[Groupe 1] Poussière divine

Lun 30 Oct 2023 - 17:01

Poussière divine

Les pensées de la fae se bousculèrent à travers son esprit. Cette seconde vision lui laissa un goût amer tant les maigres révélations qu’on lui prêtait fit jaillir en elle le désir d’en savoir toujours d’avantage. La fidèle avait cru reconnaître des prêtres divinistes ainsi que des fidèles cultistes dans ce qui semblait être le début d’une longue et triste guerre religieuse. Neve trembla, elle se devait de disséquer chaque ombre de ce drame. Cependant, cette dernière resta convaincue que ces révélations lui étaient interdites. Il s’agissait d’une mise en garde, un avertissement céleste sur ce qu’ils s’apprêtaient à accomplir. Une fois le forgeron réveillé, le sort du Sekaï sera celé pour de bons. En quelques sortes, les cinq élues jouaient maladroitement avec l’avenir du monde. Trois années s’étaient écoulés depuis la disparition de X’o-rath, la capture de Zeï et bien sûr l'assassinat de Kazgoth par l’empereur Tensai et son épouse Ayshara. Et pour la première fois depuis trois ans, un Titan risquait à nouveau de fouler ces terres. La nonne fut frappée par cette tragique réalisation. Elle se voyait, offrant un corps à son Dieu, heureuse de célébrer son destin de bonne croyante. Mais après ? Une fois la mission terminée, qu’adviendra-t-il d’eux ? Sans doute, seraient-ils tous marqués à vie, troquant leurs raisons dans le mince espoir d’entreprendre une quête dont la réussite était loin d’être garantie. Et les autres croyants ? Et tous les innocents qui devront vivre à nouveau les mêmes horreurs de l’an 1 ? Neve manqua de s’écrouler sur le sol, les murmures corrosifs de l’Arbre-Monde envahissaient sa tête. Jamais de son vivant n’avait-elle souhaitée faire subir aux autres la douleur de son existence. Pourtant, Neve se tenait bien là, plus puissante que quiconque, plus proche que n’importe qui avant elle de ressusciter un Titan. Sa clairvoyance l’avait rendue trop aveugle au point que même l’iris de ses yeux ne put percevoir le monstre qui se matérialisait à présent devant ses pleurs.

– Je n’en suis pas capable.

Le voilà qui se tenait majestueux, beau et fière. Un véritable Phoenix aquatique, jugeant tristement Neve telle l’incarnation de ses doutes. Elle se tut, ne sachant que dire, ni quoi faire. La créature, d’un croassement inquisiteur, invoqua trois tourbillons aqueux prêt à punir la religieuse pour avoir osée baisser les bras. Il était d’une harmonie étourdissante. Son plumage cristallin faisait vibrer la lumière et chaque battement d’aile fut semblable à des vagues se donnant la mort sur le sable. Et si Neve n'eut pas un ultime moment de lucidité, elle aurait facilement pu se laisser subjuguer par la splendeur de l'écume mortelle. Toutefois, la fae reprit ses esprits en réalisant les attaques qui fonçaient violemment sur elle. La bonne sœur serra aussitôt la paume de ses mains, banda ses muscles, se souleva et fit apparaître une combustion folle qui se matérialisa en une vitre enflammée stoppant net les deux premiers cyclones. Le troisième, néanmoins, ne connut pas le même sort et brisa la défense de la diviniste, s’écrasant de plein fouet sur cette dernière.

Lorsque Neve rouvrit les yeux, elle fut accueillie d’une douleur lancinante et put à peine bouger ses membres. Ses habits trempés étaient à présent terriblement lourds et le premier réflexe de la jeune femme fut de retirer son long manteau révélant finalement sa paire d’ailes et ses brûlures. Il lui était impossible, dans son état, de venir à bout de l’oiseau et se résolut à solliciter ses coéquipiers, honteuse d’elle-même. Neve se souleva douloureusement et s’écria :

– Dante !

Son cri perça le lieu. Implorantes, ses prochaines paroles se perdirent dans sa gorge. La fae n’avait pas besoin d’en expliquer davantage, tout le monde compris que la chimère n’était pas l’unique monstre qu’il fallait dorénavant abattre. Elle s’extirpa difficilement des décombres et tira son corps vers l’autel le plus proche. Ce ne fut qu’une fois à côté de l’oni qu’elle se rendit compte de l’ampleur de ses blessures. La jeune fée serra les dents, déçue d’être le maillon faible de l’équipe et décida de soigner cela plus tard.

– Excuse-moi Dante. Je nous ai mis dans le pétrin encore une fois... Elle usa de toutes ses forces pour parler, son regard était fuyant et son souffle difficile. Tu penses pouvoir t’occuper de l’oiseau ? Il faut qu’on accomplisse notre mission coute que coute. Moi, je vais finir celui-ci. Dit-elle en pointant l'Autel de l'Avarice.

Neve retira de sa poche une bourse remplie de pièce d’or qu’un des membres de la confrérie lui avait précédemment donné. La demoiselle n’avait jamais tenu entre ses mains autant d’argent auparavant et s’étonna du poids de la sacoche. Puis, tremblante, Neve jeta cette petite fortune devant l’autel sans le moindre regret, ignorant toutes les richesses qu’elle aurait pu se payer avec.

– C’est presque fini. Souffla-t-elle, avant de finalement s'écrouler de fatigue sur le pas de l’autel, tachant au passage la pierre d’un peu de son sang.

Il était trop tard pour abandonner. Les rouages de leurs tristes volontés se mettaient en place. Le monde et ses ignorants étaient voués à répéter les mêmes erreurs du passé, en témoigne les troubles visions des autels, et Shoumei, encore une fois, sera le théâtre d’un grand retour.
CENDRES

Lun 30 Oct 2023 - 20:47

Poussière divine - 3

La chimère était une créature fantastique et d'une grande résistance, quoi de plus normal en réalité. Elle se tenait encore fièrement debout devant nous, tenant bon malgré nos attaques respectives. Nous avions foi en nous même cependant et nous n'allions pas déjà abandonné à la première épreuve ou adversité. J'avais concentré mon énergie et mon serpent d'eau glissait sur le sol avec une vivacité bien supérieure à la mienne.
Il ondulait, tournait, jouait avec la chimère qui se défendait de lui et des attaques de mes compagnons. Quand le moment idoine arriva il bondit, jaillit littéralement, envoyant de l'eau partout, perturbant les sens de la créature que nous affrontions. Et il en profita pour s'enrouler autour de son cou, s'accrochant avec force et puissance et alors que la bête se débattait pour ne pas subir une attaque frontale de Dante, le serpent en profita pour planter ses crocs dans le cou. Acculée la créature se débat mais ne peut résister aux attaques de mes compagnons.

Elle périt et nous laisse le champ libre pour continuer notre course vers la libération de l'Arbre monde et la renaissance du dieu Titan Kazgoth.
Je voyais que Neve souffrait mais dans ma tête résonnaient de sombres murmures. L'air était vicié et des petites voix commençaient à emplir mon esprit. Des râles dans un premier temps puis des murmures qui se faisaient de plus en plus précis. Je savais ce que j'avais à faire, ce que je devais faire.

Je me tournais vers l'autel qui me faisait face, rien qu'en songeant à ce que je m'apprêtais à faire j'avais la nausée, le cœur au bord des lèvres. Je me sentais déjà vidée, j'avais puisé en moi des quantités de mana énormes, je n'étais déjà plus capable de pousser ma magie au maximum. La chimère m'avait épuisée et les lieux maudits sapaient les fondations même de mon âme.

Je n'avais plus qu'un objectif en tête : accomplir ma mission.

Mais pour cela je devais garder l'esprit le plus clair possible. Alors je me tournais vers l'autel, tournant le dos à tous mes compagnons, je ne pouvais pas les laisser voir ce qui allait se passer. Je sentais des larmes coulant le long de mes joues, j'avais peur de mourir, peur de laisser mon esprit se dissoudre en ce lieu, peur de ne pas connaître le lendemain, peur de ce que je risquais de perdre si nous échouions. Faisions nous le bon choix?

Une petite voix me susurrait des "vous n'êtes que des pions sans valeur, vous ne servez qu'un idéal vain, vous allez détruire ce monde que vous pensez préserver"... Je secouais la tête, inspirais profondément pour chasser ces sombres pensées et me concentrer sur ma tâche à venir. J'entendis des rires sarcastiques et moqueurs, j'ai cru un instant percevoir la voix mielleuse et doucereuse de mon tourmenteur. Les yeux fermés rivés sur la tâche qui m'incombait j'eus l'impression de sentir son souffle chaud alors qu'il me remerciait de lui permettre de pouvoir récupérer son fils et d'en faire un pirate à son image, j'en frissonnais mais je me concentrais avec force sur ma tâche, ma foi dans les divins et surtout envers les vivants, je tenais à la vie. Alors je repoussais ses pensées sordides pour me concentrer sur l'idée que demain je prendrai de nouveau Amael dans mes bras et que je pourrai lui offrir un avenir digne de ce nom, une vie heureuse et paisible mais pas une vie d'orphelin, il méritait de grandir et avoir une famille à ses côtés.

M'accrocher à cette idée m'aida à repousser les visions, mon attention rivée sur l'avenir me permettait de ne pas sombrer dans le présent. Je me sentais plus forte, plus apte à affronter la folie qui voulait s'emparer moi, de nous en ce lieu. Il était temps cependant, j'avais assez préservé mon âme, je devais affronter l'autel devant moi. Je savais ce que j'avais à faire, je connaissais le principe, la technique, je la maitrisais, j'étais médecin, diplômée de l'Académie de Mael en ce sens mais j'étais la patiente et la chirurgienne en un même temps, je n'avais ni remède ni magie pour me seconder, je n'avais que ma foi et un courage que je n'étais pas certaine de posséder. J'attrapais un outil dans ma besace, une sorte de paire de ciseaux aux lames incurvées, des ciseaux d'énucléation. Je posais une main sur l'autel, pour lui signifier que j'allais lui faire l'offrande qu'il attendait et j'allumais la bougie avant de débuter.

J'inspirais, puis d'un revers de la main j'essuyais les larmes qui coulaient sur mes joues, la dernière fois pour un de mes yeux. La nausée était toujours présente, mon ventre noué en permanence, j'avais l'impression qu'on triturait mes entrailles mais cela n'était que le fruit de mes propres craintes. Je ne pouvais plus reculer. J'approchais de mon visage les ciseaux et posais la pointe sur le côté de l'oeil, près du nez. Je touchais le globe oculaire, je le sentais, j'avais confiance en mes compétences, je pouvais le faire. Alors, faisant fi du reste de ce qui m'entourait j'ouvris les deux lames tout en plantant la paire de ciseaux pour qu'elles puissent se glisser derrière le globe. La douleur fulgura dans mon corps mais je tentais de la refluer, je devais en finir avant de sombrer, de pleurer ma perte, plus de retour en arrière. J'enfonçais plus avant les ciseaux et je finis par les refermer pour couper le nerf optique et dans un hurlement de douleur que j'étais incapable de retenir je fis ressortir la paire de ciseaux en faisant levier pour que mon oeil libéré de ses attaches s'extrait de sa place. Je souffrais le martyr et j'entendis un bruit sourd et sordide, scellant un acte totalement irraisonné et proche de celui d'un fou, je venais de sacrifier un oeil sur un autel dans le but de sauver l'Arbre Monde de sa pourriture. Mon champ de vision venait de se briser, la réalité de perdre de sa profondeur. Mon oeil valide pleurait de douleur, de peine et de colère d'avoir du faire une telle chose. Des liquides s'écoulaient de l'autre oeil.

