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  • Dim 24 Mar - 17:14

    Après son retour des pins argentés en compagnie d’Isolde, Vaenys organisa une rencontre entre les différents chefs de Cellule de sa Pègre. Wulfric, le fidèle bras droit du Baron, avait été missionné pour trouver et rendre une missive aux membres du réseau du Baron. Elle comportait la date et l’heure de la rencontre, ainsi que le lieu, au cœur du réseau souterrain de Kyouji, dans la Grand-Salle. Quelques minutes avant l’heure de rendez-vous, le Vosdraak s’était rendu dans la salle de réunion, accompagné du lycanthrope et de la liche. D’un pas léger, laissant derrière lui un bruissement provoqué par la soie et l’acier qu’il portât, le Baron alla au bout de la table, afin de se placer sur son siège fait de bois noble et de velours, ressemblant à s’y méprendre à un trône. La Danse-Mort se positionna à sa droite, sans une onde, seulement les bruissements de sa dentelle. Elle fleurait le délicat parfum de la rose. Son second fit de même, venant se poser dans l’un des sièges prestigieux autour de la table, à sa gauche. « Tous répondront-ils présent à mon appel ? » D’une voix déformée par l’acier de son masque noir, le Baron posa une question à son subordonné. Sans plus attendre, celui-ci acquiesça, d’un simple mouvement de la tête, ses prunelles d’or rivées sur son maître. Maintenant que le Baron était en place, il ne lui restait plus qu’à attendre que tous se présentassent. Sur la tablée, il n’y avait rien, chacun était libre d’apporter ce qu’il désirait, tant que ce n’était pas une arme.







    Les délicates prunelles d’améthyste du Baron glissèrent jusqu’au visage masqué d’Isolde, tentant de venir capter l’attention de ses douces prunelles. « Danse-Mort, j’espère que vous vous remettez bien de notre récent voyage sur les terres dévastées du Shoumeï. Parvenez-vous à vous habituer de vos nouvelles sensations de morte-vivante ? » demanda-t-il, laissant un léger sourire décoré son visage masqué par ce voile sombre. En attendant la venue des autres membres, Isolde et Vaenys pourrait certainement discuter encore un peu.
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  • Dim 24 Mar - 19:16



    Combien de temps s'était-il écoulé depuis mon départ de Kyouji? Je n'étais moi même plus vraiment sûr. Des lunes? Quelques jours? Une année? Le temps me paraissait si étrange. Si... Dilaté. Les événements récents avaient visiblement laissé une marque profonde en moi et si je parvenais à présent à mieux comprendre ma nature et le monde qui m'entourait, je me retrouvai encore un peu perdu vis à vis des trivialités qui m'entouraient. Quand la lettre de Wulfric me parvint, je fus étonné d'être ainsi convié par le Baron. Il m'avait certes informé qu'il souhaitait me retrouver à Kyouji pour quelques affaires mais je ne m'étais pas attendu que cela soit dans l'optique de croiser les chefs des autres cellules. Le monde semblait entraîné dans un grand engrenage et de nombreux changements étaient à venir, c'était certain.

    Descendant d'une calèche que j'avais loué depuis les frontières républicaines, je remerciai silencieusement le cocher avant de m'éloigner du véhicule. Le Reike.. Une terre aussi abrupte que fascinante. Ce peuple que beaucoup qualifiaient de barbares étaient étonnamment des pionniers dans le domaine médical. Au final, cela pouvait faire sens si on couplait leur militarisme et les nombreuses campagnes que la nation du dragon avait mené mais... Il s'agissait tout de même d'un fait amusant. Suivant minutieusement le trajet que Wulfric m'avait conseillé, j'étais rapidement arrivé devant l'une des entrées secrètes qui permettaient d'accéder aux souterrains détenus par la pègre. Très vite, l'air sec de la ville laissa ainsi sa place à l'humidité des roches et des tunnels. La luminosité, elle aussi, s'en alla avec diligence pour permettre à l'obscurité de venir m'entourer d'un doux linceul. Dans un geste instinctif, mes doigts gantés vinrent se poser sur le mur à ma droite pour en savourer tous les reliefs alors que je marchais d'un pas déterminé vers ma destination. A travers le cuir, je pouvais sentir la moiteur de ce dernier. Fermant les yeux, je laissai ainsi mon esprit divaguer doucement alors que j'imaginais la multitude d'hommes ayant travaillé pour créer ce qui était maintenant le royaume de Vaenys. Une toile ombreuse étendue sous l'une des villes majeures du Reike. Comme une insulte aux régents de l'Empire et à leur prétendue autorité. Le prince déchu et moi même avions nos points de divergences, naturellement, et même si certaines choses chez lui ne me plaisaient pas je reconnaissais volontiers que ce dernier était parvenu à solidifier une organisation criminelle efficace. Il s'agissait d'un homme talentueux, même s'il avait trop tendance à se placer au dessus des autres. Si j'avais pu lui en tenir rigueur par le passé, les choses à présent étaient totalement différentes.

    Quittant le couloir dans lequel j'avançais, je parvenais finalement à la salle de réunion où nous étions tous censés nous retrouver. Laissant mon regard de serpent passer sur l'entièreté de la pièce, je pris un plaisir certain à remarquer la multitude d'arabesques courant sur les pierres qui formaient le plafond et les murs de cette dernière. Particulièrement travaillée, cette salle dégageait une aura de noblesse et d'autorité que je ne pouvais que respecter. Pour le reste, la large table se trouvant au centre de cette dernière semblait faite d'un bois particulièrement noble et vernis, tout comme les chaises l'entourant. Ici et là, on pouvait remarquer des bougies qui venaient offrir à l'ensemble la luminosité nécessaire pour se repérer sans problème. Mes yeux quittèrent alors le mobilier pour venir s'ancrer sur le Baron, analysant ce dernier d'un œil amusé. Il ne semblait pas avoir changé outre mesure, assis sur ce siège qui s'apparentait à s'y méprendre à un trône royal. Une ironie amusante, quand on connaissait le passé du personnage et ses multiples discours parlant du fait qu'il ne souhaitait pas régner et trouvait cela ennuyeux. Un paradoxe de plus pour ce personnage haut en couleurs. A sa gauche, le lycanthrope le servant se tenait assis en silence, comme à son habitude. Dégageant une aura fière et un sérieux notable, ce dernier m'évoquait toujours autant la loyauté et... Une certaine forme de pitié. Si tant était que je pus en éprouver. Mon regard passa ensuite sur la troisième personne, qui semblait avoir fini d'échanger avec le prince déchu. Drapée dans une robe de dentelle noire, son corps fin se retrouvait dominé par une grande chevelure d'ébène tombant naturellement tandis que son visage se dessinait dans un écrin de porcelaine. La silhouette féminine, grâcieuse, m'évoquait toute la poésie de la cellule qu'elle dominait. M'attardant doucement sur le masque qui semblait profondément ancré, j'admirai silencieusement les multiples décorations qui s'y trouvait ainsi que les divers ornements. Véritable œuvre artistique, ce dernier venait de plus accentuer l'aura de mystère qui entourait cette personne grâce à la noirceur dissimulant son regard. Si j'avais su qui dirigeait les châtiments de la Rose par le passé et si j'aurais aimé pouvoir d'avantage échanger de nouveau avec elle, je prenais à présent un plaisir certain à observer ce qui composait les traits de cette porcelaine qu'elle présentait pour tous et l'alias sous lequel elle s'identifiait au sein de notre organisation. Peut-être, je l'espérais, aurais-je l'occasion de communiquer avec elle directement plus tard. Outre le fait de ne pas avoir pu converser par lettres comme je l'aurais souhaité - outre ce qu'il s'était passé avec Mortifère -, j'avais également divers choses à lui dire concernant nos cellules respectives et leur partenariat. Tout comme mon désir de savoir comment elle se portait. Quoiqu'il en était, cela se devait d'attendre pour le momente et j'étais certain de pouvoir approfondir tout cela plus tard.

    Me penchant alors en avant tandis que ma dextre venait se placer sur mon cœur, je me courbai dans une révérence volontairement exagérée à l'encontre des trois personnages, puis étendais ensuite mon esprit pour venir pénétrer dans celui de mes trois interlocuteurs.  

    * C'est un véritable plaisir de tous vous retrouver ici. Baron, je suis heureux de constater que vos pérégrinations vous ont permis de revenir sain et sauf à Kyouji. Wulfric, Danse-Mort, je suis également content de pouvoir vous voir en personne. Cela fait trop longtemps que je ne suis pas passé par ces souterrains et je dois avouer que cette réunion est l'occasion parfaite pour pouvoir rattraper le temps perdu. *

    Me dirigeant alors ensuite doucement vers l'un des sièges situé aux côté de Wulfric, je vins m'y installer avant de déposer mes mains sur la table, parfaitement jointes. Puis, aux travers de mes lentilles opaques, mon regard recommença à glisser sur les silhouettes des personnalités présentes. Avant qu'un sourire malsain ne vienne déformer mes traits.

    * Bien... Avant que le reste de notre assemblée n'arrive. Dites-moi, mes chers... Comment vous portez-vous et qu'y a-t-il de nouveau depuis nos derniers échanges? J'imagine que, comme moi, les derniers mois ont été agités? *

    Une phrase emplie de curiosité? Assurément. Mais c'était là aussi la faute à mon esprit scientifique... Je me devais d'obtenir des réponses aux multiples questions qui tiraillaient mes pensées.
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    Isolde Malkyn
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  • Dim 24 Mar - 23:10
    LE CONCLAVE DU CRIME
    LA PÈGRE

    Au sein de l’activité criminelle implantée dans les souterrains de Kyouji, Isolde s’était élevée au rang de chef de la cellule prostitution. Celle-ci se nommait les Châtiments de la Rose, ce fut le nom choisit par la mage. Son intelligence, son charisme et ses compétences en manipulation lui avaient permis d’obtenir ce statut et d’exceller dans son domaine. Elle avait établi ses relations et protégeait toujours son affaire en assurant une parfaite discrétion. L’activité dissimulée dans les souterrains attirait les individus en quête de confidentialité.
    Une discrétion qu’elle s’imposait également à elle-même. Depuis son retour de Shoumei, elle était restée cloîtrée dans ces galeries obscures. Elle en avait fait son repère, avant d’obtenir sa petite demeure dans les terres du Nord. Les jours étaient passés vite, elle se faisait peu à peu à sa transformation, elle avait même appris à respirer presque normalement, comme avant. Son cœur battait toujours, mais d’une manière anormalement lente et faible. Bon nombre de choses avaient changé en elle, à commencer par sa voix. Plus basse, plus ténébreuse mais toujours chargée d’une certaine sensualité. Sa peau était encore plus pâle qu’avant. Elle portait une longue robe faite de dentelle noire, avec des manches longues qui dissimulaient les cicatrices profondes de ses bras. Seules les marques sur son cou et le haut de sa poitrine restaient visibles en ce jour. Et sur son visage, s’ancrait un masque de porcelaine, aux allures sinistres et mélancoliques. Elle cachait ses traits et avait pris l’identité de la Danse-Mort.

