'était pas la première fois qu'il était soigné magiquement et c'était toujours aussi douloureux, par les Gardiens ! Sans même s'en rendre compte, il enroulait ses doigts autour d'une de ses tresses, un geste qu'il faisait de temps en temps lorsqu'il essayait de détourner son attention de quelque chose.

    Lorsqu'elle eut terminé, il s'étira et la regarda. Elle avait l'air à bout, la pauvre. Après la magie qu'elle avait étendue lors du combat, additionnée à ce qu'elle utilisait pour soigner les gens. Elle devait dormir, pas juste boire un peu.

    "Vous savez, il y a certainement d'autres personnes qui peuvent faire cela, vous n'avez pas besoin de vous épuiser. Ces gens comptent sur vous ,et vous voir prêter attention à leur personne est une bonne chose, mais vous voir vaciller de fatigue rend plus réelle leur difficile situation. Vous êtes leur cheffe, pour la simple et bonne raison qu'ils vous ont connue en position d'autorité. Vous êtes un phare dans la nuit, pour eux, et si votre lumière vacille, après tout ce qui est déjà arrivé, et ce monde qui s'écroule déjà, la perte de tout ce qui leur était cher..."

    Il se retint avant de parler des Titans. Ces gens étaient Divinistes, il devait faire attention à ce qu'il pensait. Il n'avait rien contre eux, mais les circonstances rendaient les choses complexes. Il soupira, la laissant faire malgré tout.

    "Faites juste attention à vous."

    Il prit un peu de temps pour analyser ce qu'elle lui expliquait malgré tout. Il avaient fui par bateau, cela expliquait beaucoup. Et en même temps, pas tant que cela. Ils étaient trop peu et trop mal équipés pour trois navires. Rester dans les Oasis et ne dépendre de personne, avec le temps de réfléchir, se remettre, entre Shoumeïens, sans influence extérieure excessive, pour continuer à quoi? Vénérer les Titans? Il lui adressa un sourire avant de se lever et de la faire s'asseoir sur la couchette, prenant sa place sur le tabouret.

    "Vous en avez plus besoin que moi, désormais. Et oui, il s'agit d'une belle utopie. J'ignore combien de temps vous pourrez rester sans attirer l'oeil de Reike. Ils ont apparemment décidé qu'une Purge n'était pas suffisante, ou que c'était une excellente idée. Peut-être pensent-ils que prier les Titans les a fait apparaître. Allez savoir."

    Il lui redonna la gourde posée, l'incitant à boire. Il aurait fallu qu'elle mange aussi. Le camp était probablement en train de cuire du lanconda et devrait lui en apporter, probablement.

    "Sans vouloir offenser, Dame Myriem, vous semblez ne pas être si bien équipés pour trois navires. Avez-vous perdu beaucoup, dans votre trajet? Le lanconda aidera, quoiqu'il arrive, même pour le moral des troupes. Manger du frais après des jours et des jours de viande séchée aidera."

    Il laissa son regard se perdre vers le reste du camp. C'était la partie la plus difficile, maintenant. Il s'était attaché à eux.

    "Vos gens comme les miens ont eu un dur temps pour rejoindre cette terre promise. Ils ont perdu un des leurs, mais ce n'est que le cycle reprenant son dû, et tous le savent. Peut-être certains parmi nous auront plus de mal à l'accepter, mais tant ont déjà été perdus. Il serait certainement... judicieux qu'ils ne perdent pas plus. Et il y a une certaine sécurité dans le nombre."

    Il lui sourit légèrement.

    "Réfléchissez-y, je vais vous chercher à manger. Ensuite, nous continuerons à parler, si vous le souhaitez. Et si vous restez éveillée."

    Il eut un petit rire, et alla dans le camp, saluant ses gens, les plus âgés en train de faire cuire le lanconda ou de bander les blessures des combattants, deux parents, en train de pleurer leur fils tombé au combat, et d'autres essayant d'organiser chacun. Ils n'avaient effectivement pas besoin de voir leur figure de proue épuisée et affaiblie temporairement. Ce n'était pas une bonne idée. Il récupéra de quoi manger pour elle, prenant quelques remarques sur le fait qu'il ne s'était toujours pas rhabillé. Il rit avec eux, avant de la rejoindre sous la tente des blessés.

    "Voilà pour vous..."
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  • Lun 29 Aoû - 15:18
    Je l’entendais bien parler mais je n’écoutais guère ce qu’il disait, c’était toujours ainsi lorsqu’il s’agissait de soigner les gens, je n’en faisais qu’à ma tête tout simplement. Alors j’ai souri doucement devant sa proposition, déjà je cédais à sa demande de ne pas atténuer sa douleur alors pour le reste, il serait soigné c’était ainsi et ce n’était pas négociable.