La paire de ciseaux tomba au sol dans un bruit métallique sans rebondir pour autant. Mon oeil roulait encore devant moi sur l'autel. Je me sentais faible, meurtrie et... j'avais l'impression de m'être suicidée en un sens, d'avoir perdu une partie de moi plus grande qu'un oeil.
Je calmais mes gémissements tant bien que mal et adressais une prière face à l'autel.

- Puissiez vous y voir au travers du prisme du regard des mortels.

La douleur irradiait dans mon cerveau et avec elle les maux de la corruption, les voix qui affluaient de nouveau, je devais agir, réagir et bouger pour rejoindre l'autel ou se trouvait Dante, ainsi nous en avions convenu. Je me tournais d'un mouvement maladroit et chancelant de l'autre côté, en un réflexe futile j'avais dénoué mes cheveux pour qu'ils tombent en partie sur mon visage pour cacher l'horreur que je venais de m'infliger. Meurtrie dans ma chair, mais aussi mon ego. J'y voyais mal, flou et mon équilibre était des plus précaires, j'aurais conseillé à un tel blessé du repos, et une acclimatation lente à sa nouvelle vue mais je n'avais pas de temps, il était mon ennemi comme celui de mes compagnons et je ne les abandonnerai pas.

Chancelante, hagarde, je me dirigeais vers l'autel suivant...

CENDRES

Mar 31 Oct 2023 - 9:49

Poussière divine

Feat. Dante, Neve, Myriem, Neera

Loués soient les Titans, les autels avaient reconnus la foi véritable ! Les souffrances avaient laissé place à une bouffée d’air frais, une légère sensation qui avait brièvement empli le corps de la vieille Fae, et fait reculer les énergies sombres temporairement. Une fois de plus, les visions s’étaient bousculées dans son esprit, et une fois de plus, la première était grandiose, et la seconde sans intérêt. Après tout, pourquoi s’attarder sur les activités d’un Haut Prêtre fantoche, quand on pouvait observer la grandeur d’un Titan ! Ooooh, les efforts de Mégère pour rétablir le règne des maîtres du Royaume Divin se voyaient récompensés par une vision des plus exquises : le Forgeron ! Devant ses yeux ! Un signe annonciateur du succès de leur entreprise !

Dépassant le cadavre de l’acolyte sacrifié, et sans lui accorder le moindre regard, Mégère s’élança tant bien que mal vers l’autel suivant ! Les combats contre la chimère s’étaient soldés par la victoire de ses compagnons, et au vu de la violence des sorts et des coups d’épée, Mégère n’avait pas besoin de regarder pour savoir que la vile créature avait été purement et simplement anéantie ! Un juste châtiment pour s’être opposé au rituel ! Celui-ci se poursuivait, et un petit rire s’échappa de la gorge de la Fae quand elle vit le sacrifice de la baronne de Boktor du coin de l’œil ! Quelle magnifique preuve de sa foi !

Arrivant devant la stèle, la grand-mère posa la main sans hésitation, sachant que cette épreuve serait la plus éprouvante de toute : ne rien faire pour se prémunir des sombres énergies de l’Arbre Monde. Qu’importe, car la foi de Mégère était pure ! Que pouvait faire une mauvaise herbe face au jardinier armé de ses outils ! Se retournant pour avoir l’Arbre Monde dans son champs de vision, elle cracha, comme pour signifier son mépris. La glaire noire alla s’écraser sur la flamme d’une bougie, qui sembla se gonfler pendant quelques secondes. La grand-mère fit ensuite appel à son mana, et, sans bouger, le dirigea vers l’autel où se trouvait Neera, dans le but d’y faire apparaître deux illusions visuelles, au cas où un autre monstre apparaîtrait pour tenter de les interrompre. De simples leurres, sans aucune capacité sinon celle d’attirer l’attention et d’encaisser une attaque potentielle. Un sort enfantin en temps normal, mais rendu difficile à lancer à cause des énergies sombres, maintenant presque palpab…

Des chuchotements ? Non, Mégère ne rêvait pas ! DES CHUCHOTEMENTS ! Sa maitresse, sa sainte patronne ! Zei la Chuchoteuse lui parlait dans son esprit ! Oh joie ! Oh gloire ! Tous les signes étaient là ! Les visions des maîtres divins, et maintenant les murmures de sa maîtresse ! Il ne pouvait s’agir que de ça ! La titanide s’était libéré de ses entraves du Berceau, galvanisée par leur rituel, et envoyait maintenant ses murmures dans l’esprit de sa fidèle servante pour la protéger des énergies malsaines, qui tentaient de lui embrouiller le cerveau ! Les yeux écarquillés, la Fae se mit à genoux devant le pilier, les bras écartés, et se mit à hurler à tue-tête :

« ZEI ! LA CHUCHOTEUSE ! J’ENTENDS TES PAROLES ! J’ACCUEILLE TES PRÉSENTS ! BENIS-NOUS DE TES MURMURES DIVINS ! VOUS TOUS, NOUS SOMMES BÉNIS ! SOYEZ TÉMOINS ! »

CENDRES

Mar 31 Oct 2023 - 19:04

Poussière divine

Les violentes secousses cessèrent au bout de quelques instants après l'impressionnant déferlement de puissance qui s'est abattu sur la créature chimérique. Déjà meurtrie par les premiers assauts du trio chargé d'éliminer la bête, il leur a suffit de redoubler d'effort pour enfin en venir à bout et mettre un terme à cette importante menace qui barrait la route au groupe tout entier. Frappant simultanément ou presque, l'eau et la foudre ont été un mélange particulièrement efficace contre la chimère qui avait baissé sa garde dans sa course effrénée entre les autels, pensant à tort qu'elle avait réussi à semer les deux magiciennes. Autant dire que pour Dante, chargé de délivrer le coup de grâce, ce fut une simple formalité et sa lame trancha la chair de la créature avec une violence inouïe à en réveiller les cieux et les Dieux du royaume intangible. A présent, le corps inanimé de la chimère gît au centre d'un large cratère creusé dans le sol et entaché par une importante quantité de sang et de viscères venant témoigner de l'œuvre macabre du bourreau solitaire. S'il survit à cette épreuve, Dante pourra certainement se vanter d'avoir abattu une créature mythique en ajoutant une ligne au sommet de son tableau de chasse. Pour l'heure, la mission est encore loin d'être terminée et après ce déchainement de puissance, même Dante commence à accuser le coup et sa respiration haletante n'est qu'un symptôme parmi tant d'autres de la fatigue qui le gagne.

Plus important encore, l'Oni doit lutter contre les pensées intrusives de l'Arbre-Monde. Dans le feu de l'action et concentré sur la première tâche que le groupe lui a confiée, Dante ne s'était pas vraiment rendu compte d'à quel point l'atmosphère pèse sur ses épaules. Disons plutôt qu'il ignorait volontairement les émanations corruptrices de la sainte relique de Benedictus pour se focaliser pleinement sur sa mission. Il ne peut plus ignorer l'énergie vorace et malfaisante qui tente inlassablement de se frayer un chemin dans son esprit, lui faisant lentement mais sûrement perdre pied avec l'essentiel. Dante n'a pas le droit de flancher, la faiblesse ne fait pas partie de son vocabulaire et surtout son équipe a encore besoin de lui. Il n'a pas le droit de se plaindre car d'autres se sacrifient pour la cause et souffrent bien plus que lui. C'est donc avec une détermination retrouvée que l'Oni se redresse en extirpant sa carcasse du cratère encore fumant, tombeau de la chimère. C'est à ce moment-là qu'il y eut un cri de détresse, une voix venait de l'appeler par son nom et si dans un premier temps il suspectait une hallucination de l'Arbre-Monde, le doute s'est estompé au moment où son regard s'est posé sur la silhouette de Neve qui fuyait quelque chose. Mais de quoi a-t-elle peur exactement ?

Le chevalier errant trouve la réponse par lui-même en remarquant la présence d'un oiseau majestueux aux reflets bleutés dans le sillage de la Fae. Malgré la beauté de l'animal, Dante fit rapidement le lien avec ce qu'un des adeptes de la Confrérie leur avait révélé au sujet des autels. La chimère n'était pas la seule menace qui pourrait se mettre en travers de leur chemin et ils en ont maintenant la confirmation. L'Oni se mit donc à courir le plus vite possible pour rejoindre Neve en constatant au passage, son état déplorable. Le phénix ne l'a pas laissé indemne et il remarque également ses nombreuses marques de brûlures sur la peau. Neve a enduré les pires sévices sans jamais se plaindre ni faillir à sa tâche, elle est un symbole de courage et d'abnégation pour lui mais aussi pour le reste de l'équipe, ainsi qu'une source de motivation supplémentaire.

« Tu es sûre que ça va ? Ne t'excuses pas, tu fais exactement ce qu'il faut. »

Malheureusement, les complaintes devront attendre. Dante reporte déjà toute son attention sur la créature à abattre. Décidément, c'est son jour de chance et les Dieux lui offrent une nouvelle opportunité d'agrandir encore un peu plus son tableau de chasse. Ce n'est pas tous les jours qu'on croise des bêtes aussi rares, encore moins qu'on puisse les tuer. Le guerrier dépose délicatement la paume de sa main sur la tête de Neve, se voulant rassurant pour la Fae paniquée.

« Tu as raison, continue comme ça. Je m'occupe de faire le ménage. »

Pas de repos pour les braves. Pendant que Neve s'occupe de l'autel, Dante s'éloigne de la Fae et s'avance de quelques pas en direction du phénix et décide curieusement de s'arrêter sur place. L'Oni vient se saisir fermement avec ses dix doigts du manche de l'espadon noir qu'il lève horizontalement au-dessus de sa tête dans une posture qui laisse largement entrevoir ses intentions. En réalité, s'il marque une pause, c'est pour vider son esprit en essayant de faire taire les voix de l'Arbre-Monde afin de pleinement se focaliser sur son geste car l'erreur n'est pas permise en cet instant crucial. Dante se mit soudainement à contracter tous ses muscles sous l'impulsion de la potion qui semble toujours faire effet sur son organisme et l'Oni déclenche une puissante frappe face à lui. Quelle idée de frapper dans le vide, à croire que Dante n'a plus toute sa tête. Pourtant, son geste est parfaitement calculé et la trajectoire suffisamment ajustée pour provoquer une violente onde de choc qui balaye absolument tout sur son passage jusqu'à percuter le phénix de plein fouet. Du moins, il l'espère. C'est le plan.

Cette fois, le contre-coup est violent pour le corps de Dante dont les capacités s'étaient considérablement et temporairement décuplées sous l'effet de la potion qui commence soudainement à s'atténuer. Il lui est difficile de décrire ce qu'il ressent à ce moment précis mais certainement quelque chose qui s'apparente à une fatigue extrême et brutale mais également une sensation de manque assez étrange. Se sentir tout-puissant, presque invincible, est absolument grisant et addictif mais aussi contre-nature d'une certaine manière. Dante pose sa main droite sur son torse, au niveau de son cœur qui bat anormalement vite. Sans même attendre que la fumée et la poussière causées par son onde de choc ne retombent sur le sol, Dante pivote sur ses talons pour se diriger immédiatement vers un autre autel. Guettant l'arrivée imminente de Myriem qui semble tituber sur le chemin sans en comprendre la raison. Une chose est sûre, ils touchent au but et ce n'est pas le moment de baisser les bras.