    Outre ses belles de nuit, la nécromancienne n’avait pas échangé avec beaucoup de personnes depuis qu’elle n’était plus humaine. Vaenys avait été occupé dès lors qu’ils étaient rentrés. Elle avait besoin de solitude pour appréhender sa nouvelle existence et comprendre ce qui l’animait désormais. Elle sentait le poids de son créateur, sa présence alors qu’il demeurait si loin d’elle. Un lien que la liche n’arrivait pas à comprendre et qui tiraillait son âme. Elle le ressentait le besoin d’être près de lui, de manière irrationnelle. Elle se disait que les ressentis finiraient par s’estomper avec le temps. Elle tenta de faire le vide en elle, pour se concentrer sur les nouvelles du jour. Le baron avait souhaité réunir ses chefs de cellule et tous avaient été convoqués. Une première approche avec d’autres individus, elle n’en connaissait pas la plupart. Assise à droite du vosdraak, ce dernier lui faisait la conversation avant l’arrivée de leurs partenaires pour ce conclave du Crime.

    - « Je m’y fais petit à petit. La sensation la plus tenace reste ce creux intérieur. » dit-elle, en appuyant avec ses mains près de son sternum. « J’ai l’impression d’être happée par quelque chose et c’est oppressant, comme une force qui me comprime de l’intérieur. » Elle tentait de mettre des mots sur son ressenti, mais l’affaire n’était pas aisée, tant l’effet paraissait étrange et indescriptible. Il ne pouvait pas comprendre ce qu’elle ressentait. Aussi, elle préféra ne pas s’étendre davantage.

    Par ailleurs, le premier associé faisait son entrée. En le voyant, Isolde eut une étrange sensation. Elle savait que le baron l’avait recruté pour la cellule des drogues. Mais se retrouver face au Docteur n’était pas si évident qu’elle aurait pu le penser. De plus, il ne savait rien de sa transformation, même si elle lui avait part de son désir d’accéder à l’immortalité.
    Lorsque l’être au masque corbin s’infiltra dans son esprit, elle reconnut aussitôt la voix de celui qui parvenait encore à la troubler. Lui paraissait tout à fait à l’aise et agissait comme si de rien était. La liche était ravie en cet instant de porter ce masque qui dissimulait ses pensées et la nature de son trouble. Face à lui, elle le fixait d’un regard qu’il ne pouvait pas voir. Ne laissant transpercer que le noir profond à la place de son émeraude.

    - « Les derniers mois ont été chargés en effet, je peux à peine trouver le temps de respirer. » plaisanta-t-elle subtilement, face à sa nouvelle situation. « Et vous, comment avez-vous traversé cette période mouvementée depuis notre dernière rencontre ? »

    L’orgueil d’Isolde restait bien trop fort pour rester silencieuse et gênée par cet homme.
    Tandis qu’ils conversaient, un autre individu se joignit à la table. Il occupait auparavant le poste de chef de la cellule de l’esclavagisme, qui fut troquée pour la falsification. Il maugréait face à cette condition, lui qui se complaisait dans les Chaînes de l’Oubli. Mais c’était ainsi, l’orc n’avait pas eu le choix et il s’était plié aux directives du baron. Il faisait partie des rares personnes que la brune au teint pâle appréciait. Il vint d’ailleurs prendre place à ses côtés, après avoir salué la tablée d’un signe de tête. La mage se pencha vers lui pour lui glisser quelques mots. Il n’était pas très loquace en société, aussi il préférait écouter et rester en retrait la plupart du temps. Chose que la nécromancienne pouvait aisément comprendre. Ergoth était originaire des terres du Nord et il avait atterri dans la pègre tout simplement parce qu’il était opposé à Tensai. Il ne suivait pas ses idées et avait donc préféré se rallier à l’héritier Draknys. De plus, il restait un fervent partisan de l’esclavagisme et luttait pour le faire perdurer. De larges cicatrices traversaient son visage et de son regard n’émanait rien de doux ni bienveillant. Il balaya rapidement les personnes présentes du regard, avant de s’enfoncer dans sa chaise tout en croisant ses bras robustes gravés de symboles claniques.

    Le masque :



    Entraînée pour l'éternité dans une valse funeste avec la mort, elle dérive entre deux mondes dans une éternelle danse macabre.

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  • Jeu 28 Mar - 14:18
    De retour à Kyouji après presque trois mois d’absence, le gobelin, sous les traits de Strytart Gloidveeld, passait les portes de la ville confortablement assis dans son carrosse personnalisé avec luxe et goût douteux de tout nouveau riche qui se respecte. Trois de ses gardes du corps voyageaient avec lui à l’intérieur tandis que les deux autres faisaient office de cocher : c’était là le gage de ceux qui perdent à la courte-paille. Il était difficile de se sortir de la tête les images terribles dont ils avaient été les principaux auteurs dans les souterrains d’Ikusa... Pourtant tous avaient compris que dans “ce” travail, seul le résultat comptait, peu importe les moyens. Et ils n’hésiteraient pas à recommencer, pour le bien de l’Empire.

    Stadzank avait été de retour juste à temps pour les festivités orchestrées par le Baron. Lors de son passage à l’auberge du “Loup Hurlant” sous les traits du Marchand de Sable, il récupéra la missive à son attention auprès du tenancier du bar qui visiblement ne l’avait pas oublié depuis leur dernière rencontre. L’hybride fit servir une choppe à chacun de ses hommes et ils ne se génèrent pas pour virer les trois petits vieux qui tapaient la carte sur la grande tablée : après tout c’était eux les caïds désormais, et personne ne leva le petit doigt pour défendre les personnes âgées. Tous avaient bien repris les bonnes habitudes de Kyouji.

    Tandis que ses hommes prenaient un peu de bon temps à siroter leur mousse, l’assassin, lui, n’eut pas vraiment le temps de souffler qu’il fallait déjà se préparer pour une réunion de chef de cellule. A la lecture de cette simple missive signée de la main de Vaenys, la cervelle du petit homme vert essaya d'imaginer tous les tenants et les aboutissants d’une telle réunion. Faire les présentations... Car d’après ce qu’il avait compris, beaucoup de chefs de cellule avaient été nommé récemment... Favoriser la coopération entre les uns et les autres. Ou alors le Prince déchu avait-il un Grand Plan à leur faire partager ? Mais aussi cette histoire de masque le rendait perplexe, il serait donc impossible pour lui de mettre un visage sur chacun des lieutenants... Toutes ces questions gâchèrent le petit moment convivial qu’il partageait avec ses Arlequins car il s’aperçut que cette réunion ne lui rapporterait pas grand-chose si ce n’est le maintien de sa couverture. Et les ordres de Tensai étaient clairs : il fallait maintenir sa position dans la pègre de Kyouji voire gagner des galons, peut-être en piquant la place de Wulfric ?



    ***



    L’heure du rendez-vous s’approchait dangereusement et ça aurait été un gros manque de respect envers le Baron que d’arriver en retard. Mais aussi une faute professionnelle que d’arriver en avance, le pouvoir de la métamorphose avait malheureusement ses limites. D’ailleurs, il lui faudrait s’éclipser si la réunion trainait en longueur ce qui était fort probable vu le nombre de personnes conviées. L’épée-lige du couple impérial préféra se rendre seul dans les souterrains de Kyouji, laissant ses hommes à la surface : une arrivée massive aurait pu inspirer la méfiance du service de sécurité... D’ailleurs c’était étonnant que le Baron n’ait pas fait appel à lui pour assurer le bon déroulement de la réunion. Alors il faudrait peut-être profiter de cette petite sauterie pour démontrer l’incompétence en la matière du service mis en place ? Difficile à faire sans créer tout un esclandre... Beaucoup de questions, beaucoup de scénarios possibles se bousculaient dans sa tête mais cette fois-ci, l’assassin atterrirait dans l’inconnu et il lui faudrait improviser.

    Arrivé non loin de la grande salle, le gobelin se métamorphosa pour devenir le “Marchand de Sable”. L’hybride fixa le seul masque qu’il avait trouvé en ville pour camoufler un peu sa nature : un masque de médecin de la peste. Puis il s’approcha des hommes qui s’occupaient de protéger l’entrée, ces derniers lui indiquèrent de donner ses armes. Le Marchand de Sable se figea de longues secondes et lorsque l’un des deux hommes s’approcha pour le palper, il émit un grognement, signalant qu’il allait coopérer. Il donna en premier ses deux dagues dissimulées dans son dos puis ses couteaux de lancer qu’il délogea méticuleusement, un à un. Une trentaine de petits couteaux tout de même. Puis l’homme oiseau montra son petit cube qui donnait l’accès aux souterrains ainsi que la missive l’invitant à venir à la réunion. Les deux hommes le laissèrent rentrer et l’imposant hybride masqué rentra dans la salle de réunion, ne saluant les membres de l’organisation du Baron que par un bref signe de tête. Bien sûr les places aux côtés du Prince déchu étaient prises : les lèches-bottes étaient venus en avance, naturellement. Lui prit place à l’opposé du Baron et commença à invoquer les armes dont il venait de se séparer : il possédait plusieurs mallettes de ses couteaux dans les caches de Zéphyr, pratique pour que le service de sécurité ne s’en aperçoive pas. Pour les dagues, elles seraient un poil différentes mais elle ferait bien l’affaire en cas de besoin. Une fois ses armes retrouvées, il observa chacun des convives discuter et fut amusé de voir qu'un autres des lieutenants ait choisi le même masque que lui. Désormais il essayait de se concentrer sur les picotements magiques qu’il ressentait parfois pour savoir qui mentait et qui disait la vérité dans cette salle : il était très important de pouvoir faire le tri dans les informations collectées dans ce panier de crabes.
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  • Sam 30 Mar - 23:22
    Les échos timides du clapotis des vaguelettes s'écrasant contre la roche et le bois, quelques gémissements ou grognements éparses se perdant dans les tunnels, et, pour finir, les éclats stridents de protestation du verre, lorsqu’on le manipulait avec plus d’empressement que de délicatesse. Voilà ce qui rythmait leur boulot, depuis qu’ils avaient rejoint ce putain de port souterrain. Darius, les manches retroussées et une épaisse couche de sueur gouttelant du front, ne cessait de soulever, de pousser et de malmener la cargaison de l’embarcation aux airs de radeau géant sur lequel ils étaient arrivés, l’heure d’avant. A la lueur des torches tenues par les moins épais des Sanglots, l’ancien pirate faisait craquer ses vieilles articulations en s’efforcant de faire bonne figure face aux quelques sbires du baron, qui ne venaient que trop rarement les assister pour décharger le matériel. De loin, ils les observaient se démener, daignant parfois lever leurs arrières trains de chaises grinçantes, pour attraper une caisse de bouteille de Rouge de Justice, ou quelques sachets de poudres de cornes de rhindo. Aimables, ils leur laissaient la joie de déplacer eux-mêmes les caisses de lames et de carreaux, les trente-neuf arbalètes lourdes et les six balistes de Kaizoku bien sagement, de loin.
    Mais si Joshua et Darius se plaignaient de l'absence de soutien des locaux, bien occupés, pour l'heure, à disputer une partie de carte nauséabonde autour d'une table aux bords hérissés de couteaux invitant à un jeu franc ou à une tricherie plus que discrète, Ferg, lui, savait toujours trouver le bon côté des choses :
    “-Au moins, nous n'avons pas à les sentir.” Souffla le blond en frappant ses mains l'une contre l'autre pour en chasser la poussière et la crasse.
    Darius laissa un soupir exaspéré filtrer d'entre ses lèvres craquelées par l'air marin.
    “-On sent les égouts. Et c'est déjà trop.”

