crédits : 428
Elle ne savait pas vraiment combien de temps, elle avait passé à regarder le défilé des blessés, près de cette tente. Sans vraiment portée d’attention au visage de ceux qui passaient près d’elle. Quelques louves lui firent signe, qu’elle leur rendit en souriant. Une des infirmières sorties de la tente pour se rapprocher de la naine, s’accroupissant devant elle.
- On m’a rapporté que vous êtes blessé et n’êtes pas dans l’optique de venir nous voir.
- Oui, mais ce n’est rien. Juste une coupure et vous avez bien assez à faire.
- Ce n’est pas aux blessés de nous donner nos priorités.
La naine sourit et rendit les armes. Elle lui tendit son bras, montrant son bandage rougi, l’infirmière déroula la bande de tissu qui s’était collée sur la plaie. Ersa ne put s’empêcher de grimacer, ce qui fit sourire l’infirmière. Un sourire qui reflétait un « je vous l’avais bien dit » amplement mérité.
Elle nettoya et désinfecta la plaie à l’ancienne, avec de l’alcool et la prévint qu’il faudrait suturer la plaie. Les soigneurs essayaient de préserver leurs magies pour les blessures plus importantes. La naine grimaça et se contracta à chaque fois que l’aiguille effleurée sa peau, même sous l’anesthésie locale qu’avait faite l’infirmière. Ce fut assez rapide et elle reçut un bandage propre.
- Les renforts devraient arriver, alors essayait de ne pas forcer. Et de dire à votre ami de se taire.
- Oui, m’dame.
Elle avait répondu sur le même ton qu’un garnement à qui ont ébouriffé les cheveux en guise d'avertissement. L’infirmière se mit à rire en s’éloignant, qu’avait pu faire son « ami » pour que cela revienne aux oreilles des soigneurs. Ersa avait reporté son attention sur le nouveau bandage quelques instants, contractant son muscle. Mais elle avait fini par se perdre dans ses pensées, dans ce pressentiment qui s’installait dès qu’elle était seule et créait une peur irrationnelle. Elle frissonna d’émotion ou de froid, sa tenue n’était pas des plus adapter pour cet hiver.
Elle leva les yeux quand une silhouette un peu plus familière entra dans son champ de vision. Tagar arrivait avec une couverture et ce qui semblait être du vin. Le sourire du jeune homme laissait présager une bonne nouvelle et elle ne put que sourire en faisant le lien avec ce que lui avait dit l’infirmière. Il lui passa la couverture sur les épaules et s’en ce faire prier elle attrapa les bords pour dissimuler son corps et garder la chaleur. Elle n’avait sorti que sa main au départ pour attraper le verre, l’odeur du vin était assez forte, ou c’était son odorat qui lui permettait de la sentir s’en approcher le verre de son nez.
Elle allait lui demander à quelle occasion ils allaient trinquer, le remercier aussi, mais il lui annonça la disparition du commandant. Elle ne put s’empêcher de rire.
- Je vous avais dit que j’aurais dû mettre une plaque de glace, il aurait été moins loin avec une jambe cassée. J'ai cru comprendre que l'on vous en tiens pour responsable.
Elle lui adressa un sourire timide en déplaçant un peu la couverture.
- Merci pour la couverture et le vin. Au départ, j’ai cru que vous alliez m’inviter à un pique-nique. Honnêtement, je crois que j’ai assez vu ce paysage pour les mois à venir.
crédits : 428
La naine restait sous la couverture sans bouger, juste lever son verre de temps en temps.
- Pour une fois que quelqu’un à le même, j’en profite.
Il reprend pendant qu’Ersa faisait tourner le vin dans son verre, pensant qu’elle préférait la bière comme une majorité de nains. Elle le leva à nouveau jusqu’à ses lèvres et avala de travers à la précision que les gens allaient jaser en cas de pique-nique. Elle essaya de se reprendre en massant sa gorge pour faire passer le mal, mais son rire rendait les choses difficiles. Il lui avait indiqué la tente où elle pourrait se reposer avec les louves et lui avait annoncé qu’il aurait un long rapport à faire pour essayer de retrouver l’officier véreux.