CENDRES

Mer 1 Nov 2023 - 18:06

L’épée de foudre trône dans les airs alors que la pointe de sa lame se tourne, lentement mais sûrement, vers la poitrine de la chimère. Neera compte blesser le plus possible la créature pour que, si son coup ne parvient pas à la tuer directement, cela crée au moins une hémorragie létale qui puisse à terme saper les forces de la bête mythique. Du coin de l’œil, la belle aperçoit Myriem lancer un serpent d’eau, gracieux, vif, et agile, qui se dirige également vers leur adversaire du jour. C’est ce qui décide la demi-titan à faire tomber sa création électrique sans plus tarder et, effectivement, la Tornade réussit correctement à embrocher le monstre qui leur donne tellement de fil de retordre. Bien sûr, la douleur le fait hurler, car la lame pénètre dans sa chair, tranche ses muscles et certainement ses organes. D’une torsion de la main, Neera fait pire, et force la lame à se retourner à l’intérieur de son corps. A présent, la bête ne pourra pas s’en sortir, tant elle a des dégâts internes. D’ailleurs tiraillée par la souffrance, la bête titube et ne voie pas venir le serpent de Myriem, qui l’enlace dans une étreinte glaciale autour du cou, et vient mordre sa nuque. Impossible pour la chimère, déjà affaiblie, de repousser cette créature créée par la magie et quand même le voudrait-elle que Dante vient lui donner le coup de grâce. En d’autres circonstances, le trio aurait pu célébrer leur travail d’équipe et leur persévérance face à cette créature unique, mais ils n’ont pas encore l’occasion de se reposer. La proximité avec l’Arbre-Monde les perturbe tous et, soyons honnêtes, ils ont aussi donné beaucoup de leur force pour mettre à mort la chimère. Mais le plus dur autel est activé. C’est le principal… N’est-ce pas ?

Laissant dériver son regard sur ce qui l’entoure, la Républicaine reprend son souffle et essaie de se concentrer. Il y a des murmures autour d’elle. Beaucoup trop pour que ce soit normal. Elle doit les ignorer, même quand elle a l’impression que des âmes amies l’interpellent. N’est-ce pas la voix de Gabriel qu’elle vient d’entendre à l’instant ? Ou même la voix d’Eloïse, qui lui demande pourquoi elle a suivi cette vieille amie des Storm ? Pourquoi elle a laissé Magic un temps alors que la Dame est absente ? Neera grince des dents, ferme un instant les yeux pour se reprendre, essaie de fermer péniblement son esprit à ces pensées insidieuses. Non. Stop. Concentre-toi. Il y a encore beaucoup à faire… Et une des missions qu’elle doit réussir, c’est l’activation d’un autel. Celui qui prend des souvenirs de manière irrémédiable. Pensive, l’enseignante caresse de la main la pierre froide qui attend son offrande. Certains penseraient qu’il est facile de sacrifier des pans de sa mémoire, mais voilà : il faut offrir ce qui nous tient le plus à cœur et prendre la décision de l’abandonner pour toujours.

Les souvenirs les plus anciens sont toujours les plus précieux. Neera est une immortelle et elle le sait bien. D’abord parce que cela rappelle des personnes qu’on a aimées et chéries, des personnes qui, sauf exception, ne sont plus de ce monde. Ensuite, les brides qui ont su résister au temps sont toujours des moments particuliers, soit qu’il s’agisse d’un instant joyeux, soit qu’il s’agisse d’une consécration, d’un objectif atteint, d’un paysage, d’une rencontre qui nous ont marquée à jamais. Alors oui, si la diviniste veut sacrifier des souvenirs qui lui sont chers, il faut qu’elle retourne loin, très loin dans son passé, car ce qu’elle a gardé dans son cœur, c’est les quelques mémoires qu’elle ne veut pas effacer. L’espace d’un instant, la sang-mêlée envisage bien de sacrifier les moments heureux avec ses parents. De toute façon, si elle est encore vouée à vivre quelques siècles, ne risque-t-elle pas de voir leurs visages familiaux s’effacer de plus en plus ? Offrir ses mémoires est tout simplement avancer l’inéluctable… Mais la magie de l’autel pourrait peut-être deviner le raisonnement de la Républicaine et refuser de facto son marché. Alors avec un pincement des lèvres, Neera oriente son attention sur des souvenirs qui lui sont tout aussi irremplaçables : ses premiers souvenirs à Magic. Son parcours en tant qu’étudiante, sa joie lorsqu’elle a terminé deux cursus, lorsque la Dame a accepté de la prendre sous son aile pendant sept ans, aussi, afin qu’elle devienne professeure de l’Académie. Et puis, il y eut cet instant où elle a véritablement été nommée, où elle a définitivement trouvé sa place en ces murs. L’instant où elle ne fut plus étudiante, juste professeure. Neera se souvient encore de cette euphorie qui l’avait parcourue, après presque un demi-siècle d’existence. Ca avait été sa première grosse réalisation personnelle. Et ce serait ceci qu’elle offrirait à l’autel.

Réagissant vraisemblablement à sa décision, l’autel s’illumine légèrement et par une magie qui n’est pas de ce monde, Neera voit se déliter son souvenir, comme un puzzle qu’on vient éclater en mille morceaux avant de le supprimer entièrement. Etrangement, tout se fait très rapidement, et quand la table en pierre redevient terne, l'élémentaliste, qui sait ce qu’elle a sacrifié intellectuellement, n’arrive pourtant plus à remettre la main sur ce fameux jour où elle est véritablement devenue enseignante. Elle n’arrive plus à se rappeler de son euphorie, ni des vêtements qu’elle a porté, encore moins de la façon dont ça s’est produit. Il y a juste un… vide en elle, et connaissant l’importance qu’elle accorde à sa profession, cela lui laisse un goût amer en bouche. Mais Neera ne se permet pas de rester immobile, à philosopher sur ce qu’elle a perdu. Ses compagnons aussi vivent des épreuves, bien plus terribles qu’elle, actuellement. Le hurlement de douleur de Myriem la fait encore blêmir, et c’est sur ces entrefaites qu’elle commence à se déplacer vers le second autel qu’elle doit activer. Il n’est pas très loin, elle doit juste passer à côté de… à côté d’un cadavre. Tout va bien. Mégère n’a pas le temps de voir la grimace affichée de la magicienne, encore moins du haut le cœur qui l’habite. La vieille Fae est déjà en route vers un autre autel, et c’est avec toute la force de sa volonté que la pédagogue en fait autant. Mais bordel, le Culte n’aurait pas pu capturer un animal en prévision de ce moment-là ? Qui se moque de la vie d’un lapin par rapport à une vie humaine, bon sang de bois ?

Enfin, là voilà enfin à destination, et cette fois, Neera active l’autel sans hésitation. Elle doit donner sa magie pour procéder à son éveil, mais bien qu’elle ait déjà généré deux sorts très puissants, la semi-titanide sait qu’il lui reste encore des réserves tout à fait raisonnables. Son énergie est donc aspirée et Neera profite de ce transfert pour laisser son regard dévier sur la salle. Mégère est derrière elle et pour le moment, elle a l’air de s’en sortir. Neve… Neve a couru vers un autel et Dante semble s’être occupé d’un oiseau élémentaire – splendide au demeurant, mais beaucoup trop agressif pour pouvoir le laisser en vie. Enfin, Myriem progresse d’un pas chancelant vers l’un des autels. Ils avancent. Ils progressent. Mais est-ce que ce sera suffisant ?

Se détachant de l’autel sur lequel elle s’appuyait, Neera reprend sa marche et s’arrête près d’une table qui semble générer des maladies. Ce ne sera pas à elle de l’activer – c’est de la folie que de permettre à une demi-titan surpuissante de devenir cannibale – mais la belle s’est ainsi déjà rapprochée des autres autels en bas de la salle. Dans quelques instants, ils auront fini cette entreprise totalement folle.

Mar 7 Nov 2023 - 7:19

TOUR 4 – Groupe 1

* Notez bien qu’une partie de la résolution MJ s’est faite sur discord via groupe de discussion privé. Ce post ne représente donc que la section narrative. Cependant, à la fin de l’event, les différents documents de modération seront rendus disponibles au public.

NEVE – Vision
En activant l'autel dédié à l'Avarice, Neve fut submergée par une vision étrangement claire et perturbante. Elle se retrouva au sein d’une ville située en République, non loin de portes massives qui se dressaient comme des sentinelles silencieuses devant une poignée de survivants épuisés de Shoumei. Les réfugiés, certains encore vêtus de haillons d'or et de soie, symboliques de leur ancienne noblesse, formaient une file interminable. Chacun tenait dans ses mains les dernières preuves de leur richesse passée, des objets d'art, des bijoux et parfois des bourses remplies d'or, tous prêts à les échanger contre une promesse de sécurité et un toit sous lequel dormir.

Les fonctionnaires de l’État accueillaient les rescapés en faisant des sourires mesurés, mais leurs yeux brillaient d'une lueur calculatrice…
- Bienvenue à la République, chers amis de Shoumei. Nous vous ouvrons nos portes, mais la citoyenneté a un prix, comme toutes les choses de valeur.

Puis, les échanges de richesses se réalisèrent. Les nobles, dont le désespoir avait érodé l'arrogance, signaient des contrats, abandonnant leurs trésors en échange d'un nouveau départ dans cette terre étrangère et pleine de promesses. Les moins fortunés, eux, s'engageaient à servir dans les maisons des nobles ou dans les armées de la République.
La vision de Neve se déplaça alors dans les rues de la cité où la méfiance et le ressentiment fermentaient parmi les réfugiés religieux. Ils murmuraient dans les coins sombres, leurs voix emplies de peur et d'indignation face à ce qu'ils considéraient comme une trahison de leurs croyances.
- Comment peuvent-ils accepter l'hospitalité d'une nation qui renie les dieux ? Questionna une vieille femme.
Un jeune homme, autrefois prêtre à Shoumei, répondit avec amertume :
- Ils pensent que l'or peut remplacer la foi, mais ils se trompent. L'avarice mène à la corruption de l'âme.

La République avait ouvert ses portes aux nécessiteux, mais à quel prix ? L'or peut-il réellement apaiser les blessures d'un peuple déplacé, ou ne fait-il qu'en créer de nouvelles ?

MYRIEM – Vision
Myriem a une vision de ce qui se passe dans ce post, uniquement la partie « Bénédictus, 8 Octobre de l’An 4 »
https://www.rp-cendres.com/t2822-groupe-2-poussiere-divine#24750

MÉGÈRE – Vision
L’air était saturé d’une lourdeur qui pesait sur l’esprit comme des chaînes d’adamantine. Dans l'obscurité d’une cellule impénétrable du Berceau des Anciens, Mégère, absorbée par l’autel de la Déchéance, assistait à une scène morne. Zei la Chuchoteuse, divinité déchue, sa silhouette enveloppée entre les ombres, chaînes en barre du roi entravant son essence, commença à parler. Sa voix était un fil soyeux tendu dans l’obscurité, flottant vers la vieille femme sans jamais la toucher.

- Entends-tu le murmure des chaînes ? Elles chantent une mélodie de déchéance, un hymne pour les tombés.