    De fait, pour pénétrer dans ce port souterrain, ils avaient dû traverser les courants nauséabonds de Kyouji : un dédale insupportable où ils avaient -par deux fois- failli se coincer entre les parois trop rapprochées. Le fait  de savoir qu'ils allaient devoir repartir par le même chemin bientôt avait de quoi miner le moral.
    Le décor n'arrangeait pas vraiment les choses. Un “port souterrain” avait dit l'employeur. Rien de plus qu'une caverne donnant sur un canal oublié de tous, sur lequel quelques petits malins avaient cru bon de rajouter un ponton branlant en bois de sapin, censé servir de quai d'amarrage. Résultat, les planches foutaient tellement les jetons, quand on posait un pied dessus et qu'elles se mettaient à brailler des grincements dignes des hanches d'une putain des ports de la défunte Kaizoku, que le dépôt de marchandise se devait d'être fait sur la terre ferme, soit six mètres plus loin.
    C'était peu, sans une caisse de carreaux sur les bras. Manque de bol, ils en avaient un paquet.
    Les malfrats à la solde du baron, stoppèrent momentanément leur partie de carte pour darder d'un œil peu satisfait Slick, lorsque celui-ci jeta un coffre au bord de l'eau en jurant. Avec leurs allures de briseurs de mâchoires, ils auraient sans doute réussi leur entreprise d'intimidation, si leur cible n'avait pas été un défiguré au sourire presqu'aussi carnassier que celui de son patron, et si le géant qui déchargeait avec lui ne devait pas se baisser pour serrer la main au plus grand d'entre-eux. En lieu et place, ils écopèrent d'un regard moqueur saupoudré d'un crachat ambiguë, pas vraiment dans leur direction mais pas très loin non plus. Le chef de la bande de joueurs de carte décida que la poussière en était la cause, et la partie repris.
    “-Bon, j'imagine que personne va l'ouvrir à ce sujet donc je vais le faire.” Décida Ferg, en évitant ainsi un nouveau aller retour en direction du bateau.
    “-Te sens pas obligé.” Rétorqua Slick alors qu'il passait une main squelettique sur le duvet qui commençait à recouvrir son crâne chauve.
    Joshua ricana. Darius l'ignora.
    “-Le masque du boss, c'est quand même bizarre non?
    -Non.” Rétorquèrent-ils à l'unisson.
    Pas décontenancé pour un sou, le charmeur du groupe haussa un sourcil et développa.
    “-Je comprends qu'il faut faire forte impression. Mais tout de même, ça me paraît risqué.
    -Mais non. Le boss sait ce qu'il fait.” Coupa Darius, manifestement au fait de son manège. “Bosse maintenant. Il nous reste les balistes.”

    ***

    Dans la Grand Salle, les places assises ne manquaient pas. C'était d'ailleurs surprenant pour une personnalité aussi…narcissique, que Vaenys. On aurait pu croire qu'un homme avec un égo comme le sien aurait fait en sorte que tout le monde reste debout, sauf lui, et ses quelques favoris du moment. Mais non, chacun avait sa place à sa table, même un hybride.
    Ça n'était pas si surprenant, pour tout dire. Le Reike avait de plus en plus de prétentions en matière de parité. Bientôt, les baiseurs de poules allaient pouvoir s'asseoir à la table des rois, un cauchemar aux allures de réalité, parvenant -pour une fois- à dépasser en termes d’infamie la république, qui savait tout de même reconnaître la juste place des déviants, en général.

    Il était difficile, pour ceux qui étaient plongés dans leurs petites conversations de cour, de remarquer la discrète distorsion dans l'air qui suivit, puis devança, l'homme-aigle à son arrivée. Silencieusement, l'anomalie se déplaça jusqu'au siège de son choix et le tira d'un coup sec.
    Là, quelques regards se portèrent sur la chaise clandestine. Un denier, du même genre que ceux qu’on se devait de brandir pour pénétrer en ces lieux, se matérialisa face à la place prise par l'intrus, puis un soupir nasillard se fit entendre, alors que le dossier richement décoré semblait encaisser l'arrivée d'un poids invisible et plutôt négligeable. Face au silence, le trouble-fête se matérialisa enfin.
    “-Mes excuses.” Commença-t-il, alors que sa frêle silhouette apparaissait à la lumière. Un doigt d'une pâleur évidente pointa les deux masques corbins.”J'ai cru que c'était une soirée à thème, et que j'avais acheté le mauvais masque.
    Pour tous les autres membres de l'assemblée, ce rassemblement pouvait effectivement nécessiter un masque. Quelque chose censé dissimuler l'identité et la nature de chacun pour éviter qu'ils ne soient tous mis au ban de la société Reikoise.
    Mais le dernier arrivant était un mercenaire, Républicain, de surcroit. A quoi bon, donc, dissimuler quoique ce soit ? Sa renommée, c'était son gagne-pain, et si espion il y avait, placarder le nom d'un énième coupe-jarret de la nation bleue aux côtés de celui du Baron ne risquait pas de faire grandement avancer son affaire.
    Alors, Carl s'était fait faire un masque sur-mesure. Il avait fallu encourager le fabricant, à hauteur de quatre pièces d’or, mais le jeu -selon le Serpent- en valait clairement la chandelle. Pendant quatre jours, le pauvre sculpteur, s’était affairé à tailler délicatement une réplique plus ou moins précise du visage au sourire sardonique de son employeur. L’épreuve principale avait consisté à ne pas rire lorsque, par fatigue, le type avait manqué une partie de la reproduction de son sourcil, pour aussitôt entendre Mila réciter le nom de sa femme et de ses deux enfants.
    Il n’y avait pas eu d’autres erreurs.

    Et maintenant il se tenait là, un masque représentant son propre visage, face aux requins nageant dans l’océan de sang et d’or ne manquant jamais d’accompagner le baron.
    Ils ne pouvaient pas exactement prétendre qu’ils se connaissaient bien, lui et son employeur. Mais Carl et ses Sanglots l’avaient jadis assisté, à l’époque où Shoumeï ressemblait à autre chose qu’un tas de cendres, et leur efficacité avait suffisamment tapé dans l'œil du nobliau pour que ce dernier se rappelle de leur existence, quelques années plus tard. Chef de cellule d’une pègre, c’était un travail qui donnait accès à suffisamment de ressources pour que le Serpent et ses hommes se découvrent un minimum de conscience professionnelle. Ca expliquait sa présence ici. Et celle de toute la camelote qu’ils déchargeaient sur les quais.
    Le problème, bien sûr, c’était les autres. Les décideurs d’une pègre quelconque avaient tous en commun une ambition excessive, des projets défiant la morale et une tendance évidente à la trahison et aux coups foireux. Ceux-là au moins n’essayaient pas de le cacher, puisqu’ils avaient tous au moins une partie de l’attirail d’un monstre de conte pour enfant. Il ne connaissait aucun d’eux et la réciproque était de mise, puisque la plupart -selon toute vraisemblance- devaient officier du côté de l’Empire crasseux du désert.

    Sa langue passa sur ses lèvres sèches dans un chuintement humide et il réajusta du bout de l’index ce masque qui, déjà, lui provoquait une raideur malvenue sur la nuque. De l’autre main, il déposa son chapeau sur le bord de la table en laissant un petit rire secouer sa frêle silhouette. Le poison de ses yeux circula dans la pièce pour aller détailler chacun des invités et l’un de ses sourcils se haussa alors qu’il prenait conscience que quelque chose butait contre son brouilleur.
    Peut-être essayait-on de lire son esprit?
    Face au silence s’étant installé parmi ceux qui -comme lui- avaient déjà pris place, Carl haussa les épaules et plaça dans un sourire :
    “-Bonjour au fait !
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  • Dim 31 Mar - 15:10
    Le Conclave du Crime B4815e10




    - Grande Salle Souterraine, Kyouji -

    Une silhouette aussi grande que le Baron ou le Docteur apparut dans un souffle dans l'encadrement de la porte. Totalement drapé de coutil charbonné, le nouveau venu tenait plus d'une ombre que d'un être vivant, à tel point qu'on aurait pu croire à une apparition élémentaire au service du Baron. Et pourtant, si le colosse faisait la même taille que le Docteur ou le Baron, il était nettement plus large d'épaules qu'eux, laissant deviner qu'il était considérablement plus costaud que les deux suscités.

    Se pliant aux mœurs de la pègre, le ponte de la Cellule des Chaînes de l'Oubli arborait un masque qui tenait plus du heaume pour tout dire. Le casque hérissé de pointes qui lui couvrait totalement le visage d'une ombre mystérieuse laissait place à l'imagination quant à ce qu'il dissimulait. Ceux qui connaissaient Zaïn Tevon-Duncan ici savaient que le hundsgugel d'acier écrasait les oreilles de renard qui couronnaient son visage juvénile. Or, d'entre tous, seul le Baron savait ce qu'il se cachait derrière le métal rouillé hérissé de piques, formant comme une sorte de couronne lugubre. Avant de pénétrer dans le souterrain, il s'était laissé fouillé par les gardes à la trogne patibulaire qui ne trouvèrent pas la moindre arme sur lui. Dubitatifs, ils ne comprirent pas qu'il n'y avait rien de plus inutile pour l'esclavagiste qu'une arme.

    L'imposante carrure du nouveau venu s'extirpa de la pénombre de l'entrée pour se glisser avec fluidité vers son fauteuil attitré, à la même place qu'à sa première rencontre avec le Baron, dans une auberge d'Ikusa. Et si son masque ne laissa pas voir ses yeux, il était clair qu'il n'avait même pas porté un regard aux convives, marchant d'un pas assuré, vindicatif, comme si à chaque pas il conquérait un nouveau territoire. Pas un mot, pas un souffle, ni même un signe de tête aux autres pontes de la pègre. Le colosse d'un mètre de large se planta devant sa chaise une paire de secondes avant de la tirer en faisant crisser les pieds contre le sol pour finalement s'y installer, parfaitement droit, la tête légèrement inclinée vers le Baron dont il attendait visiblement l'ouverture.

    Lorsqu'il s'était installé, l'éclat d'une bougie laissa deviner sur sa spalière droite l'emblème d'une gueule de Seedra grande ouverte. Un symbole républicain que le chef de cellule avait visiblement repris pour lui, héritage d'un passé révolu, succinct indice sur la profondeur du personnage. Il s'était assis en face de son homologue hybride, bien que ce dernier ne le saches pas, le Marchand de Sable. Tout aussi silencieux que lui, il était un poil plus inquiétant, tel un chancre suppuré incurable, même par le Docteur ici présent.



    Le Conclave du Crime Kathar10




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  • Dim 7 Avr - 20:46
    Le Vosdraak écoutait attentivement les paroles de la nouvelle liche. Sous son masque d’acier noir, il esquissa même un léger sourire au son de sa nouvelle voix. Une voix paraissant moins douce qu’auparavant, mais, elle n’en restait pas moins appréciable ou envoûtante, bien au contraire. « Cette impression que vous avez, elle ne vous a pas quitté une seule fois depuis que nous sommes partis du tertre ? » Il fit une légère pause, entendant les bruits de pas proches. Certainement un des collaborateurs du Baron. De ce fait, il se devait de se montrer discret et, ainsi, il se devait de repousser la conversation à plus tard. « Nous en parlerons suite à la réunion, si vous le voulez bien. J’ai quelques questions à vous poser. » ajouta-t-il, sans en dire plus et, reportant son regard sur l’entrée.