- Merci, j’ai quelques affaires à préparer et je vais sûrement m’écrouler sur un lit.
Elle lui adressa un sourire moqueur.
- Du coup, je vous attends demain matin pour le petit-déjeuner.
On lui avait proposé le petit-déjeuner offert par un des contrôleurs impériaux et elle ne pouvait passer à côté. À son départ, elle resta sur place encore un moment à regarder le ballet des soldats en essayant de ne pas penser à ce pressentiment qui ne la quittait plus. Personne ne faisait attention à elle, elle était presque invisible. Cela lui plaisait.
Le moment était venu de se lever, de préparer son matériel au cas où. Elle passa d’abord à la tente pour se changer, mettre des habits plus à sa taille et un peu plus chaud. Elle passa son regard sur l’intérieur, la tente qui paraissait petite la veille encore était maintenant trop grande pour les survivantes. Elle vida son carquois sur le lit de camp pour vérifier chacune des flèches, elle en avait récupéré de toute provenance et ne voulait garder que les meilleures. Quand elle eut fini de toutes les inspectées et d’attacher celle qu’elle allait rendre à l’armurier. A peine fut-elle descendue du lit prêt à partir que les pans de l'ouverture s’ouvrirent sur une partie des louves qui arrivaient les bras chargés et elle put remarquer que la lumière du jour avait baissé dehors.
- Hé ! Petite louve, tu boiras avec nous ?
- Je vais essayer de retrouver mon marteau. Gardez-moi une chope.
- Ce serait dommage de ne pas boire avec une vraie louve quand on en a l’occasion. Je crois qu’une des notre l’a posé à l’intendant pour qu’il le garde.
La cheffe lui tapa sur l’épaule en lui faisant un sourire, la petite y répondit avant de s’éclipser en la remerciant. Elle traversa le camp rapidement, cherchant ou l’intendant avait planté le stock et l’homme sourit en la voyant arrivé.
- Je viens chercher un marteau ramené par l’arrière-garde. On m’a dit qu’une des louves l’avait ramené.
L’homme se retourna en riant pour saisir le marteau resté à portée de main et le poser sur le comptoir.
- Celui-là ?
- Oui !
La rousse sourit à la vue de l’arme qui lui avait été d’une grande utilité, plus que son propre glaive. Elle passa sa main le long du manche en bois, effleurant chaque anneau métallique serti et leva un regard surpris vers l’homme.
- La femme qui me la ramenait m’a prévenu qu’une petite aux cheveux de feu le demanderait sûrement. Et il n'y en a pas deux au camp.
Elle prit le marteau et s’en alla avec un signe de main, elle avait hésité à s’arrêter pour faire quelque mouvement d’entraînement. Il était peut-être un peu grand pour sa forme humaine, mais chacun de ses muscles ne se plaignait rien qu’à la pensée d’un entraînement. Elle préféra se diriger vers la tente ou le repos l’attendait, enfin, c’est e qu’elle avait espéré avant d’entendre le bruit que faisaient les louves à l’intérieur. Elle s’arrêta juste avant d’entrer, hésitante. Cela faisait beaucoup, même si elle avait combattu ensemble, se retrouver toute dans la tente la rendait légèrement nerveuse. Elle inspira profondément avant d’entrer. Elle n’eut pas le temps de regarder aux alentours que des mains se posèrent sur ses joues, sans qu’elle puisse réagir une des louves se pencha sur elle. Elle sentit le contact de ses lèvres sur les siennes, elles avaient le goût de la bière et de pain d'épice. Le contact ne dura que quelques secondes, mais cela avait suffi à ce que le visage d’Ersa prenne la même couleur que sa chevelure.
- Je vous préfère ainsi.
La louve lui avait fait un clin d’œil avant de repartir au milieu de la tente, Ersa était restée figée à l’entrée, ne comprenant pas ce qu’il venait de se passer. Essayant aussi d’analyser ce que lui avait dit la guerrière, elle l’a préférée ainsi, rougit de timidité ? Humaine ? La cheffe lui tapa l’épaule comme pour briser ses pensées et lui tendit une chope.
- Excusez-la, c’est sa façon de vous remercier lui avoir sauvé la vie. Elle se voyait déjà morte… Là-bas.