    - Justement si je déroge à mon rôle cela posera un problème voyez vous, je suis leur guide, enfin je m’en rapproche je crois, et je m’inquiète de leur bien-être à tous, pour que cela fonctionne il doit en être ainsi, nous avons tous un rôle à jouer tout simplement. Dans le mien, je soigne ceux qui en ont besoin.

    Et ensuite je dors beaucoup tout simplement vu que nous ne mangeons pas forcément aussi bien qu’il le faudrait, seul le sommeil me permet de renouveler mes forces.

    J’avais poursuivi mon travail et répondu un merci, il se montrait attentionné en me demandant de faire attention à moi et dans le fond j’avais cru entendre Wan parler, était-ce un trait chez les élémentaires anciens que de voir plus loin que moi? Probablement.

    Les soins terminés nous avons échangé de place et je n’ai même pas refusé dans le fond. Je me suis posée et j’ai senti le poids de ma fatigue. Ce qu’il disait était vrai, combien de temps resterons-nous protégés? Nous ne le savions pas mais nous allions prendre le risque.

    - Je ne sais ce que pensent les Reikois ou plutôt le couple dirigeant mais ils n’ont aucune intention de nous laisser vivre comme nous l’entendons c’est une certitude. Ils font une Purge à leur manière vous avez raison et je n'entrevois guère de liberté dans tout cela.

    Je me saisis de la gourde pour boire à mon tour, cela faisait du bien, je ne pouvais pas le nier.
    La suite me fit sourire mais tristement.

    - Quand nous avons quitté j'avais deux caravelles et une caraque pleine d'équipements. Nous avons des avaries et des créatures marines peu enclines à nous laisser tranquille, nous avons perdu ainsi la caraque avec la grande partie de nos équipements et ressources, par chance, peu de personnes étaient sur ce navire. Et...

    Je m'arrête, me râcle la gorge, ce souvenir est douloureux, trop présent dans mon esprit et ma chair et trop vif pour que je puisse fasse preuve de résilience pour l'heure.

    - Nous avons perdu la seconde caravelle quand nous avons croisé des pirates.

    Mes mains s'étaient crispées sur ma jupe, je serrai tellement fort que mes phalanges étaient totalement blanches, mon visage fatigué semblait livide et je secouais la tête avant de me reprendre.

    - Je... c'est trop tôt pour que je puisse en parler simplement, mais nous avons perdu beaucoup et nous sommes peu actuellement oui, trop peu.

    Cela étant dit il me quitta pour me chercher à manger et cela m'arrangeait qu'il sorte, tout remontait et je n'étais pas prête à laisser ces souvenirs me submerger, je m'allongeais et fermais les yeux, et j'entrepris de les renfoncer loin dans mon esprits, de les enfouir sous une couche de souvenirs plus récents, plus facilement accessibles. Et sans le réaliser je me suis mise en position fœtale, pour me rassurer et le sommeil m'a emporté sans que je ne m'en rende compte.

    Je sombrais dans un sommeil qui aurait du être sans rêve au vu de la dépense énergétique que je venais de faire mais des démons du passé s'invitèrent. J'avais espéré pouvoir oublier, pouvoir aller simplement de l'avant mais c'était toujours en moi, marqué au fer rouge dans mon âme et je percevais les silhouettes de mes tourmenteurs et je me mis à bouger dans tous les sens, à pleurer d'abord, et à hurler de peur. Dans le camp, ils en avaient pris l'habitude, cela m'arrivait régulièrement mais personne n'en parlait car j'avais nié et refusé toute aide, mais les peurs revenaient avec la nuit et le sommeil. J'étais en nage et je tremblais de tout mon corps maintenant, mes cauchemars étaient écrasants.
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  • Mer 31 Aoû - 10:21
    Il la regarda dormir un instant, son repas à la main, avant de retourner s'asseoir sur le tabouret. Il posa l'assiette sur la petite table, croisant les jambes, pensif. Ils avaient traversé de nombreuses épreuves aussi. Voir leur ville être envahie, leurs gens massacrés, autant pas les Titans, en lesquels ils croyaient visiblement, que par les Reikois, dans leur vision purificatrice. Devoir tout quitter, comme ils l'avaient tous fait, pour l'espoir d'un jour meilleur. Tout cela pour sombrer dans une tempête et aux mains des pirates. Il soupira. Ce n'était certainement pas le plus plaisant des sorts. Il n'avait jamais eut d'échange particulier avec eux, et n'avait jamais été en proie à leurs méthodes un peu rudes. Il ne pouvait qu'imaginer, sur la base de ce qu'il avait déjà vu.