    Le Docteur fut le premier à faire son entrée. Un collaborateur avec qui Vaenys, malgré leurs différends, aimait travailler. Il fit un léger signe de la tête pour le saluer, puis, il laissa Isolde répondre en premier lieu, avant de prendre la parole à son tour. « Mise à part la mésaventure que j’ai eue avec l’Oreille et la Griffe, il n’y a rien de particulier concernant la ville de Kyouji et comme vous l’avez deviné, je reviens de République et, j’espère que nous aurons l’occasion d’en discuter par la suite, j’ai quelques projets que j’aimerais partager avec vous, cher Docteur. » répondit-il, la voix déformée par son masque et, en léger sourire se dessinant sur son visage. Pour l’heure, il ne pouvait malheureusement pas s’étendre davantage, ne voulant pas parler des sujets à aborder avant même l’arrivée de tous les membres de cette assemblée souterraine. Ce fut au tour de Wulfric de répondre, sans perdre plus de temps. « Mise à part la petite mésaventure de novembre dernier et, la disparition de la Cellule des Murmures de l’Illusion, que j’essaie de reconstruire, tout se passe à merveille. » rétorqua-t-il, un léger sourire au coin des lèvres.

    Enfin, un nouvel invité arriva : Le Marchand de Sable. Ce dernier portait naturellement le même masque que le Docteur, étant donné que c’était le seul qui pût correspondre à un sale hybride tel que lui. Eh oui, le Baron, Vaenys Draknys, possédait bien dans ses rangs, ce qu’il détestât au plus haut point. Mais bon, visiblement, il fallait de tout pour faire un monde. Un simple regard, les améthystes croisèrent les rubis de la créature, mais rien de plus. Et, comme la créature à bec ne semblait pas vouloir s’annoncer, ce fut au Lycanthrope de le faire. Ainsi, il porta ses prunelles d’or dans celles du nouvel arrivant, puis, il laissa sa voix s’emparer de l’atmosphère de la pièce. « Voici le Marchand de Sable, chef de la Cellule des Lames du Silence. Ravi de voir que vous ayez pu vous libérer. » déclara-t-il de vive voix, avant de laisser les autres parler si jamais il le désirait.

    Puis, un nouvel associé du Baron arriva. Enfin, il arriva de manière dissimulée, était-il déjà là alors que l’hybride albatros avait déjà fait son entrée ? Sans que qui que ce soit l’eût aperçu ? Certainement. En tout cas, devant la chaise qu’il eût brusquement tirée, le denier, son denier, se matérialisa devant lui. Vaenys reconnu cet objet par certains de ses traits, c’était celui de son associé shoumeïen, Carl Sorince. À la vue de celui-ci, le Baron esquissa un léger sourire. Ce n'était pas la plus vieille connaissance du Baron qui devait faire acte de présence ce soir, non, mais il était ravi de voir qu’il eût pu faire le déplacement. Un masque à son effigie. Il reconnaissait bien là le mercenaire avec qui il avait travaillé plusieurs fois par le passé. Un être narcissique, peut-être même plus que le Vaenys Draknys, ce qui, pouvait paraître assez surréaliste pour ceux qui le côtoyaient de trop près. Enfin, la voix déformée de Vaenys résonna par-dessous son masque, s’adressant directement au mercenaire. « Bonjour. » Simple, mais efficace. Puis, ce fut au tour de Wulfric de prendre la parole, de faire les présentations. « Très réaliste, masque. » fit-il, avant de prendre une pause puis le continuer. « Le chef de la Cellule des Marchés de l’Ombre. Toujours très discret. » déclara-t-il, sérieusement.

    Enfin, le dernier invité arriva. Zaïn, l’hybride et la plus ancienne connaissance de Vaenys ici présent, hors mis Wulfric. Il l’eut connu à Ikusa, peu de temps avant la chute de la dynastie Draknys et, il avait su lui prouver sa valeur, malgré sa race. Il s’installa non-loin de son homologue et, comme ce-dernier, il n’avait pas l’air très loquace. Encore une fois, ce fut à Wulfric d’annoncer le nouveau venu. « Le Chef de la Cellule des Chaînes de l’Oubli. Comme le Baron, je suis ravi de voir que vous faites acte de présence aujourd’hui. » il fit une légère pause, sachant que le dernier membre aurait certainement un léger retard, puis, il prit de nouveau la parole. « Bien, tout le monde semble être arrivés, nous allons pouvoir commencer. » Il adressa un regard à Vaenys, puis hocha la tête.

    Le premier point à aborder n’était pas des moindres, étant donné qu’il concernât la récente capture de Vaenys par l’Oreille et la Griffe. Rien que d’y repenser, cela paraissait horripilant. Et, se trouvant dans un milieu où beaucoup serait prêt à trahir à obtenir le trône de la Pègre, le Vosdraak ne pouvait faire confiance à personne. Ainsi, il laissa sa voix déformée s’échapper d’entre ses lèvres, se frayer un chemin entre les fines failles dessinées dans ce voile noir, puis résonner dans l’immensité de cette pièce. « Je pense que vous êtes tous au fait des récents événements ayant frappé le réseau de la Pègre local. Ma… capture par l’Oreille et la Griffe relève d’une grande tragédie pour notre commerce, étant donné que nous avons perdu une Cellule. Et heureusement, d’ailleurs, ils auraient pu être beaucoup moins cléments. Quoi qu’il en soit, très peu de personnes savaient réellement que je serais en haut de ce Sémaphore avec l’autre incapable de Mage d’État. » Il fit une légère pause, scrutant chacun de ses collaborateurs de ses améthystes. « Malheureusement, je n’accorde aucune confiance en vous. Seulement, je sais que certains d’entre vous sont beaucoup plus fiables que d’autres. Au départ, je pensais que c’était Estrid, la traîtresse. Seulement, pour une raison qui m’échappe encore, il semblerait que les services secrets Reikois arrivent encore à mettre certains de mes commerces à mal. Je suppose donc que le traître est présent ce soir. Seulement, moi, je ne suis pas omniprésent, je n’ai donc aucun moyen de savoir de qui il s’agit. Alors, si l’un d’entre vous travaille pour l’Oreille, la Griffe, Tensai ou n’importe quel autre membre de la main, je l’invite à se lever et à partir, maintenant. Car, si d’aventure il venait à rester, alors je le tuerai, de mes propres mains. Et, s’il arrive à s’échapper ou à disparaître, alors les mercenaires à mon service le traqueront, sans relâche, jusqu’à ce que sa tête ne soit déposée sur mon bureau. » fit-il, regardant de nouveau chacun des membres présents à cette assemblée.
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  • Jeu 11 Avr - 19:20

    Les bras croisés, mon regard se porta doucement vers la Danse-Mort. Sa phrase avait éveillé un nouvel intérêt dans mes pensées et si la curiosité s’insinua rapidement dans mon esprit, je fus forcé de retenir mon envie de me lever pour venir l’ausculter directement. Quelles marques demeuraient encore sur son corps? Je devinai sur son cou et le haut de sa poitrine quelques cicatrices mais sous quelles circonstances étaient elles apparues? Quid de sa voix qui me semblait plus basse que dans mes tumultueux souvenirs? J'avais en vérité envie de voir ce qu'était devenue cette jeune nécromancienne étudiante à Drakstrang et rêvant d'immortalité. Savoir ce qu'il en était exactement, de la raison de sa présence ici. De comment elle avait évolué, ce qu'elle était devenue en somme. Elle représentait en cet instant une variable indépendante que je ne pouvais résoudre et cela m'obsédait. J'obtiendrai les réponses à mes questions, j'en étais certain. Mais tout d'abord, il fallait lui répondre. Derrière mon masque, un sourire sadique vint déformer mes traits alors que mon esprit venait glisser vers le sien.

    - Ah oui ? Prenez garde à ne pas vous tuer à la tâche. Le baron peut être très demandeur et un peu trop... Obsédé par sa propre personne. Il faudra que je passe vous voir, après cette réunion, Danse-Mort. J’ai de nombreuses choses à voir avec vous. De Mortifère au reste nous avons beaucoup à nous... dire. De plus, je ne crois pas que vous ayez passé la moindre visite médicale depuis vos nouvelles fonctions… Il va nous falloir corriger cela. Je ne peux tolérer que vous arpentiez ces souterrains humides sans être sûr de votre état. Enfin. Je suis ravi de pouvoir vous compter parmi nous en tout cas. J'ai hâte d'entamer la collaboration de nos cellules. Un amusement dans la voix, à imaginer les expériences que nous pourrions à présent mener ensemble. Pour ma part, les mois ont été chargés également. Certains pourraient même dire qu’ils me furent… Révélateurs. J’en sais plus sur mon passé voyez-vous. Et sur ce que je suis vraiment.

    Il était inutile pour moi d’en dire plus pour le moment. Que j’eus éveillé ou non sa curiosité était également une question qu’il faudrait résoudre plus tard. Le temps n’était pas véritablement à la discussion en privé et petit à petit les autres chefs commençaient à venir. Et puis, le Baron m’avait parlé, il valait mieux lui répondre également, ne serait-ce que par étiquette.

    - Je vois. Il est vrai que cette mésaventure fut déplaisante. Vous avez été chanceux que les pantins de l’Empereur aient eu d’autres projets vous concernant plutôt que de simplement vous trancher la tête. Il aurait été regrettable que notre partenariat ne cesse alors même qu’il s’était officialisé. Pour ce qui est de la République, il faudra que vous me racontiez vos aventures là-bas et, naturellement, je reste à votre disposition si d’aventures vous comptez y forger quelques projets. Vous savez à quel point je connais les rouages de la nation bleue.

    Mes yeux de serpent glissèrent alors ensuite sur le mastodonte qui nous avait rejoint. Un orc, visiblement peu heureux d’être à sa place actuelle et qui, si j’en croyais ce qu’on m’avait dit sur les chefs de cellule, avait récemment changé de poste. Comme le Baron ne fit pas la présentation, mon esprit vogua de nouveau dans la salle pour venir s’ancrer dans celui du peau-verte.

    - Je ne sais pas quel est votre nom, ou votre alias, très cher, mais c’est un « plaisir » de faire votre connaissance. Dans quels services œuvrez-vous exactement ? Je me présente, le Docteur. Je dirige les parfums de l’invisible.

    Ecoutant l’éventuelle réponse de l’interrogé ou son insulte potentielle, mon attention fut ensuite captée par l’arrivée d’un être… Atypique. Ce dernier, affublé d’un masque corbin relativement similaire au mien, vint s’asseoir au bout de la tablé sans piper mot. Visiblement, la tentative de me copier était particulièrement forte ou tout simplement anecdotique mais je ne pus retenir une grimace de dégout en imaginant je ne sais qu’elle créature cherchant à adopter mon style ou mes traits. Wulfric fit alors rapidement la présentation de celui qu’on nommait le marchand de sable. La cellule des assassins hum ? Un ensemble de boucher chargés de tuer les ennemis de la pègre ou de prendre quelques contrats pour la financer. Si cette cellule était nécessaire, elle me paraissait en vérité assez redondante compte tenu de la létalité de la pègre en général. Enfin. Je n’étais pas homme à vouloir remanier la pègre ou son fonctionnement, au contraire. Mon but était d’y participer avec intérêt et pouvoir ainsi développer de nouveaux traits, moins… Liés, que ceux en République. Etendant mon esprit à toute la salle, je laissai ainsi ma voix déformée pénétrer dans la tête des personnes présentes.

    - Vous auriez dû me prévenir, Baron, que mes plus grands admirateurs étaient de sortie et travaillaient pour nous. N’oubliez pas, l’original porte une capuche, et des optiques aux teintes plus opaques.

    Un léger trait d’humour, qui fut étonnamment accompagné par l’apparition soudaine d’un nouveau chef de cellule. Ce dernier, possédant un masque représentant un visage aux traits anguleux, ne put s’empêcher de lancer une remarque aussi cinglante que sarcastique vis-à-vis de mon masque et de la pâle copie du marchand de sable. Amusé, je tentai alors de venir pénétrer ses pensées pour communiquer quand quelque chose me repoussa. Curieux, je retentai l’expérience pour rencontrer la même résistance, me forçant ainsi à venir parler directement à Wulfric.

    - Il semblerait que je ne puisse communiquer avec notre cher dirigeant des marchés de l’ombre. Je compte sur vous pour faire le relais ou bien.. Non, attendez.

    Souriant de plus belle, je sorti de ma sacoche mon carnet, une plume et un encrier avant d’écrire rapidement dedans. Satisfait, je tournai ensuite les pages griffonnées à l’homme masqué, souriant alors qu’il pouvait lire un simple « Bonjour ». Quand je fus certain qu’il avait bien lu, je lui fis un signe de main exagéré avant de reporter ensuite mon attention sur les derniers arrivants. De nouveau, les présentations furent faites via le bras droit du Baron et la réunion put, enfin, débuter. Silencieux comme à mon habitude, j’écoutai le Baron qui prenait la parole. Quel était le but de notre arrivée ici ? De ce rassemblement ? Était-ce pour annoncer de grands projets ? Une tournure importante du fonctionnement de notre organisation, forcée de réagir à la suite des événements qui avaient entrainés la capture du vosdraak ? En vérité, pas vraiment. D’après l’être à la chevelure d’argent, un traitre était présent dans cette petite assemblée. Une créature sournoise jouant double jeu et diffusant les informations de la pègre aux autorités reikoises.

    Croisant doucement mes mains gantées, je m’amusai en vérité beaucoup de cette information. Si j’étais attaché à la pègre par intérêt financier et scientifique, je ne me souciai que très peu du sort des membres de cette organisation, à part peut être un ou deux individus. Pour le reste, imaginer les prochaines minutes me mis dans un état d’allégresse relative. Le changement se profilait, ici-bas dans les souterrains d’une ville rongée par la corruption de Vaenys. Il était évident que le traitre ne se manifesterait pas de son propre chef car, malgré les promesses du Baron, il ne laisserait partir. Cela serait non seulement d’un stupidité sans nom, mais en plus particulièrement contre-productif. Nous avions certes tous des masques, mais pour peu que l’individu était bel et bien présent, il pourrait user d’on ne sait quel senseur magique pour reconnaitre notre aura et par la suite nous dénoncer aux autorités. Quel était le but d’un tel propos alors ? Permettre d’écourter une enquête trop longue ? Ou bien s’amuser de voir un être ayant danser avec le feu se brûler lamentablement ? Si la seconde option était la véritable pensée du Baron alors je ne pouvais que la respecter car, moi-même, j’attendais avec impatience que le traitre ne soit démasqué. Etendant alors mon esprit à toute la salle tandis que je marquai sur mon carnet ce que je comptai dire, mes yeux se posèrent sur chacune des personnalités présentent.

    - Si l’un de vous désire se désigner, qu’il parle maintenant ou se taise à jamais. Une pause. Savons-nous quoique ce soit à propos de ce dit traitre ? Ou tout du moins, de la manière dont l’information est remontée aux autorités impériales ? Comme vous le savez, Baron, j’ai quitté Kyouji après notre accord pour me rendre en République puis dans les terres de Shoumei. Je ne suis revenu que pour ce rassemblement. Aussi, j’ai en vérité tout autant hâte que vous de découvrir qui est la taupe ayant osé tous nous insulter en se pensant assez malin pour vendre des informations sans se faire découvrir…
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  • Jeu 11 Avr - 20:59
    LE CONCLAVE DU CRIME
    LA PÈGRE

    Elle n’eut pas le temps de poursuivre sa conversation avec Vaenys, vu que le Docteur avait fait son apparition. Il semblait bien curieux à l’égard de la brune au teint pâle. Cette dernière sentait une gêne dans son corps, tandis que sa voix s’infiltrait une nouvelle fois dans sa tête.
    Elle s’efforçait de ne rien laisser paraître, dissimulée sous son masque elle aussi. Son cœur battait au ralenti, à un rythme extrêmement faible et presque imperceptible. Elle n’était pas gênée par une respiration saccadée suite au malaise de voir cet homme. Voilà qui était un avantage considérable face à lui. Elle sentit comme un frisson parcourir sa colonne alors qu’il évoquait une consultation médicale. Elle connaissait ses jeux malsains et n’avait aucune envie d’y participer. Il s’était joué d’elle, même si la fin de leur rencontre avait montré des notes plus positives. Elle gardait la marque de son passage et le préjudice qu’il lui avait causé. Elle ne lui pardonnait pas son geste. Et elle le trouvait si sûr de lui et presque fier de ses remarques, ce qui l’irritait. Déterminée à ne pas lui dévoiler sa vulnérabilité, elle tenait bon.

    - « Je vois. Nous aurons sans doute le temps de nous entretenir ensemble plus tard. Mais il est dans notre intérêt à tous de rester concentrés sur nos objectifs communs. » lâcha-t-elle ouvertement, en relevant le menton avec une dignité glaciale. Sa voix était calme, même si une pointe de dédain pouvait être perçue. Elle lui faisait comprendre qu’il n’avait pas une entière emprise sur elle. Et qu’elle n’était pas seule ici.
    Cela dit, elle restait curieuse sur les dernières paroles que le Docteur avait prononcées. Elle se demandait de quoi il voulait parler exactement. Peut-être l’apprendrait-elle plus tard. Ou bien il se servait de cela et de la connaissance de la curiosité d’Isolde, afin de la manipuler et obtenir ce qu’il voulait d’elle. Elle laissa pour le moment ses pensées de côté, se retourna vers l’orc à ses côtés alors qu’il prenait la parole.

    « J’étais chef de la cellule esclavagiste. Mais le Baron a jugé bon de me refiler les falsifications. » grommela l’orc, sans rien ajouter de plus.

    Il répondait au Docteur. Isolde passa son regard de l’un à l’autre. Puis vers le Baron pour capter une éventuelle réaction. Ce dernier savait pertinemment que l’orc excellait dans ce domaine, mais il avait préféré confier cette tâche à un autre individu. Une connaissance de longue date d’après ce qu’il lui avait dit.

    Puis la nécromancienne observa en silence les prochains arrivants, qu’elle détaillait scrupuleusement. Elle retint un rire lorsqu’elle vu débarquer un être portant un masque semblable à celui du Docteur. Wulfric le présenta en tant que marchand de sable. Curieuse dénomination pour leur nouvel assassin en chef. Isolde salua brièvement les deux prochains étrangers, celui qui avait en charge les marchés de l’ombre, qui avait effectué une arrivée des plus discrètes. Et enfin le nouvel esclavagiste. Elle entendit Ergoth grommeler et elle lui tapota le bras en ricanant doucement.

    Le conclave débuta, Wulfric laissa la parole au prince déchu. La liche sentit une tension envahir la pièce, lorsqu’il évoqua la trahison d’un membre du groupe. Les paroles menaçantes de l’être à la chevelure argentée résonnèrent dans la pièce. Son masque dissimulait toute trace de son trouble intérieur, tandis que son regard passait sur les différents individus. Elle ressentit une pointe d’anxiété. Non pas parce qu’elle était la traîtresse recherchée, mais parce qu’il avait mentionné la Griffe. Humaine, elle avait entretenu une relation avec lui. Et même si elle ne l’avait pas revu depuis sa transformation, elle ne souhaitait pas que le lien pût se faire. Évidemment, cette relation pouvait mettre son identité en danger. Elle devait agir avec prudence et sang-froid, afin de ne pas attirer les soupçons sur elle. Elle possédait la confiance de Vaenys, ils avaient partagé ensemble sa quête d’immortalité. Elle savait au fond d’elle qu’il ne remettait pas sa parole en doute. Elle devait toutefois choisir ses mots avec soin pour protéger ses secrets. Habituée à mentir et dissimuler habilement la vérité, elle prit la parole d’une voix calme et mesurée.

    - « Vous connaissez la nature de mon engagement pour vous. » dit-elle, en se tournant vers le Baron. - « Je ne trahirai pas cet accord qui me lie à vous. Je resterai loyale et fidèle à votre cause. Mais s’il y a un traître parmi nous ce soir, il devra affronter les conséquences de sa trahison. » menaça-t-elle, en observant en particulier les trois individus dont elle ne connaissait rien.



    Entraînée pour l'éternité dans une valse funeste avec la mort, elle dérive entre deux mondes dans une éternelle danse macabre.

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  • Dim 21 Avr - 14:06
    Alors tout ce cérémonial, pour ça... Une chasse au traître, intéressant. Si le gobelin avait une position des plus inconfortables en tant qu’agent impérial infiltré, le contexte de la capture du Baron le rassura. Si le Vosdraak s’était fait balancer, ce n’était pas de son fait et quand on avait les faits pour soi, c’était bien plus simple de jouer la carte de l’homme “confiant”. Mais est-ce que c’était vraiment une traîtrise ou un manquement des règles élémentaires de discrétion ? Stadzank l’avait constaté, Vaenys pouvait sur un coup de tête s’engager dans un entretien avec un assassin qu’il n’avait jamais rencontré... Et s’il comptait sur Wulfric pour assurer ses arrières et bien, même si le loup-garou semblait loyal, il n’était clairement pas taillé pour le “job”. Trop gentil, trop tendre... Sa réaction devant le meurtre de l’hybride cochon avait définitivement classé le bras droit du Baron parmi les incompétents pour le petit être vert.  

    Mais pour l’instant, l’épée-lige du Couple Impérial était un agent infiltré en sommeil : à part envoyer quelques rapports à ses Maîtres en passant par les services communication sécurisés de l’Oreille, il n’avait rien fait pour nuire à la Pègre de Kyouji, bien au contraire. Il avait éliminé un Nylsark qui avait donné du fil à retordre à bien des assassins et aidé le chef de cellule des paris.

    L’hybride volatil fût aussi rassuré lorsque d’autres lieutenants du Baron prirent la parole pour s’empresser de se justifier ou de crier haut et fort leur attachement à la cause... N’était-ce pas le discours qu’aurait pu recracher un traître ? En tout cas, en tant qu’agent infiltré devant maintenir sa couverture, il était obligé de jouer le jeu lui aussi, à sa manière. Plutôt avare en mots, le gobelin devait bien choisir les mots du Marchand de Sable pour faire passer son message.

    Si traître il y a, nous règlerons le problème.  

    Il n’y avait qu’à demander. Et même si Vaenys ne le savait pas – et ne le saurait sans doute jamais-, le gobelin était devenu un expert dans l’art de faire “parler” les gens. Il suffisait d’un petit coin à l’abri des regards indiscrets et l’âme damnée au service de Tensaï et Ayshara serait capable de faire dire n’importe quoi à n’importe qui. Mais plutôt que de trouver un traître au service de l’Empire, il serait plus intéressant pour lui d’en trouver un au service du Syndicat du Crime... Après tout c’était plus que plausible que la concurrence s’immisce dans les affaires du Baron et lui mette des bâtons dans les roues, en le balançant aux services secrets reikois par exemple. Et si on pouvait déclencher une guerre entre deux gangs rivaux, c’était l’Empire qui en sortirait gagnant.

    Détendu, le semi-volatil se reposa sur le dossier de sa chaise, attendant une réaction du Roi de la Pègre de Kyouji : au mieux il le chargerait de s’occuper du “traître”, au pire il mettrait un incompétent sur l’affaire et ne se gênerait pas de le dézinguer au moindre faux-pas. Dans tous les cas le gobelin pensait qu'il pouvait ressortir gagnant de cette petite affaire.
     
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  • Mer 1 Mai - 11:33

    Le Conclave du Crime Caglay10





    - Grande Salle Souterraine, Kyouji -

    Zaïn se fichait éperdument de la capture de Vaenys par les autorités, et qu'il s'en soit sorti ne lui faisait ni chaud ni froid. Pour ce qu'il en savait, le Baron pouvait bien périr que le chef de cellule des chaines s'en laverait les mains. Son chemin vers le chaos était tout tracé et la pègre n'était pas sa destination, mais seulement un moyen pour y parvenir. Il avait rallié le vivier de Kyouji uniquement pour s'occuper les mains le temps de trouver une opportunité de nuire au Sekaï dans sa globalité. Pour l'heure, Zaïn Tevon-Duncan n'était qu'une épine dans le pied du Reike, le temps de devenir un problème plus conséquent, inévitable, inéluctable, mortel.

    Son petit problème de traitre au sein de l'organisation était puéril, tout juste une perte de temps. Qu'il ait fait venir tous ses sbires simplement pour les en informer était d'un rasoir qui donnait envie au maudit de tous les tuer ici et maintenant. Or, il était en présence de personne œuvrant au Chaos, et même si c'était une notion qu'il avait perdu depuis longtemps, il était en présence d'alliés dans le mal. La pègre, aussi insignifiante soit-elle, répandait le mal sur une petite partie du Sekaï. Il fallait donc composer avec eux.

    Et alors que jusqu'à présent l'hybride dissimulé sous son casque d'acier n'écoutait que d'une oreille les homélies de ses confrères et consœurs, se perdant à se défendre face à de vaine accusations, comme prêts à se jeter au cou, Zaïn décida qu'il était temps de clore le sujet avec une solution toute trouvée. Toujours immobile, bien droit, sans même un regard pour Vaenys, le maitre des chaines s'adressa directement à lui d'une voix particulièrement grave, telle un tambour de guerre.

    - S'il y a bien une personne dont tu devrais te méfier, Baron, c'est bien de cette Tovyr. Ses tentacules s'étendent par trop dans cette cité, elles ne tarderont pas à investir les souterrains et alors tes commerces seront sur la sellette. Le Coeur a également déployé des moyens régaliens pour mettre le grapin sur nos hommes, mes trafics en sont les plus impactés parmi tous ceux représentés autour de cette table. Il ne se passe pas un jour sans que je doive envoyer à la tombe des soldats et contrôleurs. Non pas que ça me dérange, tout au contraire, mais cela trahis un affermissement de la chasse à la pègre. Alors si tu veux déceler ce traitre qui te tarabuste, Baron, tu n'as qu'à identifier celui qui pâtît le moins de la Tovyr, du Coeur et de l'Oreille.

    Si l'un d'eux ici bénéficiait d'un accord avec les autorités, renseignant les trois individus susmentionnés sur les affaires du Baron dans le but de le faire tomber, il devait forcément être épargné par les chasse à la pègre lancée par la Tovyr Leezen et messire Sanariel. Les contrôles devaient être moins rude à son égard et les poursuites moins tenaces. C'était là la faiblesse de tout agent infiltré : Il échappait miraculeusement à l'attention des autorités...





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  • Mer 1 Mai - 19:17
    Aïe.
    La révélation de l’existence non pas potentielle mais indubitable d’un traître n’était jamais une bonne chose -surtout pour les arrivants récents- et plus particulièrement lorsque des liens manifestement solides semblaient relier les autres membres de l’attablée. Carl, les jambes croisées et le front plissé par un mélange de réflexion et de dubitation, avait écouté avec une certaine fascination quelques-uns de ses partenaires dans le crime balayer la promesse initiale du maître des lieux qui -de manière assez logique- s’était efforcé de confondre le traître en lui promettant un échappatoire sûr bien qu’improbable si l’envie venait stupidement à ce dernier de se désigner.
    Bon, de toute façon, aucun être au lobe frontal fonctionnel n’aurait pu croire véritablement que le Baron offrait un moyen d’exil à celui ou celle venant de lui planter un couteau entre les omoplates. Le fait que personne ne se soit levé pour révéler à tous sa tromperie étant, au bas-mot, attendu, les théories et les menaces s’étaient enchainées, que ça soit par l’attitude, le discours ou…L’écriture, dans le cas du moins emplumé des porteurs de masques aviaires.
    Et puis il y avait eu…Hm…
    Une tentative de résolution, prononcée d’une voix grave, trahissant la brutalité de son possesseur et, par la même occasion, dévoilant sans grand mal ses tares. C’était souvent le problème avec les brutes : Les voies de la fourberie -de même que celles de la subtilité- leur restaient inatteignables. Ce n’était pas tant qu’ils ne pouvaient pas y accéder, simplement qu’ils n’y voyaient pas d’intérêt. A cela, Carl n’y voyait aucune honte ni pitié. Certains de ses meilleurs employés restaient d’ailleurs, malgré tous leurs efforts, des brutes épaisses. Chacun sa spécialité, voilà tout.
    Le problème, dans cette situation précise, c’était que celui qui aurait dû être un exécuteur se retrouvait à la place d’un décideur, et vomissait donc un flot de conneries sans queue ni tête dans l’espoir de se faire bien voir par le grand chef et -par la même occasion- justifier les pertes et fracas qu’il avait dernièrement subis en tentant de faire son boulot de vendeur de pouilleux.

    Le silence expira face au ricanement mesquin qui filtra du masque à l’effigie du visage de son propre porteur. Ses deux mains gantées s’entrechoquèrent dans un applaudissement lent, appliqué, indubitablement moqueur. Et puis Carl retira cet outil censé l'anonymiser, le posa sur la table face à lui pour faire mine d’essuyer les larmes d’amusement ayant coulé de ses yeux. Un soubresaut causé par un éclat retardataire difficilement contenu plus tard, il pointait les deux émeraudes siégeant dans son regard directement vers l’incompétent aux larges épaules s’étant improvisé détective, et grinça :
    “-Ma foi, je ne sais pas comment ça se passe, par chez toi, mais de là d’où je viens, ceux qui ne se font pas choper par les autorités, ce ne sont pas des traîtres. Ils sont juste…Comment dit-on déjà ?
    Sa langue de Shoumeïen butait contre tout ce qui touchait au Reike, mais ses années passées à échanger avec toutes sortes de criminels lui avaient permis d’apprendre à aligner quelques mots dans le dialecte d’origine des sauvages du désert. Gutturale et limitée, elle représentait bien ce que l’Empire barbare valait aux yeux des autres nations.
    Hélas, malgré ce que ses origines lui dictaient, le Père des Sanglots se devait de réduire au silence le fiel qu’il nourrissait à l’égard du Reike. Qu’importe à quel point ses camarades du moment se montraient enclin à la corruption et aux coups bas, ils demeuraient des habitants de l’empire, avec tout ce que ça impliquait en chauvinisme et en réactions à chaud.
    “-Athdavrazar !” Énonça-t-il, certes difficilement mais l’air victorieux. “Ça veut dire bon, en Shierak-Qiya. Ou excellent, ça dépend du contexte.”Il posa une main ouverte sur son propre poitrail. “Pour moi, par exemple, ça voudrait dire excellent.
    Tout sourire, il dévisagea -ou démasqua- chacun des autres chefs de cellules. La femme trop maigre, l’emplumé et son jumeau d’accessoire, l’orc... Cela commençait à devenir difficile de croiser des humains, en ces temps de troubles. Ses doigts vinrent caresser le bois vernis de la table alors que l'exposé reprenait, sans se départir de l’amusement qui altérait sa voix et faisait trembler ses mots :
    “-Bien sûr, je doute d’être le seul. En réalité, je pense que beaucoup parmi nous se sont rendus coupables d’excellence en évitant savamment de se faire marcher dessus par je ne sais quel tovyr. Et si vous me le permettez, je tiens également à pointer du doigt qu’à l’inverse de ce que prétend notre ami aux larges épaules : il existe une sorte de généralité, dans le monde criminel. Ceux qui ont le plus souvent à faire aux autorités et qui parviennent malgré tout à s’en sortir s’avèrent être -bien trop souvent- les meilleurs mouchards.” Carl haussa les épaules en affichant un sourire faussement gêné en direction du costaud. “Rien de personnel hein, mais j’ai plus de mal à m’expliquer comment quelqu’un qui se plaint constamment de l’activité d’un traqueur trop talentueux nuisant à ses affaires, qui perd -apparemment- chaque jours des moyens et des hommes, peut bien se débrouiller pour avoir encore la tête sur les épaules et…Une place parmi nous.
    Son attention se porta ensuite sur le Baron, qui devait -hélas- probablement faire travailler sa patience pour supporter le cirque ayant lieu dans ses quartiers.
    “-Mais à la décharge de notre ami esclavagiste, je ne pense pas que ça soit le traître non plus. Quelqu’un au raisonnement aussi simpliste ne peut pas espérer vous tromper sur de longs mois. J’irai jusqu’à dire que sa condition le disqualifie des traîtres potentiels ! Je me suis simplement permis de souligner une petite erreur, avec votre permission.
    Il salua d’un hochement de tête respectueux le maître des lieux, se reposa contre son dossier et fit mine de réfléchir alors que les prunelles vides de son masque, abandonné au bord de la table, fixait le plafond.
    “-J’ajouterai au passage -et sans mesquinerie aucune- que personne d’un minimum sensé ne se risquerait à partir d’ici maintenant, en sachant que la moitié de notre fière tablée vient de promettre au traître une condamnation à mort dans l’instant.
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  • Ven 3 Mai - 16:38
    Écoutant attentivement la voix du Docteur, le Vosdraak laissait ses prunelles d’améthystes glisser jusqu'au masque corbin de jais. Cette mésaventure, si elle avait abouti par la mort du Baron, aurait été fâcheuse pour bon nombre des chefs de cellules ici présents, c’était une certitude. Mais, elle l’aurait été encore plus pour la réincarnation démoniaque, qui avait encore bon nombre de projets à mener à bien avec le Baron.

    « Oui, fort heureusement, l’empereur a jugé bon de me garder en vie. Je vous expliquerai la raison de cette décision par la suite. En attendant, j’espère bien pouvoir m’entretenir avec vous et surtout, j’aurai besoin de vous en République car, comme vous le soulignez, vous connaissez parfaitement bien le fonctionnement de cette Nation. » Répondit-il, laissant sa voix déformée par l’acier de son masque flotter jusqu’à son interlocuteur.

    La conversation suivait son cours, l’orc désormais à la tête de la Cellule de Falsification discutant avec les autres. Ce dernier se vit d’ailleurs lancer un regard perçant par le Vosdraak, qui, effectivement, jugeait bon le fait qu’il fût déplacé dans cette Cellule.

    « Ergoth. Tu sais pertinemment pourquoi je t’ai confié cette Cellule. Cesse donc de te plaindre. » Cracha Vaenys, assombrissant son regard sur l’Orc. Si ce dernier avait été placé à cette place, c’était bien parce que le Vosdraak éprouvât une pleine confiance en lui. Il était d’ailleurs certain qu’il n’était pas le traître recherché aujourd’hui même.

    La remarque du Docteur concernant le masque porté par le Marchand de Sable ne manqua pas d’arracher un sourire au Vosdraak à la chevelure argentée. Il était vrai que le chef de la Cellule des Lames du Silence, à cause de sa nature d’ignoble hybride, n’avait pas un grand panel de possibilités de masque. Mais, c’était nécessaire d’en porter un aujourd’hui, hélas. Un traître était présent dans cette assemblée et, Vaenys était bien déterminé à le démasquer.

    Dorénavant, chacun pouvait réagir à la demande du Baron, celle concernant le traître présent. Il ne soupçonnait personne en particulier, même si, certains membres du conclave pouvaient être lavés de tout soupçon. Mais qui ? Cela, seul le Baron le savait et, peut-être Wulfric, son bras-droit. Ce dernier d’ailleurs, ne parlait pas. Tout comme son chef, il se contentait d’observer les différents chefs de Cellule, leurs réactions, les moindres indices pouvant démasquer le traître. Mais, tout comme Vaenys, il savait que, dans ce genre d’endroits, tous étaient parfaitement capable de mentir à la perfection pour sauver sa peau.

    Car oui, l’être divin à la chevelure argentée avait beau dire qu’il ne tuerait pas le traître, ses pensées disaient tout le contraire. Et, plus le temps s’écoulait, plus l’individu devant être démasqué se verrait accorder une effroyable punition. Mais, n’était-ce pas ça, la dangerosité de la Pègre ? La trahison ? Le Vosdraak aurait très bien pu perdre la vie ce jour-là. Même Wulfric, qui s’en était miraculeusement sorti indemne, après un entretien avec la Tovyr et l’Oreille.

    Vaenys n’accordait pas une grande confiance au Docteur, mais il savait cependant qu’il pût compter sur lui et sur sa discrétion, que ce n’était pas un traître. Il n’aurait pas grand intérêt, surtout après avoir fait de Vaenys un associé, comme il l’avait souligné plus tôt. Ainsi, la réincarnation démoniaque faisait partie des personnes présentes qui n’était absolument pas soupçonnée par Vaenys. Ainsi, ce dernier, tournant la tête vers le Docteur, lui adressa un léger hochement de la tête, tout en tentant de percer son masque noir à l’aide de ses prunelles d’améthyste.

    « Hélas, je n’ai pas demandé à l’Oreille ou à la Griffe comment ils ont pris connaissance de ma position. Donc, non, je n’en sais pas plus que vous. » Répondit-il, dans des paroles semblant être emplies de sarcasmes. Doucement, il tourna la tête en direction de Wulfric, laissant ses prunelles glisser jusqu’au regard du Lycanthrope. Ce dernier hocha la tête, indiquant qu’il ne savait rien non plus.

    La Danse-Mort fut la seconde à prendre la parole et, la première à menacer le traître présent dans cette salle. Un acte qui ne manqua pas de surprendre le Baron, qui glissa son regard jusqu’à elle, arquant un sourcil sous son masque d’acier noir. Il ne rajouta rien à ses paroles, ces dernières étant parfaitement claires. Il le savait, Isolde ne travaillait pas pour l’Empire du Reike, que ce soit pour l’armée ou pour les services de renseignement. Ce n’était pas dans ses intérêts.

    Le Marchand de Sable cette fois, très peu bavard. Mais, en quelques mots, il menaça à son tour le traître. Avait-il la confiance du Baron ? Non. Ce n’était pas ce que Vaenys recherchait, surtout pour un assassin. Ce qu’il attendait de lui, c’était qu’il fît son travail et, pour l’instant, il n’avait absolument aucun reproche à lui faire. Cependant, il ne pouvait pas être aussi fiable que l’était le Docteur, alors, naturellement, il entrait dans la catégorie des personnes soupçonnées.

    Zaïn, cette fois-ci. Une vieille connaissance du Vosdraak. Devait-il être soupçonné ? Oui. Tout simplement parce qu’il était un hybride et, comme à tous les hybrides, le Vosdraak ne pouvait lui accorder la moindre confiance. En plus de cela, l’imposant hybride vêtu de noir eut un discours pour le moins… étrange. Que venait faire la Tovyr et le Cœur au beau milieu d’une conversation interne à la pègre ?

    « Cette Tovyr que j’aurais pu faire disparaitre en une fraction de seconde, tu veux dire ? Ça ne sera pas un problème pour la Pègre, crois-moi. Même le Mage d’État était plus menaçant. Elle n’est pas assez maligne pour me débusquer. Peut-être se contentera-t-elle des quelques idiots qui commercent proche de la surface. Les appâts, comme j’aime les appeler. Ceux pensant qu’ils savent tout de mon réseau et, qui vendent de fausses informations en échange d’une réduction de peine, après s’être fait lamentablement coincer. Voilà ce que la Tovyr attrapera. Le réseau que j’ai mis plus d’un siècle à bâtir est bien trop complexe pour que la première venue puisse venir tout foutre en l’air. Surtout pas cette femme, que j’ai mis à terre sans le moindre problème. J’aurais dû la tuer, oui. » Répondit le Baron, sa voix vibrante résonnant dans l’immensité de la pièce.

    Bien évidemment, il se garderait bien d’énoncer l’accord passé avec la Griffe et l’Oreille, surtout en la potentielle présence d’un intrus. Son regard pivota cette fois-ci vers Wulfric, qui, tout comme le Baron, était aux premières loges ce jour-là. Il voulut lui poser une question, puis se résilia, ne jugeant pas nécessaire de continuer sur cette voie-là.

    Son regard glissa plutôt jusqu’au shoumeïen, portant un ravissant masque. Vaenys ne pouvait pas spécialement se fier à ce dernier non plus. Car, il restait un mercenaire, c’était bien différent d’Isolde qui elle, n’était que chef de Cellule et du Docteur qui lui, avait un véritable intérêt à travailler avec Vaenys. Contrairement aux autres membres de l’assemblée, Carl était une vraie pipelette. Mais, chacune de ses paroles avaient un sens et, ses mots semblaient être méticuleusement choisis à l’avance. En bref, il ne parlait pas pour rien dire. Il était un être d’un narcissisme extrême. Après sa longue tirade à l’encontre de l’hybride costaud, le Sorince décréta par lui-même que Zaïn n’était pas un traître potentiel. Un de moins sur la liste des suspects.

    Voilà pourquoi le Baron tenait à ce que le shoumeïen fût de la partie. Il était malin et, direct. Enfin, peut-être parviendrait-il à tirer les vers du nez au traître que le Baron recherchât. Certainement. Et, comme il l’avait souligné, après toutes ces menaces prononcées, personne d’un minimum sensé ne se risquerait à se lever de sa chaise.

    Chacun des membres présents dans cette assemblée avait été choisi directement par le Baron. Non pas parce qu’il pût leur faire confiance, mais parce qu’ils étaient compétents et, c’était tout ce qui l’importait. Malheureusement, une place élevée dans la hiérarchie de la Pègre et les bonnes grâces du Roi de la Pègre ne suffisaient pas toujours à obtenir une grande fidélité. Vaenys en était conscient et, ce n’était pas la première fois qu’il fût trahi en tant d’années d’expérience dans la Pègre. Seulement, la dernière fois, personne ne connaissait sa véritable identité et, il était promis à devenir le roi du Reike. Or, ce n’était plus le cas, il n’avait plus aucune protection.

    Ses améthystes, après quelques instants de réflexions, glissèrent une nouvelle fois dans les émeraudes du Sorince. Sous son masque d’acier complètement noir, le Vosdraak fit un léger sourire.

    « Personne n’est lavé de tout soupçon. » Répondit-il, laissant un léger moment de doute planer. « Encore moins dans une situation comme celle-ci. » Reprit-il, détournant son regard du Sorince. Un long soupir s’échappa d’entre les lèvres du prince déchu, qui commençait à doucement, perdre patience.

    Levant le bras en direction du plafond, Vaenys fit tourner légèrement son poignet. Autour de ses doigts semblait glisser un sillon de magie obscur, un art que le Vosdraak maîtrisât à la perfection. Soudain, la seule et unique porte permettant de sortir de cette pièce fut maintenant condamnée par un puissant mur de magie des ténèbres.

    « Tant que le traître ne sera pas démasqué, personne ne pourra espérer sortir de cette pièce. Comme promis, le traître perdra la vie ce soir, puisqu’il n’a pas eu la décence de se lever plus tôt. C’est bien dommage car, quoi qu’il arrive, vous êtes très utile dans votre domaine de prédilection. » Déclara le Vosdraak, tout en baissant le bras. Une brume sombre semblait s’étendre sur l’intégralité de la surface de la pièce, puis, elle s’abaissait doucement, à chaque seconde s’écoulant. Désormais, le temps était compté. La brume pouvait, non seulement charcuter une personne ciblée par le Baron, mais aussi la paralyser, rendant une éventuelle cible impossible. Il l’avait prévenu, s’il ne se levait pas maintenant, alors le Vosdraak se chargerait de lui.

    Mais, tuer un infiltré, était-ce une bonne idée ? Clairement pas.
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  • Sam 4 Mai - 11:45

    Assis et toujours silencieux, j'écoutai simplement les réponses à mes propos. Ici et là, quelques propos intéressés ou amusés. Ainsi, le Baron avait des projets pour moi, s'associant à la République. La Danse-Mort également estimait que nous aurions des choses à nous dire bien que je fus étonné de la façon qu'elle eut de botter en touche pour rediriger la discussion sur d'autres sujets. Mais ce fut la tournure des événements qui capta véritablement mon attention. Face aux mots de Vaenys quant au traître potentiel, nous avions commencé chacun notre tour à tenter d'établir une ligne de défense. Tous? Non. Pas tous. Tournant le bec vers celui qui en possédait également un, mes yeux se plissèrent afin de mieux analyser l'individu que l'on nommait le Marchand de Sable. Une affirmation. Sûre. Certaine. Digne. Et aucune défense. On disait bien souvent des assassins qu'ils devaient être taciturnes, discrets. Mais il y avait quelques limites. Quelque temps ou même la lame la plus aiguisée devait rentrer dans son fourreau pour laisser la langue parler.

    Et en parlant de langue, certains n'eurent visiblement pas la leur discrète puisque de longs échanges firent résonner dans l'alcôve criminelle des voix aussi différentes que parfois agaçantes. Des conseils sur quoi faire, une réponse particulièrement sarcastique et amusante. Le ton était donné quant à la suite des événements. Aucun ici ne se faisait confiance et, à vrai dire, je peinais à croire que le Baron lui-même pût avoir confiance en l'un de nous. Pour ma part, je ne craignais rien. Si j'avais eu mes déboires par le passé, Vaenys était suffisamment intelligent pour savoir que je ne comptais ni le trahir, ni cesser notre collaboration aussi longtemps qu'elle m'était avantageuse. Il avait également eu vent de ma véritable nature, de ce que j'étais réellement, et d'à quel point les contrats que je passais pouvaient m'être importants. Mais il s'agissait là d'une vérité jalousement gardée. Un détail que les autres membres ne connaissaient sans doute pas, et à raison. Ce n'était ni leurs affaires, ni le moment. Nous avions tous notre petit jardin secret. Même si, visiblement, pour certains ce dernier était pourri des vices de la trahison.

    Déportant mon regard du chef de l'esclavagisme et du chef du trafic d'organes, mes lentilles se concentrèrent sur le roi de la pègre lui-même tandis qu'il venait de verrouiller notre moyen de sortie et lancer une invocation ombreuse. Je ne savais trop quoi penser d'un tel stratagème. La tension était un plus, évidemment, mais je n'étais pas totalement certain que cela résoudrait notre affaire plus rapidement. Au pire, pensais-je, nous pouvions tout simplement désigner un coupable d'un commun accord et l'abattre sur le champ. Peu importait qui était le traître, si nos vies étaient menacées. La Danse-mort semblait pressée d'en découdre avec l’agent double, le Marchand de Sable s'avérait peu bavard, le chef des marchés de l'ombre s'exprimait beaucoup et de manière poussée, Ergoth était trop grognon pour laisser courir un soupçon de traîtrise dans son regard et l'être dirigeant la partie esclavagiste semblait délaisser le coupable potentiel pour un avertissement. En vérité, toutes ces positions ne permettaient pas de tirer facilement au clair l'histoire qui nous frappait tous. Et à présent que les ombres menaçaient de gagner du terrain, le stress allait s'ajouter aux potentielles craintes d'un traître dissimulé ou bien l'agacement des autres chefs de cellule. Une poudrière républicaine, mal ajustée, qui menaçait à tout moment de s'embraser et d'emporter avec elle les efforts centenaires du Vosdraak pour le maintien de son organisation. Comment agir, alors? Nous ne pouvions décemment pas accuser quelqu'un au hasard, il fallait un minimum de preuves. Oui mais... Est-ce que le Baron lui-même , au moins, savait de quoi il en était? J'en doutais fort.

    * Voilà qui devient intéressant. *

    Croisant mes mains gantées l'une avec l'autre, mon regard glissa doucement sur les différents individus présents pour en analyser toutes les facettes. Je cherchais en vérité moi aussi qui pouvait être le fourbe ayant choisi de trahir d'autres fourbes. Un sourire amusé passa sur mes lèvres fendues.

    * Peut-être que pour trouver qui est responsable d'une telle vilenie, il nous faudrait observer la chose sous un spectre nouveau? Inutile de regarder l'ancienneté de nos services pour vous Baron, ou bien la ferveur dont nous pouvons faire preuve. Un espion infiltré, saura toujours se faire passer pour le plus fidèle des cabots. *

    Mes yeux s'arrêtèrent sur la brute épaisse, puis sur le marchand de sable.

    * L'un balaie la question de la trahison au profit d'avertissements... L'autre ne s'exprime presque pas et tente de voler ma tenue préférée. *

    Je vins appuyer un peu plus mon regard sur celui qui gérait la branche de l'assassinat.

    * Peut-être qu'à présent qu'un ultimatum semble nous être imposé, vous serez gré de nous en dire un peu plus, cher Marchand de Sable. Comment comptez-vous régler ce problème? Vous dirigez la branche de l'assassinat. Vous êtes une lame de l'ombre, habituée à se faufiler partout. A s'adapter à toute situation. A tromper les défenses ennemies pour être accueilli comme un allié avant de frapper. Comment accorder ainsi pleinement sa confiance à un individu spécialisé dans la tromperie, le subterfuge et... l'infiltration? *

    Je m'arrêtais quelques instants, me tournant vers le Baron.

    * Je ne remets naturellement pas vos choix en cause, mais puisque nous sommes ici tous des coupables potentiels, je trouve ça intéressant d'éplucher chacune des possibilités. *

    Me retournant, je reportai ensuite mon attention vers l'assassin en chef. Mes mains glissèrent doucement sur la table comme si j'en sculptais toute la forme avant de finalement laisser mon esprit résonner de nouveau dans la pièce.

    * Je préfère mettre les choses au clair, vous n'êtes pas plus coupable à mes yeux qu'un autre. Vous êtes deux hybrides à cette table, cependant. Deux êtres capables de se faire passer pour plus misérable qu'ils ne le sont. Plus... Dociles. J'ai eu le temps et les moyens d'étudier votre espèce, de la disséquer et de voir comment votre race fonctionnait. Et en plus de ces conditions inhérentes à votre espèce, vous êtes de plus parvenu à devenir un assassin si important qu'il dirige à présent la branche la plus sanglante de notre charmante organisation. Un sourire. Mais vous n'êtes pas seul dans cette affaire. Notre autre hybride est aussi tout indiqué pour ce genre de comportement, même s'il semble avoir eu quelques déboires avec l'armée. Reste ensuite Ergoth, ici présent. Le ressentiment peut nous faire faire des choses parfois stupides... Puis il y a le cercle proche... Tant de possibilités.... *

    Je tournai ensuite le bec vers Vaenys lui-même, sentant autour de nous la magie ombreuse vibrer intensément. Des douleurs potentielles, enivrantes, qui me donnaient envie de plonger dans mes poisons chacun des individus présents pour en extraire l'essence de vérité. Mais, et si c'était là également une finalité en soit?

    * Il reste ensuite une dernière option, plus insidieuse. Une option qui ferait que le Baron lui-même a parlé de cette histoire pour créer le doute en chacun de nous. Pour lui permettre de voir combien nous lui sommes véritablement fidèle. Car au pire, que faisons nous? Nous tuons un innocent. Tous ici, nous pouvons affirmer sans honte que les innocents sont déjà venus maculer nos paumes d'un écarlate sordide. Et puis aucun de nous ne peut véritablement se targuer d'un tel titre. Alors peut-être. Peut être que tout cela n'est qu'un jeu de notre hôte et que nous nous vautrons dedans comme des porcs dans la fange... *

    J'haussai les épaules, comme pour signifier que je me moquais en réalité bien de cette hypothèse.

    * Mais puisque nous sommes tous forcés de jouer... Autant y aller à fond, n'est-ce pas? *

    La partie était déjà lancée, il était temps de placer ses pions.

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    Isolde Malkyn
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  • Sam 4 Mai - 21:22
    LE CONCLAVE DU CRIME
    LA PÈGRE

    Ergoth grommela suite aux mots de l’être à la longue chevelure argentée. Il écoutait les interventions des uns et des autres, refusant de sortir un mot de plus. Il demeurait silencieux, il savait que les soupçons du roi de la pègre n’étaient pas portés sur lui. Il n’avait pas de quoi être inquiété, il se sentait épargné. Aussi, il continuait à faire acte de présence, sa position restait inchangée. L’orc bougonnait dans son coin, enfoncé dans sa chaise les bras croisés.

    Isolde écoutait calmement les paroles des différents chef de cellule, certains semblaient beaucoup plus bavards que d’autres. Qui de celui qui se taisait ou de celui qui parlait beaucoup paraissait le plus coupable, elle n’en savait rien. Pourtant, elle sentait une vague d’excitation parcourir son corps. Parce que la tension se renforçait, plus le temps passait. Elle n’écoutait que d’une oreille distraite certains discours et les bavardages autour des personnes fidèles à l’Empire. Tout ce qui importait la liche à cet instant, c’était de resserrer l’étau autour du coupable. Ou de l’innocent, à vrai dire, cela n’avait pas vraiment d’importance. User de ses pouvoirs pour faire parler, faire avouer n’importe quoi, sentir la peur de mourir, la crainte d’un avenir incertain… Et enfin éventuellement voir le sang couler. Voilà ce qui enchantait la mage, châtier un traître potentiel…

    Aussi, elle sentait en elle ce vide, ce sentiment étrange d’être appelée ailleurs, ce qui la rendait distraite pendant quelques instants. Comme si le maître nécromancien qui l’avait transformée la commandait à distance, lui ordonnant certaines choses, dictant ses pensées… Cela ajoutait beaucoup de confusion à son esprit déjà troublé. Elle se sentait appelée par son maître, depuis les contrées désolée de Shoumei.
    La nécromancienne percevait la magie des ténèbres du baron autour de tous les protagonistes. Elle leva ses bras en l’air soudainement, les plongeant dans les ombres. Sa nature l’immunisait naturellement à cette forme sombre de magie. Toutefois, celle utilisée par Vaenys présentait une forme puissante et agressive. La douleur se faisait doucement sentir, tel un plaisir exquis qui la submergeait. Elle picotait ses avants-bras, mordant sa peau, la brûlant d’une intensité obscure. Un frisson parcourut son être et elle poussa un murmure de satisfaction. Elle appréciait ressentir la brûlure des ombres sur son derme. Puis elle se mit à ricaner bruyamment, avant de se lever. Elle sembla danser à travers les ombres, avec une grâce macabre. Puis elle vint se placer aux côtés du baron.

    - « Vers qui vos soupçons se dirigent-ils ? » lui demanda-t-elle. Les ombres avaient mordu sa peau, la blessant légèrement à certains endroits. Ses bras en portaient les traces, alors que les ténèbres avaient tenté de la blesser. Les griffes des ténèbres avaient laissé des stries sur sa peau extrêmement pâle. Malgré son immunité, les marques sinistres reflétaient leur méfait. Des lignes carmin qui lézardaient ses bras, des traces de brûlure sur ses mains. Chaque contact laissait son obscure empreinte. Elles représentaient bien plus que le plaisir de la souffrance physique, mais le symbole de son pouvoir et de résistance face aux ombres. Elle possédait à présent la capacité de résister aux ténèbres. Mais qu’en était-il des autres…

    - « Que vont-ils faire, lorsque votre magie remplira tout cet espace, les asphyxiant dans les ténèbres ? » dit-elle en balayant chaque individu des yeux. La liche semblait savourer chaque instant de cette confrontation sinistre. « Comme le dit le chef des Parfums de l’Invisible, ce conclave prend une tournure très intéressante… Toutefois, les ombres peuvent se montrer très versatiles… Elles choisissent qui elles veulent épargner et qui elles veulent consumer. » dit-elle par provocation et amusement. « Aussi, je crois savoir que le psychisme est fragile chez les espèces hybrides. » Sa voix prit une teinte de profond dégoût, outrageusement exagéré. « Une attaque mentale permettrait de délier les langues les plus récalcitrantes… Qu’en dites-vous cher baron ? » ajouta-t-elle, reprenant plus de sérieux. Elle ne plaisantait jamais avec la torture mentale. « Il n’y a rien ici pour les faibles et les traîtres. Ou seulement la douleur et la mort. » Une intensité glaciale parcourait son regard, qui était dissimulé derrière son masque de porcelaine. Elle possédait une irrésistible envie de faire éclater la souffrance qu’elle retenait en elle.



    Entraînée pour l'éternité dans une valse funeste avec la mort, elle dérive entre deux mondes dans une éternelle danse macabre.

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