Le ton du dernier mot était plus bas que les autres. Les images lui revinrent de la femme qui tremblait sous les coups de l’ennemi, elle lui avait pris le bouclier et l’avait poussé à l’abri. Son visage n’avait pas décoloré, ayant encore le goût des lèvres pour lui rappeler ce geste. Elle qui avait déjà hésité rien qu’à rentrer dans le cercle de proximité des guerrières hésitait maintenant à s’enfuir. Elle se renfrogna, ne voulant pas assumer d’apprécier la familiarité du groupe.
- J’aurais préféré boire.
- Ça ne vous aurait pas autant marquée.
Les deux femmes se mirent à rire, et Ersa balaya le gout persistant d’une gorgée de bière, elle s’imaginer les moqueries d’Aralan et de Mykas s’ils venaient à apprendre cette histoire. Au final, elle ne pouvait pas la blâmer, lâcher la pression, rire face à la mort qu’ils ne les avaient pas prises une fois de plus, rendre hommage à celles qui ont étaient prises. Il lui fallut quelques instants pour qu’elle commence à se prendre au jeu, poussait par les autres femmes. Le pressentiment qu’elle n’arrivait pas à oublier jusque-là s’estompa, à grand coup de jeu à boire, de rire et d’anecdote. Par contre, l’alcool n’arrivait pas à briser la gêne à chaque fois qu’elle croisait le regard de celle qui l’avait embrassée. Ils répétaient assez régulièrement ce qui devait être la devise de leur groupe « Dans l’indiscipline qu’on reconnaît leurs forces » ces mots sonnait bizarrement dans l’esprit de la rouquine. En même temps, tout commençait à sonner bizarre dans sa tête dû au début d’excès de boisson. Une d’elles sortit un luth et commença à en jouer. Certaines se mirent à danser au milieu, pendant que la naine avait fini par s’asseoir sur un tonneau pour rester à la même hauteur que les autres. C’est un peu plus tard que la joueuse vint lui tendre son instrument.
- J’ai entendu que les chasseurs du RSAF jouaient à chaque mission.
- Euh…. Il parait oui.
Elle hésite n’aimant pas être le centre de l’attention, mais il était déjà trop tard, une grande partie du groupe s’était tournée vers elle.
Elles l’avaient intégrée à leurs familles, et pour une fois elle voulait en profiter, elle pris à nouveau une grande inspiration, pour dépasser sa timidité, même si l'alcool l'aidait grandement. Elle se redressa sur le tonneau en attrapant le luth et commença à gratter les cordes.
- Voici l’histoire d’un nain capable…
********************
Ce n’est que plus tard, quand la bière vint à manquer autant que son sens de l’équilibre, qu’elle tituba jusqu’au lit qui lui avait été désigné. Elle s’écroula sur le lit en luttant pour retirer ses bottes, pour découvrir que sous le tas de couverture une des guerrières était déjà à moitié endormie. Ersa voulut se relever, essayant de rassembler le peu de jugement et de force qui lui restait, mais quand elle sentit la couverture sur ses épaules elle s’effondra de fatigue. Quand la naine frissonna, autant de fatigue que de sentir quelqu’un trop proches d’elle, la femme replaça la couverture sur elles. Les deux femmes s’endormirent aussi vite que leurs descentes durant la soirée, l'alcool l'aidant à oublier que ce n'était pas celui qu'elle voulait.
Pour une des dernières fois, elle put s’endormir d’un sommeil sans rêve. Et le lendemain serait dur.
crédits : 428
Le noir complet.
C’était la meilleure description d’une grande partie de la soirée et de la nuit qu’elle venait de passer. Effacée par un excès d’alcool et de familiarité, elle se sentait presque bien dans ce lit, une chaleur douce se diffusait dans son dos. Une odeur de bière, de foin et plante lui chatouillait le nez jusqu’à ce que celle de café remplace le tout. Elle commençait à se réveiller comme la douleur dans sa tête, ce qui enlevait le charme de la situation. Un peu de mouvement dans le lit la fit émerger un peu plus, elle sentit des doigts écartés ses tresses délicatement de son visage.