La puissance, la majesté, l'autorité... des mots qui ne sont plus que des échos dans le vide de ma condition actuelle. Tu vois devant toi le résultat d’une ambition indomptée, d’une soif de savoir qui a dépassé les limites du ciel.

Dans la vision, les chaînes s’agitaient légèrement, comme si elles réagissaient aux paroles de leur prisonnière. La titanide parlait de sa chute avec une résignation presque gracieuse.

- La déchéance, Mégère, est un voile qui obscurcit non seulement la vue mais aussi l'âme. Elle transforme le savoir en ignorance, la force en impuissance, la liberté en un labyrinthe sans fin.

Elle marqua une pause, et il semblait que même les pierres retenaient leur souffle.

- Que serait la lumière sans l'obscurité ? La joie sans le chagrin ? L’éclat sans la rouille ? La déchéance, elle donne de la valeur à la grandeur. Elle insuffle du désir dans l'aspiration.

La silhouette de Zei se balançait doucement, et bien qu’elle ne puisse être vue clairement, la fae pouvait sentir la puissance qui émanait encore d'elle, une puissance contenue, prête à être libérée.

- Vous qui marchez librement, qui respirez sans le poids des chaînes, contemplez votre propre reflet dans le miroir de ma captivité. Car dans chaque cœur bat le potentiel de la déchéance, dans chaque triomphe réside la semence de la chute.

Mégère pouvait sentir les paroles de la déchue se graver à l’intérieur de son esprit, révélant des vérités qu’elle avait peut-être toujours connues mais jamais pleinement acceptées.

- Cherches-tu la gloire, Mégère ? Crains-tu l’oubli ? De la plus haute montagne nait l'ombre la plus profonde. Et dans cette ombre, dans ce creux silencieux, se trouve le murmure de Zei, attendant de résonner à nouveau.

La vision commença à se dissiper, les chaînes retombèrent lourdement, et le murmure se transforma en un silence assourdissant…

Apparition d’une créature faible – Wyrmelin
L'air vibra d'énergie alors qu’une créature similaire à une anguille volante surgit dans l'aura d'anticipation qui entourait l'autel. Il s’agissait d’un wyrmelin baignant parmi les courants de mana qui se dégageaient des vestiges de la vision, semblait se nourrir de l'atmosphère saturée de magie. Sa présence n'était pas un hasard; il avait été attiré ici, au sein de cet espace intermédiaire entre les mondes, par la puissance brute qui s'échappait de l'autel activé par Mégère…

Dans un éclat soudain, le wyrmelin déploya ses ailes translucides, imprégnées des couleurs changeantes du mana qu'il consommait. Il oscilla dans l'air. Et malheureusement, cet être particulier ne portait pas la sérénité de ses pairs; ses yeux brillaient d'une lueur inquiétante, et son corps émit un bourdonnement menaçant, comme s'il était agité d’un trouble profond. Répondant à une pulsion hostile inconnue, la petite bestiole ouvrit sa gueule, révélant une lumière intense qui s'amassait dans sa gorge. Puis, avec la rapidité d'un éclair, un rayon de lumière brûlante jaillit vers l’adepte de Zei…

NEERA – Vision
#1
Lorsque la demie-titan effleura l’autel du Souvenir, une résonance ancienne s’éveilla, ébranlant le firmament de son esprit. Devant elle, une forme gigantesque, indistincte et brumeuse, pulsait d'une présence ancienne et puissante. Elle reconnut l'énergie brute de la foudre magique qui courait le long de cette silhouette, comme si des éclairs dansaient autour d'une figure paternelle, mais elle ne pouvait saisir ni visage ni forme.

La voix qui s'éleva alors fut aussi vaste que le cosmos lui-même, et elle parla directement à Neera, bien qu'elle n'en fût pas totalement consciente.

- Enfant qui danse entre le passé et l'avenir, écoute le chuchotement de l'oubli et le chant de la mémoire. C'est dans le Souvenir que se trouve la clé de ton essence. Ne cherche pas seulement à regarder en arrière, mais à comprendre ce qui te constitue. Car tous les fils du passé tissent le voile de ton présent.

La silhouette semblait se mouvoir avec la lenteur des ères géologiques, chaque geste émettant des ondes qui traversaient les siècles.

- Souviens-toi de l'éclat de ta naissance, quand les vents ont chanté pour saluer ton arrivée. Souviens-toi de l'arc de chaque jour qui passe, du zénith au crépuscule et de chaque leçon apprise sous la lumière des soleils lointains.

La figure continuait, sa voix s'enroulant autour de Neera comme une étreinte.

- Chaque instant est un joyau dans le diadème de l'éternité, chaque action une strophe dans le poème de l'existence. Ne laisse pas les souvenirs devenir des chaînes qui t'entravent, mais laisse-les être des ailes qui te portent vers des hauteurs inimaginées… Dans le cœur de tous les êtres bat un rythme unique, une musique propre. Souviens-toi de la mélodie de ton âme, Neera. Laisse-la résonner libre et claire, pour que même face à l'oubli, tu puisses te rappeler de qui tu es.

#2
Neera était spectatrice dans une salle de cours vaste et ornée, où les étudiants, vêtus de leurs robes aux couleurs de leurs disciplines respectives, se penchaient sur des grimoires antiques et manipulaient avec précaution des instruments enchantés. Au centre, sous une large coupole de cristal qui captait la lumière astrale, une professeure ressemblant étrangement à la demie-titan supervisait une expérience magique d'importance.

- Concentrez-vous, mes apprentis. Le mana est la toile sur laquelle nous peignons la réalité. Maîtrisez-le, et vous pourrez...

Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Un étudiant, dont les mains tremblaient d'excitation et de nervosité, manipulait un artefact d'apparence inoffensive, une pierre d'azurite qui était censée canaliser les énergies environnantes. Mais quelque chose tourna mal.

Le caillou commença à luire d'un éclat de plus en plus intense, émettant un bourdonnement qui monta en crescendo jusqu'à devenir insupportable. Des étincelles de mana jaillissaient, zébrant l'air de lignes de force incontrôlables. Les étudiants reculèrent, terrifiés, tandis que la maîtresse s'avançait avec détermination vers le centre de la tourmente.

- Non ! Contenez-la ! S'écria-t-elle en tendant les bras vers l'artefact devenu fou. Des cercles de runes apparurent autour de ses mains, formant un bouclier impénétrable. Néanmoins, le mana était une bête sauvage et ne demandait qu'à échapper à toute entrave. Puis, d’un fracas qui sembla fendre le monde, la pierre explosa, libérant une déferlante d’énergie pure. Une onde de choc magique balaya la salle, brisant les bancs, faisant voler parchemins et instruments, et projetant les étudiants contre les murs avec une force brutale.

Neera, dans sa vision, ressentait le souffle de l'explosion comme si elle y était vraiment. Elle pouvait quasiment y sentir le picotement des particules magiques sur sa peau.
Quand la lumière se dissipa, la salle était méconnaissable. Des cristaux de mana s'étaient formés là où les énergies avaient impacté les murs, brillant d'un éclat sinistre. Des élèves gisaient çà et là, certains inconscients, d'autres gémissant, tous couverts de la poussière des âges libérée par la violence de l'explosion.

La professeure à la chevelure blanche était à genoux, ses vêtements en lambeaux, le regard fixé sur la catastrophe qu'elle n'avait pu empêcher. Sa main tremblante cherchait à rassembler les filaments de mana encore errants, à les ramener à l'ordre, mais c'était comme tenter de saisir le vent…

APPARITION D’UNE CRÉATURE MOYENNE - RINDO
Une créature massive et terrifiante émergea de l'ombre des bois environnants. Le rindo, doté d’une peau rappelant l'écorce d'un arbre ancien et sa stature imposante, ressemblait à un fragment vivant de la forêt elle-même. Par chance, à la place d’attaquer son invocatrice, l’animal fut distrait par les illusions de Mégère se dirigea vers l'autel 12, ses narines flairant l'air, cherchant la source de ces êtres enchanteurs…

COMBAT
[Invisible - détails envoyés dans le groupe]

Récapitulatifs des personnages
[Invisible - détails envoyés dans le groupe]

FIN DU TOUR
Samedi le 11 novembre, midi

Mer 8 Nov 2023 - 17:56

Poussière divine - 4

Tout avait changé en une fraction de secondes pour moi, j'avais franchi un cap qui changerait ma vie profondément, je m'étais mutilée au nom d'un dieu que je ne vénérais pas pour ce qu'il faisait mais parce qu'il avait été créateur autrefois, n'étais-je pas folle avant même de venir en ce lieu maudit? Les effluves de corruption étaient partout autour de nous et chaque fois qu'un autel s'activait, la magie putride emplissait, l'air, s'immisçait dans nos corps, nos chairs et rongeait nos esprits affaiblis mais déterminés.

Je marchais en titubant, cherchant à ne pas perdre l'équilibre juste après avoir activé l'autel du sacrifice et c'est alors que je fixais mon oeil valide sur ma prochaine cible que je fus assaillie d'une vision. Perturbante vision au demeurant, voir un démon armé de trop nombreux yeux avait un goût amer à mon sens et je trouvais cela parfaitement ironique et pourtant... Mon esprit affaibli avait observé de manière attentive cette vision et j'avais eu une révélation des plus effrayantes.

Alors que j'atteignais l'autel de la gourmandises je hurlais à l'attention de mes compagnons.

- Nous ne sommes pas seuls, sous terre, dans les racines de l'arbre, d'autres personnes agissent en même temps que nous...

Mais je venais de voir un être démoniaque, et une lycan de ma connaissance, une race à l'opposé des titans et une seconde maudite par ses derniers, dans les vestiges de mes pensées encore un peu claires, la conclusion était simple. D'autres personnes étaient présentes mais trop lointaines pour que je les reconnaisse.

- Ils œuvrent contre les divins !

Cruel verdict et alors que je venais de l'avouer à haute voix pour en informer mes compagnons tout en touchant l'autel devant moi je sentis affluer de nouveau des pensées sombres et désordonnées. Le chaos emplissait mon esprit et m'empêchait de songer ou réfléchir de manière claire. La corruption me donnait l'impression de s'imprégner dans mes chairs comme si cela avait été un tatouage reikois qu'on m'imposait de force, je n'y pouvais rien et je ne pouvais l'enlever, elle entrait en moi, s'inflitrait, gagnait chaque cellule de mon corps. Je me sentais sale et souillée et la voix de Kirig me raillait de plus en plus fort, il était là, mielleux, obséquieux puis virulent et m'écrasait littéralement, moi qui pensait en avoir fini de mon démon aux yeux bleu glacier je me trompais lourdement, dès qu'une faille s'ouvrait en moi il s'immisçait, se glissait, et j'avais presque la nausée.

Mes deux mains posées sur l'autel j'inspirais avant d'ouvrir ma besace pour en extraire des mignardises appétissantes. Colorées, odorantes, elles furent un instant de paix pour mon âme déchirée, les gâteaux de Mégère, présents pour les titans, étaient sucrées, pleines de miel et je les offris à l'autel qui sembla déglutir et saliver de plaisir, étaient-ce des bruits réels ou les fruits de mon imagination fébrile? Je n'en savais plus rien du tout, j'étais perdue. J'aurais du bouger et rejoindre Dante directement mais j'en étais incapable, j'avais besoin de me recentrer un instant, de chasser les voix qui emplissaient mon esprit, maintenant j'entendais les horreurs de Kirig qui se réjouissait de la suite et m'incitait à me montrer entreprenante et audacieuse, je devais surprendre Dante, le prendre au dépourvu, j'eus l'impression de sentir ses griffes se planter dans mes reins et je suffoquais, repoussant ce souvenir pour bouger enfin.

