Qu'est-ce qui peut bien l'amener aujourd'hui en plein milieu des terres ravagées de Shoumei ? Le dernier passage des Titans n'est pas passé loin d'éteindre toute une civilisation. Un point commun à présent que partagent les Shoumeiens avec les Elfes de Melorn qui eux aussi ont été victimes d'une puissance divine il y a des milliers d'années. En partant de ce constat, il est assez ironique de se dire que l'empire, Ô grand sauveur du Sekai, est responsable d'au moins autant de désolation que les Titans. Si Sancta et Benedictus ne sont plus des bastions viables pour les vivants, le Reike n'a pas mis longtemps à annexer Maël et asservir son peuple au nom de la paix. Peu de ville peuvent prétendre à être une merveille par sa beauté semblable à l'illustre cité elfique, mais Maël avait ce quelque chose de spécial qui l'a rendait unique. Ses grandes bibliothèques et son aura magique n'avait rien à envier aucune autre ville du monde.

La sublime cité blanche n'est plus que l'ombre d'elle-même sous le joug du couple impérial, elle qui était si belle par le passé. Pas que ça le concerne personnellement, il n'a honnêtement que faire de la politique des grandes nations et pourtant il se surprend à éprouver de l'empathie pour ses familles qui se retrouvent sans foyer et forcer de fuir ou de se soumettre à l'envahisseur. Ayant quitté Melorn  pour faire une halte à Ikusa afin de rejoindre Maël par bateau, la raison qui l'amène dans cette région du Sekai est parfaitement égoïste. Il n'a rien d'un sauveur ni d'un libérateur, il laisse ça bien volontiers à Seagan et ses inquisiteurs. Ce qui l'intéresse se trouve à l'ancienne académie de Maël qui dit-on, sert à présent de quartier général Reikois. Quel gâchis de voir ses murs menaçant de s'écrouler sur eux-mêmes, ses étagères faces contre sol, ses livres sacrées empilés ici et là comme si ils n'avaient plus aucune importance. A quoi s'attendre de la part de ce peuple arriéré et belliqueux, le Reike est incapable d'apprécier et d'utiliser autant de savoir. Si même Drakstrang ne fait rien à ce sujet, quoi que ça ne le surprend pas spécialement de la part de cette piètre école. Et pour sûr, il n'avait aucune intention de demander une quelconque autorisation pour se servir à sa guise, encore moins aux Reikois.

Arborant les traits d'un soldat lambda portant l'armure de l'empire, il entre dans le bâtiment par la grande porte sans attirer l'attention. Il vagabonde librement comme une ombre dans ses longs couloirs, s'arrêtant de temps à autres sur certains livres laissés à même le sol sans vraiment trouver son bonheur. Il emprunte un grand escalier pour monter à l'étage et poursuivre sa recherche. Etant à présent complètement seul dans cette aile du bâtiment, il abandonne ses traits disgracieux de soldat pour reprendre sa véritable apparence. Ses deux pierres précieuses couleurs parme viennent orner son doux visage d'ivoire et ses longs cheveux immaculés retombent de toutes leurs longueurs dans son dos. Son épaisse armure factice laisse place à des vêtements bien plus légers comme une sublime tunique à manches longues et aux couleurs claires portant des inscriptions elfiques brodées d'un fil d'or. Il déambule dans les couloirs vides de monde, d'une élégance onirique qui dénote sensiblement du lieu où il se trouve lorsque soudain il perçoit des voix dans une pièce tout près. Il s'en approche et arrive au moment où un officier bien arrogant semble s'adresser à une femme, une native de Maël s'il comprend bien la conversation.

Pas que l'échange soit spécialement intéressant même si le dédain du Reikois l'agace légèrement, c'est plutôt l'audace de la jeune femme qui attire son attention, la confrontation étant la démonstration parfaite du choc des cultures qui se déroule actuellement dans le pays. La cohabitation n'est pas seulement difficile, elle semble presque impossible. Il se contente d'observer en silence, n'ayant aucune envie de faire acte de présence mais tout de même curieux de voir où cela allait mener et surtout s'assurer que l'officier aussi écoeurant soit-il, ne dépasse pas les bornes. Quelle ne fut pas sa surprise de voir l'homme se tordre soudainement de douleur, la maelienne est doté d'un redoutable répondant et elle ne se laisse pas faire. Une attaque psychique ? Non, c'est un domaine qu'il connait sur le bout des doigts. C'était différent comme en démontre le contact qu'elle s'efforce de maintenir avec le soldat. Voilà qui était particulièrement intéressant, assez pour éveiller son intérêt immédiat, alors il s'avance et fait à son tour irruption dans la pièce.

« Un véritable héros, n'est-ce pas ? L'empereur doit être si fier. »

Sa voix enchanteresse résonne sans excès alors qu'il dépose un regard plein de mépris sur l'homme apeuré. Il est drôle de voir à quelle vitesse les rôles se sont échangés. Il dévie son regard sur la femme aux cheveux sombres qui semble le maintenir dans cet état, remarquant les larmes qui ont coulé sur son visage. Marquant une courte pause avant de se saisir calmement de la poignée de la porte, la claquant derrière lui pour qu'aucun autre visiteur indiscret ne puisse être témoin de la scène qui se déroule sous ses yeux.