-Ara…
C’était dit avec une voix faible, encore endormie. La voix de la jeune femme finit de la réveiller dans un court élan de panique.
(Ma chérie ? Mon prince charmant ? Aralan est là ?)
Elle n’arrivait pas à se souvenir d’où elle était, avec qui ? Elle se tourna sur le dos en fermant les yeux, elle ne savait pas si son estomac accepterait un mouvement trop brusque. Elle les rouvrit et se retrouva presque face à face avec le visage de l’elfe brune, son regard n’étant pas attiré par ses yeux au premier abord. La petite rousse sentit son visage passer du pale maladif d’après-fête au rose puis au rouge, fusionnant presque avec ses cheveux. Elle reconnut de nouveau la jeune femme du bouclier. Elle remonta la couette jusque sous son nez, en remarquant Tagar et le petit-déjeuner promis. Ses yeux passaient de l’homme à a la femme sans comprendre le présent, ayant honte de la situation. La couverture effleura son ventre et elle jeta un regard rapide pour remarquer qu’elle n’avait plus sa tunique, juste le tissu qui recouvrait sa poitrine.
-Que…Avons…Nous… J’ai… Déjà…
Son esprit allait à toute vitesse n’arrivant presque pas à enfiler les syllabes correctement alors que sa bouche toujours pâteuse n’arrivait pas à sortir deux mots d’affilés. L’elfe éclata de rire.
- Non, il ne s’est rien passé. Tu t’es écroulée sur moi pendant que je dormais, tu n’étais pas bien et tu avais froid. Je t’ai prise avec moi. Et tu as déjà quelqu’un, je sais.
Elle lui fit un sourire toujours penché au-dessus d’elle, Ersa se demandait ce qu’elle avait dit, même fait depuis hier soir, rien que la surprise de se réveiller avec de la compagnie la faisait douter de sa pudeur. Même si cela avait un côté agréable qu’elle ne s’avouerait pas. L’elfe répondit à sa question silencieuse et réagit à l’excuse de Tagar.
- Tu parles en dormant, c’est mignon. Je vais te laisser avec le prince, une princesse ne s’encanaille pas avec la piétaille normalement.
La louve lui posa un baiser sur le front et Ersa ferma les yeux pour ne pas rougir au contact de ses seins. Elle posa la tasse de café juste à côté d’elle et se leva en attrapant sa tunique. Elle l’enfila en rattrapant le jeune homme.
- Monsieur, je vous laisse la belle plante, pas besoin de l’arroser elle l’a assez faite toute seule hier soir. Je dois aller voir si la Cheffe est dans un meilleur état.
Ersa sourit à ce commentaire et des brides de la soirée lui revinrent, peu mais quelques-unes. L’indiscipline des louves dans toutes leurs grandeurs. Elle s’était redressée lentement, faisant tomber ses jambes encore habillées et cherchant sa tunique du regard. Elle n’avait pas voulu relever les mensonges de la louve, ses affaires trônaient à côté de la tête du lit. Elle s’était peut-être écroulée sur le lit, mais la louve s’était trompée de lit plus ou moins intentionnellement. Elle poserait les questions plus tard, pour le moment, il fallait qu’elle éclaire ses pensées. Sa tête tournait encore un peu, un goût acide lui remontait le long de la gorge de temps en temps. Elle passa le vêtement au ralenti, déroulant ses muscles tour à tour comme s’ils n’étaient pas prêts pour le réveil. Après avoir massé ses tempes douloureuses, elle attrapa la tasse encore fumante, et reste ainsi quelques secondes. Elle appréciait le contact chaud sur ses doigts et l’odeur qui s’en dégageait.
Sans vraiment savoir si Tagar était resté, but une gorgée avant de parler autant pour lui que pour elle.
- Je crois que j’ai une fan. J’espère au moins que j’étais la dernière debout, sinon honte aux nains.
Elle eut un rire léger, son rire était rendu légèrement plus rauque par la déshydratation et les restes d’alcools. Elle secoua la tête en repensant à son réveil, a la louve en rougissant un peu. Elle eut un hoquet dû à son mouvement un peu trop brusque.