    Les Shoumeïens dans leur globalité étaient membres d'un peuple détruit, maintenant. Dans leur chair, dans leur culture. Dans les fondements de leur existence et leur religion. Ils avaient été basés sur ces croyances, qui avaient volé en éclat. Peut-être même avant l'arrivée des Titans. L'emprisonnement du Haut-Prêtre, la Purge. Même l'Ordre de la Main avait commencé à se déliter, à perdre de vue son objectif. Des demandes avaient été faites des Croisés. Peut-être auraient-ils dû voir la fin arriver, même si personne n'aurait pu prévoir les Titans.

    Il ne savait toujours pas où il en était à ce propos, tout était trop frais. D'un côté, une validation de leurs croyances, même pour les cultistes car l'équilibre voulait que si l'un existait, l'autre aussi. Et d'un autre côté, tant de morts inutiles qu'il en était difficile de l'accepter comme faisant partie de l'ordre naturel des choses. Et si cette fondation était absente, qui était-il?

    Sans s'en rendre compte, il avait continué à regarder Myriem dormir, perdu dans ses pensées. Il avait eu besoin de cet instant de calme pour réfléchir. Et cela ne faisait que renforcer son désir de laisser la charge de ses moutons à un autre berger. Elle saurait faire cela très bien, sans doute aucun. Elle était...

    Il fronça les sourcils en la voyant s'agiter, visiblement en proie à de mauvais souvenirs. Les temps passés pouvaient en être à l'origine, et ce n'était pas nécessairement une mauvaise chose de réaliser toutes ces choses dans le monde des rêves plutôt que dans la réalité. Cependant, le temps passant, son agitation s'intensifiait, et il commençait à s'inquiéter. Il avait entendu qu'il était déconseillé de réveiller les gens sous peine qu'une part d'eux reste dans le monde onirique, mais il craignait qu'elle ne se blesse, et aussi que le reste du camp l'entende et qu'elle perde en crédibilité.

    Il chercha comment la réveiller, ne souhaitant pas lui faire de mal, et se décida finalement à lui secouer les pieds du bout de son bâton en appelant son nom, le plus calmement possible. En espérant qu'il arriverait à la réveiller et que tout se passerait correctement. Il avait l'habitude de beaucoup de situations, avait croisé maintes et maintes occurrences de troubles, mais pas cela. Il aurait pour cela fallu qu'il dorme avec ces gens. Ce n'était donc qu'une tentative, et une prière aux Gardiens.
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  • Sam 10 Sep - 18:13
    Le sommeil était douloureux, une torture qui m’emplissait chaque nuit et que je tentais de fuir en l’évitant mais quand il me rattrapait, il se montrait encore plus violent comme si mon refus de lui céder l’incitait à se montrer retors et pervers. Chaque cauchemar venait m’engloutir de sa noirceur et je ne trouvais jamais la moindre échappatoire à ce que je vivais. Je vivais certains événements douloureux et je ne parvenais jamais à en changer l’issue, gravés dans ma chair et mon âme ils me hantaient.

    Combien de temps duraient-ils je n’en avais jamais la moindre idée mais ils m’empêchaient de dormir paisiblement, un jour j’accepterai et j’irai probablement de l’avant mais ce n’était pas encore arrivé. D’un coup je me retrouvais assise à vouloir chasser je ne sais quoi de mon pied, haletante, en sueur et comme toujours perdue. Où étais-je? Je cherchais mon souffle et sentis que je n’étais pas seule, je n’avais pas encore vu qui était là. Mais dans le fond n’être pas seule me rassurait, comme une enfant, cela m’apaisait de savoir que je n’étais pas seule même si je n’étais pas prête à partager mes cauchemars avec quiconque en ce monde.

    Je pris le temps de reprendre mon souffle tout en observant, un instant je me demandais qui il était et cela me revint. Je baissais mon regard, prise de honte, quelle attitude déplorable et faible.

    - Je suis navrée de… ce spectacle pitoyable.

    Je soupirais tout en cherchant de nouveau mon souffle. Je passais ma main sur mon front et dégageais une mèche collée, j’étais en sueur et mon image devait faire peur.

    - Je vais bien.

    Oui c’était la vérité non? Je devais m’en convaincre pour convaincre les autres. Je tentais de m’étirer tant bien que mal, j’étais quelque peu courbaturée, logique vu l’effort fourni… avant de sombrer, quand était-ce d’ailleurs?

    - J’ai dormi longtemps?

    Je n’avais aucune notion du temps passé et de comment les heures avaient pu avancer. Je me relevais et pris une sorte de bassine dans laquelle je fis apparaître de l’eau fraîche. Je pris un linge propre et le trempait, me rafraîchissant le visage et la nuque avant de remonter sur mon front et mes cheveux. Combien aurais-je donné pour prendre un bain… J’avisais Ashewa et demandais.

    - Allez-vous bien? Savez vous si le Lanconda est ...découpé? et prêt à être cuit et conservé?

    Je continuais de me masser avec le linge frais tout en parlant alors que je revenais m'asseoir sur le lit de camp sommaire. Elle était belle la Baronne en exil non?
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