« Un juste retour des choses. Pardonnez mon intrusion soudaine mademoiselle, j'étais de passage quand j'ai surpris votre conversation. Votre pouvoir est tout bonnement fascinant si vous me permettez l'expression. N'ayez crainte, je n'en dirais pas un mot. Mais si cela s'ébruite, vous pourriez avoir de gros problèmes. »

Si Eliëndir n'a effectivement aucun intérêt à faire un rapport aux autorités, elle vient de s'en prendre délibérément à un gradé de l'armée qui, lorsqu'il retrouverait ses esprits, aurait tout intérêt à lui faire payer son insolence. Il a bien une petite idée de la démarche à suivre et personne n'en saurait jamais rien, mais la décision n'est pas la sienne et il est curieux de savoir ce qu'elle compte faire à ce sujet. Voir jusqu'où elle serait prête à aller pour ses idéaux.

CENDRES

Il observe la scène qui se déroule sous ses yeux avec beaucoup d'intérêt. Déception non dissimulé lorsque malheureusement sa soudaine intervention fit reculer la propriétaire de cette étrange capacité. Peut-être aurait-il dû continuer à espionner discrètement sans se faire remarquer ? Les gens ont tendance à montrer plus facilement leur vrai visage lorsqu'ils sont seuls, une occasion ratée de s'en assurer mais ce n'est plus si important maintenant. Aspire t-il réellement la peur d'un simple regard ? Cette possibilité flatte facilement son égo même s'il espérait attiser des sentiments bien moins négatif en réalité. Son apparence ne cherche pas à faire fuir, bien au contraire. Ressemble t-il à un Reikois venu sauver son camarade en armure ? Quelle horrible perspective. Que les Divins, s'ils existent, l'en préservent. Il se garde encore un moment d'émettre un quelconque commentaire. Curieux de voir la tournure des événements ainsi que la réaction du garde qui ne se fera pas attendre longtemps.

Il joint discrètement ses mains dans son dos et commence à déambuler calmement un pas après l'autre. Une petite distance le sépare du Reikois et de la Shoumeienne. Le violet surnaturel qu'affiche le regard de la brune attire inévitablement l'intérêt de l'Elfe. Lui qui affiche des iris d'un parme un peu plus naturel, pour un Elfe en tout cas, bien que ne soit plus la vraie couleur de ses yeux aussi. Son manque de répartie lui arrache un petit rictus en coin, il n'y avait pas grand-chose à répondre honnêtement mais sa tentative était assez amusante. Cette femme est pour lui, intrigante au possible. Il y a quelques secondes, elle faisait preuve d'une grande assurance et semblait avoir la situation bien en main grâce à cet étrange pouvoir qui est le sien. Mais en la présence de l'Elfe, elle semble plutôt sur la retenue, il s'en mordrait presque les doigts de ne pas en voir un peu plus. Le soldat l'interrompt dans sa contemplation silencieuse, il dévie brièvement le regard sur lui. Décidément, un personnage absolument répugnant. Un homme intelligent aurait sûrement compris dans quelle situation il se trouve, mais connecter ses neurones c'est peut-être beaucoup demandé à un Reikois. Il reporte son regard sur cette utilisatrice de la magie, attendant de voir une quelconque réaction elle qui ne semble pas enclin à se laisser marcher dessus par qui que ce soit.

Le voilà, le visage qu'il souhaitait voir. Celui d'une femme forte et sûre d'elle. Fière, dégageant un certain sentiment de noblesse peut-être ? Un doute qui sera très vite balayé par les paroles de la jeune femme qui suivirent son élan de courage. Elle ne s'adresse pas directement à lui et pourtant, il reçoit une quantité d'information assez intéressante. Outre le fait qu'elle ait étudier ici lorsque l'académie tenait encore debout, il semble être en présence d'une personne plus importante qu'il ne l'aurait crû aux premiers abords. Une noble, rescapé de la dernière guerre et une des dernières encore à Shoumei. Bien des nobles ont profité de leurs avantages pour s'installer en République ou vendant leurs âmes au Reike pour garder leurs rangs. La Baronne de Boktor ne semble pas faire partie du reste du troupeau, certainement encore trop attaché à ses terres et à son foyer. Le Destin lui fait un drôle de cadeau en mettant une personne de cette stature sur son chemin alors que la raison de son voyage était pourtant tout autre. Un heureux hasard, en tout cas c'est ce que nous dira l'avenir. En tout, on ne peut pas lui retirer son fort caractère qui semble d'ailleurs laisser le Reikois sans voix. Une armure et une épée ne donne pas plus de prestance surtout lorsqu'elle est déjà inexistante. Elle finit par s'adresser directement à lui, cherchant visiblement un moyen de se sortir de ce guêpier, alors il s'arrête un moment dans sa démarche. Il pivote sur ses talons et s'approche du duo, il s'adresse au soldat dans un premier temps. Il est parfaitement calme mais ses mots précis, aussi tranchant qu'une lame.

« Je me demande comment réagiraient vos supérieurs lorsqu'ils apprendront ce que vous faites réellement pendant votre service et de quelle façon vous abusez de votre autorité auprès des civils. Il y a des affectations bien moins agréables que Maël, vous savez ? Peut-être devrais-je fournir un rapport détaillé sur votre comportement ? Soldat, votre présence n'est plus souhaitée par ici. Vous pouvez disposer. »

Puisque le doute sur son identité et ses véritables intentions persistent encore, il en profite pour suivre la Shoumeienne dans sa tentative de diplomatie. Bien qu'il ne ressemble en rien à un Reikois, les mages ne sont pas rares au sein de l'Empire alors ça devrait suffire à au moins créer le doute dans l'esprit du soldat. Quoi que si ça n'avait tenu qu'à lui, il n'aurait sûrement pas laissé l'opportunité à cet ignoble personnage de s'en aller indemne. Il préférait d'ailleurs que sa présence ici ne fuite pas au sein de l'armée, se voulant le plus discret possible pendant son séjour. Mais c'est sûrement mieux ainsi, si sa tentative est un succès bien sûr. Il dépasse l'officier, ne daignant pas même lui adresser un seul regard, car son attention à cet instant précis est entièrement tourné vers la Baronne.

« Mademoiselle de Boktor, c'est un plaisir de faire votre connaissance. Je pense que je devrais effectivement pouvoir vous aider dans votre recherche, permettez-moi de vous accompagner. »

D'un geste lent et plein de grâce, il lui tend la paume de sa main en l'invitant à s'en saisir si elle le souhaite. Sa présence est aussi charismatique que séduisante et un agréable parfum se dégage de lui maintenant qu'ils sont suffisamment proche. Il lui sourit alors que son regard parme se dépose sur le visage de la jeune femme, attendant d'avoir sa réponse. Il garde volontairement son nom pour le moment, certainement à cause de la présence du soldat, elle devra donc attendre encore un tout petit peu pour satisfaire sa curiosité.

CENDRES

Il hoche brièvement de la tête lorsqu'elle le remercie. Il n'a pas fait grand-chose mais ils seront bien mieux sans la présence indésirable du Reikois. Plus au calme. Elle se saisit de sa main tendue et il l'a guide à travers la pièce, déviant brièvement le regard vers les piles de livres et la pièce totalement en désordre. A son tour, il note d'une oreille affutée que le Reikois s'éloigne de plus en plus après avoir claqué la porte. Tant mieux, reportant son regard sur la noble Shoumeienne lorsqu'elle le questionne une première fois.

« Je vous en prie, appelez-moi Eliëndir. »

Honnêtement, il ne s'attendait pas à faire une telle rencontre lors de son passage à la cité blanche. La majorité des nobles ayant choisi l'exil et la fuite, celle-ci semble avoir décidé de confronter le Reike de l'intérieur. Outre son statut particulier, elle est aussi une mage dotée d'un don assez rare. Il l'a compris aussitôt qu'il l'a vu à l'oeuvre, le contrôle des émotions est un domaine particulier et un art difficile quoi qu'aucune magie n'est vraiment très simple à apprendre. Il y a tout de même des domaines plus méconnus que d'autres, il en sait quelque chose. Lui qui comptait disparaitre aussitôt qu'il aurait trouvé son bonheur dans l'ancienne académie de Maël, peut-être a t-il trouvé quelque chose d'encore plus intéressant ici. Il lui prête une oreille attentive à son histoire. Un petit rictus s'affiche en coin de ses lèvres lorsqu'elle mentionne les travaux de deux mages Elfes de Melorn. Elle ne croit pas si bien dire, les jumeaux Excelior ne sont pas des inconnus pour Eliëndir. En réalité, leurs travaux sont la raison principale de sa présence ici. S'il devine que la Shoumeienne est davantage intéressée par les écrits de Melian au vu de son pouvoir, Eliëndir lui se penche un peu plus sur ceux de son frère Leoniel en l'occurence. Au moins, elle lui confirme qu'il se trouve bien au bon endroit.

« Pour être tout à fait honnête, j'ai fais un long voyage depuis Melorn pour récupérer certains de leurs écrits. Ils seront plus en sécurité et plus utile là-bas. Regardez-moi l'état de cette pièce. Elle est à l'image du reste de l'académie depuis l'occupation Reikoise. Tant de savoir gâché, l'Empire est incapable de voir la mine d'or qui se trouve juste sous ses yeux. Je peux au moins préserver certains ouvrages. Si seulement je pouvais faire plus. »

Il se penche et récupère un livre recouvert de poussière. Il passe sa main et souffle dessus afin de le rendre un petit peu plus présentable, il l'ouvre et feuillette rapidement quelques pages.

« Mais pour vous répondre plus clairement, oui cela me parle. J'imagine aisément que votre recherche a un rapport avec votre capacité dont vous avez fait usage un peu plus tôt ? Est-ce quelque chose que vous avez du mal à comprendre et à contrôler ? Peut-être puis-je vous aider. »

Il referme le livre et le dépose sur une petite table en mauvais état qui traine encore dans la pièce. Il s'approche calmement de son interlocutrice pour lui tendre à nouveau la main afin qu'elle s'en saisisse encore. Il laisse sa deuxième main juste au-dessus bien en évidence, lui laissant l'espace nécessaire pour qu'elle glisse la sienne entre ses mains afin de pouvoir maintenir le contact.

« N'ayez pas peur de votre don, mademoiselle de Boktor. Il est absolument fascinant. Cela fait partie intégrante de vous. Concentrez-vous et essayer de reproduire les conditions nécessaires à l'activation de votre capacité. Si besoin, repensez au soldat de tout à l'heure. A ce que vous ressentiez à son égard. Bien qu'entre nous, je préférerais vous évoquer des sentiments bien plus agréables. Je saurai m'en contenter. Montrez-moi. »

Les yeux parme de l'Elfe se plonge dans son regard. Sa voix est calme, séduisante, rassurante. Pour le moment, il cherche à savoir à quel point son don est avancé et à quel point elle le maitrise. Cela promet d'être une expérience très intéressante.

CENDRES

Il s'arrête lorsque la Baronne en fait de même, portant son regard vers celle-ci. Il cache son amusement lorsque la lueur s'allume dans le regard de la jeune femme et qu'elle semble tout juste l'avoir reconnu. Il l'écoute sans sourciller, un petit rictus en coin. Dire qu'il est surpris de tant de considération envers sa personne serait un bien vilain mensonge, mais il n'est jamais contre quelques compliments pour flatter encore un peu plus son égo. Néanmoins, il opine humblement de la tête avant de répondre d'un ton parfaitement mesuré.

« Vous n'êtes point sotte, mademoiselle de Boktor. Vous n'avez pas besoin de tant de formalité avec moi. Ceci dit, je vois que ma réputation me précède. Effectivement, je suis bien Professeur des Arcanes à l'Académie de Melorn. Les rumeurs disent bien des choses mais j'aspire tout de même à être bien mieux en vrai ! »

Il est toujours très agréable pour lui d'entendre que sa notoriété est toujours bien d'actualité au moins dans certaines grandes villes du Sekai. Il met un point d'honneur à se faire remarquer à chacun de ses passages, exception faite lorsqu'il voyage incognito comme aujourd'hui à Maël d'ailleurs. Eliëndir n'est pas une rencontre qu'on oubli du jour au lendemain, il y veille suffisamment à travers tout un ensemble de choses. De son apparence onirique au choix de ses mots et l'intonation de sa séduisante voix en passant par l'élégance de ses gestes et même l'odeur enivrante qu'il dégage. En réalité, tout ceci n'est qu'un jeu de l'esprit qu'il exerce à la perfection. La manipulation est un art dont il est passé maître depuis bien longtemps.

Un sourire illumine à nouveau son visage. L'idée que Maël retrouve sa liberté est une belle perspective d'avenir. Aussi réjouissante que naïve pour la grande majorité des habitants de cette ville ainsi que pour la Baronne visiblement.

« Une Maël libre et loin de l'autorité du Reike ? Voilà qui semble presque surréaliste contenu de la situation actuelle. Pensez-vous réellement cela possible ou n'est-ce qu'un rêve ? »

L'Elfe est très curieux d'en apprendre un peu plus sur les véritables ambitions de cette Baronne qui de toute évidence, n'apprécie que très peu la présence impériale sur ses terres. Compréhensible, personne n'apprécie l'expansionnisme de cette nation belliqueuse si ce n'est les Reikois eux-mêmes. Il suffit de voir ce qu'est devenu Maël suite à la guerre, c'est à croire que la destruction pure et simple par les Titans auraient été presque plus enviable. Les bâtiments qui faisaient la grandeur de la cité blanche ne sont plus que des ruines, la ville n'est plus qu'un refuge pour les âmes égarées et ce n'est pas à ce barbare meurtrier qu'ils appellent "Empereur" qu'il faudra se plaindre. Être un grand chef de guerre ne fait pas de soit un bon dirigeant. Bien qu'il ne prête pas énormément d'attention à qui dirige cette ville, la perspective de pouvoir planter les premières graines de la corruption à Maël est tout à fait réjouissante. Le Syndicat a perdu son influence sur ces terres désolées, peut-être vient-il de trouver le moyen d'étendre son réseau jusqu'à la cité blanche.

Il l'écoute attentivement lui révéler les détails de son don tout à fait particulier. Le contrôle des émotions est un domaine intéressant qu'il a beaucoup étudié, pourtant il s'agit là comme d'une variante dont il n'a jamais entendu parler jusqu'à maintenant. Si cette capacité dans son art disons le plus classique offre la possibilité de réduire ou amplifier les émotions ressenties sur sa propre personne ou sur autrui, il s'agit là presque d'une version améliorée. Percevoir les émotions des gens qui l'entourent est déjà en soit une capacité hors normes mais de toute évidence elle est aussi capable de transmettre ce qu'elle ressent à un individu par le simple contact physique. C'est un fonctionnement qu'il ne connaissait pas et qui l'intrigue au plus haut point. Le meilleur moyen de comprendre est tout simplement de le vivre d'où sa proposition, alors que la Baronne se saisit de sa main, il dépose calmement sa dextre par-dessus celle de la jeune femme afin de maintenir un moment le contact. Ses yeux s'écarquille et son regard reste dans le vague pendant un moment, bien trop concentré sur le flot d'émotion qui parcourt son corps à cet instant.

« Absolument fascinant. Merveilleux. Votre don est une véritable bénédiction, je le pense sincèrement. Merci. »

Ce simple contact lui a confirmé que Myriem a bien une rancoeur viscérale envers l'Empire en général, pas uniquement envers l'officier de tout à l'heure. La haine est un moteur et une source de pouvoir infini si tant est qu'on sait la maitriser. Finalement, peut-être que cette Myriem de Boktor a les épaules pour récupérer ce qui lui revient de droit. Maël pourrait peut-être avoir un avenir radieux bien que ce soit encore un peu tôt pour en être certain. Les picotements sur ses paumes de mains et le bout de ses doigts ne semble pas vouloir cesser tant que le contact n'est pas brisé. Eliëndir n'est pas non plus pressé par le temps, bien que les émotions de la jeune femme devrait plutôt être d'une nature assez désagréable pour lui, il semble profiter de cette expérience jusqu'à la dernière seconde. Il ne souffre pas, bien au contraire. Presque à contrecoeur, il se décide finalement de relâcher sa prise et libérer la main de Myriem dans un geste très lent qu'il regrette quasiment instantanément alors que les effets du pouvoir de la jeune femme s'estompent sur lui. Il affiche une mine songeuse, déboussolée et se tourne vers une pile de livre posée à même le sol.

« J'ai lu bien des choses sur le contrôle des émotions mais je n'ai jamais rien vu de similaire depuis que je sillonne le Sekai. Je vais vous aider à comprendre votre don. Pour ce qui est de le maitriser, eh bien, il ne tient qu'à vous de faire les efforts nécessaires. Cela viendra avec le temps, pour le moment nous avons de la lecture à faire vous et moi. Et en parlant de temps, je crains que nous en manquions. Les Reikois finiront bien par se rendre compte de la supercherie et que je ne suis en rien l'un des leurs. Mettons-nous au travail, qu'en pensez-vous ? »

Dit-il d'un ton amusé, glissant un petit sourire à l'attention de la Baronne avant de se pencher vers quelques livres et entamer ses recherches. Il trie soigneusement les ouvrages en trois catégories, d'abord ceux qu'ils l'intéressent lui personnellement et qu'il compte ramener à Melorn. Ensuite, les livres sur le contrôle des émotions qui devraient servir à la Baronne dans la compréhension de son pouvoir. Pour finir, il range sur le côté les livres qui ne l'intéressent pas du tout et qui ne lui sont d'aucunes utilités. Il essaye de ne pas rester trop longtemps sur un seul livre, il aura tout son temps pour décrypter ces ouvrages une fois de retour dans le nord, le but est d'être efficace et de ne rater aucune information pendant les quelques heures qu'ils auront devant eux.

CENDRES

C'est donc la deuxième fois qu'elle mentionne les divins. Quoi qu'ils sont plus ou moins différents en fonction des croyances mais il devine assez aisément qu'ici à Maël, il s'adresse à une diviniste dont la foi semble avoir survécu au chaos de la précédente guerre. Rien de surprenant ceci dit, c'est un simple constat qu'il se fait. Sceptique de nature,  il n'est pas bien convaincu par l'implication des divins dans cette histoire ou dans leurs rencontres mais en réalité cela importe peu en son sens. Néanmoins, ce qui l'intéresse davantage c'est de l'écouter exposer son rêve utopique pour une Maël libre. Cela sonne comme une histoire, un comte de fée. Ce serait sûrement le cas pour la majorité des individus de cette ville et pourtant, Eliëndir est bien placé pour savoir qu'une personne qui n'a plus rien à perdre est prête à tout pour exaucer ses voeux et atteindre ses objectifs. Reste à savoir jusqu'où la Baronne de Boktor est prête à aller pour réaliser son utopie.

« Une perspective qui me semble tout à fait réjouissante. Croyez en vos rêves. Si vous n'y croyez pas, qui va le faire à votre place ? De ce que j'ai pu en voir, vous ne manquez effectivement pas de volonté. J'espère sincèrement que vous réaliserez votre idéal, mademoiselle de Boktor. Je suivrais la situation de Maël avec beaucoup d'intérêt, à l'avenir. »

Oh, il n'aura aucun mal à retrouver le chemin de Maël dans les semaines ou mois à venir. La guerre n'empêche pas de faire des affaires si on sait comment s'y prendre. Tôt ou tard, le Syndicat devra se réinstaller sur les territoires perdus de Shoumei. C'est inévitable mais c'est surtout une histoire pour une autre fois. Alors qu'il se plonge dans l'instant présent et dans ses nombreuses lectures, Myriem soumet une proposition pertinente afin de continuer leurs recherches ailleurs, là où aucun Reikois ne viendra les embêter. Il ne comptait pas faire de vieux os à Maël pour être honnête mais, il faut admettre qu'il a fait du chemin depuis Melorn et qu'il ne serait pas contre se reposer un peu avant de repartir. De plus maintenant, il a fait la rencontre d'une personne tout à fait digne de son intérêt. Raison de plus pour prolonger son séjour.

« La Clistercienne. Entendu, je m'y rendrais. C'est une bonne idée, nous serons bien plus tranquilles là-bas. »

Ils passèrent donc une bonne partie de l'après-midi à trier des dizaines d'ouvrages plus anciens les uns que les autres, certains sont complètement illisibles. Le temps semble avoir fait son effet et puis encore une fois, on ne peut pas dire que le Reike ait fait quoi que ce soit pour éviter la dégradation de la bibliothèque. Il trouve tout de même son bonheur, des écrits des frères Excelior qui seraient bien mieux à Melorn qu'ici à même le sol ou sur des étagères poussiéreuses. Il récupère trois livres encore de bonnes qualités, les moines copistes de Shoumei n'ont pas volés leurs réputations. Le reste est vraisemblablement sans intérêt pour lui ou il est simplement dans l'incapacité de tout récupérer dans son petit sac de cuir.

Il est interpellé par les bruits de pas dans le couloir. Pour qu'on puisse les entendre aussi bien, il s'agit sans aucun doute d'hommes en armures. Les Reikois ont donc enfin compris la supercherie. Son regard glisse à son tour vers la fenêtre et il constate qu'ils n'ont pas vu le temps passer en étant plongés dans ces ouvrages d'un temps ancien. Il n'a pas été assez prudent. De plus, il n'était pas seul et il ne pouvait pas laisser sa porte d'entrée à Maël tomber entre les griffes du Reike. Il se redresse calmement en plaçant ses trouvailles dans son sac et acquiesce, affichant un calme olympien. Il en profite pour confier son sac et ses livres à Myriem si celle-ci l'accepte.

« Bien. Je m'occupe de nos visiteurs. »

Il prend le temps de visualiser une image claire dans son esprit et après une courte expression, la magie opère. Les traits délicats de l'Elfe disparaissent petit à petit, travaillant sur sa propre chair qui semble se tordre sans douleur pour prendre l'apparence d'un homme brun quadragénaire. Ses vêtements disparaissent ou plutôt, se transforment complètement pour donner l'illusion qu'il porte à présent une lourde armure aux couleurs de l'Empire. Sous cette apparence, il perd d'ailleurs quelques centimètres mais gagne en largeur d'épaule. La métamorphose met quelques secondes à arriver à son terme mais l'illusion est stupéfiante. A la pointe de la perfection après des siècles de pratiques. Il gonfle un peu plus le buste pour se donner du crédit comme le ferait un soldat lambda.

Il se dirige aussitôt vers la porte, quittant la pièce et claquant la porte derrière lui pour intercepter la patrouille dans le couloir. La conversation est à peine audible mais le plus important est assez simple à comprendre.

« ... - Une brune et un Elfe ? Oui, je les ais vus dans les couloirs de l'aile sud du bâtiment il y a une dizaine de minutes, par là. »

Plus c'est gros, plus ça passe. Un grand classique après tout. Les soldats acquiescent puis accélèrent sans s'arrêter ni vérifier la pièce derrière lui. Il s'assure d'attendre qu'ils soient assez loin pour rouvrir la porte derrière lui et permettre à Myriem de sortir sans crainte.

« Ils sont partis. Ne tardons pas, nous devons y aller maintenant. »

Eliëndir gardera un moment les traits disgracieux du soldat afin de passer inaperçu tant qu'ils n'ont pas quitté le bâtiment. Ainsi, il pourra escorter Myriem sans que personne ne pose de question.

CENDRES

Douce excitation que celle d'un fugitif craignant pour sa vie alors que tout le monde le recherche. Eliëndir se sentait comme tel alors qu'il parcourt les longs couloirs de l'Académie de Maël en compagnie de Myriem. Le bâtiment d'ailleurs, parait tout de suite plus imposant lorsqu'on se sait en cavale, comme si le chemin ne voulait plus en finir. Les deux protagonistes arpentent les lieux comme si de rien n'était, à la recherche de la sortie la plus proche, habilement guidé par la Shoumeienne qui connait bien mieux le bâtiment que lui. Délicieuse satisfaction lorsqu'ils arrivent enfin à quitter l'Académie pour disparaitre dans les rues sinueuses de Maël, semant sans mal leurs poursuivants qui doivent encore les chercher quelque part à l'intérieur.

De passage dans une ruelle plus discrète, l'Elfe inverse le sort pour reprendre les véritables traits qu'il arbore depuis la naissance. Dame Nature sait parfois se montrer généreuse. Cependant, pas sûr qu'il soit réellement discret habillé comme il est, dans sa tunique blanchâtre de Melorn. Trahissant un certains goût pour l'extravagance et un intérêt pour les beaux vêtements. Difficile de se fondre dans la masse, un vrai touriste à Maël. Il en profite pour récupérer son sac avec ses livres afin de décharger Myriem d'un poids. Il acquiesce pour Myriem et marche à ses côtés jusqu'à la fameuse auberge où ils devraient être plus au calme pour échanger sur leurs recherches.

L'Elfe est perplexe devant la devanture de la Clistercienne, pas que ça le dérange particulièrement mais il se serait attendu à une gamme au-dessus surtout de la part d'une noble. Quoi qu'elle ne peut plus vraiment prétendre à ce statut tant qu'elle n'aura pas au moins récupéré ses terres. Au moins, ce sera plus discret et effectivement ils ne risquent pas d'y voir de grandes fortunes indésirables dans un endroit comme celui-ci. Tant mieux d'un côté mais on ne juge pas un livre à sa couverture. Eliëndir entre juste après la Baronne, l'intérieur est déjà bien plus accueillant. Contre toute attente, l'auberge est un endroit plutôt cosy et chaleureux. Les mains jointes dans son dos, il pivote calmement sur ses talons en observant le hall d'entrée pendant que Myriem requiert l'attention du réceptionniste.

Il s'attarde un moment sur l'Elfe, comme s'il s'agissait d'un extraterrestre ou plutôt d'un visiteur un peu excentrique. Ce qui n'est pas vraiment faux. Eliëndir n'ajoute rien aux paroles de la brune alors l'aubergiste finit par répliquer.

« Bien entendu, madame de Boktor. Si vous voulez bien me suivre. »

Quittant son comptoir, il guide les deux protagonistes dans un couloir adjacent au hall près des escaliers qui mènent aux chambres. Un peu plus loin, il déverrouille une porte grâce à un trousseau de clé qui donne sur une pièce à l'écart et discrète. Un salon confortable où on y trouve notamment une grande table ronde en bois avec ses chaises tout autour, une autre table basse et deux canapés de chaque extrémité. Des étagères viennent orner les murs de la pièce ici et là, un grand lustre sur le plafond sur lequel rayonnent des pierres de mana pour illuminer la pièce puisque la nuit pointe le bout de son nez. Derrière les rideaux opaques, une grande fenêtre qui donne directement sur la rue qui passe juste devant l'auberge. De quoi être relativement tranquille en surveillant les passages donc.

« Vous fallait-il autre chose ? »

La question ne lui était pas spécialement adressée puisque le réceptionniste jette son regard sur la belle brune mais l'Elfe répond le premier du tac au tac.

« Oui, il nous faut autre chose. Je vais vous prendre une bouteille de vin. La meilleure que vous ayez en stock. Nous aimerions aussi manger quelque chose si cela est possible. Je prendrais... la même chose que mademoiselle de Boktor. Prenez ce qui vous fera plaisir, je vous invite. »

Il laisse le temps à la Shoumeienne de répondre alors qu'il se détourne de l'employé de l'auberge en commençant par faire le tour de la pièce. Comme si de rien n'était, il passe le salon privé au peigne fin grâce à ses capacités de senseur magique. Est-ce qu'il s'attend à une mauvaise surprise ? Pas du tout mais on est jamais trop prudent. C'est une habitude qu'il a pris avec le temps, on ne vit pas aussi longtemps sans prendre quelques précautions. Il s'assure donc qu'il n'y ait pas d'oreilles indiscrètes dans le coin avant de s'installer.

CENDRES

Il fait rapidement le tour de la pièce en s'assurant qu'il n'y a pas de mauvaise surprise bien que ça aurait été très surprenant. Cela peut paraitre étrange effectivement mais disons que les vieilles habitudes ont la vie dure et on est jamais trop prudent. Il tend l'oreille vers Myriem lorsqu'elle semble lui demander confirmation et il pivote brièvement les talons pour acquiescer de la tête.

« C'est parfait. »

Il s'en remet à son expertise culinaire et sa connaissance de sa propre culture pour commander, il n'a d'ailleurs aucun problème à consommer des produits de la mer bien au contraire, il est très friand de ce qui n'est pas commun et de nouvelles saveurs. Ensuite, lorsque l'aubergiste aura quitté la pièce pour aller chercher la première partie de la commande et aussi la plus importante, Eliëndir reviendra calmement près du petit salon en s'installant à son aise dans le canapé. Une petite accalmie après cette fuite anticipée n'est pas de refus.

« C'est une auberge charmante, l'endroit est chaleureux. C'est un bon choix et si cela vous convient, alors c'est également mon cas. »

L'important n'est pas qu'il soit à l'aise mais plutôt que Myriem soit dans un endroit qu'elle juge agréable pour pouvoir étudier et pratiquer son don dans de bonnes conditions. Les jambes croisées, il glisse son regard en direction du port lorsque sa partenaire de crime ouvre subitement les rideaux. Pendant qu'il attend avec impatience le retour de l'aubergiste, il  peut sentir l'air se faire soudainement plus lourd. Une sensation qu'il reconnait immédiatement puisqu'il l'a déjà ressenti plus tôt au sein de l'académie délabrée de Maël. Un flot d'émotions négatives dont il se délecte à défaut d'être intimidé. Il comprend rapidement que ce nouveau déferlement d'émotion dans la pièce est lié à la vue du vieux port de Maël, une expérience vraiment captivante dont il compte bien profiter au maximum. Il n'a pas le temps de dire quoi que ce soit que quelqu'un toque à la porte avant de l'ouvrir lorsque l'elfe l'invite à entrer. Il observe silencieusement la bouteille puis hoche la tête lorsque l'aubergiste remplit son verre. Il fait délicatement tournoyer le liquide carmin dans son verre à pied en commençant par humer ses arômes. L'elfe est particulièrement méticuleux et semble prendre tout son temps pour réfléchir. Il amène enfin son verre à ses lèvres et en fait glisser son contenu pour maintenant attester de son goût en bouche. Il réfléchit un moment, les yeux plissés. Puis il reprend une gorgée, plus petite que la précédente en s'attardant précisément sur l'arrière goût que lui laisse la saveur du vin en bouche. Complètement stoïque, il est difficile de savoir ce que pense réellement Eliëndir mais puisqu'il n'a pas encore renvoyé la bouteille c'est qu'elle est sûrement à son goût.

Un moment presque interminable mais que l'elfe prend très au sérieux. Il finit par acquiescer en direction de l'aubergiste, le libérant enfin des émotions négatives de la femme qui l'accompagne. Peut-être a-t-il fait durer ce moment plus longtemps que nécessaire simplement pour laisser le temps au don de Myriem de se diffuser dans toute la pièce. L'employé de l'auberge n'a pas pu ignorer ce qui ne peut l'être, et ça amuse Eliëndir.

« Je vous remercie. Vous pouvez laisser la bouteille et les verres. »

Pas mécontent de pouvoir partir, l'homme quitte la pièce en laissant la bouteille et deuxième verre sur la table basse. Le mage de Melorn de son côté, se montre relativement calme par rapport à la tension dans la pièce bien que cela devienne de plus en plus difficile à vivre même pour lui. Il en profite pour vider le fond restant de sa coupe avant de glisser ses deux iris améthystes en direction de la principale concernée qui semble avoir beaucoup de mal à se concentrer à en juger par sa forte respiration. Il se décide enfin à se mettre à l'oeuvre avant que cela ne devienne trop... incontrôlable. Eliëndir se concentre pleinement sur le flux d'émotion que déverse Myriem dans la pièce et si la belle brune ne lui rend pas la tâche facile, il est au moins parfaitement capable d'atténuer convenablement les émotions les plus fortes qu'elle diffuse. S'il ne coupe pas totalement le flux, il le rend plus vivable comme s'il appliquait de la pommade sur une brûlure. L'aura de l'elfe est stupéfiante, aux antipodes de son interlocutrice, dégageant une chaleur agréable, un fort sentiment de bien-être et de confiance autour de lui. Il permet à la jeune femme de reprendre son souffle et de tenter de se calmer.

N'aurait-il pas pu faire ça lorsque l'aubergiste était encore dans la pièce ? Oui, mais ça aurait été quand même moins drôle. Il vient à s'exprimer d'une voie calme et distinct comme toujours.

« Fascinant. Je n'avais jamais rencontré quelqu'un capable de transmettre des émotions si fortes que je ne peux les réguler entièrement. Et nous n'avons même pas partagé un quelconque contact physique. Laissez libre cours à votre don. Ne soyez pas effrayée par celui-ci, je suis là pour vous aider. Apprenez à le connaître. Ce n'est qu'ensuite, que vous pourrez le contrôler. Fermez les yeux et concentrez-vous sur vos émotions, sur votre respiration. Pensez à quelque chose qui vous procure un sentiment agréable. Un souvenir, un lieu, une personne. Notre rencontre, par exemple. Je plaisante. »

Un peu d'humour ne peut que aider à détendre l'atmosphère. Il croise les jambes et redresse calmement son buste. Il pose son poing contre son menton pour soutenir sa tête, ses grands yeux clairs quant à eux ne quittent plus la brune. Il suit ses avancées avec beaucoup d'intérêt et ne peut que l'accompagner en la conseillant. Il lui rend la tâche plus "simple" en maintenant son contrôle des émotions, mais Myriem doit encore faire le plus important.

CENDRES