- J’espère que votre rapport a été plus productif que ma soirée, ou mon réveil.
Dans un sourire qui s'entendait presque dans sa voix,elle leva une main
-On peux partager si tu veux, après tout c'est toi qui as travaillé.
crédits : 428
Quand Tagar lui avait répondu, elle fut presque soulagée de ne pas être seule avec ses idées. Il ne serait pas arrivé, elle ne serait sûrement pas seule, mais est ce que cela serait mieux, pas sûr. Sa tête était encore lourde, ses idées pas très claires, elle n’arrivait pas à savoir ce qu’elle voulait en ce moment, au moins ne pas être seule. Elle ne voulait pas essayer d’imaginer ce qu’elle avait fait la veille, cette nuit. Elle demanderait peut-être aux louves si elle en trouvait le courage. De toute façon, elle devrait au moins leur demander leurs noms. Plusieurs idées la firent doucement sourire, trouver le courage de demander ce qu’elle avait fait la veille, au pire embrasser une femme, alors que la veille de cette soirée, toutes ses femmes avaient failli mourir dans un combat demandant bien plus de courage que de poser une question. L’autre idée qui avait modifié son expression était le souvenir du contact de son réveil, se retrouvé peau à peau avec une inconnue, alors qu’habituellement, elle évitait les autres pour autres choses que les missions.
La réponse en même lui fit plaisir. Le commandant était un enfoiré, ça c’était complément sûr, même si elle ne pouvait rien y faire. Qu’un Luteni avait pris la relève était une bonne chose en soi, qu’il se soit intéressé aux louves lui réchauffa le cœur.
- Tant mieux, elles ont assez souffert par manque d’intérêt.
Elle avait placé l’assiette en face d’elle, se préparant à manger, luttant contre son estomac qui se contractait.
- Elles estiment qu’elles ne doivent leurs survies qu’à nos actions et de souvenir on chanté nos louanges hier soir. Je crois.
Elle souffla du nez en levant sa tasse en direction de Tagar.
- Je ne minimise pas ton travail, en fait, j’estime que ma survie tient à leurs boucliers et à ta magie.
Elle sourit tristement en repensant aux pertes, mais le sentiment disparut assez rapidement, la soirée d’hier leur avait été dédiée, enfin ce qu’elle se rappelait. Au fur et à mesure de ses paroles, sa fourchette avait baladé un morceau de viande avant qu’elle ne rajoute un peu d’œuf et de l’enfourner. Son sourire s’élargit et elle le pointa de la fourchette osant la familiarité comme le faisait les louves.
- C’est délicieux. Il faut que tu commences par là pour ton prochain rendez-vous.
Elle se mit à rire et continua de manger. Son estomac se contractait à chaque bouchée mais elle ne voulait pas s’arrêter. Tagar lui proposa de la soigner, et elle se figea un instant. Son regard se posa sur le bandage qui dépassait de sa manche, un peu de sang le tachait. Une des sutures avait dû sauter. Elle hésita, est ce que cela valait la peine d’embêter le mage avec cela. Elle avait encore une mission à réaliser, et peut-être que cela l’handicaperait. Elle eut un rire discret quand elle se rendit compte que ce qui la faisait hésiter était le contact de l’homme. Alors que Tagar l’avait déjà soignée, même si c’était sur sa peau de louve, qu’elle venait de se réveiller contre une autre femme. Un contact sur son bras l’inquiétait. Elle posa sa fourchette dans l’assiette et remonta doucement sa manche, découvrant le bandage taché d’un peu de sang.
- Ce n’est pas grand-chose, mais je sens que si je ne te demande pas. Je vais traîner cette blessure trop longtemps.
Elle déroula le bandage pour mettre la blessure au jour, un des points avait lâché et il y avait des chances que le reste suivent. Elle savait que sa peau frémirait au contact des doigts du mage sans raison. Elle détourna la tête, se maudissant de sa timidité hors combat. Elle lui lâcha d’une voix un peu plus faible, en souriant légèrement.
- Vous devez me trouver ridicule.
crédits : 428
Évidemment, Tagar l’avait rassuré sir son rôle durant la bataille. Elle sourit à ce commentaire.