J'avançais aussi vite que ma vision me le permettait, je souffrais, mais je n'avais pas le temps de me soigner, ni l'énergie de le faire, en serai-je seulement capable? J'arrivais enfin aux côtés de mon ami, Dante, mon roc ces derniers mois, toujours présent quand j'en avais eu besoin. Je n'avais pas été en mesure de relever mon visage vers lui, mon opulente chevelure noire mêchée de blanc, souvenir de notre excursion sous Mael, pendait lamentablement de chaque côté de mon visage, c'était une protection futile mais primordiale.

Alors qu'il venait de poser sa main pour activer l'autel, je m'accrochais à lui, comme une désespérée en un sens mais aussi pour chercher une contenance que mon esprit malade n'avait pas la force de m'offrir, j'espérais peut-être puiser en lui un peu de force et de courage, nous étions loin d'avoir fini. Mes bras l'enserraient avec toute la maigre force que je possédais, face à lui c'était ridicule. Je ne pouvais cependant pas restée ainsi, alors dans un ultime sursaut de volonté je bougeais mes bras pour quitter son torse et venir m'accrocher à son cou, il était grand, plus grand que moi, beaucoup plus grand... Un instant de nouveau je fus assailli par une vision d'un grand Drakyn que je renvoyais croupir au Reike, loin dans les méandres de ma tête.

J'étais sur la pointe des pieds et mes mains accrochées à son cou, collée à lui je relevais finalement la tête. Mes cheveux étaient épars devant mon visage, cachant la cavité vide de mon oeil absent alors que le second, brillait intensément, j'avais arrêté de pleurer, il n'était plus temps pour cela.

- Je suis ici parce que je le veux !

J'attendais qu'il se baisse un peu vers moi, je ne pouvais l'embrasser sans cela, et les dieux savaient qu'en cet instant j'avais besoin de sentir sa chaleur, de sentir ses lèvres contre les miennes, l'embrasser réellement et pas un chaste baiser, je voulais me sentir vivante, et repousser la noirceur de ce lieu et ces instants maudits avant que la folie ne me fasse sombrer et que la douleur ne me submerge à tel point que je ne puisse plus réagir correctement.

Ensuite je pourrais me concentrer de nouveau, lutter contre la corruption, bientôt nous en aurons terminé avec tout cela, bientôt.

CENDRES

Jeu 9 Nov 2023 - 10:29

Poussière divine

Feat. Dante, Neve, Myriem, Neera

Mégère avait eu l’immense privilège de voir un titan au travers des visions provoquées par l’activation des autels, et avait recueilli des informations capitales par le même biais. Oui, certaines visions s’étaient révélées inintéressantes pour la grand-mère, mais après tout, les énergies obscures de l’Arbre-Monde tentaient depuis le début de s’infiltrer dans son esprit et l’embrouiller avec des images sans intérêt. La Fae était donc persuadée que ce qu’elle veniat de voir n’était pas une simple vision, oh non ! Ce n’était rien de moins … QUE LA GLOIRE LA PLUS ABSOLUE ! LA BEAUTÉ LA PLUS PURE ! LE SAVOIR LE PLUS COMPLET ! LA MAJESTE LA PLUS SUPRÊME ! LA CHUCHOTEUSE EN CHAIR ET EN OS ! LOUÉS SOIENT SES MURMURES ! BÉNIES SOIENT SES MACHINATIONS ! GLOIRE A ZEI !

Encore sous le choc des images qui venaient de quitter son esprit, Mégère s’était arrêtée de hurler. Sa bouche arrondie formait un O, ses yeux étaient complètement révulsés, comme si son cerveau avait été débordé par une avalanche d’informations, incapable d’assurer ses autres fonctions tant qu’il n’aurait pas traité ce trop-plein. En pleine transe, l’agente des Titans ne se rendit même pas compte de l’apparition du wyrmelin, ni de son hostilité soudaine, et encore moins du rayon lumineux chargé d’énergie qui fusa vers la grand-mère …

HA ! Mais qu’est-ce que cela pouvait-il bien faire à une acolyte venant de recevoir un message de sa déité ? Un pathétique lézard volant avait-il le pouvoir de stopper le retour d’un Titan ? BIEN SUR QUE NON ! Un arbre pourri et ses balbutiements de nouveau-né était-il en mesure de stopper une fidèle et sa foi véritable ? BIEN SUR QUE NON ! Mégère se releva, sa transe fanatique la rendant complètement aveugle à la douleur dans sa jambe et autour de la zone touchée par l’attaque du wyrmelin, et se mit à marcher avec difficulté vers le dernier autel qu’elle devait activer. Difficile de marche à cause de la douleur ? Quelle douleur ? Mégère ne ressentait que de l’extase ! Une cascade de bonheur, intarissable, tellement puissante qu’elle ne pouvait pas marcher droit ! Oui, il fallait que tout le monde sache, que le Sekai entier partage ce sentiment :

« JE TE VOIS, TITANIDE ! JE VOIS TON CORPS INJUSTEMENT EMPRISONNÉ ! JE RESSENS TA PUISSANCE A TRAVERS LES CHAINES ! »

Encore quelques pas …

« CONFÈRE NOUS TA FORCE, ZEI ! BÉNIS CE RITUEL DE TES MURMURES DIVINS ! »

Encore un peu …

« SOIS TEMOIN DE LA RENAISSANCE DU FORGERON ! LE FAISEUR DE MONDE ! LE BRISEUR DE CHAINES !

Un dernier effort …

« ENSEMBLE, NOUS DÉTRUIRONS LE BERCEAU ! ENSEMBLE, NOUS EMPRUNTERONS LE PORTAIL VERS LE ROYAUME DIVIN ! ENSEMBLE, NOUS LAISSERONS DERRIERE NOUS LES RUINES DU SEKAI ! »

Mégère était arrivé à sa destination. Sa voix s’éraillait tellement que l’on pouvait se demander par quel miracle ses cordes vocales pouvaient encore fonctionner. La Fae fit une pause silencieuse, un instant presque solennel durant lequel elle semblait se concentrer, puis elle abattit sa main sur la stèle tout en concluant son discours d’une voix tonitruante, alors que les flammes de bougies rugissaient violemment en réponse à sa déclaration :

« SOYEZ TÉMOINS ! »

CENDRES

Ven 10 Nov 2023 - 5:35

Poussière divine

« Ils pensent que l’or peut remplacer la foi, mais ils se trompent.
L’avarice mène à la corruption de l’âme. »

Neve tremblait, son frêle corps inerte gisant à bout portant sur le dernier autel qu’on lui confia. La sainte mission touchait à sa fin. Forte de sa foi, la jeune religieuse avait su se frayer un chemin dans le chaos. Un à un, la fidèle activa les trois crédences de la sépulture de Kazgoth, afin de nourrir les espoirs de résurrection du Forgeron. La quête ne fut pas chose aisée. À bien des reprises, la fae songea à sa perte et à celles de ses coéquipiers. Mais malgré l’adversité, ils étaient parvenus à mener à bien cette divine comédie. Finalement, Myriem finit par déposer les friandises, offrande au colosse. Et Mégère s’était résolue à abandonner le peu de lucidité qui l’habitait. L’intrigue arrivait donc à son terme avec un dénouement fulgurant. À présent, son Dieu n’était qu’à un ultime baiser de renaître. « Soyez témoin ! »– s’écrit une voix. Impossible pour la diviniste de distinguer sa provenance. Aucun de ses membres ne répondait à cet appel victorieux. Oh, elle souhaitait tant être témoins de leur réussite pourtant. Observer un véritable Titan de ses propres yeux, quitte à s’en brûler la rétine. Cependant, ses paupières ne se soulevèrent pas. Avait-elle atteint la fin de son voyage ? Ses blessures resteront ouvertes cette fois-ci. La nonne le savait. Toutefois, c’est à l’esprit que le coup fatal fut porté. L’Arbre-Monde, comme pour réclamer un sacrifice, réussi à planter en Neve sa graine délétère, poussant la demoiselle à la folie. Elle perdait la raison et pouvait entendre siffler à travers ses oreilles le cri de douleur de ses parents, emportés des années auparavant dans un incendie, non loin d’ici.

Bénédictus était un tombeau. Celui de son père et de sa mère, et de toutes les victimes de la guerre. Le tumulus de Kazgoth. Le mausolée de la foi Shouemeienne.

Mais ce n’était pas le sien. La vie, dans toute l’ironie dont elle était capable, avait refusé d’abandonner Neve au soulagement de la mort et se vit envoyer une douce chaleur qui tira la religieuse du trépas. Aussitôt, lorsqu’elle rouvrit difficilement ses yeux, elle l’aperçu. Une étrange créature, tout feu tout flamme. Une combustion bleuté, errant sur la poitrine de la demoiselle. Un feu-follet.

Neve sourit.

– Salut toi.

Sa voix était faible et le goût du sang imbibait sa langue. Puis elle sentit la douleur de ses brûlures. Ainsi que la blessure de l’oiseau aquatique. Néanmoins, cette algie fut la preuve que Neve demeurait vivante. Et dans quelques instants, ses pieds fouleront un nouveau monde pour Shoumei. Pour le Sekai entier. Face à une telle pensée, la religieuse ne put retenir un rire si authentique qu’elle se pensa définitivement folle. Aussitôt, elle agrippa la créature entre la pomme de sa main et se releva maladroitement. Il était grand temps d’achever en beauté ce tableau. Cinq élues, bravant la mort, au nom du divin.

Rapidement, la croyante aperçut le Wyrmelin, puis le Rindo. Deux créatures s’étaient ajoutées aux précédentes, tentant vainement d’empêcher le destin d’avoir lieu. Peu importe, Neve improvisa. Elle, qui avait suivi à la lettre chaque indication qui lui fut transmis jusqu’à présent, s’autorisa à choisir la suite de l’opération. Rien ne devait interférer avec l’activation du dernier Autel. Elle défendrait Dante et Myriem, Mégère et Neera, quoi qu’il advienne.

– Entre en scène mon ami. Souffla-t-elle au feu-follet.

Le fumerole s’envola aux commandes de la fae. Son petit corps ardent vint s’abattre sur le Wyrmelin, projetant des étincelles d’azur à proximité. Sans le moindre doute, l’anguille ne fera pas long feu, et ce, grâce à l’aide du nouvelle ami enflammé de Neve.

Cette fois-ci, la demoiselle se tournait vers la seconde bête. Plus coriace, il demandera un pouvoir conséquent pour en venir à bout efficacement. Bien sûr, Neve pouvait compter sur l’enseignante de Magic afin de joindre leurs pouvoirs dans une déflagration fatale. Les éclairs de Neera avaient eu raison de la chimère et ils auront raison du rhinocéros végétal. Le dernier acte avait débuté, la conclusion sera belle, elle sera brûlante.

– À mon tour.

Neve s’enquit de son bâton de rituel sacré, relique de son couvent. Elle le fit virevolter au vent et la braise qui s’en dégagea forma des papillons de feu éclairant le lieu d’une ferveur empyrée. Bientôt, les insectes vinrent s’échouer dans une envolée semblable à un ange se donnant la mort. Une véritable boule de feu se composa sous l’œil impuissant de l'animal déjà confus par les illusions de Mégère. La religieuse brisa son geste. Et dans une violente combustion, l’essaim s’écrasa sur le monstre.

– À toi de l’achever Neera ! S’écria Neve, chancelante.

Sa tête tournait terriblement. Neve avait puisé dans ses derniers retranchements et se trouvait définitivement anéantie par la fatigue. La nonne opéra une focalisation finale afin de se préserver d’une mort certaine, puis la suite des événements devinrent flous. Est-ce que Neera avait parvenu à tuer la créature ? Neve l’espérait. Et Mégère ? Avait-elle survécu ? Même folle et cannibale, la vieille dame méritait qu’on s’inquiète pour elle. Quant à Myriem et Dante, avaient-ils finalement échanger ce baiser ? Neve aurait bien voulu voir ça. Mais pour le moment, elle souffla.

C’était fini.
Le pire était derrière eux.
Du moins, elle voulut le croire.
CENDRES

Ven 10 Nov 2023 - 18:28

Poussière divine

Ils touchaient enfin au but, après tous ces efforts pour surmonter les défis absurdes des autels, étapes primordiales pour le bon déroulement du rituel salvateur. Triompher de toutes ces épreuves n'a pas été de tout repos, tous les membres de l'équipe ont dû faire preuve d'un dévouement absolu envers ses coéquipiers dans cette quête sacrée pour la préservation de l'Arbre-Monde. Exténués, blessés et fragilisés, les effets néfastes de la relique corrompue garderont longtemps de très lourdes séquelles sur les héros qui ont sacrifié une partie de leurs âmes pour mener à bien leur mission car celle-ci est de la plus haute importance. Le sort du Sekai tout entier est en jeu, l'échec n'est pas une option. Alors que les débris et la poussière retombent lentement sur le champ de bataille, la dernière onde de choc de l'Oni semble avoir réglé le cas très préoccupant du sublime phénix qui venait d'apparaître en prenant Neve pour cible. Visiblement, Dante n'a pas du tout apprécié qu'on s'en prenne à l'une de ses amies.

Pas besoin de tergiverser plus longtemps, il s'est occupé convenablement du problème. Il pensait qu'il n'y en aurait plus d'autres, il se trompait. De l'autre côté de, à l'opposé de sa position, deux nouveaux défis venaient de faire leur apparition. Dante hésite un moment à venir en aide à son équipe, c'est ce que lui dictait sa raison et son sens du devoir envers ses coéquipières. Finalement, Dante n'en fit rien, jugeant que cela aurait été contre productif car sa prochaine tâche est déjà toute désignée. Les autels restent la priorité du groupe et Dante doit s'occuper d'activer l'un des derniers pour enfin mettre un terme à toute cette folie. De plus, il connaît assez bien Neve pour savoir de quoi elle est véritablement capable derrière ses airs de religieuse aux grands cœurs. Neera aussi a prouvé que ses capacités dépassent l'entendement. Dante doit leur faire confiance, elles sauront parfaitement gérer la situation. Il y a une brève accalmie dont Dante se sert pour focaliser son esprit sur l'essentiel et tenter à nouveau de faire taire les voix et les murmures qui sont de plus en plus nombreux à vouloir se faufiler dans son esprit. Hors de question de flancher si près du but, le chevalier errant secoue la tête et pose ses deux mains sur l'autel pour amorcer son activation alors que la baronne enlace ses deux bras autour de sa taille.

Il dépose ses deux yeux sombres sur la silhouette d'une Myriem sanglotante, meurtrie et passablement décoiffée même si c'est certainement le dernier de ses soucis en ce moment. Ses longs cheveux bruns cachant une grande partie de son visage comme si elle cherchait à se cacher. Evidemment, il comprend parfaitement que quelque chose ne va pas, tournant immédiatement les talons pour faire face à son amie en enlaçant ses bras autour d'elle de manière réconfortante.

« Montre-moi. » Intime-t-il, sans vraiment lui laisser le choix.

Il dépose doucement le bout de ses doigts sur la joue de Myriem, dans une caresse un peu maladroite mais bienveillante. Du dos de sa main, il vient lentement dégager le visage de la jeune femme en écartant les cheveux qui tentaient tant bien que mal de camoufler l'horrifiante vérité qui se trouvait derrière. Submergé par le chagrin et la tristesse en voyant son amie dans un état aussi déplorable, n'ayant même pas pris le temps de faire cesser la douleur et de cicatriser la plaie. Constatant avec amertume toute la détresse qui pouvait se lire dans le dernier œil valide de Myriem, cet acte barbare mais nécessaire qu'elle a dû s'infliger pour le bien de cette quête. Était-ce véritablement nécessaire ? Pourquoi font-ils tout ça ? Est-ce qu'il n'y avait pas d'autres solutions ? Non, ce n'est pas le moment de douter de leur foi et de leur conviction. Ils œuvrent pour une cause bien trop importante pour se permettre de douter au moment le plus crucial. Myriem venait de prouver sa détermination en remplissant sa part du contrat. Dante devait se montrer digne, lui aussi.

Son coeur manqua un battement lorsque la jeune femme se fit soudainement plus entreprenante avec lui, croisant ses bras autour de son cou et se mettant sur la pointe des pieds. Dante en avait presque oublié la véritable raison de leur présence ici. Ils avaient encore une chose à faire, une dernière étape à surmonter ensemble. Une simple mission, un acte nécessaire pour en finir une bonne fois pour toute avec cette ville maudite. Pourtant, en cet instant bien précis où il plongea son regard dans l'œil ardent de désir de Myriem, Dante se mit à ressentir quelque chose d'autre. Pendant un instant, il se surprend à contempler le visage de la magicienne comme s'il la redécouvrait sous un nouveau jour, tout bonnement incapable de décrocher le regard ne serait-ce qu'une seconde. Une nouvelle facette de cette femme qui lui semblait tellement captivante, séduisante et attirante. Du moins, encore plus qu'à l'accoutumé. Myriem a-t-elle toujours été aussi belle ? C'est pourtant évident. La véritable question étant : comment a-t-il fait pour ne pas le remarquer plus tôt ?

Instinctivement, il se mit à plier légèrement les genoux et à se pencher en avant pour réduire la distance et approcher son visage du sien. Cette vague d'émotion qui le gagne est-elle un effet secondaire de l'autel qu'il vient d'activer ou est-ce quelque chose de bien réel qu'il a toujours eu au fond de lui, depuis tout ce temps ? Dante n'en a absolument aucune idée. La seule chose dont il est sûr, c'est qu'il en a terriblement envie alors que leurs lèvres se touchent et s'entrelacent pour la première fois. Resserrant sa prise autour d'elle, une main vient lentement glisser le long de son dos en la rapprochant encore un peu plus de lui si tant est que c'est possible, tandis que son autre main vient flatter le cou et la nuque de la Maëlienne, caressant affectueusement sa joue du bout de son pouce. De ce baiser se dégage une sincérité indéniable, un désir à assouvir mais également une passion dévorante qui ne saurait être réfrénée. Oubliant tout ce qui les entourent pendant quelques secondes coupées du monde, simplement transporter par l'extase et le bonheur éphémère d'un échange fiévreux qu'il prolonge plus que nécessaire et qui arrive déjà à son terme.

CENDRES

Ven 10 Nov 2023 - 23:53

Lorsque Neera effleure l’autel du souvenir, le monde autour d’elle s’évanouit. La magicienne croit bien voir des étincelles électriques surgir de l’autel, mais peut-être est-ce là les émanations de l’Arbre-Monde qui commencent à prendre le pas sur sa lucidité. De toute façon, une masse bien plus imposante n’attire son regard et bien vite, la jeune femme se fige. Elle écarquille les yeux, entrouvre la bouche alors qu’elle reconnaît l’énergie magique qui lui fait face. C’est étrange, elle la voit pour la première fois, et pourtant elle lui paraît familière. Comme si elle la connaissait depuis longtemps – depuis toujours, presque – sans pour autant réussir à mettre un visage sur cette forme gigantesque et floue qui s’étend au loin. La voix profonde et insaisissable du Titan lui parvient néanmoins parfaitement, et la diviniste tressaille en l’entendant. Mi-interdite, mi sur la défensive, elle en a totalement oublié le but de sa mission : elle n’arrive pas à détacher son regard de cette figure imposante, et c’est avec une mine abasourdie qu’elle l’entend lui conseiller de se « souvenir » pour mettre la main sur son essence. Ce n’est pas qu’elle est contraire, mais est-ce que c’est aussi simple que cela ? A-t-elle négligé une piste de son passé qui pourrait éclairer son présent et son avenir ? Elle doit chercher à comprendre ce qui la constiue ? Mais comment ?

De multiples questions naissent spontanément dans l’esprit de Neera, sans qu’aucune ne franchisse ses lèvres, toutefois. Il serait quand même malaisant de couper la parole à un des Divins, d’autant que c’est l’un des Huit avec qui elle a toujours ressenti le plus d’affinités. Lothab est aussi celui qu’elle respecte instinctivement le plus, bien qu’elle ne soit pas particulièrement une croyante affichée qui aille dans les temples respecter le culte. Alors elle se tait et elle écoute. Elle l’entend l’enjoindre à se souvenir de sa naissance, à se rappeler la mélodie de son âme. Ce n’est pas ici qu’elle pourra le faire, pas dans ce chaos où la folie menace de les dominer et de les ensevelir, mais peut-être que quand tout se sera calmé, que quand ils auront survécu – aussi bien mentalement que physiquement – elle pourra revenir sur cette vision pour réfléchir et porter un regard neuf de ses origines.

Quand la vision s’estompe, Neera s’appuie involontairement contre l’autel, alors qu’elle a l’impression que le monde tourne d’elle. Le souffle court, le regard perdu, il lui faut un instant encore pour reprendre pied, pour se dire que tout ça n’était pas une illusion et que les paroles qu’elle a entendues étaient réelles. Mais de nouveau, une fois qu’elle s’est déplacée, elle est happée par une autre vision. Une scène un peu réconfortante, finalement. Au moins au début. Une professeure qui donne cours à ses élèves : est-ce qu’elle n’est pas dans son élément ? Tous sont appliqués, sauf cet jeune étudiant qui semble bien trop nerveux pour cet exercice de magie. D’ailleurs, bientôt, les choses dégénèrent : l’artefact d’azurite devient incontrôlable et même cette femme qui lui ressemble ne peut éviter le pire. Dans une réaction toute humaine, Neera déploie son bras pour se protéger le visage, tant le souffle de l’explosion lui semble réel. Et voilà que tout se calme, bien que la salle soit totalement dévastée. Des élèves sont inconscients, d’autres encore gémissent. Il faut les aider, c’est évident. C’est ce que la sang-mêlée aimerait dire à la pédagogue qui tente vainement de rassembler les volutes de mana autour d’elle. Tout disparaît néanmoins encore une fois, et c’est finalement les cris de Mégère qui la ramènent davantage à la réalité. Elle parle de… du Forgeron ? Du Briseur des Chaines ? Oui… Oui, c’est pour ça qu’ils sont tous là. Il lui faut pour l’heure revenir dans le présent, pas dans le passé. Etait-ce le passé d'ailleurs ? Mais non, non, Neera, ne t'attarde pas sur des pensées futiles. Tu y réfléchiras plus tard... Et tiens, n’est-ce pas un rindo qui est à dix mètres d’elle ? Totalement déboussolée, Neera le regarde un instant comme une idiote, sans chercher à se défendre. C’est les illusions de la vieille Fae qui lui sauvent finalement la mise puisque la bête se précipitent sur les images créées par la pâtissière. C’est là une opportunité unique, et du coin de l’œil, Neera a le temps de voir un feu follet allié se précipiter pour aider l’adepte de Zei. Elle entend enfin l’appel de Neve qui l’enjoint de l’achever, et d’un pas raide, qui montre que la belle n’est pas bien plus mentalement que physiquement, elle se dirige vers l’autel où elle a donné son mana. Inspirant profondément pour protéger son esprit, elle active ses précieux éléments et l’air qui se déploie autour d’elle vaut mieux que n’importe quel discours. Des disques tranchants apparaissent devant elle, et ils vont aussitôt se précipiter vers la bête de la forêt. Avec un peu de chance, leurs attaques combinées feront leurs effets. Avec un peu de chances, elles ne se rateront pas.

Et avec un peu de chances, encore, le Forgeron ressuscitera.

Mar 14 Nov 2023 - 7:30

TOUR 5 – Groupe 1

* Notez bien qu’une partie de la résolution MJ s’est faite sur discord via groupe de discussion privé. Ce post ne représente donc que la section narrative. Cependant, à la fin de l’event, les différents documents de modération seront rendus disponibles au public.

MYRIEM – Vision
Alors que Myriem activait la racine de la Gourmandise, une vision immersive et personnelle l'enveloppa. Elle se trouvait dans un espace sans limites, où le concept de temps et de lieu semblait se dissoudre. La scène devant elle était à la fois familière et étrange, un mélange de souvenirs et d'émotions enracinés profondément au creux de son âme. Une voix sombre, mystérieuse et séduisante lui parla, s'adressant directement à elle.

- Myriem… Toi qui as nourri tant d'espoirs, qui as porté le poids des tiens sur tes épaules, écoute la sagesse que le destin te révèle.

Autour d'elle, des images de son passé défilaient : le port de Maël, les visages fatigués des soldats et des réfugiés, le manoir familial réquisitionné par les reikois. Chaque scène racontait l'histoire de son dévouement, de sa lutte, de son sacrifice.

- Tu as connu la faim de justice, de paix, de reconnaissance. Ta gourmandise n'était pas celle de la chair, mais celle du cœur et de l'esprit. Tu as cherché à nourrir ton peuple, à apaiser leur douleur, à combler le vide laissé par les conflits.

La vision changea, présentant Myriem face à son médaillon qui brillait d'une lueur intense.

- Ce bijou, héritage de tes ancêtres, est le symbole de ton lien indéfectible avec ton passé et ton futur.

La Baronne de Boktor sentit la chaleur du médaillon contre sa poitrine, comme si l'objet lui-même approuvait les paroles de l'ombre.

- Ta quête future sera guidée par la lumière. Elle t'éclairera la voie dans les ténèbres, te révélant des chemins cachés et des vérités enfouies.

La scène se transforma de nouveau, montrant la jeune mère debout face à une mer agitée, symbole de son avenir incertain et turbulent.

- La gourmandise de ton être, Myriem, est celle de la vérité et de la justice. Tu es destinée à une quête qui te mènera au-delà des frontières de Shoumei, là où ton cœur et ton esprit seront mis à l'épreuve.

La voix devint plus douce, presque caressante.

- Ne crains pas de te laisser guider par ton appétit de savoir, car il est la clé de ton destin. Accepte les aides inattendues, car elles seront tes phares dans la nuit. Et souviens-toi, Myriem, que les plus grands défis nécessitent la plus grande des faims pour être surmontés.

MÉGÈRE – Vision
Une sensation glaciale s'empara de la vieille fae. Elle fut subitement transportée dans une réalité distordue, une vision où elle se vit elle-même emprisonnée entre les griffes de la folie de la goule. Elle se trouvait dans un cimetière brumeux, lieu où les sépultures, déformées et inquiétantes, semblaient s'étirer vers le ciel en d'interminables doigts osseux. La terre sous ses pieds était molle, imprégnée du parfum de la décomposition. Chaque pas qu'elle réalisait résonnait d'un écho creux, comme si elle marchait sur des coquilles vides.

Dans ce monde chaotique, la vision de Mégère se brouillait et se réajustait sans cesse, oscillant entre la réalité et l'horreur. Elle entendait des voix, des chuchotements provenant des tombes, des appels au cannibalisme qui la tentaient et la répugnaient à la fois. Son esprit se perdait désormais au sein d’un labyrinthe de pensées contradictoires, un tourbillon de désir et de dégoût.

Elle se voyait, ou plutôt, ce qu'elle était devenue dans cette vision démente – ses mains, tachées de terre et de sang, grattaient fébrilement la terre, cherchant quelque chose, quoi exactement, elle ne pouvait le dire. Ses vêtements étaient en lambeaux, sa peau pâle et ses yeux injectés de sang reflétaient une soif insatiable. Autour d'elle, des ombres chaotiques se mouvaient, des formes indistinctes qui murmuraient des incitations à commettre l'impensable. La maladie avait consumé sa raison, la laissant à la merci d'impulsions primitives et terrifiantes.

Dans un moment de lucidité horrifiée, Mégère se vit elle-même penchée sur un corps sans vie, ses mains et sa bouche maculées de sang. L'horreur de l'acte avait de quoi frapper de plein fouet, mais la maladie repoussait dans les abîmes de la folie, faisant douter entre la réalité et un cauchemar sans fin.

Puis, la scène changea brusquement, la transportant dans un asile lugubre et sombre où elle était enfermée, hurlant sa vérité à des murs qui ne répondaient point. Les médecins, des silhouettes distantes et froides, la regardaient avec pitié et dégoût, incapables de comprendre ou de guérir l'abîme dans lequel elle était tombée…

DANTE – Vision
Une vision chaotique et envoûtante enveloppa le sombre chevalier, plongeant son esprit à l’intérieur d’un tourbillon de désirs interdits et de tentations obscures. Les contours de son environnement se dissolvaient dans un brouillard de couleurs et de sons, se mêlant en un paysage onirique où la réalité perdait tout sens.

Dans cette dimension irréelle, une voix sombre et envoûtante s'éleva, comme si elle émanait des profondeurs mêmes de l'âme de Dante.

- O toi, serviteur des Titans, chercheur de la vérité perdue, écoute les murmures du désir. Disait-elle.

Près de lui, des silhouettes dansantes se dessinaient, figures éthérées et séduisantes qui évoluaient au rythme d'une musique ensorcelante.

- La luxure est un chemin pavé de roses et d'épines, une quête éternelle pour ce qui est hors de portée. Tes désirs les plus profonds sont les clés de portes inconnues.

Les images qui se déployaient devant Dante étaient d'une beauté troublante, des visions de plaisir et de pouvoir, des promesses de gloire infinie. Mais derrière chaque sourire charmeur se cachait une menace, derrière chaque caresse, un danger.

- Cherche le plaisir, mais crains la chute. Car le désir inassouvi est un feu qui consume l'âme, un abîme éternel où se perdent les audacieux.

L’humain se vit alors, debout au sommet d'une tour vertigineuse, scrutant le monde en dessous. Là, il était le maître de tout ce qu'il voyait, mais aussi l'esclave de ses propres ambitions.

- La luxure est une lame à double tranchant, une force qui élève et détruit. Dans ta quête pour les Titans, dans ton désir de restaurer Shoumei, prends garde à ne pas te perdre toi-même dans l'ivresse de la puissance.

La vision se transforma, montrant Dante face à un miroir brisé, son reflet se fragmentant en mille morceaux, chacun révélant une facette différente de sa personnalité.

- Regarde en toi, contemple les multiples visages de ton être. Dans chacun d'eux réside un désir, une aspiration, une peur. Comprends-les; ils sont les énigmes que tu dois résoudre.

GÉNÉRAL :

Lorsque le dernier des quinze autels fut activé, une tension électrique envahit l'air, palpable et oppressante. Le groupe, déjà éprouvé par la série d'épreuves qu'ils avaient surmontées, sentit l'atmosphère devenir encore plus lourde et instable, comme si les lois mêmes de la réalité commençaient à se défaire autour d'eux.

Soudain, à l’endroit où reposaient les ossements de Kazgoth, un tourbillon d'énergie noire jaillit avec une force brutale. Ce maelström chaotique semblait aspirer tout ce qui l'entourait, créant un vortex de puissance sombre et impitoyable. Les fanatiques, qui jusqu'à présent s'étaient tenus autour des os, commencèrent à crier, leurs voix se perdant dans le grondement assourdissant de l'énergie déchaînée. Un à un, ils furent happés par la vague d'énergie, leurs corps se désintégrant dans le néant, engloutis par la force qu'ils avaient eux-mêmes contribué à libérer. Leurs cris de terreur se transformèrent en échos lointains avant de s'éteindre complètement, laissant derrière eux un silence glacial.

La scène était surréaliste, presque irréelle. Les ossements du forgeron, au cœur du tourbillon, avaient l’air être la source de cette puissance incontrôlable, émettant des pulsations d'énergie noire qui vibraient dans l'air et faisaient trembler le sol sous les pieds des personnes présentes.

Quand le vortex magique se calma enfin, le temps lui-même parut se stopper, étiré jusqu'à l'infini. Au cœur de cette éternité fugace, une main sombre, étrangement tendue comme si elle jaillissait du sol, apparaissait. Son aura était dense, saturée d'une énergie noire et pesante qui émanait des profondeurs de la terre. Une voix s'éleva de la main, énigmatique et chaotique, ses mots flottant dans l'air comme des éclats de pensée inachevés. « Renaissance... Pouvoir des Titans... Ascension... » Elle était à la fois partout et nulle part, enveloppant les individus au sein d’un brouillard de mystère et de suggestion.

« Changement... Nouvel ordre... Chaos et création... » Les mots, bien que fragmentés, portaient un poids lourd de signification, évoquant des images de destruction et de renaissance, d'un monde façonné par la volonté des Titans, entités longtemps oubliées ou redoutées.

La main, avec ses doigts sombres et déformés, semblait palpiter de cette énergie obscure, pulsant au rythme des paroles énigmatiques. « Force... Domination... Inévitable... » La voix, bien qu'indistincte, était persuasive, jouant sur les peurs et les désirs les plus profonds du groupe.

« Libération... Invitez... Transcendez... » Promesse d’un pouvoir et d’une liberté aveugle, mais à un prix que seul l'esprit le plus audacieux ou le plus désespéré serait prêt à payer. « Éveil... Triomphe... Sekai transformé... » La suggestion d’un renouveau radical, un monde où les Titans régneraient en maîtres incontestés, un lieu où l'ordre actuel serait balayé pour laisser place à quelque chose de nouveau, de sauvage et de magnifique.

Malgré l'attrait hypnotique de l’entité, une part de chaque membre du groupe ressentait une appréhension profonde. Inviter cette force dans leur monde, c'était inviter l'inconnu, le chaos, peut-être même la fin de tout ce qu'ils avaient connu et aimé…

« Destin... Choix... Inévitable... »

Le choix leur appartenait désormais. La main sombre, toujours tendue vers le ciel, attendait une réponse, un signe, une invitation.

COMBAT
[Invisible - détails envoyés dans le groupe]

Récapitulatifs des personnages
[Invisible - détails envoyés dans le groupe]

FIN DU TOUR
Samedi le 18 novembre, midi

Mer 15 Nov 2023 - 14:51

Poussière divine - 5

Avant de rejoindre Dante, une vision m’avait assaillie et j’avais entendu une voix douce, chaude, chaleureuse qui m’avait parlé comme si elle me connaissait pleinement, depuis toujours, peut-être n’était-ce que de la manipulation je ne le saurais jamais mais j’avais vibré en écoutant les mots qui m’étaient destinés. Ils faisaient écho à ma vie, mon passé, mes combats de toujours et ceux de demain, ma présence ici était une opportunité de faire changer le monde, d’avancer, de progresser, j’avais exploré de nombreuses pistes et rien n’avait donné réelle satisfaction pour mes gens, pour moi et pour l’avenir de mon fils.

J’avais senti le médaillon de Wan qui pulsait, une douce chaleur irradiait et cette voix mystérieuse qui n’était pas la sienne aurait pu l’être en un sens, il m’avait toujours soutenu comme un père soutient sa fille et surtout l’espoir des mots avaient ravivé mon coeur. La petite étincelle qui brûlait dans ma poitrine et qui menaçait d’être submergée par la douleur et les événements avait trouvé autre chose pour briller un peu plus, un instant au moins.

Je savais que Dante n’avait qu’une parole, un homme d’honneur, un homme de foi aussi et mon apparence ne l’avait pas effrayé, j’avais senti une nouvelle vague monter en moi, mais j’avais retenu mes larmes quand sa main avait caressé ma joue pour soulever mes cheveux et dévoiler la mutilation que je m’étais infligée, bien sûr il suffisait de laisser ma paupière close mais cela n’avait rien de naturel. Et je n’étais pas coutumière de la douleur, pas résistante le moins du monde, j’étais comme tout un chacun et en d’autres temps j’aurais soigné mes plaies de suite mais je n’en avais ni l’énergie ni le temps ni la force mentale. Le baiser échangé avec Dante avait un goût de prémisse et donnait envie de plus, mais c’était fort probablement l’autel de la luxure qui provoque cette sensation.

Mon esprit embrumé et corrompu se maintenait à flot par magie, ma volonté demeurait intacte et malgré tout ce que nous venions de vivre et voir j’avais foi en l’avenir, je voulais que demain puisse exister mais un lendemain que je pourrais choisir, pas subir.

Le monde semblait basculer à ce moment-là, toujours aux côtés de Dante je me libérais de ses bras pour observer le vortex qui s’animait au cœur du temple, les fidèles engloutis, la corruption qui continuait de suinter de toutes parts. Était-ce notre œuvre, notre action ou ceux qui agissaient sur les racines de l’Arbre Monde? Dur de le savoir et de faire taire en même temps les voix qui emplissaient mon esprit.

J’écoutais, je voyais et je tentais en même temps de rester à flot, de garder mon esprit un peu clair pour comprendre et agir si besoin était. Une main finit par s’extraire quand le vortex se calma, sombre, d’une noirceur effrayante et avec sa venue une voix résonna et emplit les lieux de sa puissance, écrasante, étouffante et d’un autre côté elle représentait l’achèvement de notre quête. Avions nous eu raison, tord, il n’était plus temps de se poser la question, nous avions agi et nous allions devoir assumer les conséquences de nos choix et le mien me dictait de trouver, de suivre la lumière dans les ténèbres. Alors quand parlait l’entité je répondis d’une voix aussi forte que je le pouvais, c’était peu mais j’avais foi en les titans, j’étais une diviniste convaincue mais je vénérais leurs aspects créateurs, bienfaiteurs, et je voulais cela pour demain.

Alors je concentrais mon énergie, ma focalisation sur cet espoir en un demain lumineux.

- « Renaissance... Pouvoir des Titans... Ascension... »

- Nous avons ouvert la voie pour votre retour sur le Sekai

- « Changement... Nouvel ordre... Chaos et création... »

- Pour que les erreurs du passé ne soient pas reproduites, que la création

- « Force... Domination... Inévitable... »

- Soit au coeur du monde et qu’elle devienne inéluctable

-« Libération... Invitez... Transcendez... »

- Qu’elle libère les divins de leurs chaînes pour qu’ils soient priés sans peur

- « Éveil... Triomphe... Sekai transformé... »

- Le monde doit renaître, le printemps revenir et les divins changer.

- « Destin... Choix... Inévitable... »

- J’ai déjà choisi, je suis ici pour que demain existe avec vous.

Si j’avais pu avoir l’esprit assez clair pour réfléchir j’aurais su que mes mots devaient être vains et inutiles mais il fallait qu’il entende pourquoi j’avais œuvré ici, pourquoi nous l’attendions. Je n'étais qu'une petite humaine, diviniste mais qui avait foi, qui était diviniste jusqu'au bout des ongles!

CENDRES

Jeu 16 Nov 2023 - 11:36

Poussière divine

Feat. Dante, Neve, Myriem, Neera

Ils avaient réussi ! ILS AVAIENT RÉUSSI ! Oh, la dernière vision n’avait pas été agréable, sûrement un dernier effort de l’Arbre-Monde pour troubler une vraie fidèle, un futile acte de résistance pour retarder l’inévitable succès de leur entreprise ! Mégère se tenait à genoux, encore émerveillée par la puissance du maelstrom d’énergie sombre qui venait de se calmer. La grand-mère avait ressenti l’exquise malveillance de ce torrent abyssal jusque dans ses vieux os. Elle s’était délectée des cris d’agonie et de terreur poussés par les disciples happés par le tourbillon. Ils avaient bien servi les Maîtres Divins, et ceux-ci les avaient libérés de leur enveloppe mortelle pour accueillir leurs âmes dans leur Royaume ! Gloire !

Et que dire de cette main divine qui leur faisait face ? Une sensation indescriptible envahissait Mégère, la laissant sans voix. Le Forgeron lui-même s’adressait à eux, aux vrais fidèles des Titans ! Ceux qui avaient rendu possible son retour dans ce Sekai. Ses paroles divines emplissaient l’esprit de Mégère, si bien qu’elle n’avait aucun mal à se concentrer dessus, à lui donner toute l’attention dont elle était capable, et même plus !

Un monde refaçonné par les maîtres du Royaume Divin ? UN PARADIS !
Un règne incontesté des Titans balayant l’ordre actuel ? IL NE POUVAIT EN ÊTRE AUTREMENT !
Un prix à payer pour ce changement radical ? AUCUN PRIX NE SERAIT TROP ÉLEVÉ !

La main titanesque semblait attendre leur réponse. AH ! Il n’y avait qu’une seule réponse possible ! Seul un idiot oserait penser que le doute était permis, qu’un choix s’offrait à eux ! Les Titans étaient la réponse à ce Sekai pourri jusqu’à la moelle ! Le Forgeron se relèverait ! Mégère, toujours à genoux, entonna un discours avec ce qui restait de sa voix :

« LA RENAISSANCE EST A PORTÉE ! LE POUVOIR DES TITANS EST ABSOLU ! LEUR ASCENSION EST INELUCTABLE !

NOUS ACCUEILLONS LE CHANGEMENT ! NOUS EMBRASSONS LE NOUVEL ORDRE TITANIQUE ! LE SEKAI SUBIRA LE CHAOS DE LA CRÉATION !

VOTRE FORCE EST DIVINE ! VOTRE DOMINATION EST INCONTESTÉE ! VOTRE RÈGNE EST INÉVITABLE !

VOUS QUI APPORTEZ LA LIBÉRATION A CE MONDE ! VOUS QUI INVITEZ LE RENOUVEAU ! VOUS QUI TRANSCENDEZ CE PLAN DE L’EXISTENCE !

QUE LES HÉRÉTIQUES TREMBLENT DEVANT VOTRE RÉVEIL ! QUE LES FIDÈLES ACCLAMENT VOTRE TRIOMPHE ! QUE VOTRE MARQUE SUPRÊME TRASNFORME A JAMAIS LE SEKAI !

TEL EST LE DESTIN QUI NOUS ATTEND ! TEL EST LE CHOIX QUE NOUS FAISONS ! TEL EST LE FUTUR INÉVITABLE ! »

La voix de Mégère était sur le point de se casser. Ses cordes vocales avaient été poussées à bout. Son corps et son esprit avaient sérieusement souffert, mais tout cela en avait la peine. Tout cela l’avait mené à ce moment précis. La grand-mère écarta ses bras, reprenant une pose en T, et leva la tête, son regard fou dirigé vers le ciel. Non, pas vers le ciel, mais vers le Sekai tout entier ! A ce monde et ses habitants, elle n’avait qu’une chose à dire. Une simple promesse, qu’elle avait répété maintes et maintes fois durant cette nuit qui marquerait l’Histoire pour toujours :

« SOYEZ TÉMOINS ! »

CENDRES

Ven 17 Nov 2023 - 21:08

Poussière divine

La vertigineuse beauté du vortex n’avait d’égale que l’horreur de son écrasante puissance. Là, sous les yeux incrédules de la jeune fae, les adeptes de la Confrérie des flammes venaient de se faire aspirer les uns après les autres par une terrifiante magie, qui ne laissa d’eux que les échos de leurs hurlements. Aux premières loges de ce sombre coup de théâtre, Neve s'accrochait à ce qu’elle pouvait afin de ne pas connaître le même sort que les fidèles. Ses mains s'enfonçaient alors dans le sol, tandis que son cœur battait à l’unisson avec les émanations de l'obscure énergie qui imprégnait à présent le lieu. À cet instant, la prêtresse affichait une fragilité dérisoire. Et le peu de regret qui persistait à travers son for intérieur se voyait engloutir par la folie. Sa raison n’était plus. Neve semblait avoir perdu l'absolue de son innocence. Vidée du feu juvénile qui brûlait par ses veines, elle n'était plus qu’une ombre marquant les murs face à un soleil noir. Une coquille de porcelaine, une poupée de chiffon, dénuée de libre-arbitre, se laissant aveuglement guider par la fatale mélodie du rituel. Enfin, les rares moments de lucidité qui agonisaient aux tréfonds de son cerveau ne faisait que pleurer la mort d’une fillette qu’elle avait jadis été ; il y a de cela quelques heures, avant que sa vie entière ne bascule.

« Renaissance... Pouvoir des Titans... Ascension... Changement... Nouvel ordre... Chaos et création... Force... Domination... Inévitable... Libération... Invitez... Transcendez... Éveil... Triomphe... Sekai transformé... Destin... Choix... Inévitable... »

Un tourbillon de parole. Des mots lourds de sens pour certains, indescriptible pour d’autres. Cependant, tous guidaient vers cette main qui perçait la terre à l'instar d’un défunt soldat caressant de son sang un champ de bataille figé. Intemporelle. Neve avait la chance de voir ses cinq doigts de très près. De trop prêt peut-être. Elle recula légèrement, prise de peur, puis resta sans bouger, le souffle retenue, les pupilles attentives, focalisant ses forces. Mais au-delà du sentiment de terreur, c’était l’honneur qui prévalait. L’honneur d’avoir accomplie son devoir. Et dans la blancheur de son habille, elle entama une ultime prière. Pourtant seule quelques murmures ne s'échappèrent. Un accueille doux et chaleureux. Inconscient du danger que représente ce nouvel hôte.

– Il faut être fou pour refuser à son Dieu l'accès au monde qu'il a lui même engendré. Kazgoth nous t'accueillons victorieux.

La religieuse l'attendait dorénavant à même le sol, les genoux nus, salit par la poussière divine. Le bras tendu, enfin. Essayant en vain d'atteindre celui du forgeron, l'invitant à les rejoindre.
CENDRES