- En fait, chacun ne voit pas son importance, semble-t-il. Aux louves.
Elle continua de manger en souriant sur le lien entre la bonne humeur et un bon repas, elle devait en être un bon exemple en ce moment. Elle s’était préparée et pourtant, cela n’avait rien changé, comme elle l'avait imaginée, sa peau fut parcourue d’un frisson au contact des doigts du mage. La sensation désagréable de la chair qui se ressoudait n’arrangeait rien à son malaise. Autant quand l’infirmière l’avait soignée, son esprit était encore imprégné par l’action de la matinée. La depuis son réveil, c’est la gêne qui imprégnait son cerveau depuis son réveil. Elle arriva à se détendre un peu, mais le compliment qui suivit la fit détourner la tête encore un peu plus.
- Je… Euh…
Elle prit une inspiration profonde, puis plusieurs petites en les comptant mentalement.
- Merci. Je…
Elle soupira et ses épaules s’affaissèrent un peu. Elle passa son regard sur ce qui les entourait. Revoyant les guerrières qui remplissaient l’espace hier encore. Appréciant leurs côtés débridés
- Je les envie. Tout me parait si… Compliqués hors d’un combat. Surtout à côté d’elles.
D’un geste, elle engloba la tente, le petit-déjeuner, le monde autour d’eux et eu un petit rire nerveux.
- Ne pas se laisser envahir par la peur d’un combat et être complétement… Bloquées pour… les choses plus simple de la vie.
Elle avait fini son assiette avant que le plat ne refroidisse. Son estomac avait cessé ses plaintes et sa tête était encore un peu embrouillée. Elle se plaça en tailleur sur le lit et une de ses mains attrapèrent une de ses tresses pour jouer nerveusement avec. Elle lui lança un sourire.
- Peut-être que je devrais rester avec elles pour qu’elles m’apprennent.
Elle secoua la tête.
- Au moins le temps qu’elles m’apprennent ce qu’il s’est vraiment passé.
Elle se perdit un peu dans ses pensées se demandant si elle trouverait le courage de demander ou si elle voulait réellement savoir. Les voix de certaines des louves se firent entendre et la fit revenir à elle. La première pensée qui lui traversa l’esprit avant qu’elles n'entrent dans la tente, était de partir loin, ne sachant pas ce qui allait l’attendre. Elle peut entendre un bout de leurs conversations avant qu’elles n'éclatent de rire.
- Il parait que le grand chef à entendu parlé de nous et en bien pour une fois. J’espère qu’il ne voudra pas voir la cheffe de bonne heure.
crédits : 428
Les guerrières étaient entrées dans la tente et quasiment sans leurs laisser le temps de respirer, l'elfe à l'origine de la gêne d'Ersa se relance avec ses commentaires subtils.
La petite rousse ne put s’empêcher de rougir légèrement. Tagar avait essayé de défendre la situation, mais elle en avait rajouté encore un peu. Elle n’arrivait pas à savoir quoi dire où faire et maudissait une fois de plus sa timidité.
L'homme ne silla pas plus qu’un léger rougissement avant de leur annoncer son départ. Ersa fut prise d'une légère panique, se retrouver seule face aux louves lui faisait peur. Elle fit son maximum pour ne pas le montrer, bien que cela devait apparaître dans ses yeux émeraude.
Tagar lui avait expliqué qu’il ne partirait que le soir. Elle prit une inspiration et tenta d'afficher un sourire sûr d'elle.
- J’ai pris du retard dans ma mission, je pense que je partirais avant ce midi. J'essayerais de passer au palais pendant un prochain repos.
Elle jeta un regard à l’elfe et voulut essayer de rentrer dans le jeu.
- Tu peux essayer une autre compagnie. On m’a dit que les moqueries pouvaient cacher de la jalousie. Mais il faudrait accepter de passer après moi.
L'elfe eut un léger sourire et n'eut pas le temps de répliquer qu'elle fut à son tour la cible des moqueries. Tagar était sorti sous le regard d’Ersa, elle espérait que cela ne ravive pas les blagues.
C’est une fois que l'homme fut sortie qu’une autre louve renchéri, une blonde qui était souvent avec l’elfe.
- Avant de la sacrifier au repas, il faudra nous dire qui remercie le mieux.
Ce furent les mots de trop pour Ersa, sa mémoire lui faisait toujours défaut et que l’on insistait sur ces moments lui faisait perdre son sang-froid. Sans jeter un regard aux autres femmes elle sortis de la tente en serrant les poings, c’était aussi son erreur si elle n’avait plus sa mémoire.
- Attends.
Elle sentit une main se posait sur son épaule, elle l'attrapa avant de se retourner, serrant plus fort qu’elle ne l’aurait voulu même si cela n’avait pas d’importance à ce moment. Elle se retrouva face à l’elfe malicieuse et ne put retenir ses mots ni dissimuler la colère de son ton.
- Qu’est-ce qu’il y a eu hier soir ? Je ne me souviens de rien. Tout ce que je sais, c'est que tu étais dans mon lit pas l’inverse.
L’elfe leva les mains pour prouver sa reddition, dévoilant la marque rouge que lui avait fait la poigne de la naine. Cette vue commença à dissiper sa colère et elle remarqua les changements sur le visage de l’elfe, son sourire malicieux avait disparu, n’en laissant qu'un léger plus timide et ses yeux noisette ne brillait plus de la lueur d’amusement qu’elle avait eu jusque-là.
- Il n’y a rien eu. Je ne sais pas vraiment pourquoi j'ai fini là. L’euphorie de la soirée, l’alcool, la joie d'être en vie.
Ce changement d’attitude finit de faire disparaître la colère et Ersa se rendit compte de la différence de taille. Son esprit lui rappela sa vision du réveil et la naine ne put que baisser la tête en rougissant. L’elfe glissa deux doigts sous son menton pour lui relever la tête faisant accrocher leurs regards.
- Je pensais que tu étais dans le même état d’esprit. J’ai voulu m’en aller, mais je n’ai pas pu. Si ce geste ou nos railleries t'ont poussée à bout. Excuse-moi.
La naine se perdit dans son regard, honteux d'avoir surréagi au lieu d’avoir pris le courage de demander la vérité. Un sourire se peigna sur ses lèvres.
- Pour le remerciement, je te compte quel geste ? La vue de ce matin ou mon arrivé d’hier soir.
- Ton arrivée. Celui là, il n’y a que toi qui en as profité, princesse. Allez, viens, on va te raconter ce que tu as raté, ou les autres vont s’imaginer des trucs.
L’elfe éclata de rire, suivit d’Ersa. Elle lui attrapa la main pour la ramener dans la tente. Les louves lui avaient raconté la soirée et la naine se recroquevillait à chaque nouvelle action qu’elle n'aurait pas osée normalement. Certaines blagues, certains jeux ou son concert depuis son tonneau. La cheffe entra, arborant un teint pâle et cela stoppa l’explication de la soirée. Puis la blonde se pencha vers Ersa.
- D’ailleurs, à boire comme au combat, tu étais là dernière debout.
- Ouais, n'en rajoute pas. Ça n'a pas été ma meilleure décision stratégique de prendre en duel une naine. Mais si tu veux changer d'air ou que tu es supérieur veulent plus de toi pense à nous.
- Si vous avez besoin d'aide pour une chasse, pensez à moi, je serrais toujours la.
- Y en a une qui n'aura pas besoin de chasse pour ça.
Cette fois, c’est l’elfe qui c’était mit à rougir. Elle reprit en bafouillant légèrement.
- Hé, j’en ai pas profité, je me suis sacrifié pour vous. Tu n'as pas passé la nuit à avoir peur qu’elle se transforme et te dévore.
- Et tu avais tellement peur que je n’avais plus ma tunique au réveil.
Ersa rougit à cette pensée avant de lui tirer la langue et d'éclater de rire. Elles continuèrent de refaire leur soirée pendant que la petite rousse était parti préparer ses affaires. Elle s’éclipsa après de rapide salutations, pour récupérer sa monture et remplir ses sacoches. Il lui restait sa mission à réaliser avant de retrouver les siens. Même si ce convoi l’avait fait se retrouver face à un de ses vieux démons.
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum