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Ben le Bouc
Afosios Smaragdi
Arkanon Ikhilosho
Zéphyr Zoldyck
Lucifer
Cyradil Ariesvyra
Isolde Malkyn
Deydreus Fictilem
Phèdre
Shawn Fraldarius
Ayshara Ryssen
Lyra Leezen
Stadzank
PNJ
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Noble du Reike
Zéphyr Zoldyck
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crédits : 777
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La foule est en liesse.
La foule est dans la joie, la célébration et qu’importe où ses pas le mènent, Zéphyr n’entend que des louanges à l’encontre des valeureux Reikois.
Oui, chantez tant que vous le pouvez.
Les combats suivants n’en seront pas moins amers et difficiles.
Il faut pourtant au peuple des moments de festivités où ils peuvent commémorer la victoire, se rappeler les défunts, et prendre un nouveau souffle avant d’affronter le lendemain.
D’aucuns sauront pourtant que la victoire n’est pas totale, que l’Archonte a survécu grâce à Kahl. Mais il s’agit là d’un secret d’Etat que peu apprendront de leur vivant. En tous les cas, le maître-espion n’est pas là pour juger ses pairs, aujourd’hui ; plutôt pour laisser traîner ses oreilles et pour en profiter afin de revoir quelques connaissances. Pour déjà poser les pions pour la future bataille, aussi. C’est avec un objectif bien précis en tête que le conseiller royal arrive sur les lieux. Près de l’estrade se trouve la Griffe, qu’il compte bien entendu féliciter pour avoir mené cette difficile opération. Néanmoins, l’un et l’autre étant des guerriers, son frère d’arme ne verra aucun inconvénient à ce que Zéphyr lui souffle quelques bonnes nouvelles suite à son incursion dans le Shoumeï. Il y a juste la foule à traverser… Et en parcourant celle-ci du regard, l’homme croit apercevoir plusieurs silhouette qui l'intéressent, ou qu'il serait bon de rencontrer en tous les cas. L’homme ne tergiverse pas beaucoup, et alors que toute la foule a les yeux rivés sur Deydreus, Zéphyr se place dans un coin discret pour générer trois clones. Ces derniers savent bien entendu ce qu’il ont à faire, aussi ils s’esquissent rapidement d’un pas vif et alerte.
Le premier ne tarde pas à poser les yeux sur un petit troubadour vert. Ainsi, ses yeux ne l’avaient pas trompé, il s’agit bien de Stadzank. Un sourire affable sur les lèvres, le jumeau de Zéphyr prend la parole.
- Eh bien, grand maître ménestrel. Il paraît que vous avez été fait chanter les cœurs durant votre voyage dans le Grand Nord. Et qu’il avait fait un peu grincer des dents à une reprise, aussi. Si Zéphyr avait participé à l’expédition, son côté guerrier aurait certainement approuvé le point de vue des Dévoreurs, bien que, en tant que chef des espions, il comprenait quand même que Stadzank se soit fondu totalement avec sa couverture. En tous les cas, il n’en restait pas moins qu’il avait tout donné lors de leur périple et le bretteur reprit. Vous me raconterez bien les chansons que vous avez composées en partageant un verre ? Etant entendu qu’il aurait certainement beaucoup plus à lui en tant que collègues-espions...
Plus loin, dans la foule, une certaine demoiselle lance une injure, et cela fait hausser un sourcil à l’autre jumeau de l’Oreille.
- Je ne te savais pas si vulgaire, Eris. Son ton est manifestement taquin, et Phèdre aura tout juste le temps de se retourner pour dévisager le maître-espion. Celui-ci l’observe d’un air curieux, et voyant apparemment son malaise face à la foule, il l’invite d’un geste à bouger de là pour qu’ils trouvent un endroit moins agité. Cela fait quelques temps. J’ai appris que tu avais quitté Ikusa récemment. Pour aller vers… la République ? L’homme a une expression un peu dubitative, mais il n’est pas hostile pour autant. Qu’est-ce qui t’y amène ? demande-t-il. Et surtout, ajoute-t-il d’un air un peu amusé, qu’est-ce qui te déplaît dans ces festivités ? Ce n’est pas tous les jours que je t’entends jurer, et nous sommes quand même des amis de longue date.
Le troisième clone, de son côté, poursuit sa route jusqu’à l’estrade, et il n’est guère surpris de reconnaître deux, non, même trois silhouettes familières. Le temps qu’il approche, cependant, Deydreus s’écarte de Corvus, ce qui n’empêche pas le maître-espion d’aborder le Cœur d’un ton poli.
- Sieur Sanariel. Un sourire apparaît dans son regard. Il est agréable de croiser votre route. Comment vous portez-vous ? Son ton est courtois, amical, léger, presque, mais bien sûr, son camarade ne sera pas dupe. L’Oreille se déplace rarement de manière inutile. Ces festivités sont très réussies, Corvus. Je vois que vous avez mis les petits plats dans les grands pour mettre en avant nos guerriers qui méritent ces ovations. Mais je ne crois pas me tromper en disant que la plupart rêvent déjà de retourner sur le front plutôt que d’avoir à supporter tous ces vivats et ces félicitations. Encore qu’ils ont tous besoin d’un repos bien mérité.
Enfin, finalement, la véritable Oreille se tourne vers celui qui, naturellement, a suscité le plus son intérêt. Maintenant que Deydreus a fini son discours, il est plus facile de l’approcher. Le vampire a adressé quelques mots à une belle jeune dame – dont l’assassin connaît déjà le nom, Isolde, -, et le général des armées repart maintenant en direction de Lyra. Une occasion parfaite pour lui l’aborder, et de sa démarche fluide, Zéphyr arrive à sa hauteur.
- Deydreus. Un sourire franc et tout à fait sincère naît sur ses lèvres alors qu’il fait une accolade potentielle au vampire. Je suis heureux de te savoir en vie, mon ami. Encore qu’il n’avait jamais douté de son retour avec les Serres et les Dévoreurs. D’un geste, l’assassin désigne la populace et il continue : La foule est ravie de ton discours, mais je suppose que tu ne m’en voudras pas si je t’extirpes de ses griffes un peu plus tard ? Un léger silence marque ses propos, alors qu’un sourire satisfait et un peu sournois naît sur ses lèvres. Il est déjà temps que nous repartions en chasse. Pendant ton absence, je l’ai trouvé, Dey. Dans le Shoumeï. Zéphyr n’en dira pas plus, pas en la présence des membres qui les entourent, mais son frère d’arme comprendra directement ce que cela implique. J’ai recueilli le plus d’éléments possibles et j’ai un plan d’action à te proposer. Au couple royal aussi, évidemment, mais tout ne se disait pas tout haut. J’aimerais avoir ton avis quand tout se sera calmé. Après que tu aies fêté cette célébration comme il se doit naturellement. Et que tu m’aies raconté de vive voix comment s’est passé la marche.
La foule est dans la joie, la célébration et qu’importe où ses pas le mènent, Zéphyr n’entend que des louanges à l’encontre des valeureux Reikois.
Oui, chantez tant que vous le pouvez.
Les combats suivants n’en seront pas moins amers et difficiles.
Il faut pourtant au peuple des moments de festivités où ils peuvent commémorer la victoire, se rappeler les défunts, et prendre un nouveau souffle avant d’affronter le lendemain.
D’aucuns sauront pourtant que la victoire n’est pas totale, que l’Archonte a survécu grâce à Kahl. Mais il s’agit là d’un secret d’Etat que peu apprendront de leur vivant. En tous les cas, le maître-espion n’est pas là pour juger ses pairs, aujourd’hui ; plutôt pour laisser traîner ses oreilles et pour en profiter afin de revoir quelques connaissances. Pour déjà poser les pions pour la future bataille, aussi. C’est avec un objectif bien précis en tête que le conseiller royal arrive sur les lieux. Près de l’estrade se trouve la Griffe, qu’il compte bien entendu féliciter pour avoir mené cette difficile opération. Néanmoins, l’un et l’autre étant des guerriers, son frère d’arme ne verra aucun inconvénient à ce que Zéphyr lui souffle quelques bonnes nouvelles suite à son incursion dans le Shoumeï. Il y a juste la foule à traverser… Et en parcourant celle-ci du regard, l’homme croit apercevoir plusieurs silhouette qui l'intéressent, ou qu'il serait bon de rencontrer en tous les cas. L’homme ne tergiverse pas beaucoup, et alors que toute la foule a les yeux rivés sur Deydreus, Zéphyr se place dans un coin discret pour générer trois clones. Ces derniers savent bien entendu ce qu’il ont à faire, aussi ils s’esquissent rapidement d’un pas vif et alerte.
Le premier ne tarde pas à poser les yeux sur un petit troubadour vert. Ainsi, ses yeux ne l’avaient pas trompé, il s’agit bien de Stadzank. Un sourire affable sur les lèvres, le jumeau de Zéphyr prend la parole.
- Eh bien, grand maître ménestrel. Il paraît que vous avez été fait chanter les cœurs durant votre voyage dans le Grand Nord. Et qu’il avait fait un peu grincer des dents à une reprise, aussi. Si Zéphyr avait participé à l’expédition, son côté guerrier aurait certainement approuvé le point de vue des Dévoreurs, bien que, en tant que chef des espions, il comprenait quand même que Stadzank se soit fondu totalement avec sa couverture. En tous les cas, il n’en restait pas moins qu’il avait tout donné lors de leur périple et le bretteur reprit. Vous me raconterez bien les chansons que vous avez composées en partageant un verre ? Etant entendu qu’il aurait certainement beaucoup plus à lui en tant que collègues-espions...
Plus loin, dans la foule, une certaine demoiselle lance une injure, et cela fait hausser un sourcil à l’autre jumeau de l’Oreille.
- Je ne te savais pas si vulgaire, Eris. Son ton est manifestement taquin, et Phèdre aura tout juste le temps de se retourner pour dévisager le maître-espion. Celui-ci l’observe d’un air curieux, et voyant apparemment son malaise face à la foule, il l’invite d’un geste à bouger de là pour qu’ils trouvent un endroit moins agité. Cela fait quelques temps. J’ai appris que tu avais quitté Ikusa récemment. Pour aller vers… la République ? L’homme a une expression un peu dubitative, mais il n’est pas hostile pour autant. Qu’est-ce qui t’y amène ? demande-t-il. Et surtout, ajoute-t-il d’un air un peu amusé, qu’est-ce qui te déplaît dans ces festivités ? Ce n’est pas tous les jours que je t’entends jurer, et nous sommes quand même des amis de longue date.
Le troisième clone, de son côté, poursuit sa route jusqu’à l’estrade, et il n’est guère surpris de reconnaître deux, non, même trois silhouettes familières. Le temps qu’il approche, cependant, Deydreus s’écarte de Corvus, ce qui n’empêche pas le maître-espion d’aborder le Cœur d’un ton poli.
- Sieur Sanariel. Un sourire apparaît dans son regard. Il est agréable de croiser votre route. Comment vous portez-vous ? Son ton est courtois, amical, léger, presque, mais bien sûr, son camarade ne sera pas dupe. L’Oreille se déplace rarement de manière inutile. Ces festivités sont très réussies, Corvus. Je vois que vous avez mis les petits plats dans les grands pour mettre en avant nos guerriers qui méritent ces ovations. Mais je ne crois pas me tromper en disant que la plupart rêvent déjà de retourner sur le front plutôt que d’avoir à supporter tous ces vivats et ces félicitations. Encore qu’ils ont tous besoin d’un repos bien mérité.
Enfin, finalement, la véritable Oreille se tourne vers celui qui, naturellement, a suscité le plus son intérêt. Maintenant que Deydreus a fini son discours, il est plus facile de l’approcher. Le vampire a adressé quelques mots à une belle jeune dame – dont l’assassin connaît déjà le nom, Isolde, -, et le général des armées repart maintenant en direction de Lyra. Une occasion parfaite pour lui l’aborder, et de sa démarche fluide, Zéphyr arrive à sa hauteur.
- Deydreus. Un sourire franc et tout à fait sincère naît sur ses lèvres alors qu’il fait une accolade potentielle au vampire. Je suis heureux de te savoir en vie, mon ami. Encore qu’il n’avait jamais douté de son retour avec les Serres et les Dévoreurs. D’un geste, l’assassin désigne la populace et il continue : La foule est ravie de ton discours, mais je suppose que tu ne m’en voudras pas si je t’extirpes de ses griffes un peu plus tard ? Un léger silence marque ses propos, alors qu’un sourire satisfait et un peu sournois naît sur ses lèvres. Il est déjà temps que nous repartions en chasse. Pendant ton absence, je l’ai trouvé, Dey. Dans le Shoumeï. Zéphyr n’en dira pas plus, pas en la présence des membres qui les entourent, mais son frère d’arme comprendra directement ce que cela implique. J’ai recueilli le plus d’éléments possibles et j’ai un plan d’action à te proposer. Au couple royal aussi, évidemment, mais tout ne se disait pas tout haut. J’aimerais avoir ton avis quand tout se sera calmé. Après que tu aies fêté cette célébration comme il se doit naturellement. Et que tu m’aies raconté de vive voix comment s’est passé la marche.
Noble du Reike
Arkanon Ikhilosho
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Debout, un peu à l'écart, j'avais regardé la foule s'agglutiner selon les différents événements qui se déroulaient. Si ce n'était pas pour le gobelin aux musiques rythmées, bien loin de pouvoir rivaliser avec sa voix le chant d'une sirène nommée Takhys , c'était pour acclamer la Griffe qui n'avait plus aucun crédit à mes yeux. En réalité, je n'étais pas vraiment présent, mes pensées étaient bien ailleurs qu'ici, au point que les applaudissements et les cris me paraissent si lointain ,jusqu'à ce que Valeryon et l'impératrice fassent leur apparition.
Sortit de ma torpeur de façon brutale avec le cri terrifiant de l'être pourvu d'aile, j'avais voulu attraper instinctivement Serrcoeur qui hélas, n'était plus à sa place . Je ne m'étais toujours pas occupé de faire fondre les morceaux qui restaient d'elle, ayant préféré ne pas perdre de temps pour essayer retrouver une personne en particulier. Des cernes marquaient mon visage ,montrant que je n'avais pris guère de repos depuis notre retour de l'expédition. Mais je n'allais pas abandonner mes recherches, ayant accepté de venir ici afin d'avoir peut-être une chance dd'apercevoir la personne en question.
Épuisé, je voulus trouver un endroit calme pour m'assoir ,ce qui était cause perdue avec les réjouissances qui se déroulaient, traversant la foule en essayant de ne bousculer personne, chose pas évidente quand on faisait ma taille. Alors que mon regard était perdu au loin, mes cyans fixèrent une silhouette à quelques mètres de moi, me faisant presque rater un battement en pensant la reconnaitre. Sans même réfléchir, je m'élançais vers elle, écartant les individus me barrant la route avec les bras tandis que celle que je voulais rejoindre s'échappait,se frayant un chemin avec une facilité déconcertante comparé à moi.
-Attends !
Crié-je mais avec le bruit ambiant, ,ma voix avait été étouffée, le monde fluctuant à mesure que j'avançais. Acharné, je continuais d'avancer, même si je reçus une chaise ne pleine tête à cause de certaines troubles fêtes qui commençaient à en venir aux mains. Je ne distinguais presque plus la capuche ou des mèches rousses dépassaient lorsque je bifurquais dans une ruelle moins bondée en apparence.J'avais scruté les environs en arrivant en son centre, ne sachant si elle était parti d'un côté ou de l'autre. Alors que je m'élançais dans une direction, je sentis quelqu'un tiré sur ma cape.
Quand je me retournais, je vis un enfant vêtu d'un haillon, le visage crasseux. J'avais regardé un instant la rue, tiraillé un instant de perdre peut être ma seule chance de retrouver celle qui était tout le temps dans mes pensées ou d'apporter mon aide au petit garçon qui grelottait. Je soupirais puis finalement, je décrochais ma cape pour la mettre sur les épaules du petit malheureux, cherchant ma gourde pour la lui donner. Quand j'avais relevé ma tête, celui-ci avait disparu sans que je m'en aperçois.
Convaincue que j'avais effrayé l'enfant, je ne le cherchais pas plus, avançant vers l'endroit ou j'avais vu la dernière fois la silhouette que je poursuivais, croyant apercevoir l'Esprit en personne au loin. Malgré la foule et le fait que je n'étais pas sûr qu'elle puisse me voir avec son bandeau, je lui adressais un salut respectueux en inclinant légèrement ma tête dans sa direction, poursuivant mon chemin en trouvant cela étonnant qu'elle ne soit pas aux côtés des autres membres de son statut. Mais la voir oeuvrer pour le bien en apportant des victuailles aux plus démunis me semblait bien plus important finalement.
Je rebroussais chemin, ne regrettant nullement que ma cape est servie une fois de plus pour aider un autre, sauf de ne pas avoir été plus rapide et trop imposant pour traverser cette foule grandissante. D'ailleurs,en voyant une masse plus grande que moi encore, j'allais à sa rencontre. Reconnaissable parmi toutes les autres,je lui fis face, heureux de retrouver un visage familier. Habillé d'une tunique noire et écarlate fait avec des étoffes que seuls les nobles pouvaient s'offrir, j'eus la sensation d'être plus petit qu'à l'accoutumé à côté du guerrier de jade:
-Brak ! Je suis heureux de te voir. Je tendis ma dextre pour attraper son avant-bras afin de le saluer amicalement:-J'ai l'impression que c'était hier l'expédition.
Sortit de ma torpeur de façon brutale avec le cri terrifiant de l'être pourvu d'aile, j'avais voulu attraper instinctivement Serrcoeur qui hélas, n'était plus à sa place . Je ne m'étais toujours pas occupé de faire fondre les morceaux qui restaient d'elle, ayant préféré ne pas perdre de temps pour essayer retrouver une personne en particulier. Des cernes marquaient mon visage ,montrant que je n'avais pris guère de repos depuis notre retour de l'expédition. Mais je n'allais pas abandonner mes recherches, ayant accepté de venir ici afin d'avoir peut-être une chance dd'apercevoir la personne en question.
Épuisé, je voulus trouver un endroit calme pour m'assoir ,ce qui était cause perdue avec les réjouissances qui se déroulaient, traversant la foule en essayant de ne bousculer personne, chose pas évidente quand on faisait ma taille. Alors que mon regard était perdu au loin, mes cyans fixèrent une silhouette à quelques mètres de moi, me faisant presque rater un battement en pensant la reconnaitre. Sans même réfléchir, je m'élançais vers elle, écartant les individus me barrant la route avec les bras tandis que celle que je voulais rejoindre s'échappait,se frayant un chemin avec une facilité déconcertante comparé à moi.
-Attends !
Crié-je mais avec le bruit ambiant, ,ma voix avait été étouffée, le monde fluctuant à mesure que j'avançais. Acharné, je continuais d'avancer, même si je reçus une chaise ne pleine tête à cause de certaines troubles fêtes qui commençaient à en venir aux mains. Je ne distinguais presque plus la capuche ou des mèches rousses dépassaient lorsque je bifurquais dans une ruelle moins bondée en apparence.J'avais scruté les environs en arrivant en son centre, ne sachant si elle était parti d'un côté ou de l'autre. Alors que je m'élançais dans une direction, je sentis quelqu'un tiré sur ma cape.
Quand je me retournais, je vis un enfant vêtu d'un haillon, le visage crasseux. J'avais regardé un instant la rue, tiraillé un instant de perdre peut être ma seule chance de retrouver celle qui était tout le temps dans mes pensées ou d'apporter mon aide au petit garçon qui grelottait. Je soupirais puis finalement, je décrochais ma cape pour la mettre sur les épaules du petit malheureux, cherchant ma gourde pour la lui donner. Quand j'avais relevé ma tête, celui-ci avait disparu sans que je m'en aperçois.
Convaincue que j'avais effrayé l'enfant, je ne le cherchais pas plus, avançant vers l'endroit ou j'avais vu la dernière fois la silhouette que je poursuivais, croyant apercevoir l'Esprit en personne au loin. Malgré la foule et le fait que je n'étais pas sûr qu'elle puisse me voir avec son bandeau, je lui adressais un salut respectueux en inclinant légèrement ma tête dans sa direction, poursuivant mon chemin en trouvant cela étonnant qu'elle ne soit pas aux côtés des autres membres de son statut. Mais la voir oeuvrer pour le bien en apportant des victuailles aux plus démunis me semblait bien plus important finalement.
Je rebroussais chemin, ne regrettant nullement que ma cape est servie une fois de plus pour aider un autre, sauf de ne pas avoir été plus rapide et trop imposant pour traverser cette foule grandissante. D'ailleurs,en voyant une masse plus grande que moi encore, j'allais à sa rencontre. Reconnaissable parmi toutes les autres,je lui fis face, heureux de retrouver un visage familier. Habillé d'une tunique noire et écarlate fait avec des étoffes que seuls les nobles pouvaient s'offrir, j'eus la sensation d'être plus petit qu'à l'accoutumé à côté du guerrier de jade:
-Brak ! Je suis heureux de te voir. Je tendis ma dextre pour attraper son avant-bras afin de le saluer amicalement:-J'ai l'impression que c'était hier l'expédition.
Arkanon discute en 993300
La Sénéchale
Lyra Leezen
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Info personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Loyal Mauvais
Rang: B - Tovyr
⊰⊱
Lyra avait laissé le Coeur s'entretenir avec la Griffe, restant à l'écart de la foule, là où ils s'étaient séparées, les mains croisées en attendant son tour. Même dans le civil, la Tovyr gardait ce cérémonial rugueux propre à son grade, respectant les convenances à tout instant. Si le ministre des finances l'avait abordé, il était de notoriété que nul ne pouvait aller à la rencontre d'un membre de la main sans y avoir été invité au préalable. La Sénéchale ne ferait donc pas l'affront à Deydreus Fictilem de l'alpaguer comme se le permettait les plus enjoués de ses auditeurs. Il fallait cependant reconnaitre que son discours était authentiquement fédérateur, bien que la Tovyr était bien au fait de ce que le futur leur réservait. En effet, elle avait parcouru avec une assiduité toute dédiée les rapports confidentiels de l'Etat-major sur l'expédition dans le Grand Nord, et ce qu'il en avait découlé avait confirmé ses soupçons : Cette victoire n'était qu'un pas supplémentaire sur un élastique se tendant de plus en plus.
Alors qu'elle s'abimait dans ses réflexions, elle perçut le regard en coin que lui avait accordé son supérieur, alors qu'il s'entretenait toujours avec le Coeur. Finalement, les deux ministres se séparèrent et la Griffe fit mine de se diriger dans sa direction. Un frisson lui parcouru l'échine, frisson qui continua sa route jusqu'à la pointe de ses pieds lorsqu'à mi-chemin, le vampire fut intercepté par une troisième personnalité que Lyra ne connaissait que trop bien. Elle pinça les lèvres, ne bougeant toujours pas de sa position. Il ne faudrait surtout pas qu'elle interrompe les deux patriciens, ils s'adresseraient à elle seulement quand ils jugeraient le moment opportun.
Elle sentit un impertinant fendre la foule et marcher sur un pan de sa longue tunique trainant au sol. La Tovyr pivota dans l'idée de flanquer une raclée au gaillard qui cherchait manifestement quelqu'un, mais il partit si vite qu'elle ne vit que les deux cornes d'un Drakyn. Au moins, si elle le recroisait, elle pourrait lui faire lécher la soie qu'il avait piétinée pour en ôter la poussière. Avec toute cette agitation, Lyra se croyait sur un champ de bataille. Mais une bataille où la violence n'était pas permise était d'un ennui mortel...⊰⊱
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Dynasties & Dystopies
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Thème musical de la Sénéchale
Noble du Reike
Afosios Smaragdi
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Race: Humain
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique neutre
Rang: B
Afosios, vêtu de ses plus beaux atours, rejoignit les festivités sur la grande place d'Ikusa avec une grâce qui semblait lui être innée. La foule en liesse célébrait la victoire éclatante du peuple du Reike contre les enfants maudits de X'o-Rath, mais pour lui, ce n'était pas seulement une occasion de réjouissance populaire, c'était aussi un moment pour affirmer sa propre position dans l'échiquier politique et social de l'empire.
Il se déplaçait avec une assurance tranquille, observant la foule avec un mélange de dédain et de curiosité, écartant les quelques fêtards sur son chemin d’un chaste geste. Hors de question que ces pouilleux ne le souille ! Les acclamations et les cris de joie semblaient glisser sur lui comme de l'eau sur des plumes d'oie, car il savait que sa place n'était pas parmi cette multitude en liesse. Non, sa place était réservée aux côtés de la souveraine impératrice, Ayshara, celle qu'il servait avec une loyauté inébranlable depuis des années.
Dans sa main, un verre de cristal taillé avec une précision exquise contenait un vin d'une rare qualité. Chaque gorgée était savourée avec une délectation presque artistique, comme s'il dégustait chaque nuance de saveur et de texture. Pour Afosios, ce n'était pas seulement un verre de vin, c'était un symbole de son statut, de sa sophistication, et de son rôle privilégié au sein de la cour impériale.
Alors qu'il se rapprochait de l'impératrice, son regard croisa le sien, et un sourire subtil étira ses lèvres. Dans cet instant, il se sentit parfaitement à sa place, au cœur de l'aristocratie, là où le pouvoir et l'intrigue se mêlaient dans une danse éternelle.
Peu importait que l'immense dragon qui incarnait la puissance de l'impératrice se tienne à ses côtés, il avançait avec une assurance que certains pourraient presque qualifier d'insolente. Pourtant, ce n'était nullement le cas. Il n'avait été irrespectueux envers son Amie qu'une seule fois dans sa vie et entendait ne jamais reproduire cette hérésie.
Ses yeux balayèrent la foule avec un mélange de dédain et d'amusement. Il avait toujours considéré cette masse comme inférieure, un fait qui s'était solidifié au fil des années passées à naviguer les intrications du pouvoir. Pour lui, la véritable grandeur résidait dans la finesse des manœuvres politiques, pas dans la force brute exposée par ces festivités populaires, même s’il ne disait jamais non à un joyeux combat.
-Regarde-les, Shasha…, déclara-t-il avec dédain, désignant la foule d'un geste vague de la main, tout en continuant à siroter son verre de vin cristallin. À croire qu'ils étaient tous présents au cœur des combats. Un ramassis de faibles. Voilà ce que c'est.
Sa voix était empreinte d'un mépris à peine voilé, révélant son sentiment de supériorité écrasante envers ceux qu'il considérait comme des pions insignifiants sur l'échiquier du destin impérial. La grandeur résidait dans la stratégie et la finesse, des qualités qu'il croyait posséder en abondance, bien plus que la masse bruyante et inintelligente qui se pressait autour de lui.
Mais bon … Du pain et des jeux, comme on dit.
La conversation n'alla pas plus loin entre eux deux, son impératrice repartant aussi vite qu'elle était arrivée, laissant le sieur Smaragdi seul avec les ... Comment lui avait-elle demandé de les appeler, déjà ? Ha oui, les gens du commun. "Plus correcte", parait-il.
Puis, au loin, perdu parmi la foule bigarrée, il aperçut la silhouette familière de Zéphyr, le maître-espion. Un sourire furtif étira ses lèvres, car cela tombait à pic. Il avait besoin de s'entretenir de toute urgence avec lui au sujet du Prince Héritier. Son réseau d'informateurs et sa capacité à recueillir des renseignements vitaux faisaient de lui un interlocuteur incontournable pour des sujets aussi sensibles.
Aussi attendit-il le moment opportun. Ce n’était pas le lieu pour de telles discussions.
Il se déplaçait avec une assurance tranquille, observant la foule avec un mélange de dédain et de curiosité, écartant les quelques fêtards sur son chemin d’un chaste geste. Hors de question que ces pouilleux ne le souille ! Les acclamations et les cris de joie semblaient glisser sur lui comme de l'eau sur des plumes d'oie, car il savait que sa place n'était pas parmi cette multitude en liesse. Non, sa place était réservée aux côtés de la souveraine impératrice, Ayshara, celle qu'il servait avec une loyauté inébranlable depuis des années.
Dans sa main, un verre de cristal taillé avec une précision exquise contenait un vin d'une rare qualité. Chaque gorgée était savourée avec une délectation presque artistique, comme s'il dégustait chaque nuance de saveur et de texture. Pour Afosios, ce n'était pas seulement un verre de vin, c'était un symbole de son statut, de sa sophistication, et de son rôle privilégié au sein de la cour impériale.
Alors qu'il se rapprochait de l'impératrice, son regard croisa le sien, et un sourire subtil étira ses lèvres. Dans cet instant, il se sentit parfaitement à sa place, au cœur de l'aristocratie, là où le pouvoir et l'intrigue se mêlaient dans une danse éternelle.
Peu importait que l'immense dragon qui incarnait la puissance de l'impératrice se tienne à ses côtés, il avançait avec une assurance que certains pourraient presque qualifier d'insolente. Pourtant, ce n'était nullement le cas. Il n'avait été irrespectueux envers son Amie qu'une seule fois dans sa vie et entendait ne jamais reproduire cette hérésie.
Ses yeux balayèrent la foule avec un mélange de dédain et d'amusement. Il avait toujours considéré cette masse comme inférieure, un fait qui s'était solidifié au fil des années passées à naviguer les intrications du pouvoir. Pour lui, la véritable grandeur résidait dans la finesse des manœuvres politiques, pas dans la force brute exposée par ces festivités populaires, même s’il ne disait jamais non à un joyeux combat.
-Regarde-les, Shasha…, déclara-t-il avec dédain, désignant la foule d'un geste vague de la main, tout en continuant à siroter son verre de vin cristallin. À croire qu'ils étaient tous présents au cœur des combats. Un ramassis de faibles. Voilà ce que c'est.
Sa voix était empreinte d'un mépris à peine voilé, révélant son sentiment de supériorité écrasante envers ceux qu'il considérait comme des pions insignifiants sur l'échiquier du destin impérial. La grandeur résidait dans la stratégie et la finesse, des qualités qu'il croyait posséder en abondance, bien plus que la masse bruyante et inintelligente qui se pressait autour de lui.
Mais bon … Du pain et des jeux, comme on dit.
La conversation n'alla pas plus loin entre eux deux, son impératrice repartant aussi vite qu'elle était arrivée, laissant le sieur Smaragdi seul avec les ... Comment lui avait-elle demandé de les appeler, déjà ? Ha oui, les gens du commun. "Plus correcte", parait-il.
Puis, au loin, perdu parmi la foule bigarrée, il aperçut la silhouette familière de Zéphyr, le maître-espion. Un sourire furtif étira ses lèvres, car cela tombait à pic. Il avait besoin de s'entretenir de toute urgence avec lui au sujet du Prince Héritier. Son réseau d'informateurs et sa capacité à recueillir des renseignements vitaux faisaient de lui un interlocuteur incontournable pour des sujets aussi sensibles.
Aussi attendit-il le moment opportun. Ce n’était pas le lieu pour de telles discussions.
Noble du Reike
Ben le Bouc
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Race: Humain
Vocation: Mage élémentaliste
Alignement: Loyal mauvais
Rang: B - Contrôleur royal
La fête de la Marche du Vent d’Acier
Feat. Les contribuables
L’enfant se faufilait parmi la foule, émerveillé par l’allégresse générale. Les exclamations de joies, les hourras adressés aux héros de la Marche, les innombrables chopes remplies d’alcool tenues par les fêtards qui s’enivraient petit à petit. Qu’il était bon d’être reikois !
Parmi les valeureux combattants revenus du Grand Nord, l’un d’eux attira l’attention du jeune garçon : un homme au bouc grisonnant, le bras droit en écharpe, dont le visage fermé et l’air pour le moins sévère contrastaient avec l’ambiance générale. Le blessé progressait dans la foule, et ne manifestait aucune intention de faire la fête, et cela intriguait l’enfant. Pourquoi ce contraste ? L’homme n’était-il pas content d’être là ? Ou alors avait-il été témoin de choses terribles pendant cette expédition ? Le jeune garçon n’avais aucun moyen de le savoir, aussi il s’engagea à la suite du blessé.
Soudain, un invité surprise fit son apparition aux festivités. Une présence que personne ne pouvait ignorer, un fléau depuis longtemps oublié. Point pour le Reike, mais pour ses ennemis ! L’immense dragon poussa un rugissement tellement puissant que le sol en tremblait, et le jeune garçon tomba par terre devant cette démonstration de puissance brute. Jetant un regard à l’homme au bouc grisonnant qu’il suivant, l’enfant fut stupéfait de voir que celui-ci avait posé les deux genoux au sol, menton posé contre le torse, mains jointes posées sur son front, où peut être était-ce son crâne ? Difficile à dire, mais le jeune garçon était persuadé d’une chose : cet homme singulier était en train de prier.
L’énorme créature s’en alla, et la fête reprit son cours. L’homme au bouc se releva et continua son chemin, en direction de l’endroit où étaient regroupés des gens à l’allure importante. Le garçon, quant à lui, partit de son côté, interloqué par la conduite étrange de cet énergumène.
Parmi les valeureux combattants revenus du Grand Nord, l’un d’eux attira l’attention du jeune garçon : un homme au bouc grisonnant, le bras droit en écharpe, dont le visage fermé et l’air pour le moins sévère contrastaient avec l’ambiance générale. Le blessé progressait dans la foule, et ne manifestait aucune intention de faire la fête, et cela intriguait l’enfant. Pourquoi ce contraste ? L’homme n’était-il pas content d’être là ? Ou alors avait-il été témoin de choses terribles pendant cette expédition ? Le jeune garçon n’avais aucun moyen de le savoir, aussi il s’engagea à la suite du blessé.
Soudain, un invité surprise fit son apparition aux festivités. Une présence que personne ne pouvait ignorer, un fléau depuis longtemps oublié. Point pour le Reike, mais pour ses ennemis ! L’immense dragon poussa un rugissement tellement puissant que le sol en tremblait, et le jeune garçon tomba par terre devant cette démonstration de puissance brute. Jetant un regard à l’homme au bouc grisonnant qu’il suivant, l’enfant fut stupéfait de voir que celui-ci avait posé les deux genoux au sol, menton posé contre le torse, mains jointes posées sur son front, où peut être était-ce son crâne ? Difficile à dire, mais le jeune garçon était persuadé d’une chose : cet homme singulier était en train de prier.
L’énorme créature s’en alla, et la fête reprit son cours. L’homme au bouc se releva et continua son chemin, en direction de l’endroit où étaient regroupés des gens à l’allure importante. Le garçon, quant à lui, partit de son côté, interloqué par la conduite étrange de cet énergumène.
CENDRES
Citoyen du Reike
Vaesidia Inviere
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crédits : 1594
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Mélancolie, soulagement, frustration et regret. Tels étaient les sentiments qui m’avaient animé durant ces derniers jours. Le retour de notre expédition depuis Melorn s’était déroulé sans accrocs. Nul bandit de grand chemin, nulle créature magique en provenance des ruines de l’ancien empire de mon peuple n’avaient osé troubler notre caravane, et ce, pour mon plus grand désespoir. Même si cela faisait déjà plusieurs jours que nous avions éliminé l’archonte, le moral des troupes était au beau fixe et une certaine allégresse s’était emparée du convoi. Allégresse que je ne partageais pas. Non pas qu’elle fût inappropriée au regard de l’exploit que nous avions accompli. Bien au contraire. Cependant, je m’y sentais étrangère pour une raison qui m’échappait et qui n’avait cessé de me hanter. Aussi, avais-je pris le moindre prétexte pour m’isoler du groupe et me murer dans un silence presque religieux. Quelques Serres et Janissaires avaient tenté de me dérider, de me pousser à savourer cette victoire qui était en partie la mienne, selon eux. Sans grand succès. Le cœur n’y était pas. Mon esprit vagabondait sans cesse sans que je ne parvinsse à le discipliner. Là où d’autres festoyaient, enjolivaient leurs histoires, composaient leurs ballades, je n’avais rien à faire. Je n’avais aucune tâche à accomplir. Depuis environ une semaine, je n’ai rien fait d’autre que réfléchir. Ce qui me minait et qui en un sens me tuait à petit feu…
Malgré son climat inhospitalier et en dépit des dangers que nous avions rencontrés, j’étais prête à donner tout ce que j’avais pour ne serait-ce que revivre, une fois de plus, cette terrible soirée où nous avions dû combattre les troupes des Titans. À ce moment-là, tout avait été si clair. Si limpide ! À l’exception de la colère et la peur, aucune émotion n’avait su me désarçonner. Durant cette bataille, mon être tout entier n’avait eu que trois priorités : obtenir la victoire, se venger de l’archonte et survivre. L’Imperator m’avait donné des instructions et je m’étais contenté d’y répondre de la manière que j’estimais être la plus judicieuse selon le déroulement des opérations et des bouleversements qu’avait pu connaître le champ de bataille. Cela s’était limité à ça. Un objectif et une cible. Rien d’autre. Certes, mon esprit s’était quelque peu focalisé sur la dimension tactique, mais ce choix avait été conscient étant donné qu’il correspondait lui aussi à la réalisation dudit but. Toute autre forme de considération était, durant ces instants, perçue comme au mieux anecdotique. Or, c’est bien ce que je regrettais. Désormais, mon âme était condamnée à ressasser sans cesse divers souvenirs et éléments qui n’avaient aucun rapport.
Pour tenter de pallier cette réalité qui m’était tout bonnement insupportable, j’avais tenté, dans un premier temps de me concentrer sur la rédaction de mon carnet pour y apposer mes dernières réflexions tactiques notamment au sujet de la dangerosité que revêtait l’emploi de chiens de guerre comme les Dévoreurs dans une armée. Hélas ! Je n’étais pas parvenue à me concentrer suffisamment pour réussir à écrire la moindre ligne. Mon esprit s’était refusé à répondre à mes suppliques. La guerre qui jusque là avait été mon dominus et ce, qu’elle fût pratique ou théorique se dérobait à moi. Aucun ennemi n’osait se dresser sur notre route. Aucune flèche ou boule de feu ne nécessitait d’être tiré. Aucune taktika ne trouvait suffisamment grâce pour que je pusse la coucher sur du papier à l’aide de ma plume. Que ce fût dans le monde réel ou dans cette dimension onirique qu’était mon âme, il n’y avait rien si ce n’est un champ de ruines dans lequel évoluait une seule autre personne : moi-même. Je me retrouvais confrontée à mes choix, à ma nature, à mes manquements, à mes faiblesses et surtout à mes émotions qui se mêlaient à des souvenirs dont je n’arrivais pas toujours à percevoir la teneur. J’étais seule dans un océan de ténèbres et au-dessus de moi tournoyaient, tels des rapaces, des spectres bleutés qui avaient tous la même particularité : celle de partager mon visage.
Cette affligeante et détestable expérience m’inspira, bien ironiquement, une pensée qui si je l’avais communiquée à ce minuscule nuisible verdâtre, qui avait l’outrecuidance de prétendre savoir chanter alors que ses éructations parvenaient à faire passer les plaintes des pleureuses pour de douces mélopées, aurait eu tôt fait de vouloir l’intégrer à l’une de ces sordides compositions.
*"Dieux ! Quels affreux regards elles jettent sur moi !
Quels démons, quels serpents traînent-t-elles après soi ?
Eh bien ! Filles d’enfer, vos mains sont-elles prêtes ?
Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?
À qui destinez-vous l’appareil qui vous suit ?
Venez-vous m’enlever dans l’éternelle nuit ?"*
Pour échapper à ces chimères, j’avais tenté, dans un premier temps, de m’adonner à une activité plus simple. Du moins en apparence. J’avais noté au cours de cette expédition que mes maigres talents ne sauraient suffire face à une menace telle que celle incarnée par un Archonte. Aussi avais-je entrepris de commencer, lors de nos moments de repos, à m’entrainer, ne serait-ce que pour renforcer ma condition physique qui était bien frêle comparé à celle de mes autres camarades. Bien que mon domaine fut l’archerie, je ne pouvais occulter qu’au corps à corps, même avec mes dagues, me baser uniquement sur mon agilité me causerait du tort si ce n’est mon trépas. Je me devais donc de pallier cela, quand bien même je ne comptais certainement pas devenir une Amazone. Ceci dit, j’espérais bien être en mesure de parer la lame d’un adversaire sans que le choc ne me brisât la moitié des os. Si les Titans étaient capables de ramener parmi les vivantes quantités de créatures, dont des bataillons, de l’ancien empire elfique, il allait me falloir combler certaines de mes faiblesses si du moins j’espérais assouvir ma vengeance et surtout remplir mon devoir en veillant, qui plus est, à survivre.
Bien évidemment, nos moments de repos étant bien trop rares pour s’adonner correctement à une quelconque forme d’entrainement. Qui plus est, au regard de mon humeur morose, je n’éprouvais guère l’envie de m’exercer en compagnie d’une tierce personne. Aussi, j’avais profité de nos pérégrinations pour essayer d’améliorer mes talents dans le domaine de la pyromancie, et ce, en ajustant, du mieux possible, le flux de mana que j’essayais de convoquer. Hélas ! Ces exercices se révélèrent être particulièrement frustrants. Mon esprit était sans cesse focalisé sur ma frustration de ne pas avoir été à la hauteur, de ne pas avoir su blesser ce maudit archonte, que le peu de contrôle que j’exerçais sur les arcanes partait littéralement en fumée. En effet, pendant une bonne partie du voyage, mes camarades avaient eu l’occasion de me voir froncer des sourcils, et ce, alors que je focalisais mon attention sur mes mains qui, d’ailleurs, tremblaient légèrement. Pendant des heures, j’avais tenté de plier à ma volonté ce flux magique ô combien familier. Malheureusement, chacune de ces tentatives pour dompter celui-ci constitua un échec retentissant. J’arrivais sans peine, à faire naître dans mes paumes des étincelles. Mais, elles étaient éphémères et elles vacillaient rapidement avant de s’éteindre définitivement.
Chaque essai infructueux amplifia mon sentiment d’impuissance ce qui, par effet boule de neige, me rendait folle de rage. Pourquoi n’y arrivais-je pas ? Pourquoi le mana refusait-il de courber l’échine ? Ce n’était à n’y rien comprendre ! Pourtant, j’appliquais à la lettre les conseils fournis par mes précepteurs à Melorn ainsi que par une ancienne connaissance que j’avais escortée il y avait des éons de cela. Rien n’y faisait ! J’en venais presque à douter que je fusse un jour capable de faire apparaitre la moindre flamme dans le creux de ma main. Quelle incompétente, je faisais ! Une elfe qui ne parvenait à utiliser un sort basique. J’en connaissais certains qui, au sein de ma patrie, auraient eu tôt fait de se gausser de ma personne et de mes échecs. Cette pensée ne faisait, d’ailleurs, que contribuer à mon mécontentement.
Par quelle facétie du destin en étais-je réduite à cela ? Lors de notre expédition dans le Nord, il m’avait suffi d’émettre un simple commandement, une simple pensée pour que ce flux harmonieux se manifestât et satisfît mes demandes. Un claquement de doigts et je pouvais dire ceci habituellement : que le feu soit ! Mais là rien ! Si ce n’est de la fumée. Cette dure réalité me coûta quelques nuits blanches qui ne firent qu’accentuer davantage mon irritation au point qu’un soir, alors que ma patience avait été épuisée et que j’étais tout simplement excédée et éreintée, j’en vins à perdre pied et à relâcher la maîtrise du mana. Au début, cette nouvelle expérience rencontra un certain succès, car une flamme éclatante et quelque peu menaçante apparut finalement dans ma main. Malheureusement, tel le fiel qui ravageait mon être peu à peu, cette manifestation quelque peu ardente gagna en intensité et commença à épuiser, rapidement, ma magie, mais aussi à consumer la paume de ma main gauche qui n’était que partiellement protégée. Ainsi, non sans douleur et célérité, j’avais dû concentrer toute ma volonté pour réprimer la sauvagerie de ces flammes qui se dissipèrent non sans laisser derrière elles des marques rouges et douloureuses au niveau de mes doigts.
En somme, ce retour fut un véritable supplice qui manqua, d’ailleurs, à un moment de me faire craquer lorsqu’alors que j’avais passé une bonne partie de mon voyage à ruminer, le croque-note attitré de notre compagnie avait décidé de m’escagasser comme si je n’avais pas eu d’autres chats à fouetter ! Ce personnage grotesque avait littéralement décidé de camper devant ma tente un certain soir. Certaines mauvaises langues auraient prétendu, au regard des habitudes licencieuses et prosaïques des bardes, que ce sinistre personnage dépourvu de toute forme de talent si ce n’est celui de perforer les tympans d’autrui eût espéré copuler avec une catin. Or, étant donné l’absence de péripatéticienne dans notre convoi, d’aucuns penseraient qu’une esclave pouvait faire l’affaire surtout si celle-ci était charmante. Il est vrai que dans un premier temps, j’eus une telle pensée quand il chercha absolument à s’entretenir avec moi pour une affaire privée. Je fus même terriblement tentée d’user de mon yumi, de le bander et de décocher une flèche pour qu’il sût ce à quoi il s’exposait à vouloir à tout prix s’entretenir avec moi pour que j’acceptasse de lui caresser l’asticot du bout de l’auriculaire. Malheureusement, ce musicastre se savait intouchable, car je demeurais une esclave de guerre. J’avais, pour ainsi dire, interdiction de faire du mal à un citoyen Reikois si tant est qu’il le fût.
Aussi dus-je me résoudre à lui accorder audience, non sans faire preuve de froideur tant sa présence m’importunait. Ironiquement, j’étais très loin de me douter de la véritable raison de son insistance. Alors que j’eusse assez peu goûté à ses compositions tant en comparaison les gémissements d’une truie qu’un Dévoreur écorcherait vive me paraissait être nettement plus harmonieux, celui-ci avait été touché par le son de ma voix lorsque j’avais décidé, avant que toute l’expédition ne quittât la salle de la Forge, d’exprimer une partie de mes émotions au travers d’un antique hymne elfique. Sa reconnaissance ou son admiration à mon égard, bien qu’elle fût sincère, me laissa de marbre tant je n’avais que faire de son avis sur ce sujet et tant cette démonstration de mes talents oratoires ne constituait que l’ultime réminiscence d’une époque révolue qu’une partie de moi-même continuait de regretter sans que je ne comprenne pourquoi.
Quoi qu’il en soit, ce gobelin m’avait prié de bien vouloir l’écouter ce que j’avais fait de mauvaise grâce même si j’espérais que lui donner satisfaction mettrait fin à notre entrevue. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque cette antithèse vivante d’un amphion me fît part du motif de sa visite. Chanter avec lui ? Sur une de ces compositions ?! Mais pour qui me prenait-il ?! Je n’étais pas un trouvère ! Certes, mon père m’avait appris à chanter à Melorn en compagnie d’autres jeunes elfes, et ce, dans l’optique de dompter mon timbre de voix qui du fait de l’écho spectral qui le caractérisait était à l’époque pour le moins inharmonieux. Mais de là à vouloir me pousser à faire étalage de mes dons devant toute une plèbe, il y avait un monde ! Aussi, mon premier réflexe fut-il de lui répondre très simplement par la négative d’un ton abrupt. Il était hors de question que j’accordasse du crédit à un farfadet verdâtre dont l’absence de talent était telle que même un titan crierait grâce en entendant sa musique. Malheureusement, celui se montra quelque peu véhément dans ses revendications au point qu’il en vint à adopter un comportement particulièrement adulte et responsable. En effet, il se mit à imiter à la perfection, ce qui était plutôt rare pour être souligné, les pleurs et la conduite associés à un moutard humain républicain.
N’appréciant qu’assez peu sa performance et étant particulièrement lasse, j’avais cédé à ses supplications, mais l’avais prévenu que je n’accepterais aucun chant frivole ni aucune ballade humoristique. Je n’étais pas d’humeur pour ce genre de facétie. Ironiquement, ce ne fut guère le cas. En cela, le barde me surprit, car il me proposa un texte qu’il avait certes lui-même composé, mais qui faisait écho à ma propre performance dans le Nord. Bien que les consonances choisies me paraissaient maladroites et n’étaient guère à mon goût, le ton employé ainsi que le verbe choisi étaient sommes tout agréables à l’oreille. Mais plus encore, une partie de mon être était touchée par la démarche de ce petit être qui visiblement avait voulu apaiser ma douleur et celle d’autres Melornois. Un tel acte ne me laissait pas totalement insensible. Voici bien longtemps que quelqu’un en dehors de mes prérogatives militaires n’avait pas fait preuve d’une certaine forme de sollicitude à mon égard. Même si son attitude ne sut éclaircir mon humeur ô combien assombrie, je reconnusse ses efforts. Qui plus est, je devais bien admettre que ses vers trouvaient un certain écho en moi tant ils évoquaient le souvenir de ceux qui, jadis, avaient succombé au trépas lors d’une guerre telle qu’elle avait signifié la fin de l’Empire Elfique et qui, contre leur volonté, avaient été arraché aux bras de la Mort elle-même pour servir l’ennemi qu’ils avaient juré de détruire.
Ordonner l’anéantissement de ceux qui avaient été, autrefois, des Héros pour mon peuple avait été un crève-cœur. Or cette musique en l’occurrence parvenait à retranscrire une partie des sentiments qui m’avaient animé à ce moment précis et soulignaient à quel point ces évènements avaient été déchirants bien que nécessaire. Je ne regrettais nullement mes actes, mais étais pour le moins peiné de voir que ces anonymes que nous honorions dans nos rites et traditions et que j’admirais, pour ainsi dire, enfant avaient connu une telle destinée. Mais n’était-ce pas là toute la fatalité de la condition de soldat ? N’était-ce pas, dans le fond, la forme que prenait mon avenir tôt ou tard en tant que janissaire ? Jusqu’à présent, je n’avais réfléchi à cela. Je n’en avais jamais eu besoin. Mais si je venais à succomber sur le champ de bataille, connaîtrais-je un sort similaire à ces hommes et à ces femmes ? La mort serait elle ma récompense ? Ou y échapperais-je en étant moi aussi damné pour l’éternité au service d’une puissance que je méprisais. Je l’ignorais. Et au final, je préférais ne pas le savoir. Peut-être était-ce mieux.
Pourtant au-delà des évènements du Vent d’Acier, la composition du barde avait déstabilisé une partie de mon être pour une raison que j’ignorais et qui fit perler quelques larmes que j’avais effacées assez rapidement tant je ne préférais pas m’appesantir sur l’origine de ce comportement. Peut-être étais-je tout simplement éreintée. Néanmoins, pour la première fois en presque 300 ans, je commis un acte que je n’aurais jamais cru faire : remercier un gobelin pour sa prévenance. Aussi, pour le faire de manière décente, m’étais-je pliée à l’exercice en apprenant sa ballade ce qui eut le mérite de me changer quelque peu les idées… du moins jusqu’à ce que nous arrivâmes à Ikusa et qu’une fête fut organisée, quelques jours plus tard, pour célébrer les exploits du Vent d’Acier.
Pour une telle occasion, la capitale s’était bien évidemment parée de ses plus beaux atours. Que ce fût la place où je me rendis et sur laquelle une estrade avait été positionnée, sans doute en vue d’un discours de l’Imperator ou peut-être du couple impérial, ou les quartiers adjacents, Ikusa était une mosaïque éblouissante de couleurs reprenant les armoiries des Serres, d’odeurs et de sons aussi divers que variés même si certains avaient encore moins harmonieux que certaines des compositions du gobelin. Les épices embaumaient l'air, mêlant leurs parfums envoûtants aux effluves sucrés des délices orientaux cuisant dans les fourneaux des pâtissiers. Des étals bordaient les rues et débordaient de nourritures et de boissons, qui d’après ce que j’avais glané, étaient gratuites pour les membres de l’expédition. Ce détail ne devait guère être au goût d’un certain contrôleur royal qui s’était révélé être particulièrement zélé dans son domaine de prédilection. Quoi qu’il en soit, je doutais que cette offre s’appliquât à moi. Quand bien même, j’eus participé à cette expédition, je demeurais une janissaire. Or, au regard du comportement de certains marchands à l’égard de ma caste en temps normal, je pressentais qu’en dépit des circonstances, rien ne changerait. Non que cela me chagrinât, je ne comptais pas m’éterniser ici et encore moins parader en compagnie des autres soldats de l’expédition. Ma place n’était pas ici et je remerciais le ciel de ne pas être une Serre Pourpre ou un Dévoreur auquel cas j’eusse dû moi aussi subir un tel désagrément. J’avais simplement fait une promesse. Le reste était secondaire. Malgré tout, par respect, j’avais revêtu mon armure, que j’avais préalablement nettoyée, ainsi que mon yumi.
Depuis la place, je percevais des danseurs aux costumes chatoyants, des cracheurs de feu des jongleurs usant de torches enflammées et des acrobates. Des tambours et des luths emplissaient l’atmosphère de glorieuses épopées. Des rires et des exclamations de joie se mêlaient aux conversations animées alors que la foule se pressait vers ce lieu pour apercevoir l’arrivée prochaine de la Griffe et des héros du Vent d’Acier. Je ne doutais pas un seul instant que cette célébration battrait son plein jusqu’aux premières lueurs de l’aube, demain. J’espérais ne pas avoir, une nouvelle fois, à patrouiller en de telles circonstances. Étrangement, je ne tenais pas à ce que mon visage épousât une table. Je préférais aussi éviter d’avoir à rencontrer un certain Luteni, qui, une fois cuité, avait une fâcheuse à transformer les alentours en véritable champ de bataille. Non qu’une telle situation ne fût pas des plus distrayantes… En vérité, je souhaitais même qu’un tel exploit pût à nouveau voir le jour. Cela m’aurait donné une opportunité de chasser cette langueur qui perçait encore mon cœur.
Soupirant, j’essayais de repérer le barde parmi cette masse grouillante. Au vu de sa taille, je savais que cela ne serait guère aisé, mais étant donné son absence cruelle de discrétion, il me semblait assez peu probable que je pusse le manquer. Après tout, son extravagance couplée à sa capacité à attirer l’attention le rendait inapte à toute forme de discrétion. Un tel personnage n’aurait jamais pu être voleur et encore moins être un espion. C’était rassurant en un sens. Tôt ou tard, je ne tarderais pas à lui mettre la ma… Non ! Il n’avait pas tout de même osé ?! J’écarquillais soudainement les yeux et haussais un sourcil. Avait-il perdu l’esprit ?! C’était une évidence depuis notre première rencontre. Mais était-il si inconscient ?! Ne savait-il pas que la scène sur laquelle il était monté et sur laquelle il entonnait déjà l’une de ces chansons était réservée à Fictilem et non pas à sa personne ? S’il continuait à user ainsi de cette infrastructure, il allait très rapidement finir en prison ! Je m’en contrefichais, certes ! Mais je ne tenais pas à partager son sort. Il fallait être un idiot et un dément pour ainsi mépriser l’organisation de cette célébration. Pourtant, aucun garde ne semblait intervenir comme si tout était normal. À croire qu’ils avaient tous perdu le sens des réalités ! Ou que ce fichu musicastre avait trouvé le moyen d’acheter la coopération des autorités reikoises ! Pourquoi avais-je cédé ? Pourquoi avais-je accepté de bien vouloir chanter une fois pour lui ? Je savais que j’allais finir par m’en mordre les doigts !
Je pouvais toujours faire demi-tour. Rendre la monnaie de sa pièce à ce croque-note qui, visiblement, avait préféré oublier de me tenir au courant de certains détails. Non seulement je ne tenais pas à être temporairement au centre de l’attention reikoise, mais en plus je ne tenais pas à tâter du fouet sous prétexte que je m’étais produite en compagnie de ce sagouin qui n’avait aucune autorisation pour s’adonner ainsi à ce qu’il osait qualifier « d’art ». Je n’appréciais qu’assez peu cette surprise, il est vrai. Mais de l’autre, je lui avais fait une promesse... Qui plus est, l’hymne qu’il avait composé pour moi, était si élégiaque… Tant pis. Au pire, je n’hériterais que de quelques coups de fouet et d’un séjour en cellule pour manquement au protocole, rien de plus. Soupirant longuement, je m’approchais discrètement de l’estrade, non sans devoir jouer parfois des coudes afin de progresser vers ma destination.
Finalement, j’y parvins, et ce, alors que le barde approchait de la fin de sa seconde musique que je n’affectionnais guère tant la cadence imposée par sa composition s’avérait être particulièrement véloce. Je ne tenais même pas compte, dans mon appréciation, des paroles tant elles étaient très loin de retranscrire la réalité notamment au sujet d’une certaine stalagmite ayant eu l’occasion de perforer ledit nain. Certains critiques, en ayant eu connaissance des faits, auraient pu prétendre qu’occulter le moment le plus intéressant son histoire était des plus navrants. À mon sens, il était effectivement regrettable d’omettre ce passage. Après tout, la plèbe était friande des héros qui, bien que blessés, parvenaient toujours à se relever pour faire face à l’adversité. Pour ma part, j’en venais surtout à me demander comment ce nain avait pu survivre à cet empalement.
Quoi qu’il en soit, j’étais désormais sur le côté de l’estrade. Je n’avais plus qu’à emprunter l’escalier et je pourrais rejoindre le barde. Même si, j’avais fait le choix de me rendre jusqu’ici, un doute continuait de m’assaillir. Une angoisse que je n’avais plus connue depuis fort longtemps. Par réflexe, comme autrefois, j’avais serré mes mains tremblantes contre ma poitrine au sein de laquelle mon cœur martelait. Bien qu’il fasse jour, j’avais l’impression que cette foule n’était rien d’autre qu’un océan de ténèbres écrasantes. Ma gorge se serra au point que j’eus la sensation de ne presque pas pouvoir respirer. Bien que j’eusse toujours affectionné le chant, je n’avais jamais eu pour vocation de me produire ainsi sur scène. Pourtant, je savais que je ne pouvais pas reculer. Je ne devais pas reculer. Non seulement j’avais fait une promesse, mais en plus il était hors de question que je me dérobe à mes responsabilités. Comme l’avait si justement bien dit une de mes instructrices à Melorn, lorsque l’on voit un mur, l’on ne rebrousse pas chemin…on passe au travers !
Rassemblant tout mon courage en dépit de mon trac et de mes jambes tremblantes, je montais sur scène au moment même où le gobelin finissait sa strophe et me rapprochais de lui alors que quelques accords d’un instrument se faisaient entendre. Puis, préférant ignorer la foule en face de nous, j’entrepris de m’adonner corps et âme à cette élégie et ce, en modulant ma voix de telle sorte à ce que mon auditoire puisse percevoir une forme d’intimité dans mon interprétation afin de créer une forme de proximité entre moi, le public et le gobelin.
« Raconte-moi, Gob’
N’es-tu pas fatigué d’éponger les malheurs ?
Ou est-ce que tu en veux d’autres ?
Voir marcher mes ancêtres sur nous ce n’est pas assez ?
Ça me désole
Même dans la victoire, je sens mes larmes perler.
Et quand je vois nos flèches fuser, j’ai le sentiment de me tromper. »
Et là à ce moment précis, sans que personne ne s’en doutât un seul instant, je fis en sorte que le timbre si particulier de ma voix gagnât en puissance et en intensité, et ce, notamment, y déversant bien plus d’émotions qu’auparavant afin que tous puissent saisir à travers mes inflexions vocales le désespoir et l’affliction propres non seulement à cette élégie, mais aussi à mon âme.
« Je suis sur la tangente, regardant mes aïeux se faire décimer
Ils ne trouveront plus jamais le repos
Obligé de les brûler, ces héros des temps anciens
Les repoussants à nouveau dans les limbes. »
À cet instant, comme cela avait été prévu, le gobelin joignit sa voix à la mienne pour le refrain comme s’il voulait souligner qu’aucun de nous n’avait à panser ses blessures seuls, comme si il cherchait à prouver qu’il comprenait et partageait la douleur qui avait été la mienne à Vent d’Acier lorsque nous avions dû nous résoudre à faire passer de « vie » à trépas certains de mes anciens compatriotes.
« Dans les lim-imbes, lim-imbes
Dans les lim-imbes, lim-im-imbes
Dans les lim-imbes, lim-imbes
Les repoussants à nouveau dans les limbes. »
Ce passage-là avait constitué une surprise pour moi lorsque le gobelin me l’avait présenté. Il s’agissait de faire une pause dans le chant et d’user de ma voix pour faire tout simplement des vocalises pour marquer une forme de transition et entrainer le public. De même, il avait souhaité mettre en scène les différentes intonations que pouvait revêtir ma voix dont l’écho quelque peu spectral l’avait surpris. Autant dire que ce ne fut guère difficile pour moi, tant cette performance n’était, pour moi, qu’une reprise des exercices que j’avais suivi autrefois pour maîtriser ce timbre qui, à l’époque, me perforait les tympans tant il était discordant. Finalement, après quelques secondes, je repris la parole, et ce, en injectant une fois de plus, davantage de volume et de force, mais aussi d’émotions dans ma voix et ce, afin que tous puissent s’associer à cet instant.
« Je suis sur la tangente, regardant mes aïeux se faire déboiter
Ils ne trouveront plus jamais le repos
Obligé de les brûler, ces héros des temps anciens
Les repoussants à nouveau dans les limbes. »
Nous reprîmes encore une dernière fois à deux.
« Dans les lim-imbes, lim-imbes
Dans les lim-imbes, lim-im-imbes
Dans les lim-imbes, lim-imbes
Les repoussants à nouveau dans les limbes. »
La foule qui, jusque là, avait été tenue en haleine demeura silencieuse, quelques secondes qui me parurent durer une éternité tant j’avais eu le sentiment d’être ridicule. Puis, soudainement, des applaudissements éclatèrent sur la place, suivis d’acclimatations, de cris d’encouragements et de louanges. Cette réaction, quelque peu disproportionnée à mon sens, me poussa à incliner humblement la tête devant la foule avant de porter une main à mon visage et d’effacer les larmes qui s’étaient écoulées le long de mes joues sans que je ne le remarque pendant que je chantais. Puis je me tournais vers le gobelin, m’agenouillais comme si je cherchais à le traiter en égal et lui murmurais d’une voix douce ce simple mot.
« Merci. »
Sans demander mon reste, je quittais l’estrade, non sans sourire pendant quelques secondes. Hélas ! Ce sourire se fana très rapidement lorsqu’un voile obscurcit temporairement le ciel et que des battements d’ailes se firent entendre, et ce, au moment précis où l’Imperator et les Serres rejoignaient la place où nous étions. Le Fléau des Titans ainsi que sa maîtresse avaient décidé de se joindre aux festivités. Bien que la présence de l’Impératrice ne soit guère surprenante, voir cette créature l’était à mon sens. Certes, le symbole même de l’Empire était un dragon et cette bête incarnait à la perfection la puissance, la férocité ainsi que l’inflexibilité propre aux troupes Reikoises. Cependant, même si Fictilem avait usé de ses dons pour invoquer une version sanguine de l’un de ces cerbères volants à écailles, je ne goutais qu’assez peu sa présence, et ce, pour des raisons évidentes. La victoire du vent d’Acier n’était pas le fait d’une bête prétendument invincible, mais plutôt du courage et de la virtuosité des membres de l’expédition dans l’art de la guerre. Aussi, que notre divine impératrice se mît en scène par l’entremise de ce reptile volant, et ce, pour des raisons de propagande, me semblait particulièrement déplacé tant cela entretenait le mythe, au sein de la population ainsi qu’aux yeux de certains incompétents de l’armée reikoise qui prétendait être des officiers, que le régime était invulnérable.
Alors que cette bête, issue d’un autre temps, ouvrît sa gueule pour pousser un rugissement, je fronçais des sourcils et grimaçais quelque peu tant ce dernier heurta mes tympans déjà si malmenés. Je saisissais l’importance qu’accordait vraisemblablement le couple impérial à ce serpent. Cependant, j’estimais que bon nombre de Reikois faisaient erreur en s’imaginant que Valeryon parviendrait à protéger l’Empire de toutes les menaces que nous aurions à affronter. Si le Vent d’Acier avait bien prouvé une notion en ce jour, c’est que les races mortelles étaient capables de rivaliser si ce n’est d’abattre des créatures prétendument divines. C’était bien pour cela que sa présence pour ces célébrations était incongrue. Quoi qu’il en soit, nous ne pouvions pas, par hybris, penser un seul instant que les Titans, les Républicains ou d’autres pourraient abattre ce dragon. Pire encore ! Si cet Archonte avait été en mesure de ramener en ce monde des troupes de l’ancien empire elfique, rien n’empêcherait ses alliés de faire de même avec la carcasse d’un dragon voire de plusieurs. Dès lors, que ferions-nous ? À mon sens, il était impératif de partir du principe que cet atout à écailles n’était pas éternel et encore moins invincible. Nous devions, en revanche, nous questionner sur la vulnérabilité de cette créature et sur les moyens qu’il faudrait mobiliser pour l’abattre. Hélas ! Au-delà même de ma condition de janissaire, je savais que caresser ouvertement une telle idée serait perçue comme de la dissidence voire de l’hérésie. Ils n’auraient pas pu plus se tromper. Après tout, mon seul souhait était de défendre efficacement l’Empire et le couple impérial ainsi que d’écraser celles et ceux qui oseraient se dresser contre lui.
Soupirant longuement, je regardais le dragon ainsi que sa maîtresse s’envoler avant de me concentrer sur Fictilem qui avait pris place sur l’estrade où je me trouvais quelques instants auparavant. Sa tenue me surprit quelque peu. Jusqu’à présent, je n’avais jamais pu contempler le légat dans de tels atours. Pour l’occasion, Deydreus avait abandonné son armure pour revêtir à la place des habits aux couleurs des Serres, à la coupe particulièrement élégante et dotée de broderies dorées ô combien complexes. Il avait été même jusqu’à mettre une broche ponctuée d’un énorme rubis rougeâtre. Même si sa toilette reflétait une forme d’austérité, il se dégageait un magnétisme presque animal. Il aurait fallu être de mauvaise foi ou être aveugle pour ne pas admettre que ces effets sublimaient le charisme de cet homme. À ne point en douter, il était, aujourd’hui, l’incarnation même de la grandeur, de la noblesse et du raffinement. Certaines femmes dans l’assemblée étaient même sous le charme et cancanaient déjà au sujet de la vie privée du chef des armées reikoises. Même moi, je confessais qu’il ne me laissait pas indifférente, bien que ce genre de sujet ô combien prosaïque me rendait, habituellement, pour le moins apathique tant je ne m’adonnais plus à des activités licencieuses depuis que j’étais devenue une janissaire. Néanmoins, j’étais sensible à la vision offerte par ce tableau. Si les cieux étaient gouvernés par un vulgaire serpent, la Mort elle-même avait été domptée par ce seigneur qui caracolait sur son fier destrier.
Quoi qu’il en soit, comme l’on se s’y serait attendu en de pareilles circonstances, la Griffe fît un discours dont les propos rejoignaient en partie ce que j’avais pensé sur la question précédemment. Certes, je n’affectionnais guère la forme que prenait son discours, mais je savais que de par ses fonctions, il était pour ainsi dire obligé de se soumettre à une telle comédie. Pour les besoins de la population et le moral des troupes, il était nécessaire de soliloquer de cette manière. Cependant, j’admettais sans nul peine que le fond était bien plus intéressant qu’il n’y paraissait tant il était juste. Qu’importait les notions de courage ou de gloire ! L’Imperator proclamait haut et fort qu’aucune menace ne serait trop grande, qu’aucune victoire ne serait être impossible à obtenir, qu’aucun obstacle ne serait insurmontable, qu’aucun pseudo démiurge ne saurait exercer une quelconque forme de domination tant que des légions de soldats accepteraient de faire front commun et refuseraient de s’incliner face à l’adversité. Les ancêtres de mon peuple l’avaient prouvé autrefois en allant jusqu’à mobiliser et sacrifier la quasi-totalité de notre Empire pour tenir tête aux incursions des Titans.
Face à une telle harangue, la foule acclama la Griffe ce qui n’était guère étonnant. Pour une fois, peut-être aurais-je rejoint la liesse populaire qui résonnait tel un tonnerre, si mon attention n’avait pas été soudainement happée. Bien que mon regard soit dirigé vers l’estrade et vers Fictilem, je n’avais plus aucune emprise avec la réalité, car les mots de l’Imperator avaient su trouver un écho en moi, qui, ironiquement, était lié au malaise que je ressentais depuis mon retour à la capitale et qui prenait, désormais, forme dans mon esprit. Des voix…ou plutôt une voix qui m’était familière résonna dans mon âme. Cette dernière employait des mots fermes chargés d’une indicible pertinacité qui témoignaient d’une volonté de fer. Ils appartenaient à un homme qui avait été mon mentor par bien des aspects et que j’avais admiré jusqu’à ce que je sois contrainte d’assister à ses ultimes moments dans ce monde dans mes bras qui étaient recouverts de son sang.
Cette péroraison résonnait comme un écho lointain, mais pourtant, en ces circonstances, leur portée inébranlable me désarçonnait et me rappelait cruellement l’absence de ceux avec qui j’avais combattu et tissé des liens. Je me remémorais qu’en dépit de toute opiniâtreté, nous avions été non pas victorieux, mais quasiment annihilés. Certes, un tel comportement avait été une erreur tant il s’était apparenté à une forme de traitrise envers le seul vrai empereur du Reike. Cependant, je ne parvenais pas à faire taire le souvenir de ces jours sombres qui désormais s’imposait à moi. Ces réminiscences que j’avais jusqu’à présent enfouies aux tréfonds de mon esprit ressurgissaient et m’accablaient. Ces vestiges d’une mémoire, qui n’était plus la mienne, affluaient. Des images brûlantes de défaites cuisantes, de camarades tombés au combat, de désespoir et de dévastation se succédaient alors que je voyais encore à quel point nous avions cherché à faire en sorte de défendre avec ténacité et jusqu’à la dernière goutte de sang chaque position, chaque mètre du territoire reikois.
* Qu'importe la progression des barbares, nous obtiendrons la victoire, la victoire à n’importe quel prix, la victoire en dépit de toutes les terreurs, la victoire quelque longue et difficile que soit la route pour y parvenir, car sans victoire, il n’y a pas de survie.
Aussi nous irons jusqu'au bout, nous nous battrons dans les Terres du Nord, nous nous battrons sur les mers et les océans, nous nous battrons avec toujours plus de confiance ainsi qu'une force grandissante dans le désert, nous défendrons notre royaume, quel qu'en soit le coût, nous nous battrons à Taisen, nous nous battrons sur les terrains à Kyouji , nous nous battrons dans les oasis et dans les montagnes, nous nous battrons dans les rues de la capitale s’il le faut ; nous ne nous rendrons jamais. *
Là où l’Empire célébrait la victoire de ses héros, mon âme, dans un élan de tristesse déchirant, commémorait, la défaite et le souvenir de mes frères et sœurs d’armes qui continuaient de me hanter tels des spectres, mais aussi de m’accompagner en me rappelant que cette guerre, qui était désormais finie depuis 5 ans, avaient laissé une marque indélébile en moi. Là où le souvenir des morts du Vent d’Acier serait honoré, les ombres fugaces de mon bataillon étaient condamnées à l’oubli. Moi seul pouvais désormais porter le fardeau qu’était cette mémoire qui me hantait et qui m’infligeait une douleur lancinante, mais que, pour rien au monde, je ne souhaiter oublier.
Peu à peu les cris de joie de la foule s’imposèrent à moi et surent lever le voile qui, jusqu’à présent, avait recouvert mes sens. Tout autour de moi, tout semblait devenir plus clair et surtout plus tangible. Un frisson me parcourut néanmoins alors que je remarquais que ma main droite, qui tremblait encore quelque peu, s’était portée vers ma poitrine et que mes doigts effilés essayaient vainement de percer mon armure afin de pouvoir gratter de manière frénétique la cicatrice située entre mes seins. Tentant de reprendre le contrôle de mon corps, j’avais le sentiment étrange d’être, dans ce contexte, une étrangère au monde qui m’entourait. Je me sentais tout simplement désemparée et déconcertée. C’était comme si, mon être tout entier s’était éveillé d’un cauchemar particulièrement profond pour ensuite se retrouver confrontée à une réalité qui faisait passer ce dernier pour un doux rêve. Un tourbillon d’émotions se déchainait en moi. Il s’agissait d’un mélange confus de tristesse et de nostalgie.
Afin de pleinement reprendre pied, je pris une profonde inspiration et laissais l’air frais remplir mes poumons avant de fondre à nouveau dans la foule, et ce, afin de quitter le plus rapidement possible cette cacophonie et de rejoindre mes baraquements pour trouver un moyen de me changer les idées. Peut-être pouvais-je chaparder, sur le chemin, un tonneau d’un quelconque alcool, et ce, pour engourdir de manière efficiente mon esprit qui avait décidé de me jouer des tours. Voilà bien longtemps que je n’avais guère eu le loisir de laisser un quelconque breuvage influer sur mes sens. Qui plus est, je doutais que l’on m’en fasse le reproche. La moitié de la capitale aurait, de toute façon, la gueule de bois le lendemain ! Personne ne remarquerait la différence !
Jouant un peu des coudes pour me frayer un passage, je sentis une main délicate me saisir doucement le bras. Bien que ce geste me surprît quelque peu, cette manière de procéder véhiculait, en moi, un sentiment de familiarité. Aussi, me retournais-je pour faire face au visage familier d’une femme que j’estimais à savoir dame Isolde. Inclinant la tête pour la saluer, je fus quelque peu amusée de noter la similarité entre notre rencontre dans la salle de l’archonte et celle-ci. À croire que la nécromancienne s’était fait une spécialité de me surprendre, et ce, malgré mes sens acérés. Restait à présent à savoir si un certain proverbe s’avèrerait juste, car après tout ne disait-on pas « jamais deux sans trois » ? La détaillant du regard rapidement, je notais qu’elle s’était également parée de ses plus beaux atours. Ainsi, elle était vêtue d’une robe obsidienne qui lui conférait une aura de mystère, mais aussi d’élégance. Elle semblait également avoir pris soin de sa crinière d’ébène, et ce, en se constituant notamment une longue tresse. Mais plus encore que sa tenue, ce fût son visage qui me frappa. En effet, la jeune femme semblait plus reposer ce qui me rassura quelque peu. Au moins, avait-elle pu récupérer de ses prouesses durant l’expédition du Vent d’Acier. Il eut été fort regrettable que ces dernières causassent du tort à une personne au potentiel aussi prometteur.
La jeune femme, en dépit de la foule, avait tenu à venir à ma rencontre afin que nous pussions échanger très rapidement. Celle-ci me révéla, pour ma plus grande surprise, espérer me revoir. Bien que le sentiment fût mutuel, tant j’éprouvais beaucoup d’estime et de respect eut-égard à ses talents et à sa vivacité d’esprit, je doutais qu’une telle occasion se présentât à nouveau. Ma condition était bien trop incertaine pour que je pusse avoir le contrôle de mes affectations voire même de mes mouvements. Je pouvais très bien être exécuté le lendemain pour avoir malencontreusement manqué de respect à un officiel qui m’aurait demandé son avis sur une question tactique. Néanmoins, dans un sourire des plus énigmatiques, elle m’assura qu’elle saurait trouver un moyen. C’était comme si en quelque sorte, elle me promettait qu’elle saurait forcer la main qui manipulait mon destin selon sa guise. Toutefois, au regard de ses exploits passés, j’avais conscience qu’il ne fallait, en aucun cas, la sous-estimer. Je la savais en mesure de parvenir à ses fins mêmes si j’ignorais comment ce qui, d’ailleurs, titillait quelque peu ma curiosité.
Sa démarche me toucha, car, je n’aurais jamais imaginé que l’on pût agir à nouveau ainsi avec moi. Pas, du moins, en étant une vulgaire janissaire. Aussi, lui répondis-je ceci sur ton des plus amène :
« Cela serait un véritable plaisir que nos chemins puissent se croiser à nouveau malgré nos obligations respectives, ma Dame. » J’inclinais légèrement tête et affichait un sourire triste, mais affable. « Ne dit-on pas, après tout, nil volentibus arduum ? Puisse les astres veiller sur vous au cours de votre odyssée.»
Malgré son climat inhospitalier et en dépit des dangers que nous avions rencontrés, j’étais prête à donner tout ce que j’avais pour ne serait-ce que revivre, une fois de plus, cette terrible soirée où nous avions dû combattre les troupes des Titans. À ce moment-là, tout avait été si clair. Si limpide ! À l’exception de la colère et la peur, aucune émotion n’avait su me désarçonner. Durant cette bataille, mon être tout entier n’avait eu que trois priorités : obtenir la victoire, se venger de l’archonte et survivre. L’Imperator m’avait donné des instructions et je m’étais contenté d’y répondre de la manière que j’estimais être la plus judicieuse selon le déroulement des opérations et des bouleversements qu’avait pu connaître le champ de bataille. Cela s’était limité à ça. Un objectif et une cible. Rien d’autre. Certes, mon esprit s’était quelque peu focalisé sur la dimension tactique, mais ce choix avait été conscient étant donné qu’il correspondait lui aussi à la réalisation dudit but. Toute autre forme de considération était, durant ces instants, perçue comme au mieux anecdotique. Or, c’est bien ce que je regrettais. Désormais, mon âme était condamnée à ressasser sans cesse divers souvenirs et éléments qui n’avaient aucun rapport.
Pour tenter de pallier cette réalité qui m’était tout bonnement insupportable, j’avais tenté, dans un premier temps de me concentrer sur la rédaction de mon carnet pour y apposer mes dernières réflexions tactiques notamment au sujet de la dangerosité que revêtait l’emploi de chiens de guerre comme les Dévoreurs dans une armée. Hélas ! Je n’étais pas parvenue à me concentrer suffisamment pour réussir à écrire la moindre ligne. Mon esprit s’était refusé à répondre à mes suppliques. La guerre qui jusque là avait été mon dominus et ce, qu’elle fût pratique ou théorique se dérobait à moi. Aucun ennemi n’osait se dresser sur notre route. Aucune flèche ou boule de feu ne nécessitait d’être tiré. Aucune taktika ne trouvait suffisamment grâce pour que je pusse la coucher sur du papier à l’aide de ma plume. Que ce fût dans le monde réel ou dans cette dimension onirique qu’était mon âme, il n’y avait rien si ce n’est un champ de ruines dans lequel évoluait une seule autre personne : moi-même. Je me retrouvais confrontée à mes choix, à ma nature, à mes manquements, à mes faiblesses et surtout à mes émotions qui se mêlaient à des souvenirs dont je n’arrivais pas toujours à percevoir la teneur. J’étais seule dans un océan de ténèbres et au-dessus de moi tournoyaient, tels des rapaces, des spectres bleutés qui avaient tous la même particularité : celle de partager mon visage.
Cette affligeante et détestable expérience m’inspira, bien ironiquement, une pensée qui si je l’avais communiquée à ce minuscule nuisible verdâtre, qui avait l’outrecuidance de prétendre savoir chanter alors que ses éructations parvenaient à faire passer les plaintes des pleureuses pour de douces mélopées, aurait eu tôt fait de vouloir l’intégrer à l’une de ces sordides compositions.
*"Dieux ! Quels affreux regards elles jettent sur moi !
Quels démons, quels serpents traînent-t-elles après soi ?
Eh bien ! Filles d’enfer, vos mains sont-elles prêtes ?
Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?
À qui destinez-vous l’appareil qui vous suit ?
Venez-vous m’enlever dans l’éternelle nuit ?"*
Pour échapper à ces chimères, j’avais tenté, dans un premier temps, de m’adonner à une activité plus simple. Du moins en apparence. J’avais noté au cours de cette expédition que mes maigres talents ne sauraient suffire face à une menace telle que celle incarnée par un Archonte. Aussi avais-je entrepris de commencer, lors de nos moments de repos, à m’entrainer, ne serait-ce que pour renforcer ma condition physique qui était bien frêle comparé à celle de mes autres camarades. Bien que mon domaine fut l’archerie, je ne pouvais occulter qu’au corps à corps, même avec mes dagues, me baser uniquement sur mon agilité me causerait du tort si ce n’est mon trépas. Je me devais donc de pallier cela, quand bien même je ne comptais certainement pas devenir une Amazone. Ceci dit, j’espérais bien être en mesure de parer la lame d’un adversaire sans que le choc ne me brisât la moitié des os. Si les Titans étaient capables de ramener parmi les vivantes quantités de créatures, dont des bataillons, de l’ancien empire elfique, il allait me falloir combler certaines de mes faiblesses si du moins j’espérais assouvir ma vengeance et surtout remplir mon devoir en veillant, qui plus est, à survivre.
Bien évidemment, nos moments de repos étant bien trop rares pour s’adonner correctement à une quelconque forme d’entrainement. Qui plus est, au regard de mon humeur morose, je n’éprouvais guère l’envie de m’exercer en compagnie d’une tierce personne. Aussi, j’avais profité de nos pérégrinations pour essayer d’améliorer mes talents dans le domaine de la pyromancie, et ce, en ajustant, du mieux possible, le flux de mana que j’essayais de convoquer. Hélas ! Ces exercices se révélèrent être particulièrement frustrants. Mon esprit était sans cesse focalisé sur ma frustration de ne pas avoir été à la hauteur, de ne pas avoir su blesser ce maudit archonte, que le peu de contrôle que j’exerçais sur les arcanes partait littéralement en fumée. En effet, pendant une bonne partie du voyage, mes camarades avaient eu l’occasion de me voir froncer des sourcils, et ce, alors que je focalisais mon attention sur mes mains qui, d’ailleurs, tremblaient légèrement. Pendant des heures, j’avais tenté de plier à ma volonté ce flux magique ô combien familier. Malheureusement, chacune de ces tentatives pour dompter celui-ci constitua un échec retentissant. J’arrivais sans peine, à faire naître dans mes paumes des étincelles. Mais, elles étaient éphémères et elles vacillaient rapidement avant de s’éteindre définitivement.
Chaque essai infructueux amplifia mon sentiment d’impuissance ce qui, par effet boule de neige, me rendait folle de rage. Pourquoi n’y arrivais-je pas ? Pourquoi le mana refusait-il de courber l’échine ? Ce n’était à n’y rien comprendre ! Pourtant, j’appliquais à la lettre les conseils fournis par mes précepteurs à Melorn ainsi que par une ancienne connaissance que j’avais escortée il y avait des éons de cela. Rien n’y faisait ! J’en venais presque à douter que je fusse un jour capable de faire apparaitre la moindre flamme dans le creux de ma main. Quelle incompétente, je faisais ! Une elfe qui ne parvenait à utiliser un sort basique. J’en connaissais certains qui, au sein de ma patrie, auraient eu tôt fait de se gausser de ma personne et de mes échecs. Cette pensée ne faisait, d’ailleurs, que contribuer à mon mécontentement.
Par quelle facétie du destin en étais-je réduite à cela ? Lors de notre expédition dans le Nord, il m’avait suffi d’émettre un simple commandement, une simple pensée pour que ce flux harmonieux se manifestât et satisfît mes demandes. Un claquement de doigts et je pouvais dire ceci habituellement : que le feu soit ! Mais là rien ! Si ce n’est de la fumée. Cette dure réalité me coûta quelques nuits blanches qui ne firent qu’accentuer davantage mon irritation au point qu’un soir, alors que ma patience avait été épuisée et que j’étais tout simplement excédée et éreintée, j’en vins à perdre pied et à relâcher la maîtrise du mana. Au début, cette nouvelle expérience rencontra un certain succès, car une flamme éclatante et quelque peu menaçante apparut finalement dans ma main. Malheureusement, tel le fiel qui ravageait mon être peu à peu, cette manifestation quelque peu ardente gagna en intensité et commença à épuiser, rapidement, ma magie, mais aussi à consumer la paume de ma main gauche qui n’était que partiellement protégée. Ainsi, non sans douleur et célérité, j’avais dû concentrer toute ma volonté pour réprimer la sauvagerie de ces flammes qui se dissipèrent non sans laisser derrière elles des marques rouges et douloureuses au niveau de mes doigts.
En somme, ce retour fut un véritable supplice qui manqua, d’ailleurs, à un moment de me faire craquer lorsqu’alors que j’avais passé une bonne partie de mon voyage à ruminer, le croque-note attitré de notre compagnie avait décidé de m’escagasser comme si je n’avais pas eu d’autres chats à fouetter ! Ce personnage grotesque avait littéralement décidé de camper devant ma tente un certain soir. Certaines mauvaises langues auraient prétendu, au regard des habitudes licencieuses et prosaïques des bardes, que ce sinistre personnage dépourvu de toute forme de talent si ce n’est celui de perforer les tympans d’autrui eût espéré copuler avec une catin. Or, étant donné l’absence de péripatéticienne dans notre convoi, d’aucuns penseraient qu’une esclave pouvait faire l’affaire surtout si celle-ci était charmante. Il est vrai que dans un premier temps, j’eus une telle pensée quand il chercha absolument à s’entretenir avec moi pour une affaire privée. Je fus même terriblement tentée d’user de mon yumi, de le bander et de décocher une flèche pour qu’il sût ce à quoi il s’exposait à vouloir à tout prix s’entretenir avec moi pour que j’acceptasse de lui caresser l’asticot du bout de l’auriculaire. Malheureusement, ce musicastre se savait intouchable, car je demeurais une esclave de guerre. J’avais, pour ainsi dire, interdiction de faire du mal à un citoyen Reikois si tant est qu’il le fût.
Aussi dus-je me résoudre à lui accorder audience, non sans faire preuve de froideur tant sa présence m’importunait. Ironiquement, j’étais très loin de me douter de la véritable raison de son insistance. Alors que j’eusse assez peu goûté à ses compositions tant en comparaison les gémissements d’une truie qu’un Dévoreur écorcherait vive me paraissait être nettement plus harmonieux, celui-ci avait été touché par le son de ma voix lorsque j’avais décidé, avant que toute l’expédition ne quittât la salle de la Forge, d’exprimer une partie de mes émotions au travers d’un antique hymne elfique. Sa reconnaissance ou son admiration à mon égard, bien qu’elle fût sincère, me laissa de marbre tant je n’avais que faire de son avis sur ce sujet et tant cette démonstration de mes talents oratoires ne constituait que l’ultime réminiscence d’une époque révolue qu’une partie de moi-même continuait de regretter sans que je ne comprenne pourquoi.
Quoi qu’il en soit, ce gobelin m’avait prié de bien vouloir l’écouter ce que j’avais fait de mauvaise grâce même si j’espérais que lui donner satisfaction mettrait fin à notre entrevue. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque cette antithèse vivante d’un amphion me fît part du motif de sa visite. Chanter avec lui ? Sur une de ces compositions ?! Mais pour qui me prenait-il ?! Je n’étais pas un trouvère ! Certes, mon père m’avait appris à chanter à Melorn en compagnie d’autres jeunes elfes, et ce, dans l’optique de dompter mon timbre de voix qui du fait de l’écho spectral qui le caractérisait était à l’époque pour le moins inharmonieux. Mais de là à vouloir me pousser à faire étalage de mes dons devant toute une plèbe, il y avait un monde ! Aussi, mon premier réflexe fut-il de lui répondre très simplement par la négative d’un ton abrupt. Il était hors de question que j’accordasse du crédit à un farfadet verdâtre dont l’absence de talent était telle que même un titan crierait grâce en entendant sa musique. Malheureusement, celui se montra quelque peu véhément dans ses revendications au point qu’il en vint à adopter un comportement particulièrement adulte et responsable. En effet, il se mit à imiter à la perfection, ce qui était plutôt rare pour être souligné, les pleurs et la conduite associés à un moutard humain républicain.
N’appréciant qu’assez peu sa performance et étant particulièrement lasse, j’avais cédé à ses supplications, mais l’avais prévenu que je n’accepterais aucun chant frivole ni aucune ballade humoristique. Je n’étais pas d’humeur pour ce genre de facétie. Ironiquement, ce ne fut guère le cas. En cela, le barde me surprit, car il me proposa un texte qu’il avait certes lui-même composé, mais qui faisait écho à ma propre performance dans le Nord. Bien que les consonances choisies me paraissaient maladroites et n’étaient guère à mon goût, le ton employé ainsi que le verbe choisi étaient sommes tout agréables à l’oreille. Mais plus encore, une partie de mon être était touchée par la démarche de ce petit être qui visiblement avait voulu apaiser ma douleur et celle d’autres Melornois. Un tel acte ne me laissait pas totalement insensible. Voici bien longtemps que quelqu’un en dehors de mes prérogatives militaires n’avait pas fait preuve d’une certaine forme de sollicitude à mon égard. Même si son attitude ne sut éclaircir mon humeur ô combien assombrie, je reconnusse ses efforts. Qui plus est, je devais bien admettre que ses vers trouvaient un certain écho en moi tant ils évoquaient le souvenir de ceux qui, jadis, avaient succombé au trépas lors d’une guerre telle qu’elle avait signifié la fin de l’Empire Elfique et qui, contre leur volonté, avaient été arraché aux bras de la Mort elle-même pour servir l’ennemi qu’ils avaient juré de détruire.
Ordonner l’anéantissement de ceux qui avaient été, autrefois, des Héros pour mon peuple avait été un crève-cœur. Or cette musique en l’occurrence parvenait à retranscrire une partie des sentiments qui m’avaient animé à ce moment précis et soulignaient à quel point ces évènements avaient été déchirants bien que nécessaire. Je ne regrettais nullement mes actes, mais étais pour le moins peiné de voir que ces anonymes que nous honorions dans nos rites et traditions et que j’admirais, pour ainsi dire, enfant avaient connu une telle destinée. Mais n’était-ce pas là toute la fatalité de la condition de soldat ? N’était-ce pas, dans le fond, la forme que prenait mon avenir tôt ou tard en tant que janissaire ? Jusqu’à présent, je n’avais réfléchi à cela. Je n’en avais jamais eu besoin. Mais si je venais à succomber sur le champ de bataille, connaîtrais-je un sort similaire à ces hommes et à ces femmes ? La mort serait elle ma récompense ? Ou y échapperais-je en étant moi aussi damné pour l’éternité au service d’une puissance que je méprisais. Je l’ignorais. Et au final, je préférais ne pas le savoir. Peut-être était-ce mieux.
Pourtant au-delà des évènements du Vent d’Acier, la composition du barde avait déstabilisé une partie de mon être pour une raison que j’ignorais et qui fit perler quelques larmes que j’avais effacées assez rapidement tant je ne préférais pas m’appesantir sur l’origine de ce comportement. Peut-être étais-je tout simplement éreintée. Néanmoins, pour la première fois en presque 300 ans, je commis un acte que je n’aurais jamais cru faire : remercier un gobelin pour sa prévenance. Aussi, pour le faire de manière décente, m’étais-je pliée à l’exercice en apprenant sa ballade ce qui eut le mérite de me changer quelque peu les idées… du moins jusqu’à ce que nous arrivâmes à Ikusa et qu’une fête fut organisée, quelques jours plus tard, pour célébrer les exploits du Vent d’Acier.
Pour une telle occasion, la capitale s’était bien évidemment parée de ses plus beaux atours. Que ce fût la place où je me rendis et sur laquelle une estrade avait été positionnée, sans doute en vue d’un discours de l’Imperator ou peut-être du couple impérial, ou les quartiers adjacents, Ikusa était une mosaïque éblouissante de couleurs reprenant les armoiries des Serres, d’odeurs et de sons aussi divers que variés même si certains avaient encore moins harmonieux que certaines des compositions du gobelin. Les épices embaumaient l'air, mêlant leurs parfums envoûtants aux effluves sucrés des délices orientaux cuisant dans les fourneaux des pâtissiers. Des étals bordaient les rues et débordaient de nourritures et de boissons, qui d’après ce que j’avais glané, étaient gratuites pour les membres de l’expédition. Ce détail ne devait guère être au goût d’un certain contrôleur royal qui s’était révélé être particulièrement zélé dans son domaine de prédilection. Quoi qu’il en soit, je doutais que cette offre s’appliquât à moi. Quand bien même, j’eus participé à cette expédition, je demeurais une janissaire. Or, au regard du comportement de certains marchands à l’égard de ma caste en temps normal, je pressentais qu’en dépit des circonstances, rien ne changerait. Non que cela me chagrinât, je ne comptais pas m’éterniser ici et encore moins parader en compagnie des autres soldats de l’expédition. Ma place n’était pas ici et je remerciais le ciel de ne pas être une Serre Pourpre ou un Dévoreur auquel cas j’eusse dû moi aussi subir un tel désagrément. J’avais simplement fait une promesse. Le reste était secondaire. Malgré tout, par respect, j’avais revêtu mon armure, que j’avais préalablement nettoyée, ainsi que mon yumi.
Depuis la place, je percevais des danseurs aux costumes chatoyants, des cracheurs de feu des jongleurs usant de torches enflammées et des acrobates. Des tambours et des luths emplissaient l’atmosphère de glorieuses épopées. Des rires et des exclamations de joie se mêlaient aux conversations animées alors que la foule se pressait vers ce lieu pour apercevoir l’arrivée prochaine de la Griffe et des héros du Vent d’Acier. Je ne doutais pas un seul instant que cette célébration battrait son plein jusqu’aux premières lueurs de l’aube, demain. J’espérais ne pas avoir, une nouvelle fois, à patrouiller en de telles circonstances. Étrangement, je ne tenais pas à ce que mon visage épousât une table. Je préférais aussi éviter d’avoir à rencontrer un certain Luteni, qui, une fois cuité, avait une fâcheuse à transformer les alentours en véritable champ de bataille. Non qu’une telle situation ne fût pas des plus distrayantes… En vérité, je souhaitais même qu’un tel exploit pût à nouveau voir le jour. Cela m’aurait donné une opportunité de chasser cette langueur qui perçait encore mon cœur.
Soupirant, j’essayais de repérer le barde parmi cette masse grouillante. Au vu de sa taille, je savais que cela ne serait guère aisé, mais étant donné son absence cruelle de discrétion, il me semblait assez peu probable que je pusse le manquer. Après tout, son extravagance couplée à sa capacité à attirer l’attention le rendait inapte à toute forme de discrétion. Un tel personnage n’aurait jamais pu être voleur et encore moins être un espion. C’était rassurant en un sens. Tôt ou tard, je ne tarderais pas à lui mettre la ma… Non ! Il n’avait pas tout de même osé ?! J’écarquillais soudainement les yeux et haussais un sourcil. Avait-il perdu l’esprit ?! C’était une évidence depuis notre première rencontre. Mais était-il si inconscient ?! Ne savait-il pas que la scène sur laquelle il était monté et sur laquelle il entonnait déjà l’une de ces chansons était réservée à Fictilem et non pas à sa personne ? S’il continuait à user ainsi de cette infrastructure, il allait très rapidement finir en prison ! Je m’en contrefichais, certes ! Mais je ne tenais pas à partager son sort. Il fallait être un idiot et un dément pour ainsi mépriser l’organisation de cette célébration. Pourtant, aucun garde ne semblait intervenir comme si tout était normal. À croire qu’ils avaient tous perdu le sens des réalités ! Ou que ce fichu musicastre avait trouvé le moyen d’acheter la coopération des autorités reikoises ! Pourquoi avais-je cédé ? Pourquoi avais-je accepté de bien vouloir chanter une fois pour lui ? Je savais que j’allais finir par m’en mordre les doigts !
Je pouvais toujours faire demi-tour. Rendre la monnaie de sa pièce à ce croque-note qui, visiblement, avait préféré oublier de me tenir au courant de certains détails. Non seulement je ne tenais pas à être temporairement au centre de l’attention reikoise, mais en plus je ne tenais pas à tâter du fouet sous prétexte que je m’étais produite en compagnie de ce sagouin qui n’avait aucune autorisation pour s’adonner ainsi à ce qu’il osait qualifier « d’art ». Je n’appréciais qu’assez peu cette surprise, il est vrai. Mais de l’autre, je lui avais fait une promesse... Qui plus est, l’hymne qu’il avait composé pour moi, était si élégiaque… Tant pis. Au pire, je n’hériterais que de quelques coups de fouet et d’un séjour en cellule pour manquement au protocole, rien de plus. Soupirant longuement, je m’approchais discrètement de l’estrade, non sans devoir jouer parfois des coudes afin de progresser vers ma destination.
Finalement, j’y parvins, et ce, alors que le barde approchait de la fin de sa seconde musique que je n’affectionnais guère tant la cadence imposée par sa composition s’avérait être particulièrement véloce. Je ne tenais même pas compte, dans mon appréciation, des paroles tant elles étaient très loin de retranscrire la réalité notamment au sujet d’une certaine stalagmite ayant eu l’occasion de perforer ledit nain. Certains critiques, en ayant eu connaissance des faits, auraient pu prétendre qu’occulter le moment le plus intéressant son histoire était des plus navrants. À mon sens, il était effectivement regrettable d’omettre ce passage. Après tout, la plèbe était friande des héros qui, bien que blessés, parvenaient toujours à se relever pour faire face à l’adversité. Pour ma part, j’en venais surtout à me demander comment ce nain avait pu survivre à cet empalement.
Quoi qu’il en soit, j’étais désormais sur le côté de l’estrade. Je n’avais plus qu’à emprunter l’escalier et je pourrais rejoindre le barde. Même si, j’avais fait le choix de me rendre jusqu’ici, un doute continuait de m’assaillir. Une angoisse que je n’avais plus connue depuis fort longtemps. Par réflexe, comme autrefois, j’avais serré mes mains tremblantes contre ma poitrine au sein de laquelle mon cœur martelait. Bien qu’il fasse jour, j’avais l’impression que cette foule n’était rien d’autre qu’un océan de ténèbres écrasantes. Ma gorge se serra au point que j’eus la sensation de ne presque pas pouvoir respirer. Bien que j’eusse toujours affectionné le chant, je n’avais jamais eu pour vocation de me produire ainsi sur scène. Pourtant, je savais que je ne pouvais pas reculer. Je ne devais pas reculer. Non seulement j’avais fait une promesse, mais en plus il était hors de question que je me dérobe à mes responsabilités. Comme l’avait si justement bien dit une de mes instructrices à Melorn, lorsque l’on voit un mur, l’on ne rebrousse pas chemin…on passe au travers !
Rassemblant tout mon courage en dépit de mon trac et de mes jambes tremblantes, je montais sur scène au moment même où le gobelin finissait sa strophe et me rapprochais de lui alors que quelques accords d’un instrument se faisaient entendre. Puis, préférant ignorer la foule en face de nous, j’entrepris de m’adonner corps et âme à cette élégie et ce, en modulant ma voix de telle sorte à ce que mon auditoire puisse percevoir une forme d’intimité dans mon interprétation afin de créer une forme de proximité entre moi, le public et le gobelin.
« Raconte-moi, Gob’
N’es-tu pas fatigué d’éponger les malheurs ?
Ou est-ce que tu en veux d’autres ?
Voir marcher mes ancêtres sur nous ce n’est pas assez ?
Ça me désole
Même dans la victoire, je sens mes larmes perler.
Et quand je vois nos flèches fuser, j’ai le sentiment de me tromper. »
Et là à ce moment précis, sans que personne ne s’en doutât un seul instant, je fis en sorte que le timbre si particulier de ma voix gagnât en puissance et en intensité, et ce, notamment, y déversant bien plus d’émotions qu’auparavant afin que tous puissent saisir à travers mes inflexions vocales le désespoir et l’affliction propres non seulement à cette élégie, mais aussi à mon âme.
« Je suis sur la tangente, regardant mes aïeux se faire décimer
Ils ne trouveront plus jamais le repos
Obligé de les brûler, ces héros des temps anciens
Les repoussants à nouveau dans les limbes. »
À cet instant, comme cela avait été prévu, le gobelin joignit sa voix à la mienne pour le refrain comme s’il voulait souligner qu’aucun de nous n’avait à panser ses blessures seuls, comme si il cherchait à prouver qu’il comprenait et partageait la douleur qui avait été la mienne à Vent d’Acier lorsque nous avions dû nous résoudre à faire passer de « vie » à trépas certains de mes anciens compatriotes.
« Dans les lim-imbes, lim-imbes
Dans les lim-imbes, lim-im-imbes
Dans les lim-imbes, lim-imbes
Les repoussants à nouveau dans les limbes. »
Ce passage-là avait constitué une surprise pour moi lorsque le gobelin me l’avait présenté. Il s’agissait de faire une pause dans le chant et d’user de ma voix pour faire tout simplement des vocalises pour marquer une forme de transition et entrainer le public. De même, il avait souhaité mettre en scène les différentes intonations que pouvait revêtir ma voix dont l’écho quelque peu spectral l’avait surpris. Autant dire que ce ne fut guère difficile pour moi, tant cette performance n’était, pour moi, qu’une reprise des exercices que j’avais suivi autrefois pour maîtriser ce timbre qui, à l’époque, me perforait les tympans tant il était discordant. Finalement, après quelques secondes, je repris la parole, et ce, en injectant une fois de plus, davantage de volume et de force, mais aussi d’émotions dans ma voix et ce, afin que tous puissent s’associer à cet instant.
« Je suis sur la tangente, regardant mes aïeux se faire déboiter
Ils ne trouveront plus jamais le repos
Obligé de les brûler, ces héros des temps anciens
Les repoussants à nouveau dans les limbes. »
Nous reprîmes encore une dernière fois à deux.
« Dans les lim-imbes, lim-imbes
Dans les lim-imbes, lim-im-imbes
Dans les lim-imbes, lim-imbes
Les repoussants à nouveau dans les limbes. »
La foule qui, jusque là, avait été tenue en haleine demeura silencieuse, quelques secondes qui me parurent durer une éternité tant j’avais eu le sentiment d’être ridicule. Puis, soudainement, des applaudissements éclatèrent sur la place, suivis d’acclimatations, de cris d’encouragements et de louanges. Cette réaction, quelque peu disproportionnée à mon sens, me poussa à incliner humblement la tête devant la foule avant de porter une main à mon visage et d’effacer les larmes qui s’étaient écoulées le long de mes joues sans que je ne le remarque pendant que je chantais. Puis je me tournais vers le gobelin, m’agenouillais comme si je cherchais à le traiter en égal et lui murmurais d’une voix douce ce simple mot.
« Merci. »
Sans demander mon reste, je quittais l’estrade, non sans sourire pendant quelques secondes. Hélas ! Ce sourire se fana très rapidement lorsqu’un voile obscurcit temporairement le ciel et que des battements d’ailes se firent entendre, et ce, au moment précis où l’Imperator et les Serres rejoignaient la place où nous étions. Le Fléau des Titans ainsi que sa maîtresse avaient décidé de se joindre aux festivités. Bien que la présence de l’Impératrice ne soit guère surprenante, voir cette créature l’était à mon sens. Certes, le symbole même de l’Empire était un dragon et cette bête incarnait à la perfection la puissance, la férocité ainsi que l’inflexibilité propre aux troupes Reikoises. Cependant, même si Fictilem avait usé de ses dons pour invoquer une version sanguine de l’un de ces cerbères volants à écailles, je ne goutais qu’assez peu sa présence, et ce, pour des raisons évidentes. La victoire du vent d’Acier n’était pas le fait d’une bête prétendument invincible, mais plutôt du courage et de la virtuosité des membres de l’expédition dans l’art de la guerre. Aussi, que notre divine impératrice se mît en scène par l’entremise de ce reptile volant, et ce, pour des raisons de propagande, me semblait particulièrement déplacé tant cela entretenait le mythe, au sein de la population ainsi qu’aux yeux de certains incompétents de l’armée reikoise qui prétendait être des officiers, que le régime était invulnérable.
Alors que cette bête, issue d’un autre temps, ouvrît sa gueule pour pousser un rugissement, je fronçais des sourcils et grimaçais quelque peu tant ce dernier heurta mes tympans déjà si malmenés. Je saisissais l’importance qu’accordait vraisemblablement le couple impérial à ce serpent. Cependant, j’estimais que bon nombre de Reikois faisaient erreur en s’imaginant que Valeryon parviendrait à protéger l’Empire de toutes les menaces que nous aurions à affronter. Si le Vent d’Acier avait bien prouvé une notion en ce jour, c’est que les races mortelles étaient capables de rivaliser si ce n’est d’abattre des créatures prétendument divines. C’était bien pour cela que sa présence pour ces célébrations était incongrue. Quoi qu’il en soit, nous ne pouvions pas, par hybris, penser un seul instant que les Titans, les Républicains ou d’autres pourraient abattre ce dragon. Pire encore ! Si cet Archonte avait été en mesure de ramener en ce monde des troupes de l’ancien empire elfique, rien n’empêcherait ses alliés de faire de même avec la carcasse d’un dragon voire de plusieurs. Dès lors, que ferions-nous ? À mon sens, il était impératif de partir du principe que cet atout à écailles n’était pas éternel et encore moins invincible. Nous devions, en revanche, nous questionner sur la vulnérabilité de cette créature et sur les moyens qu’il faudrait mobiliser pour l’abattre. Hélas ! Au-delà même de ma condition de janissaire, je savais que caresser ouvertement une telle idée serait perçue comme de la dissidence voire de l’hérésie. Ils n’auraient pas pu plus se tromper. Après tout, mon seul souhait était de défendre efficacement l’Empire et le couple impérial ainsi que d’écraser celles et ceux qui oseraient se dresser contre lui.
Soupirant longuement, je regardais le dragon ainsi que sa maîtresse s’envoler avant de me concentrer sur Fictilem qui avait pris place sur l’estrade où je me trouvais quelques instants auparavant. Sa tenue me surprit quelque peu. Jusqu’à présent, je n’avais jamais pu contempler le légat dans de tels atours. Pour l’occasion, Deydreus avait abandonné son armure pour revêtir à la place des habits aux couleurs des Serres, à la coupe particulièrement élégante et dotée de broderies dorées ô combien complexes. Il avait été même jusqu’à mettre une broche ponctuée d’un énorme rubis rougeâtre. Même si sa toilette reflétait une forme d’austérité, il se dégageait un magnétisme presque animal. Il aurait fallu être de mauvaise foi ou être aveugle pour ne pas admettre que ces effets sublimaient le charisme de cet homme. À ne point en douter, il était, aujourd’hui, l’incarnation même de la grandeur, de la noblesse et du raffinement. Certaines femmes dans l’assemblée étaient même sous le charme et cancanaient déjà au sujet de la vie privée du chef des armées reikoises. Même moi, je confessais qu’il ne me laissait pas indifférente, bien que ce genre de sujet ô combien prosaïque me rendait, habituellement, pour le moins apathique tant je ne m’adonnais plus à des activités licencieuses depuis que j’étais devenue une janissaire. Néanmoins, j’étais sensible à la vision offerte par ce tableau. Si les cieux étaient gouvernés par un vulgaire serpent, la Mort elle-même avait été domptée par ce seigneur qui caracolait sur son fier destrier.
Quoi qu’il en soit, comme l’on se s’y serait attendu en de pareilles circonstances, la Griffe fît un discours dont les propos rejoignaient en partie ce que j’avais pensé sur la question précédemment. Certes, je n’affectionnais guère la forme que prenait son discours, mais je savais que de par ses fonctions, il était pour ainsi dire obligé de se soumettre à une telle comédie. Pour les besoins de la population et le moral des troupes, il était nécessaire de soliloquer de cette manière. Cependant, j’admettais sans nul peine que le fond était bien plus intéressant qu’il n’y paraissait tant il était juste. Qu’importait les notions de courage ou de gloire ! L’Imperator proclamait haut et fort qu’aucune menace ne serait trop grande, qu’aucune victoire ne serait être impossible à obtenir, qu’aucun obstacle ne serait insurmontable, qu’aucun pseudo démiurge ne saurait exercer une quelconque forme de domination tant que des légions de soldats accepteraient de faire front commun et refuseraient de s’incliner face à l’adversité. Les ancêtres de mon peuple l’avaient prouvé autrefois en allant jusqu’à mobiliser et sacrifier la quasi-totalité de notre Empire pour tenir tête aux incursions des Titans.
Face à une telle harangue, la foule acclama la Griffe ce qui n’était guère étonnant. Pour une fois, peut-être aurais-je rejoint la liesse populaire qui résonnait tel un tonnerre, si mon attention n’avait pas été soudainement happée. Bien que mon regard soit dirigé vers l’estrade et vers Fictilem, je n’avais plus aucune emprise avec la réalité, car les mots de l’Imperator avaient su trouver un écho en moi, qui, ironiquement, était lié au malaise que je ressentais depuis mon retour à la capitale et qui prenait, désormais, forme dans mon esprit. Des voix…ou plutôt une voix qui m’était familière résonna dans mon âme. Cette dernière employait des mots fermes chargés d’une indicible pertinacité qui témoignaient d’une volonté de fer. Ils appartenaient à un homme qui avait été mon mentor par bien des aspects et que j’avais admiré jusqu’à ce que je sois contrainte d’assister à ses ultimes moments dans ce monde dans mes bras qui étaient recouverts de son sang.
Cette péroraison résonnait comme un écho lointain, mais pourtant, en ces circonstances, leur portée inébranlable me désarçonnait et me rappelait cruellement l’absence de ceux avec qui j’avais combattu et tissé des liens. Je me remémorais qu’en dépit de toute opiniâtreté, nous avions été non pas victorieux, mais quasiment annihilés. Certes, un tel comportement avait été une erreur tant il s’était apparenté à une forme de traitrise envers le seul vrai empereur du Reike. Cependant, je ne parvenais pas à faire taire le souvenir de ces jours sombres qui désormais s’imposait à moi. Ces réminiscences que j’avais jusqu’à présent enfouies aux tréfonds de mon esprit ressurgissaient et m’accablaient. Ces vestiges d’une mémoire, qui n’était plus la mienne, affluaient. Des images brûlantes de défaites cuisantes, de camarades tombés au combat, de désespoir et de dévastation se succédaient alors que je voyais encore à quel point nous avions cherché à faire en sorte de défendre avec ténacité et jusqu’à la dernière goutte de sang chaque position, chaque mètre du territoire reikois.
* Qu'importe la progression des barbares, nous obtiendrons la victoire, la victoire à n’importe quel prix, la victoire en dépit de toutes les terreurs, la victoire quelque longue et difficile que soit la route pour y parvenir, car sans victoire, il n’y a pas de survie.
Aussi nous irons jusqu'au bout, nous nous battrons dans les Terres du Nord, nous nous battrons sur les mers et les océans, nous nous battrons avec toujours plus de confiance ainsi qu'une force grandissante dans le désert, nous défendrons notre royaume, quel qu'en soit le coût, nous nous battrons à Taisen, nous nous battrons sur les terrains à Kyouji , nous nous battrons dans les oasis et dans les montagnes, nous nous battrons dans les rues de la capitale s’il le faut ; nous ne nous rendrons jamais. *
Là où l’Empire célébrait la victoire de ses héros, mon âme, dans un élan de tristesse déchirant, commémorait, la défaite et le souvenir de mes frères et sœurs d’armes qui continuaient de me hanter tels des spectres, mais aussi de m’accompagner en me rappelant que cette guerre, qui était désormais finie depuis 5 ans, avaient laissé une marque indélébile en moi. Là où le souvenir des morts du Vent d’Acier serait honoré, les ombres fugaces de mon bataillon étaient condamnées à l’oubli. Moi seul pouvais désormais porter le fardeau qu’était cette mémoire qui me hantait et qui m’infligeait une douleur lancinante, mais que, pour rien au monde, je ne souhaiter oublier.
Peu à peu les cris de joie de la foule s’imposèrent à moi et surent lever le voile qui, jusqu’à présent, avait recouvert mes sens. Tout autour de moi, tout semblait devenir plus clair et surtout plus tangible. Un frisson me parcourut néanmoins alors que je remarquais que ma main droite, qui tremblait encore quelque peu, s’était portée vers ma poitrine et que mes doigts effilés essayaient vainement de percer mon armure afin de pouvoir gratter de manière frénétique la cicatrice située entre mes seins. Tentant de reprendre le contrôle de mon corps, j’avais le sentiment étrange d’être, dans ce contexte, une étrangère au monde qui m’entourait. Je me sentais tout simplement désemparée et déconcertée. C’était comme si, mon être tout entier s’était éveillé d’un cauchemar particulièrement profond pour ensuite se retrouver confrontée à une réalité qui faisait passer ce dernier pour un doux rêve. Un tourbillon d’émotions se déchainait en moi. Il s’agissait d’un mélange confus de tristesse et de nostalgie.
Afin de pleinement reprendre pied, je pris une profonde inspiration et laissais l’air frais remplir mes poumons avant de fondre à nouveau dans la foule, et ce, afin de quitter le plus rapidement possible cette cacophonie et de rejoindre mes baraquements pour trouver un moyen de me changer les idées. Peut-être pouvais-je chaparder, sur le chemin, un tonneau d’un quelconque alcool, et ce, pour engourdir de manière efficiente mon esprit qui avait décidé de me jouer des tours. Voilà bien longtemps que je n’avais guère eu le loisir de laisser un quelconque breuvage influer sur mes sens. Qui plus est, je doutais que l’on m’en fasse le reproche. La moitié de la capitale aurait, de toute façon, la gueule de bois le lendemain ! Personne ne remarquerait la différence !
Jouant un peu des coudes pour me frayer un passage, je sentis une main délicate me saisir doucement le bras. Bien que ce geste me surprît quelque peu, cette manière de procéder véhiculait, en moi, un sentiment de familiarité. Aussi, me retournais-je pour faire face au visage familier d’une femme que j’estimais à savoir dame Isolde. Inclinant la tête pour la saluer, je fus quelque peu amusée de noter la similarité entre notre rencontre dans la salle de l’archonte et celle-ci. À croire que la nécromancienne s’était fait une spécialité de me surprendre, et ce, malgré mes sens acérés. Restait à présent à savoir si un certain proverbe s’avèrerait juste, car après tout ne disait-on pas « jamais deux sans trois » ? La détaillant du regard rapidement, je notais qu’elle s’était également parée de ses plus beaux atours. Ainsi, elle était vêtue d’une robe obsidienne qui lui conférait une aura de mystère, mais aussi d’élégance. Elle semblait également avoir pris soin de sa crinière d’ébène, et ce, en se constituant notamment une longue tresse. Mais plus encore que sa tenue, ce fût son visage qui me frappa. En effet, la jeune femme semblait plus reposer ce qui me rassura quelque peu. Au moins, avait-elle pu récupérer de ses prouesses durant l’expédition du Vent d’Acier. Il eut été fort regrettable que ces dernières causassent du tort à une personne au potentiel aussi prometteur.
La jeune femme, en dépit de la foule, avait tenu à venir à ma rencontre afin que nous pussions échanger très rapidement. Celle-ci me révéla, pour ma plus grande surprise, espérer me revoir. Bien que le sentiment fût mutuel, tant j’éprouvais beaucoup d’estime et de respect eut-égard à ses talents et à sa vivacité d’esprit, je doutais qu’une telle occasion se présentât à nouveau. Ma condition était bien trop incertaine pour que je pusse avoir le contrôle de mes affectations voire même de mes mouvements. Je pouvais très bien être exécuté le lendemain pour avoir malencontreusement manqué de respect à un officiel qui m’aurait demandé son avis sur une question tactique. Néanmoins, dans un sourire des plus énigmatiques, elle m’assura qu’elle saurait trouver un moyen. C’était comme si en quelque sorte, elle me promettait qu’elle saurait forcer la main qui manipulait mon destin selon sa guise. Toutefois, au regard de ses exploits passés, j’avais conscience qu’il ne fallait, en aucun cas, la sous-estimer. Je la savais en mesure de parvenir à ses fins mêmes si j’ignorais comment ce qui, d’ailleurs, titillait quelque peu ma curiosité.
Sa démarche me toucha, car, je n’aurais jamais imaginé que l’on pût agir à nouveau ainsi avec moi. Pas, du moins, en étant une vulgaire janissaire. Aussi, lui répondis-je ceci sur ton des plus amène :
« Cela serait un véritable plaisir que nos chemins puissent se croiser à nouveau malgré nos obligations respectives, ma Dame. » J’inclinais légèrement tête et affichait un sourire triste, mais affable. « Ne dit-on pas, après tout, nil volentibus arduum ? Puisse les astres veiller sur vous au cours de votre odyssée.»
"La mémoire est une forme d’immortalité. La nuit, quand le vent se tait et que le silence règne sur la plaine de pierre scintillante, je me souviens. Et tous revivent. Les soldats vivent. Et se demandent pourquoi..."
Citoyen du monde
Phèdre
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La peur de Phèdre était plus profonde qu’Eris n’en avait jamais ressenti, plus encore que sa crainte du Reike. La joie de la victoire et la liesse de la fête avait fait place à un océan profond de colère et de terreur mais il y avait pire encore car dans un recoin obscure de son esprit, de ceux qu’elle savait présent mais qu’elle n’arrivait pas à atteindre, un souvenir était en train de se débattre pour s’arracher à la conscience endormie de l’existence de Phèdre. Pour Eris cela était plus proche du mal de crâne, comme si son cerveau se mettait à réfléchir envers et contre tout. La douleur de ses tempes était lancinante. Ses traits se durcirent en réponse alors que ses yeux continuaient de suivre la courbe de la créature qui s’éloignait. La réminiscence était sur le point de jaillir quand elle fut purement et simplement remise en cage par une voix qui balaya à elle seule l’existence perfide de Phèdre au profit de la conscience délicate d’Eris. L’océan sembla refluer, les souvenirs avec lui et quand elle fit volte-face, Eris resta bouche bée.
- Je… Bredouilla-t-elle alors que la douleur sur son visage laissait place à l’étonnement. Pourtant, elle n’aurait pas dû l'être. C’était, après tout, lui qui l’avait invité à le rejoindre ici. C’était lui qui avait permis à Eris de défier les sentiments qui l’obligeaient à fuir et de rallier le Reike alors même que Phèdre avait réussi à les en extirper. Cette dernière le méprisait d’ailleurs car il représentait pour elle une faiblesse si évidente, qu’il lui eut été moins handicapant de s’amputer tout de suite d'un bras. Qu’elle imbécile avait été Eris de s’éprendre d’une créature aussi fragile qu’un humain, Reikois par dessus le marché. La seule chose positive que Phèdre arrivait à tirer de cette amourette exécrable qui l’empêchait de rayer purement et simplement cet homme de la carte, fut son espérance de vie. Dans moins d’un siècle, il se serait éteint à la manière de la flamme vacillante d’une bougie et il ne serait plus un problème. Bien qu’elle eut espéré le régler bien avant. Hélas Eris était encore trop présente en elle et elle, pas assez. Aussi, son affection pour lui prit le dessus et Phèdre lui céda la place.
- Je… Recommença Eris tout en cherchant une explication qui serait plausible. - Il fallait… La grande bibliothèque… Son regard plongea vers ses chaussures. Par la lune ! Fallait-il que cet homme-ci fut au courant de ses allers et venues ? - La grande bibliothèque de Liberty réclamait certains ouvrages rares que nous possédons, ils sont fragiles et l’un d’entre nous devait en prendre soin durant leurs voyages alors je me suis portée volontaire. La témérité de Phèdre avait tout de même du bon et sa capacité à mentir était bien plus exceptionnelle que celle qu’Eris avait toujours possédée.
Alors qu’ils s’extirpaient un peu plus de la foule, la voix de ténor sur l'estrade raisonna avec force autour d’eux. Eris s’arrêta pour écouter le discours plus que pour l’observer et ses sourcils se froncèrent. Phèdre n’aimait guère ce qu’elle entendait et par conséquent, elle non plus.
- Xo’rath… Murmura-t-elle, ce nom était comme du nectar sur sa langue et elle dû faire des efforts pour ne pas laisser le plaisir qu’elle avait de le prononcer apparaître sur son visage. “Vous n’avez gagné qu’une bataille, miséreux, vous ne gagnerez pas la guerre.” Eris cilla alors que ses pensées, impies, occupaient chaque recoin de son esprit. La silhouette de Zéphyr fut la seule chose qui l’empêcha d’exploser. Inspirant et expirant un bref instant, elle réussit à dompter le tumulte menaçant qui émanait de sa conscience.
- Comment sais-tu que j’ai quitté Ikusa ? Les yeux d’un bleu profond d’Eris vinrent heurter l’ambre de ceux de son vis-a-vis. - Je n’en avais informé personne. Et sur ces mots, elle se tue, bien décidé à éluder la question qu’il lui avait posée quant aux festivités et à laquelle, elle sentait Phèdre capable de révéler le fond de sa pensée.
- Je… Bredouilla-t-elle alors que la douleur sur son visage laissait place à l’étonnement. Pourtant, elle n’aurait pas dû l'être. C’était, après tout, lui qui l’avait invité à le rejoindre ici. C’était lui qui avait permis à Eris de défier les sentiments qui l’obligeaient à fuir et de rallier le Reike alors même que Phèdre avait réussi à les en extirper. Cette dernière le méprisait d’ailleurs car il représentait pour elle une faiblesse si évidente, qu’il lui eut été moins handicapant de s’amputer tout de suite d'un bras. Qu’elle imbécile avait été Eris de s’éprendre d’une créature aussi fragile qu’un humain, Reikois par dessus le marché. La seule chose positive que Phèdre arrivait à tirer de cette amourette exécrable qui l’empêchait de rayer purement et simplement cet homme de la carte, fut son espérance de vie. Dans moins d’un siècle, il se serait éteint à la manière de la flamme vacillante d’une bougie et il ne serait plus un problème. Bien qu’elle eut espéré le régler bien avant. Hélas Eris était encore trop présente en elle et elle, pas assez. Aussi, son affection pour lui prit le dessus et Phèdre lui céda la place.
- Je… Recommença Eris tout en cherchant une explication qui serait plausible. - Il fallait… La grande bibliothèque… Son regard plongea vers ses chaussures. Par la lune ! Fallait-il que cet homme-ci fut au courant de ses allers et venues ? - La grande bibliothèque de Liberty réclamait certains ouvrages rares que nous possédons, ils sont fragiles et l’un d’entre nous devait en prendre soin durant leurs voyages alors je me suis portée volontaire. La témérité de Phèdre avait tout de même du bon et sa capacité à mentir était bien plus exceptionnelle que celle qu’Eris avait toujours possédée.
Alors qu’ils s’extirpaient un peu plus de la foule, la voix de ténor sur l'estrade raisonna avec force autour d’eux. Eris s’arrêta pour écouter le discours plus que pour l’observer et ses sourcils se froncèrent. Phèdre n’aimait guère ce qu’elle entendait et par conséquent, elle non plus.
- Xo’rath… Murmura-t-elle, ce nom était comme du nectar sur sa langue et elle dû faire des efforts pour ne pas laisser le plaisir qu’elle avait de le prononcer apparaître sur son visage. “Vous n’avez gagné qu’une bataille, miséreux, vous ne gagnerez pas la guerre.” Eris cilla alors que ses pensées, impies, occupaient chaque recoin de son esprit. La silhouette de Zéphyr fut la seule chose qui l’empêcha d’exploser. Inspirant et expirant un bref instant, elle réussit à dompter le tumulte menaçant qui émanait de sa conscience.
- Comment sais-tu que j’ai quitté Ikusa ? Les yeux d’un bleu profond d’Eris vinrent heurter l’ambre de ceux de son vis-a-vis. - Je n’en avais informé personne. Et sur ces mots, elle se tue, bien décidé à éluder la question qu’il lui avait posée quant aux festivités et à laquelle, elle sentait Phèdre capable de révéler le fond de sa pensée.
Affilié au Reike
Stadzank
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Info personnage
Race: Gobelin
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Loyal neutre
Rang: D
Même pas eu le temps de profiter de son heure de gloire convenablement que le Dragon Noir chevauché par l’Impératrice fit irruption sur les remparts de la ville, saluant à leur façon les Héros de la Marche. Pourtant si beau... Cette voix sur ces paroles, c’était purement magique ! Même pas le temps d’échanger avec le janissaire mais son remerciement l’avait tout de même beaucoup touché. Son interprétation était au-dessus de tout ce qu’il avait pu imaginer, mettant également une évidence au centre de ses pensées : il lui fallait une chanteuse ! Lui devrait se mettre en retrait, c’était peut-être mieux ainsi...
La musique se stoppa, les Arlequins étaient médusés par ce qu’il se passait et à dire vrai, le barde également. Mais il était également très irrité qu’on interrompe son “show”, son “moment” ! Et voilà qu’il voit débarquer la Griffe sur l’estrade, comme si le spectacle était terminé : mais quel toupet !
Le manque de savoir vivre des guerriers reikois était connu et il était presque “normal” que leur chef en fasse de même. Désabusé, le ménestrel fit signe à son groupe de remballer le matériel, malheureusement pour eux l’heure de gloire était passée et il allait falloir se consoler d’une façon ou d’une autre. Les Arlequins n’avaient pas failli. Et leur petit “boss” leur offrit quelques pièces d’argent pour qu’ils aillent se détendre : un quartier libre bien mérité et qui devrait lui donner un peu de reconnaissance auprès de ses troupes. Lui de son côté, irait traîner son spleen du côté de la buvette, noyant sa fin de carrière de chanteur dans un verre de tore boyau.
Pwouaaaa
Le gobelin failli tout cracher. Puis il but le verre d’une traite, c’était gratuit pour lui certes mais ces quelques années dans la rue lui avait appris à ne jamais gâcher.
Et vous le vendez ça ?
Il prit un regard mauvais du tenancier de la buvette puis le ménestrel s’éloigna, son luth en bandoulière et fût agréablement surpris de voir la vendeuse de “La Bonne Miche”. Il se précipita à son stand et récupéra un bon gros sachet de darioles, embarquant au passage toute la marchandise restante : il y avait quand même pas mal de déceptions à enterrer.
Et c’est la bouche pleine que l’assassin fût surpris par la voix de l’Oreille. Bien sûr il fît comme si de rien était. Le compliment sur ses qualités musicales fit chaud au cœur au poète (qui en avait grandement besoin, il traversait une grosse période de doute artistique) et il suivit bien volontiers le conseiller royal vers une buvette mais il le détourna tout de même de l’endroit où il avait pris son dernier verre.
Allons plutôt là-bas, loin du tumulte et de cet infâme alcool de “je ne sais pas quoi”, je serais ravi de partager quelque chose de buvable en votre compagnie... Ah et regardez, prenez*en une ou deux. Si vous saviez à quel point elles m’ont manqué là-bas ! Vous êtes un démon perfide pour m’avoir fait connaître cette viennoiserie...
Une fois avoir pris deux verres à l’œil et qu’ils étaient un peu en retrait, Stadzank rentra tout de suite dans le vif du sujet, il savait que Zéphyr n’avait pas de temps à perdre avec les banalités.
J’aimerais vous faire mon rapport lors d’une entrevue au Palais, la situation l’exige et remettre un... petit cadeau. J’ai entendu dire en ville que l’Esprit avait été récemment nommé, cela tombe très bien, j’espère qu’elle sera apte à la tâche... Si vous pouviez faire en sorte qu’elle soit invitée à nous rejoindre, hum, peut-être pas au début, en cours de route, car il y a quelques points sensibles à évoquer qui ne la concerne peut-être pas...
Avec un regard des plus tristes, le gobelin ajouta.
Je ne sais pas si le bon choix a été fait là-bas, j’ai certes rempli ma mission et appuyé le choix de la Griffe en pensant avant tout à la Couronne mais... J’ai des doutes, des doutes qui ne cessent de s’amplifier depuis que nous sommes rentrés.
Puis le visage du barde reprit une expression malicieuse, le voile de la vérité n’était retombé que peu de temps. C’était signe qu’il n’en dirait pas plus à ce moment-là.
Une invitation au Palais pour ce cher Stytart Gloidveeld, “Grand” ami du Couple Impérial et également votre bijoutier préféré, serait très apprécié.
La musique se stoppa, les Arlequins étaient médusés par ce qu’il se passait et à dire vrai, le barde également. Mais il était également très irrité qu’on interrompe son “show”, son “moment” ! Et voilà qu’il voit débarquer la Griffe sur l’estrade, comme si le spectacle était terminé : mais quel toupet !
Le manque de savoir vivre des guerriers reikois était connu et il était presque “normal” que leur chef en fasse de même. Désabusé, le ménestrel fit signe à son groupe de remballer le matériel, malheureusement pour eux l’heure de gloire était passée et il allait falloir se consoler d’une façon ou d’une autre. Les Arlequins n’avaient pas failli. Et leur petit “boss” leur offrit quelques pièces d’argent pour qu’ils aillent se détendre : un quartier libre bien mérité et qui devrait lui donner un peu de reconnaissance auprès de ses troupes. Lui de son côté, irait traîner son spleen du côté de la buvette, noyant sa fin de carrière de chanteur dans un verre de tore boyau.
Pwouaaaa
Le gobelin failli tout cracher. Puis il but le verre d’une traite, c’était gratuit pour lui certes mais ces quelques années dans la rue lui avait appris à ne jamais gâcher.
Et vous le vendez ça ?
Il prit un regard mauvais du tenancier de la buvette puis le ménestrel s’éloigna, son luth en bandoulière et fût agréablement surpris de voir la vendeuse de “La Bonne Miche”. Il se précipita à son stand et récupéra un bon gros sachet de darioles, embarquant au passage toute la marchandise restante : il y avait quand même pas mal de déceptions à enterrer.
Et c’est la bouche pleine que l’assassin fût surpris par la voix de l’Oreille. Bien sûr il fît comme si de rien était. Le compliment sur ses qualités musicales fit chaud au cœur au poète (qui en avait grandement besoin, il traversait une grosse période de doute artistique) et il suivit bien volontiers le conseiller royal vers une buvette mais il le détourna tout de même de l’endroit où il avait pris son dernier verre.
Allons plutôt là-bas, loin du tumulte et de cet infâme alcool de “je ne sais pas quoi”, je serais ravi de partager quelque chose de buvable en votre compagnie... Ah et regardez, prenez*en une ou deux. Si vous saviez à quel point elles m’ont manqué là-bas ! Vous êtes un démon perfide pour m’avoir fait connaître cette viennoiserie...
Une fois avoir pris deux verres à l’œil et qu’ils étaient un peu en retrait, Stadzank rentra tout de suite dans le vif du sujet, il savait que Zéphyr n’avait pas de temps à perdre avec les banalités.
J’aimerais vous faire mon rapport lors d’une entrevue au Palais, la situation l’exige et remettre un... petit cadeau. J’ai entendu dire en ville que l’Esprit avait été récemment nommé, cela tombe très bien, j’espère qu’elle sera apte à la tâche... Si vous pouviez faire en sorte qu’elle soit invitée à nous rejoindre, hum, peut-être pas au début, en cours de route, car il y a quelques points sensibles à évoquer qui ne la concerne peut-être pas...
Avec un regard des plus tristes, le gobelin ajouta.
Je ne sais pas si le bon choix a été fait là-bas, j’ai certes rempli ma mission et appuyé le choix de la Griffe en pensant avant tout à la Couronne mais... J’ai des doutes, des doutes qui ne cessent de s’amplifier depuis que nous sommes rentrés.
Puis le visage du barde reprit une expression malicieuse, le voile de la vérité n’était retombé que peu de temps. C’était signe qu’il n’en dirait pas plus à ce moment-là.
Une invitation au Palais pour ce cher Stytart Gloidveeld, “Grand” ami du Couple Impérial et également votre bijoutier préféré, serait très apprécié.
Citoyen du monde
Rêve
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Contrastant drastiquement avec les couleurs joviales d'une fête impériale aussi grandiose qu'à l'accoutumée, deux curieuses et bien obscures figures s'avançaient dans une foule toujours en liesse après le passage du formidable dragon reikois et de sa digne maîtresse.
Il s'agissait d'une femme masquée, tout de noir vêtu, qui portait sur l'une de ses épaules un étrange volatile dont les traits semblaient mêler deux de diverses espèces. Bec de héron, yeux de faucon, ailes de chouettes et pattes de vautour, l'oiseau chimérique dont la curieuse collerette s'élevait et s'abaissait au gré des impulsions sonores semblait s'intéresser à chaque aspect de ces festivités et rivait sur les plus emblématiques figures un œil violacé qui luisait de malice.
Il témoigna de la splendide performance qu'accomplirent ensemble une elfe à la voix enchanteresse ainsi qu'un petit être à l'enthousiasme extraordinaire. Il vit les hommes et les femmes tenant dans leurs mains l'avenir d'une nation toute entière. Il vit du bonheur dans les yeux d'amis qui se retrouvaient, entendit de la hargne et du fiel dans les mots d'une autre, il vit des enfants rire et des femmes pleurer la mort des héros auxquels était adressé un merveilleux monument. Les espoirs, les rêves, la crainte; la vie.
Lorsque le regard de la créature et de son accompagnatrice se posèrent sur l'estrade où Sieur Fictilem avait tenu son grand discours, le bec affuté de l'étrangeté s'entrouvrit et quelques mots prononcés à deux voix s'en échappèrent :
"Voici la Griffe."
L'improbable duo attirait déjà l'attention de quelques gardes impériaux plus alertes que les autres car si la cité était enveloppée par la joie et les rires, les détracteurs de la Couronne étaient légions et ne se reposaient guère. Voyant venir vers eux une paire de soldats, l'oiseau mystérieux se laissa glisser le long du bras de la demoiselle qui avait jusqu'ici soutenu son poids et dans une fantasmagorique métamorphose, il sembla littéralement se liquéfier, se drapant d'un voile d'encre avant de gagner en volume pour devenir en un rien de temps une silhouette féminine, légèrement plus imposante que celle qui ne réagissait aucunement à sa transformation.
Les défenseurs impériaux accélérèrent le pas en voyant l'étrange métamorphose que subissait l'engeance chimérique mais lorsque les changements trouvèrent leur conclusion et qu'une femme à la pâleur mortuaire prit la place de la bête à plumes, la plupart comprirent que cet être, bien que démoniaque par nature, n'avait rien d'un ennemi.
Pas encore, en tout cas.
C'était sous cette même apparence que s'était présenté Rêve lors du Jour de la Force et il avait donc trouvé juste de s'inviter à cette fête ci sous les mêmes atours, ce afin d'être reconnu même par ceux que sa bestiale forme avait passablement inquiétés. Les visages des quelques gardes concernés demeurèrent crispés malgré cette révélation et si nombre d'entre eux retournèrent dans les rangs pour effectuer un rapport sommaire quant à l'apparition du Voyageur, il en demeura un qui fut plus téméraire que les autres et qui posa sans ménagement une main sur ce bras fin qu'avait emprunté l'entité.
"Ce n'est rien."
Le soldat parut interloqué par une telle réponse mais son regard alla du visage de la belle au masque de la seconde et quand il vit l'une des mains de la gardienne sans visage se poser sur la poignée d'une épée somptueusement ornée, il sut à qui avait été adressé la remarque de l'étrangère au teint lunaire. Il aurait été inconvenant de déclencher une esclandre en de telles circonstances, surtout en vue de ce qu'impliquait un élan de violence en un jour si festif. Avec douceur, la bête camouflée posa ses deux iris de jais sur le militaire et lorsqu'elle lui parla avec gentillesse, elle communiqua au passage quelques secrètes images qui apparurent dans l'esprit de celui qui la touchait.
"Tu agis dignement et avec courage. Veux-tu bien me relâcher, rêveur ?"
Dans l'esprit du garde, une voix intérieure murmura :
*Elle serait si triste d'apprendre que tu as perdu ce poste pour lequel tu as tant lutté...*
Le guerrier ouvrit grand les yeux en voyant les traits du démon se déformer pour adopter ceux de sa mère mourante. Il lâcha la créature par réflexe en soufflant de stupeur puis s'éloigna d'un pas. Le faciès trop parfait réapparut et sa génitrice s'éclipsa. Ne sachant que faire, il tourna la tête en direction des siens pour apercevoir son supérieur hiérarchique qui lui faisait signe de revenir. Sans un mot pour la chimère ou pour sa protectrice, le garde accorda un dernier regard au mystérieux duo et disparut entre d'autres silhouettes.
Offrant à celui qui les quittait en silence un resplendissant sourire, le démon maquillé tira gentiment sur le bras de sa plus fidèle prêtresse et annonça paisiblement :
"Avançons un peu, ma douce amie. Peut être que Dame Misry a fait le déplacement."
Il s'agissait d'une femme masquée, tout de noir vêtu, qui portait sur l'une de ses épaules un étrange volatile dont les traits semblaient mêler deux de diverses espèces. Bec de héron, yeux de faucon, ailes de chouettes et pattes de vautour, l'oiseau chimérique dont la curieuse collerette s'élevait et s'abaissait au gré des impulsions sonores semblait s'intéresser à chaque aspect de ces festivités et rivait sur les plus emblématiques figures un œil violacé qui luisait de malice.
Il témoigna de la splendide performance qu'accomplirent ensemble une elfe à la voix enchanteresse ainsi qu'un petit être à l'enthousiasme extraordinaire. Il vit les hommes et les femmes tenant dans leurs mains l'avenir d'une nation toute entière. Il vit du bonheur dans les yeux d'amis qui se retrouvaient, entendit de la hargne et du fiel dans les mots d'une autre, il vit des enfants rire et des femmes pleurer la mort des héros auxquels était adressé un merveilleux monument. Les espoirs, les rêves, la crainte; la vie.
Lorsque le regard de la créature et de son accompagnatrice se posèrent sur l'estrade où Sieur Fictilem avait tenu son grand discours, le bec affuté de l'étrangeté s'entrouvrit et quelques mots prononcés à deux voix s'en échappèrent :
"Voici la Griffe."
L'improbable duo attirait déjà l'attention de quelques gardes impériaux plus alertes que les autres car si la cité était enveloppée par la joie et les rires, les détracteurs de la Couronne étaient légions et ne se reposaient guère. Voyant venir vers eux une paire de soldats, l'oiseau mystérieux se laissa glisser le long du bras de la demoiselle qui avait jusqu'ici soutenu son poids et dans une fantasmagorique métamorphose, il sembla littéralement se liquéfier, se drapant d'un voile d'encre avant de gagner en volume pour devenir en un rien de temps une silhouette féminine, légèrement plus imposante que celle qui ne réagissait aucunement à sa transformation.
Les défenseurs impériaux accélérèrent le pas en voyant l'étrange métamorphose que subissait l'engeance chimérique mais lorsque les changements trouvèrent leur conclusion et qu'une femme à la pâleur mortuaire prit la place de la bête à plumes, la plupart comprirent que cet être, bien que démoniaque par nature, n'avait rien d'un ennemi.
Pas encore, en tout cas.
C'était sous cette même apparence que s'était présenté Rêve lors du Jour de la Force et il avait donc trouvé juste de s'inviter à cette fête ci sous les mêmes atours, ce afin d'être reconnu même par ceux que sa bestiale forme avait passablement inquiétés. Les visages des quelques gardes concernés demeurèrent crispés malgré cette révélation et si nombre d'entre eux retournèrent dans les rangs pour effectuer un rapport sommaire quant à l'apparition du Voyageur, il en demeura un qui fut plus téméraire que les autres et qui posa sans ménagement une main sur ce bras fin qu'avait emprunté l'entité.
"Ce n'est rien."
Le soldat parut interloqué par une telle réponse mais son regard alla du visage de la belle au masque de la seconde et quand il vit l'une des mains de la gardienne sans visage se poser sur la poignée d'une épée somptueusement ornée, il sut à qui avait été adressé la remarque de l'étrangère au teint lunaire. Il aurait été inconvenant de déclencher une esclandre en de telles circonstances, surtout en vue de ce qu'impliquait un élan de violence en un jour si festif. Avec douceur, la bête camouflée posa ses deux iris de jais sur le militaire et lorsqu'elle lui parla avec gentillesse, elle communiqua au passage quelques secrètes images qui apparurent dans l'esprit de celui qui la touchait.
"Tu agis dignement et avec courage. Veux-tu bien me relâcher, rêveur ?"
Dans l'esprit du garde, une voix intérieure murmura :
*Elle serait si triste d'apprendre que tu as perdu ce poste pour lequel tu as tant lutté...*
Le guerrier ouvrit grand les yeux en voyant les traits du démon se déformer pour adopter ceux de sa mère mourante. Il lâcha la créature par réflexe en soufflant de stupeur puis s'éloigna d'un pas. Le faciès trop parfait réapparut et sa génitrice s'éclipsa. Ne sachant que faire, il tourna la tête en direction des siens pour apercevoir son supérieur hiérarchique qui lui faisait signe de revenir. Sans un mot pour la chimère ou pour sa protectrice, le garde accorda un dernier regard au mystérieux duo et disparut entre d'autres silhouettes.
Offrant à celui qui les quittait en silence un resplendissant sourire, le démon maquillé tira gentiment sur le bras de sa plus fidèle prêtresse et annonça paisiblement :
"Avançons un peu, ma douce amie. Peut être que Dame Misry a fait le déplacement."
Sentinelle Nocturne
Shawn Fraldarius
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Fête de la marche du Vent d'Acier
Feat. Beaucoup
Adressant un dernier sourire à son homologue, Corvus quitta finalement les lieux afin de retrouver d’autres héros. Malgré les quelques piques que le vampire lança à l’encontre de la Griffe, il éprouvait une certaine admiration envers ce dernier. C’était un homme respectable, il n’y avait pas le moindre doute là-dessus et, encore plus, Corvus l’appréciait réellement, ce qui était assez rare pour le notifier.
À peine eut-il le temps de faire quelques pas qu’il fût aussitôt stoppé par une nouvelle figure ne lui étant pas étrangère, l’Oreille, un autre de ses compères Ministre. À la vue de ce dernier, le Cœur laissa un léger sourire éclairer les traits de son visage. « Sieur Zoldyck. Cela est tout autant agréable pour moi, je suis ravi que vous preniez le temps de venir à ma rencontre. » rétorqua-t-il, laissant ses prunelles glisser jusqu’au regard de son interlocuteur. « Je me porte à merveille, et vous ? » ajouta-t-il, écoutant ensuite d’une oreille attentive les paroles du maître-espion. « Ce sont des héros et, il est normal que nous les récompensions à leur juste valeur. Et puis, cela permet de couper tout le monde de l’ambiance actuelle régnant au sein du Sekai. Enfin, je suis ravi que les festivités vous plaisent. » Un léger sourire, encore plus marqué que le dernier, se dessina sur le visage à la pâleur surnaturelle du vampire. « Je vais de ce pas saluer d’autres héros. Je suis heureux de vous avoir croisé cher Zéphyr et, j’espère sincèrement pouvoir vous revoir au palais, à l’occasion. » conclut-il, partant en s’inclinant légèrement devant son collègue Ministre.
Après ces quelques pas, le vampire eût la chance de tomber sur l’une des janissaires plus qu’audacieuse de l’expédition. Tombant nez à nez devant l’Elfe, jl vampire garda d’abord un air extrêmement froid, plongeant ses prunelles perçantes dans le regard de son vis-à-vis. « Dame Inviere, Corvus Sanariel, Coeur de l'Empire. » annonça-t-il, souriant légèrement. « J’ai eu vent de vos exploits durant l’expédition et, je tiens à vous féliciter pour votre bravoure et votre audace. Continuez donc comme cela, vous allez dans le bon sens. » ajouta-t-il, sans pour autant prononcer à haute voix le fond de ses pensées. Ce n’était pas réellement connu de tous mais, le Cœur n’était pas pour l’esclavage, bien au contraire. Alors, voir une janissaire faire preuve d’autant d’audace devant ses supérieurs, ce n’était que plaisant. Il ne pouvait pas ouvertement l’encourager à se rebeller, évidemment, mais, c’était là le fond de ses pensées. « Je me doute que vous ressentiez une grande envie de quitter les lieux, je ne vais pas vous retenir plus longtemps. Dame Inviere, c’était un plaisir. » conclut-il, partant avec un léger sourire aux lèvres.
Ses pas le menèrent cette fois-ci vers son fidèle contrôleur royal, Ben le Bouc. Le Cœur, intercepta avec un léger sourire non dissimulé l’homme à l’écharpe, plongeant son regard dans celui de son soldat. « Ben, c’est un réel plaisir que de voir votre retour sain et sauf de l’expédition. J’espère que cette blessure n’est pas trop grave. J’ai bien reçu votre rapport et, j’en suis très satisfait, je vous remercie. Cependant, je pense que rien ne vaut une entrevue en personne. Ainsi, je vous convoquerai certainement dans les prochains jours, pour faire le point. En attendant, tâchez de vous reposer comme il se doit. » annonça-t-il, marquant une légère pause, attendant une quelconque réponse de son interlocuteur. « Je vais vous laisser retourner à vos occupations. Vous êtes le héros, aujourd'hui. Si l’envie vous prend de me revoir, je serai dans les ruelles adjacentes. Je ne supporte guère le brouhaha environnant. C’était un plaisir. » conclut-il, espérant revoir tout de même son soldat durant les festivités.
Cette fois-ci, les pas du vampire le menèrent à l’une de ses chères amies, qu’il reconnût aussitôt sa longue chevelure blonde en vue. Cyradil Ariesvyra, nouvel Esprit du Reike. Se frayant un chemin au milieu de toute cette foule, le Cœur arriva finalement auprès de sa vénérable amie, qui était en train de faire preuve d’une immense charité. « Dame Ariesvyra, c’est un réel plaisir de vous revoir. Je tiens à vous féliciter pour votre récente nomination, mais honnêtement, ce n’était pas une grande surprise. J’espère que vous vous portez bien. » s’exclama-t-il, regardant en direction de ses prunelles glacées, couvertes par un léger voile.
CENDRESÀ peine eut-il le temps de faire quelques pas qu’il fût aussitôt stoppé par une nouvelle figure ne lui étant pas étrangère, l’Oreille, un autre de ses compères Ministre. À la vue de ce dernier, le Cœur laissa un léger sourire éclairer les traits de son visage. « Sieur Zoldyck. Cela est tout autant agréable pour moi, je suis ravi que vous preniez le temps de venir à ma rencontre. » rétorqua-t-il, laissant ses prunelles glisser jusqu’au regard de son interlocuteur. « Je me porte à merveille, et vous ? » ajouta-t-il, écoutant ensuite d’une oreille attentive les paroles du maître-espion. « Ce sont des héros et, il est normal que nous les récompensions à leur juste valeur. Et puis, cela permet de couper tout le monde de l’ambiance actuelle régnant au sein du Sekai. Enfin, je suis ravi que les festivités vous plaisent. » Un léger sourire, encore plus marqué que le dernier, se dessina sur le visage à la pâleur surnaturelle du vampire. « Je vais de ce pas saluer d’autres héros. Je suis heureux de vous avoir croisé cher Zéphyr et, j’espère sincèrement pouvoir vous revoir au palais, à l’occasion. » conclut-il, partant en s’inclinant légèrement devant son collègue Ministre.
Après ces quelques pas, le vampire eût la chance de tomber sur l’une des janissaires plus qu’audacieuse de l’expédition. Tombant nez à nez devant l’Elfe, jl vampire garda d’abord un air extrêmement froid, plongeant ses prunelles perçantes dans le regard de son vis-à-vis. « Dame Inviere, Corvus Sanariel, Coeur de l'Empire. » annonça-t-il, souriant légèrement. « J’ai eu vent de vos exploits durant l’expédition et, je tiens à vous féliciter pour votre bravoure et votre audace. Continuez donc comme cela, vous allez dans le bon sens. » ajouta-t-il, sans pour autant prononcer à haute voix le fond de ses pensées. Ce n’était pas réellement connu de tous mais, le Cœur n’était pas pour l’esclavage, bien au contraire. Alors, voir une janissaire faire preuve d’autant d’audace devant ses supérieurs, ce n’était que plaisant. Il ne pouvait pas ouvertement l’encourager à se rebeller, évidemment, mais, c’était là le fond de ses pensées. « Je me doute que vous ressentiez une grande envie de quitter les lieux, je ne vais pas vous retenir plus longtemps. Dame Inviere, c’était un plaisir. » conclut-il, partant avec un léger sourire aux lèvres.
Ses pas le menèrent cette fois-ci vers son fidèle contrôleur royal, Ben le Bouc. Le Cœur, intercepta avec un léger sourire non dissimulé l’homme à l’écharpe, plongeant son regard dans celui de son soldat. « Ben, c’est un réel plaisir que de voir votre retour sain et sauf de l’expédition. J’espère que cette blessure n’est pas trop grave. J’ai bien reçu votre rapport et, j’en suis très satisfait, je vous remercie. Cependant, je pense que rien ne vaut une entrevue en personne. Ainsi, je vous convoquerai certainement dans les prochains jours, pour faire le point. En attendant, tâchez de vous reposer comme il se doit. » annonça-t-il, marquant une légère pause, attendant une quelconque réponse de son interlocuteur. « Je vais vous laisser retourner à vos occupations. Vous êtes le héros, aujourd'hui. Si l’envie vous prend de me revoir, je serai dans les ruelles adjacentes. Je ne supporte guère le brouhaha environnant. C’était un plaisir. » conclut-il, espérant revoir tout de même son soldat durant les festivités.
Cette fois-ci, les pas du vampire le menèrent à l’une de ses chères amies, qu’il reconnût aussitôt sa longue chevelure blonde en vue. Cyradil Ariesvyra, nouvel Esprit du Reike. Se frayant un chemin au milieu de toute cette foule, le Cœur arriva finalement auprès de sa vénérable amie, qui était en train de faire preuve d’une immense charité. « Dame Ariesvyra, c’est un réel plaisir de vous revoir. Je tiens à vous féliciter pour votre récente nomination, mais honnêtement, ce n’était pas une grande surprise. J’espère que vous vous portez bien. » s’exclama-t-il, regardant en direction de ses prunelles glacées, couvertes par un léger voile.
Vrai Homme du Reike
Alasker Crudelis
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Quelques jours plus tôt, à Melorn.
Le moment des récompenses et des félicitations. Un instant que chaque guerrier digne de ce nom se devait -par égard envers ceux qui étaient tombés- de considérer avec un minimum de respect et de solennité. Les félicitations se devaient d'être balayées d'un revers de main et redirigées vers les cadavres des vrais méritants. Les récompenses, acceptées humblement, pour signifier qu'ils n'étaient pas morts pour rien. Pour profiter à la place de ceux qui n'étaient plus.
Même les Dévoreurs savaient se tenir, en un tel instant, puisque ce n'était pas leur honneur qui était en jeu mais le souvenir des défunts. Pourtant, cette fois, alors que chacun d'eux portaient un regard inquiet en direction du sac qu'on tendait à leur chef, certains ne pouvaient s'empêcher de sourire. Face aux rangs carmins, Eisyleij, au milieu des autres Serres, avait rompu son garde-à-vous pour dissimuler son propre rictus amusé derrière sa main droite, en mimant une quinte de toux.
Le pauvre serf melornois, paré de riches tissus aux couleurs chatoyantes, qui tendait au géant d'airain immobile le don lui étant destiné, attendait -l’air peu serein- que ce dernier daigne enfin le soulager de ce poids qu'il avait cru, jusqu'alors, si léger.
Mais le regard enténébré de la brute compliquait tout. Ses yeux si noirs qui ne cillaient pas restaient fixés sur le sac, l’alourdissant un peu plus à chaque instant et déclenchant des tremblements incontrôlés de la part du pauvret.
Cela faisait six longues minutes désormais que rien ne se passait. Et une fine pellicule de sueur, sur le front du donneur, commençait à luire au soleil.
Enfin, le géant daigna bouger. Sa poigne se referma sur le sac…Et commença à serrer. Les pointes renforcées terminant chacun de ses doigts traversèrent le tissu, déchirèrent la délicate magie qui le composait pour l’anéantir tout bonnement.
Les lambeaux tombèrent aux pieds du serf, qui dû se mordre la lèvre pour ne pas pleurer.
“-Al’, t’exagère ! Où je vais mettre mon maquillage maintenant !” S’exclama Kirk, l’air faussement courroucé.
Alors, les berserkers aboyèrent.
Non.
Ils rirent.
Et les Serres, malgré tous leurs efforts, ne tardèrent pas à suivre.
Les Dévoreurs ne défilaient pas vraiment. En réalité, ils erraient parmi la foule, se délectant du mélange de crainte, de respect et de dégoût que ces brutes glorifiées pensaient déceler dans le regard de chacun. A peu près aussi organisés que des mercenaires ou des bandits de grands chemins, ceux qui avaient obtenu le droit à la célébration -les plus stables donc- loin de former les rangs, se massaient en une espèce de meute informe, forte de quatre têtes couturées de cicatrices, ne devant leur semblant de cohésion qu’à la présence notable d’une cinquième, bien moins enjouées que ses sous-fifres.
Alasker, son heaume à corne vissé sur le crâne pour masquer la moue désapprobatrice que la cacophonie de la civilisation lui provoquait, laissa un feulement rauque passer entre ses dents serrées. Malgré les acclamations, vivats et autres ovations de la masse, les sens aiguisés de Gatlig perçurent l’avertissement et le demi-gobelin lâcha la gourgandine qui venait de se jeter dans ses bras.
“-T’aurais dû attendre qu’elle lui mette sa couronne de fleur.” Grinça Eisyleij, sa silhouette élancée perdue au milieu des brutes, un sourire niais ancré sur le visage.
Alasker haussa ses larges épaules et consenti à tousser un semblant de rire à l’entente de ce commentaire.
“-Je ne sais toujours pas pourquoi tu es là. La livrée rouge ne t’irait pas.
-C’est ce qu’on disait de Gatlig.”
Kirk adressa un rictus carnassier à une femme richement vêtue qui s’empourpra bien moins de colère que l’homme qu’elle tenait à son bras.
“-C’est ce qu’on dit toujours de Gatlig.” Corrigea-t’il, mesquin, en voyant le fruit de ses provocations disparaître dans la masse qu’ils traversaient.
Le principal concerné, quelque pas plus loin, adressa au tortionnaire des Dévoreurs un geste à la bienséance discutable.
Quelques rires échangés plus tard, Eisyleij s’emparait d’une pomme tendue par une aveugle au teint bien pâle, la remerciait en affichant un air charmeur qu’elle ne risquait pas de voir, avant de reprendre la conversation :
“-Je préfère les bains de foules à l’estrade et aux rangs serrés. Et il y a du positif à marcher parmi les Dévoreurs.
-Pas quand la foule doit rester indemne.
-Mais si, et pour une raison simple : Quand on nous compare, je ne peux qu’être le plus beau des hommes.”
Alasker rit et attribua à l’épaule de l’elfe un tapotement amical. Eisyleij ploya sous le poids de cet assaut soudain.
“-Quand on nous compare, on se demande surtout si tu es un homme.”
Les échos guillerets des chansons provenant de la place principale commençaient tout juste à faire disparaître l’élan d’effroi et de ferveur quasi-religieuse provoquée par l’apparition du dragon suivi du discours de Deydreus, perché sur son estrade, avide de vivats et de remerciements. Le retour à la normalité ne semblait pourtant pas encourager la foule à la léthargie, qui s’égosillait sans arrêt, infatigable. Alasker et ses guerriers n’avaient jamais supporté la masse. Chacun avait ses raisons. Lui, les acclamations, il en avait eu jusqu’à l’indigestion dans l’arène, sous le nom d’Iratus, et l’idée qu’aucune grille, aucun barreau, aucune cage, ne séparaient ces pleutres aux mimiques imbéciles de la morsure de sa hache rendait l’exercice de les supporter docilement bien plus ardu qu’à l’époque.
Eisyleij, à l’image de quelques autres Serres, ne semblait pas spécialement goûter à ces célébrations malgré les sourires de circonstances qu’il se forçait à arborer. Peut-être était-ce simplement dû aux pertes récentes. Ou peut-être que l’elfe faisait parti de ceux qui regrettaient cette humble époque où, à la lueur d’un seul feu de camp, ils riaient tous ensemble en se moquant de ces Sires et de ces Dames qui s’enorgueillissaient de gagner la guerre tandis qu’eux, simple soldats, simples tueurs, ils pataugeaient dans la boue, brûlaient des corps et pendaient des cultistes, les mains et le visage couvert du sang des méritants et des damnés. Les choses changeaient. Les Serres changeaient, peut-être pas forcément en bien. C’était une évidence, même pour Alasker, alors qu’une créature innommable ayant pris possession de l’un de ses meilleurs hommes hurlait et gloussait, dans les profondeurs de sa propre forteresse, que Tulkas, le jadis souriant et poseur Tulkas, sentait naître en lui l’appel de la livrée rouge et tandis que le pragmatisme de l’homme qu’avait un jour été Deydreus se voyait petit-à-petit rongé par sa soif de gloire et par la perfidie de l’Ombre planant au-dessus de lui.
Combien de temps encore avant que le souvenir de leurs trop nombreuses victoires soit balayé par la vue de ce qu’ils devenaient, tous? Combien de semaines, de mois ou d’années, avant que le nom des Serres Pourpres ne soit plus associé à un détachement d’élite et discipliné, mais à une légion de fous et d’orgueilleux marchant aux côtés de morts-vivants innombrables et devancés par une avant-garde faites de monstres, sous une pluie de sang causée non pas par leurs adversaires divins, mais par la magie vampirique de leur propre dirigeant ? Combien de temps avant qu’ils ne ressemblent à rien de plus qu’une énième horde de cultistes débrayés ne priant non pas les titans mais ce poison qu’était la gloire?
Le Géant d’Airain abandonna ses propres hommes pour emprunter une ruelle moins peuplée que les autres. Qu’ils provoquent une bagarre ou un duel d’honneur, peu lui importait au final. On l’attendait, au mont Kazan.
On l’attendait, chez lui.
Le moment des récompenses et des félicitations. Un instant que chaque guerrier digne de ce nom se devait -par égard envers ceux qui étaient tombés- de considérer avec un minimum de respect et de solennité. Les félicitations se devaient d'être balayées d'un revers de main et redirigées vers les cadavres des vrais méritants. Les récompenses, acceptées humblement, pour signifier qu'ils n'étaient pas morts pour rien. Pour profiter à la place de ceux qui n'étaient plus.
Même les Dévoreurs savaient se tenir, en un tel instant, puisque ce n'était pas leur honneur qui était en jeu mais le souvenir des défunts. Pourtant, cette fois, alors que chacun d'eux portaient un regard inquiet en direction du sac qu'on tendait à leur chef, certains ne pouvaient s'empêcher de sourire. Face aux rangs carmins, Eisyleij, au milieu des autres Serres, avait rompu son garde-à-vous pour dissimuler son propre rictus amusé derrière sa main droite, en mimant une quinte de toux.
Le pauvre serf melornois, paré de riches tissus aux couleurs chatoyantes, qui tendait au géant d'airain immobile le don lui étant destiné, attendait -l’air peu serein- que ce dernier daigne enfin le soulager de ce poids qu'il avait cru, jusqu'alors, si léger.
Mais le regard enténébré de la brute compliquait tout. Ses yeux si noirs qui ne cillaient pas restaient fixés sur le sac, l’alourdissant un peu plus à chaque instant et déclenchant des tremblements incontrôlés de la part du pauvret.
Cela faisait six longues minutes désormais que rien ne se passait. Et une fine pellicule de sueur, sur le front du donneur, commençait à luire au soleil.
Enfin, le géant daigna bouger. Sa poigne se referma sur le sac…Et commença à serrer. Les pointes renforcées terminant chacun de ses doigts traversèrent le tissu, déchirèrent la délicate magie qui le composait pour l’anéantir tout bonnement.
Les lambeaux tombèrent aux pieds du serf, qui dû se mordre la lèvre pour ne pas pleurer.
“-Al’, t’exagère ! Où je vais mettre mon maquillage maintenant !” S’exclama Kirk, l’air faussement courroucé.
Alors, les berserkers aboyèrent.
Non.
Ils rirent.
Et les Serres, malgré tous leurs efforts, ne tardèrent pas à suivre.
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Les Dévoreurs ne défilaient pas vraiment. En réalité, ils erraient parmi la foule, se délectant du mélange de crainte, de respect et de dégoût que ces brutes glorifiées pensaient déceler dans le regard de chacun. A peu près aussi organisés que des mercenaires ou des bandits de grands chemins, ceux qui avaient obtenu le droit à la célébration -les plus stables donc- loin de former les rangs, se massaient en une espèce de meute informe, forte de quatre têtes couturées de cicatrices, ne devant leur semblant de cohésion qu’à la présence notable d’une cinquième, bien moins enjouées que ses sous-fifres.
Alasker, son heaume à corne vissé sur le crâne pour masquer la moue désapprobatrice que la cacophonie de la civilisation lui provoquait, laissa un feulement rauque passer entre ses dents serrées. Malgré les acclamations, vivats et autres ovations de la masse, les sens aiguisés de Gatlig perçurent l’avertissement et le demi-gobelin lâcha la gourgandine qui venait de se jeter dans ses bras.
“-T’aurais dû attendre qu’elle lui mette sa couronne de fleur.” Grinça Eisyleij, sa silhouette élancée perdue au milieu des brutes, un sourire niais ancré sur le visage.
Alasker haussa ses larges épaules et consenti à tousser un semblant de rire à l’entente de ce commentaire.
“-Je ne sais toujours pas pourquoi tu es là. La livrée rouge ne t’irait pas.
-C’est ce qu’on disait de Gatlig.”
Kirk adressa un rictus carnassier à une femme richement vêtue qui s’empourpra bien moins de colère que l’homme qu’elle tenait à son bras.
“-C’est ce qu’on dit toujours de Gatlig.” Corrigea-t’il, mesquin, en voyant le fruit de ses provocations disparaître dans la masse qu’ils traversaient.
Le principal concerné, quelque pas plus loin, adressa au tortionnaire des Dévoreurs un geste à la bienséance discutable.
Quelques rires échangés plus tard, Eisyleij s’emparait d’une pomme tendue par une aveugle au teint bien pâle, la remerciait en affichant un air charmeur qu’elle ne risquait pas de voir, avant de reprendre la conversation :
“-Je préfère les bains de foules à l’estrade et aux rangs serrés. Et il y a du positif à marcher parmi les Dévoreurs.
-Pas quand la foule doit rester indemne.
-Mais si, et pour une raison simple : Quand on nous compare, je ne peux qu’être le plus beau des hommes.”
Alasker rit et attribua à l’épaule de l’elfe un tapotement amical. Eisyleij ploya sous le poids de cet assaut soudain.
“-Quand on nous compare, on se demande surtout si tu es un homme.”
Les échos guillerets des chansons provenant de la place principale commençaient tout juste à faire disparaître l’élan d’effroi et de ferveur quasi-religieuse provoquée par l’apparition du dragon suivi du discours de Deydreus, perché sur son estrade, avide de vivats et de remerciements. Le retour à la normalité ne semblait pourtant pas encourager la foule à la léthargie, qui s’égosillait sans arrêt, infatigable. Alasker et ses guerriers n’avaient jamais supporté la masse. Chacun avait ses raisons. Lui, les acclamations, il en avait eu jusqu’à l’indigestion dans l’arène, sous le nom d’Iratus, et l’idée qu’aucune grille, aucun barreau, aucune cage, ne séparaient ces pleutres aux mimiques imbéciles de la morsure de sa hache rendait l’exercice de les supporter docilement bien plus ardu qu’à l’époque.
Eisyleij, à l’image de quelques autres Serres, ne semblait pas spécialement goûter à ces célébrations malgré les sourires de circonstances qu’il se forçait à arborer. Peut-être était-ce simplement dû aux pertes récentes. Ou peut-être que l’elfe faisait parti de ceux qui regrettaient cette humble époque où, à la lueur d’un seul feu de camp, ils riaient tous ensemble en se moquant de ces Sires et de ces Dames qui s’enorgueillissaient de gagner la guerre tandis qu’eux, simple soldats, simples tueurs, ils pataugeaient dans la boue, brûlaient des corps et pendaient des cultistes, les mains et le visage couvert du sang des méritants et des damnés. Les choses changeaient. Les Serres changeaient, peut-être pas forcément en bien. C’était une évidence, même pour Alasker, alors qu’une créature innommable ayant pris possession de l’un de ses meilleurs hommes hurlait et gloussait, dans les profondeurs de sa propre forteresse, que Tulkas, le jadis souriant et poseur Tulkas, sentait naître en lui l’appel de la livrée rouge et tandis que le pragmatisme de l’homme qu’avait un jour été Deydreus se voyait petit-à-petit rongé par sa soif de gloire et par la perfidie de l’Ombre planant au-dessus de lui.
Combien de temps encore avant que le souvenir de leurs trop nombreuses victoires soit balayé par la vue de ce qu’ils devenaient, tous? Combien de semaines, de mois ou d’années, avant que le nom des Serres Pourpres ne soit plus associé à un détachement d’élite et discipliné, mais à une légion de fous et d’orgueilleux marchant aux côtés de morts-vivants innombrables et devancés par une avant-garde faites de monstres, sous une pluie de sang causée non pas par leurs adversaires divins, mais par la magie vampirique de leur propre dirigeant ? Combien de temps avant qu’ils ne ressemblent à rien de plus qu’une énième horde de cultistes débrayés ne priant non pas les titans mais ce poison qu’était la gloire?
Le Géant d’Airain abandonna ses propres hommes pour emprunter une ruelle moins peuplée que les autres. Qu’ils provoquent une bagarre ou un duel d’honneur, peu lui importait au final. On l’attendait, au mont Kazan.
On l’attendait, chez lui.
Noble du Reike
Brak'Trarg
Messages : 406
crédits : 1583
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Info personnage
Race: Oni/Drakyn
Vocation: Guerrier - Combattant
Alignement: Chaotique Bon
Rang: B - Garde royal
Depuis quelques jours Brak avait reprit sa vie ordinaire au palais imperial du Reike et du couple impérial et de leur charmant mais fougueux fiston Draknys. la première chose que Fit Brak a son retour a Ikusa fut un bon gros calin à son petit ami Hulgash avant de reprendre son service au palais auprès du petit Draknys. Peut être était ce seulement les neuneuils et la joie d'être revenu de Brak mais il lui avait semblé que le petit Draknys était tout content et heureux de revoir son grand monstre vert garde royal assigné.
Plusieurs jours donc s'était écoulé et la vie normale au palais avait repris pour Brak, quand soudainement fut annoncé avec grand bruit a Ikusa la tenue d'une grande fêt een l'honneur des participant de l'éxpédition de la marche du vent d'acier. L'accent serait mit sutr les serres pourpres qui c'était montré emblématique et crucial, mais Brak était un petit chouille tristoune que les autres participant d ela marche passe yn peut au second plan. Mais Brak était un gentil monmonstre bien élévé et ne s'ne formalisa pas pour autant. D'autant que le couple impérial venait de lui octroyer une permission pour la journée de la fête ou Brak serait libre d'y aller et de participer aux festivités.
...
Le jour de la fête c'est revétu de son armure en justice solide, ses deux fidèles marteaux crackpum et brise crane à la ceinture et Drakny sur son dos (la grande népée de brak et non le petit dragon Draknys qui était resté en sécurité au palais ^^ ). a ca ceinture Brak avait un nouvel accessoire une grande grigriffe du vilain nounours. (Brak la portait fièrement ce jour comme trophé de guerre , un bel objet souvenir de cette grande expédition ). tout la cité le temps de cette journée de fête était paré aux couleurs des serres pourpres. et en parlant des seres pourpres ils et elles était tous là ainsi que les dévoreur et la griffe en personne. il n'ya avait qu'un seul absent et pour cause le monstre Khal a foururebleu Rouge. Que brak savait etre devenu le receptacle de l'archonte dan sle cadre de son service auprès de Ayshara et Tensai. Brak était tristoune pour ce grand monstre qu'était t'il devenu ? , allait il bien ? était il guériisable ? ammlait il comme deydreus après son célébre duel avec Tensai retrouver des bras et jambes ?
Déambulant dans les rues Brak souriait et saluait ses connaissance de gentil kikou de la paluche et prenait le temps de dires quelque mots a tous ceux qui venait lui parler. Quand se dirigenat vers l'estrade il vit le grand Dragon Valeryon monté par Ayshara faire une apparition et un grandrugissement auquel Brak amusé ne put s'empêcher de répondre par un grand
"WWWWWWWWWAAAAAAAARRRRRRRGGGGGGGGHHHHHHH"
bien joyeux et patriotique, cachant le petti soupir d'envie a l'interieur de Brak le dragon Valeryon, représentait tout ce que Brak souhaitait et révait de devenir .... un gentil grand et puissant Dragon, digne du reike. et les dragons et etoiles savait que Brak était actif a ses heures pour recherhcer le moyen d'y parvenir. le dragon et Ayshara reparti c'est de sn coin de la grande place que Brak écouta silencieusement le discour de la griffe ce dernier également terminé Brak alla tranquilou déambuler près des stand la gorge un peu sèche a pres son grand wargh il ne serait point contre une grande chope de jus de fruit.
Hulgash le petit ami de Brak n'était pas avec lui à la fête car il avait du partir pour Jyouji quelques jours gérer la seconde salle d'entrainement.
sa grande chope de jus de fruit en main Brak ne tarda pas a être salué par un bon ami, Arkanon un sympatique Drakyn avec qui il avait sympatisé pendant l'expédition. Brak lui souria grandement sur sa verte frimousse, tout ne se laissant serer l'avant bras par son ami. Brak était fort heureux de revoir Arkanon, mais rapidement ses neuneuils virent que Arkanon avait les traits tiré et fatigué mais par ne fatigue de dur labeur mais plutôt par une fatigue de grande tristesse.
Brak plia les jamabe spour être un peut plus au niveau de son ami et lui eviter un torticoli ne prime tout e lui disant sur un ton amical et joyeux.
" Salut Arkanon, c'est une grande surprise et grande joie de te revoir mon ami. j'ai eut une parmission pour toute la journée de la fête donc si tu veux t'amuser ou découvrir les coins sympatoche d'Ikusa je suis disponible. et Yep l'expédition fut si intense en souvenir que j'ai l'impression que c'est hier matin que je suis revenu à Ikusa, et avant hier que nous étions dna sla forge acombatre le vilain gros nounours. "
lui Dit Brak pour tenter de ramener un peut de joie et de sourire sur la frimousse de son ami Drakyn. mais brak étan tun monmonstre grand nenfant curieux il n eput s'empêcher de poser la question.
" Dit moi Arkanon tu a l'air tout tristoune et épuisé, y a t'il quelque chose que je puisse faire pour t'aider a retrouver le sourire et le repos ? "
termina Brak avec yn sourire amical d'encouragement tout en tendant a Arkanon un epaluche amicale sur laquelle s'appuyer.
Plusieurs jours donc s'était écoulé et la vie normale au palais avait repris pour Brak, quand soudainement fut annoncé avec grand bruit a Ikusa la tenue d'une grande fêt een l'honneur des participant de l'éxpédition de la marche du vent d'acier. L'accent serait mit sutr les serres pourpres qui c'était montré emblématique et crucial, mais Brak était un petit chouille tristoune que les autres participant d ela marche passe yn peut au second plan. Mais Brak était un gentil monmonstre bien élévé et ne s'ne formalisa pas pour autant. D'autant que le couple impérial venait de lui octroyer une permission pour la journée de la fête ou Brak serait libre d'y aller et de participer aux festivités.
...
Le jour de la fête c'est revétu de son armure en justice solide, ses deux fidèles marteaux crackpum et brise crane à la ceinture et Drakny sur son dos (la grande népée de brak et non le petit dragon Draknys qui était resté en sécurité au palais ^^ ). a ca ceinture Brak avait un nouvel accessoire une grande grigriffe du vilain nounours. (Brak la portait fièrement ce jour comme trophé de guerre , un bel objet souvenir de cette grande expédition ). tout la cité le temps de cette journée de fête était paré aux couleurs des serres pourpres. et en parlant des seres pourpres ils et elles était tous là ainsi que les dévoreur et la griffe en personne. il n'ya avait qu'un seul absent et pour cause le monstre Khal a fourure
Déambulant dans les rues Brak souriait et saluait ses connaissance de gentil kikou de la paluche et prenait le temps de dires quelque mots a tous ceux qui venait lui parler. Quand se dirigenat vers l'estrade il vit le grand Dragon Valeryon monté par Ayshara faire une apparition et un grandrugissement auquel Brak amusé ne put s'empêcher de répondre par un grand
"WWWWWWWWWAAAAAAAARRRRRRRGGGGGGGGHHHHHHH"
bien joyeux et patriotique, cachant le petti soupir d'envie a l'interieur de Brak le dragon Valeryon, représentait tout ce que Brak souhaitait et révait de devenir .... un gentil grand et puissant Dragon, digne du reike. et les dragons et etoiles savait que Brak était actif a ses heures pour recherhcer le moyen d'y parvenir. le dragon et Ayshara reparti c'est de sn coin de la grande place que Brak écouta silencieusement le discour de la griffe ce dernier également terminé Brak alla tranquilou déambuler près des stand la gorge un peu sèche a pres son grand wargh il ne serait point contre une grande chope de jus de fruit.
Hulgash le petit ami de Brak n'était pas avec lui à la fête car il avait du partir pour Jyouji quelques jours gérer la seconde salle d'entrainement.
sa grande chope de jus de fruit en main Brak ne tarda pas a être salué par un bon ami, Arkanon un sympatique Drakyn avec qui il avait sympatisé pendant l'expédition. Brak lui souria grandement sur sa verte frimousse, tout ne se laissant serer l'avant bras par son ami. Brak était fort heureux de revoir Arkanon, mais rapidement ses neuneuils virent que Arkanon avait les traits tiré et fatigué mais par ne fatigue de dur labeur mais plutôt par une fatigue de grande tristesse.
Brak plia les jamabe spour être un peut plus au niveau de son ami et lui eviter un torticoli ne prime tout e lui disant sur un ton amical et joyeux.
" Salut Arkanon, c'est une grande surprise et grande joie de te revoir mon ami. j'ai eut une parmission pour toute la journée de la fête donc si tu veux t'amuser ou découvrir les coins sympatoche d'Ikusa je suis disponible. et Yep l'expédition fut si intense en souvenir que j'ai l'impression que c'est hier matin que je suis revenu à Ikusa, et avant hier que nous étions dna sla forge acombatre le vilain gros nounours. "
lui Dit Brak pour tenter de ramener un peut de joie et de sourire sur la frimousse de son ami Drakyn. mais brak étan tun monmonstre grand nenfant curieux il n eput s'empêcher de poser la question.
" Dit moi Arkanon tu a l'air tout tristoune et épuisé, y a t'il quelque chose que je puisse faire pour t'aider a retrouver le sourire et le repos ? "
termina Brak avec yn sourire amical d'encouragement tout en tendant a Arkanon un epaluche amicale sur laquelle s'appuyer.
- voix et thème de Brak'Trarg:
la voix
le thème
- Bric à Brak (inventaire de Brak'Trarg:
ses armes
brise crane
marteau lourd de combat que Brak'Trag utilise tout les jours avec crackpum
crackpum
marteau lourd de combat que Brak'Trarg utilise tout les jours avec brisecrane
marteau titan
marteau lourd que brak porte toujours avec son armure nlourde en justice solide mais utilise moins souvent que ses deux autres fidèles marteaux
titan's slayler
lame en phontacier, épée géante que brak utilise pour les grandes bastons ou face aux groupe d'ennemi a bastoner en corps à corps
Drakny
épée géante Dragon masculine et très virile en bronze divin que Brak aime bien utiliser sur ses ennemis
Brak l'a recu en récompense de la batailel contre les vilains zombis et monstre ayant attaquer sable d'or.
ses armures
armure lourde de créature d'élite
armure en justice solide que Brak'Trarg porte habituellement
armure de créature gladiateur
armure de gladiateur de Brak'Trarg quan dil était dan sl'arène et qu'il remet quand il y va en spectateur ou a certaines autre ocasion
armure de guerrier élite Reikois
armure que Brak'Trrag a reçu pour son diplome de guerrier d'élite
Citoyen du Reike
Vaesidia Inviere
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Toujours quelque peu intrigué par les propos d’Isolde, je la regardais fendre la foule en silence. J’eusse aimé partager son assurance quant à la potentialité d’une prochaine rencontre, mais cela m’était tout simplement impossible. Dès demain, je savais qu’il me faudrait renouer avec mes obligations, que cette expédition et son retour triomphal n’avaient été que des parenthèses dans une vie faite de servitude et de violence, et ce, au nom de l’Empire. Non que je m’en plaignisse. Il me fallait payer pour ces errements passés qui, en cette journée, avaient trouvé le moyen de me rattraper et de s’incarner dans le présent. Ainsi, du fait de ma condition, j’avais conscience que la perspective pour que de telles retrouvailles aient lieu, était extrêmement ténue. J’admettais, volontiers, cela dit que la nécromancienne avait su piquer au vif ma curiosité. Au regard de sa métis durant l’expédition du Vent d’Acier, je m’interrogeais sur la nature du stratagème qui lui permettrait d’intervenir dans le contrôle de ma propre existence.
Peut-être bénéficiait-elle d’une quelconque influence au niveau politique et militaire ? Cela paraissait être le plus probable surtout étant donné ses récentes prouesses dans les Terres du Nord. Néanmoins, je doutais que cela se résume à cela. Certes, l’Empire n’avait que faire du devenir d’une simple esclave de guerre, car après tout il ne s’agissait que d’un seul et unique bien et non d’un bataillon tout entier. Mais, encore fallait-il s’adresser à la bonne personne. Certains officiers étaient particulièrement tatillons et n’affectionnaient guère ce genre de requêtes tant elles les privaient, selon eux, de leurs soldats. À vrai dire, ils ne goûtaient assez peu qu’une tierce personne n’appartenant pas à leur monde pût faire preuve d’ingérence dans leurs affaires. Aussi, ils n’hésitaient pas à se montrer quelque peu étriqués dès qu’on leur faisait une simple demande.
De fait, pour que cette jeune femme manifestât un tel aplomb c’est qu’elle avait forcément une petite idée derrière la tête. Une manœuvre que je ne parvenais pas à identifier et qui ironiquement me frustrait quelque peu. S’il y avait bien un élément que je n’appréciais pas, c’était bien celui de ne pas réussir à déjouer une énigme ou éclairer un mystère. De par mon caractère, je tenais absolument à comprendre les tenants et aboutissants d’une situation même si j’admettais volontiers, qu’en certaines circonstances, lorsque j’étais encore à Melorn, cette attitude n’était en fait que le reflet de ma propre appétence pour les commérages. Mais ici, ce n’était pas le cas. Que diable ! Je désirais simplement répondre à cette simple question : comment comptait-elle procéder pour déjouer l’incertitude que constituait ma propre « vie » ?
La voyant disparaitre dans un halo d’élégance et de mystère, je fus brièvement tentée de la rattraper afin de pouvoir converser plus longuement en sa compagnie. Mais je me ravisais très vite tant les circonstances n’étaient guère propices à ce genre de démarche. Il nous aurait fallu un lieu plus tranquille ainsi que davantage de temps ce dont elle ne semblait pas disposer d’après sa confession. Quelles étaient ses obligations ? Je n’aurais su le dire. Peut-être, avait-ce un lien avec la nature de sa magie ou les découvertes du Vent d’Acier dans la forge ? Quoi qu’il en soit, il eut été fort peu judicieux de ma part de vouloir m’immiscer dans son organisation personnelle. Sans compter ses prérogatives, elle avait très certainement d’autres personnes bien plus importantes que moi à rencontrer. Au moins, était-elle parvenue à me changer quelque peu les idées en dépit de ma morosité même si j’avais conscience que je continuerais de me torturer l’esprit pendant toujours la journée à ce sujet.
Passant ma main derrière la tête afin de me frotter les cheveux tant tout ceci attisait ma curiosité, je me retournais afin de poursuivre mon chemin… Du moins, c’était ce qui était prévu. En effet, sans que je ne me doutasse de rien, je me retrouvais soudainement nez à nez avec un homme au teint diaphane et aux yeux d’un gris particulièrement perçant dont le visage ne m’était pas totalement inconnu, mais que je ne parvenais pas à identifier. Pourtant, il me semblait bien avoir entraperçu une telle silhouette. Restait à savoir en quelle occurrence. Hélas ! Ma mémoire me faisait défaut et refusait d’éclairer ma lanterne. Surprise, je marquais un mouvement de recul pour lui faire pleinement face et le regarder droit dans les yeux alors que cet individu me toisait d’un air froid. Que me voulait-il ? Je l’ignorais. En revanche, il m’inspirait déjà une profonde aversion et ce pour de multiples raisons. La première étant le halo non pas d’autorité ou de prépotence, mais de dominance qui irradiait de sa personne. C’était comme si, par nature, il cherchait, tel un prédateur au sommet de la chaîne alimentaire, à écraser son entourage afin, ensuite, de le façonner à sa guise pour mieux les transformer en pantins dont seul lui pourrait tirer les ficelles.
Il se dégageait de lui une suffisance qui était caractéristique de certains milieux aristocratiques ou de certaines vieilles familles elfiques. Certes, l’arrogance était l’un de mes traits de caractère bien que depuis que je fusse affectée au corps des janissaires, cet aspect de mon être se soit quelque peu estompé. Cependant, chez lui, cette attitude prenait une forme qui s’apparentait à du dédain et à de l’hybris. J’ignorais de qui il s’agissait, mais il était clairement imbu de sa personne. Un insecte. Voilà ce que je devais être à ses yeux pour qu’il pût ainsi me dévisager. Croyait-il cependant que j’allais baisser le regard ? Croyait-il que j’allais m’effacer devant sa prétendue importance ? Cette charogne aux cheveux de jais ne m’intimidait aucunement. Aussi demeurais-je droit dans mes bottes et je me contentais également de le fixer non sans dureté. Croyait-il vraiment faire pouvoir me faire capituler ?
La seconde raison qui motivait une telle inimitié était, quant à elle, reliée à une sensation. D’aucuns se seraient concentrés sur son physique et auraient souligné sa beauté, son teint laiteux ou encore l’élégance de sa crinière d’ébène, mais tel n’était pas mon cas. Plus que la splendeur de ces traits physiologiques qui devaient faire tourner bien des têtes, mon intuition me susurrait de me méfier de ce sinistre quidam. Derrière sa vanité apparente et son hypothétique narcissisme se dissimulait, une émotion bien plus néfaste que j’avais déjà eu l’occasion d’observer à Melorn. L’ennui. Plus qu’une contrariété envers autrui, il me donnait le sentiment d’éprouver de l’apathie envers la vie elle-même. Aussi pour pallier ce sentiment, à l’instar de ces congénères de la noblesse de robe si tant est qu’il fût d’origine aristocratique et de certains elfes, il cherchait probablement à tuer le temps. Or, pour me mettre ainsi sur mes gardes, ce mystérieux inconnu était sans nul doute avide de nouvelles expériences et de plaisirs inédits. En d’autres termes, il s’attachait à goûter à toutes les formes de voluptés existantes en ce moment qu’elles fussent morales ou non. Par essence, bien que de par ma nature je n’eusse plus aucune conscience de ce qui était mal ou bien et que je n’accordais désormais aucune importance aux bonnes mœurs étant donné que j’avais moi-même brisé un tabou, il n’en demeurait pas moins que j’estimais que cet être humain était dangereux. Là où par essence, mes agissements étaient dictés par un quelconque impératif tactique, les siens étaient inspirés par un seul et unique caprice qu’il ne pourrait jamais assouvir ce qui le condamnerait, pour sa vie de mortel, à poursuivre cette quête en vain.
Finalement, l’homme daigna se présenter, et ce, en souriant légèrement comme s’il savourait d’ores et déjà l’incongruité de cette situation que je ne parvenais pas encore à appréhender en totalité. Aussi quelle ne fut pas ma stupeur, lorsque ce fameux Corvus, affirma être le Cœur de l’Empire. Haussant un sourcil pour le moins évocateur, par réflexe envers un des membres les plus éminents du pays, je redressais légèrement ma stature en continuant, cela dit, à le défier du regard, fis claquer mes bottes, et ce dans l’optique de le saluer, selon la plus pure tradition militaire reikoise. Aussitôt, deux questions me vinrent à l’esprit même si j’évitais de les formuler à voix haute. Pourquoi le Grand Argentier m’avait-il abordé si tant est que ce fût le cas ? Et surtout comment connaissait-il mon identité ? En dépit du fait que je ne trouvais aucune réponse hypothétique à ma première interrogation, je supposais sans peine, pour la seconde, qu’une tierce personne avait dû lui faire un rapport des évènements du Vent d’Acier. À moins que je ne fusse responsable de la mort d’un des membres de sa famille durant la Chute d’Ikusa ? Non. Le premier postulat semblait plus pertinent. Mais pourquoi aurait-on fait un rapport sur ma personne ? Je l’ignorais. Aucun de mes actes et aucune de mes décisions n’avaient eu une portée équivalente à ceux du Luteni, d’Isolde ou de l’Imperator. Je n’étais qu’une simple anonyme parmi tant d’autres. Alors, pourquoi moi ? Pourquoi connaissait-il mon nom ? Que lui avait-on dit à mon sujet ? Quelles rumeurs circulaient sur mon compte ? Je ne savais pas. Quand bien même, nous avions eu à Vent d’Acier, un contrôleur dans nos rangs soit un de ses subalternes, nos interactions avaient relevé de l’ordre du détail. À vrai dire, en tout et pour tout, j’avais probablement échangé 5 phrases avec le barbu au front dégarni. Ce n’était guère suffisant pour qu’il pût retenir mon nom ou pour que j’attirasse son attention sur ma personne. Non. Un autre individu était forcément à l’œuvre. Mais la même question se posait : pourquoi ? Ne préférant pas m’attirer ces foudres, je me contentai de lui fournir une réponse laconique :
« Ave, quaestor Sanariel. »
Malgré les apparences, je conservais ma posture comme si de rien n’était. Quelque chose me disait qu’il fallait, en dépit de cette soudaine révélation, que je restasse sur le qui-vive, que je ne fléchisse pas devant cet homme. Me retrouver ainsi devant membre aussi éminent de l’Empire ne me plaisait guère tant j’avais conscience qu’à la moindre erreur mon sort serait définitivement scellé. Non qu’il ne fût pas mérité... mais je préférais nettement mourir au combat et non trépasser sous prétexte d’avoir écorné l’orgueil mal placé d’un noblaillon en culotte courte. De plus au regard de ce que mon intuition me susurrait à son sujet, je me rendais pleinement compte que j’avais sous-estimé le péril qu’un tel homme constituait. Si, pour des militaires tels que moi, les hommes et les femmes n’étaient que des pions que l’on manipulait sur un échiquier plus vaste que l’on nommait la guerre, pour lui que ce fût moi ou un autre, nous étions au mieux un investissement, au pire une simple statistique. Sa fonction couplée à sa supposée apathie constituait un mélange pour le moins détonnant. Et encore c’était un euphémisme. Cet homme empestait le chaos. De par ses prérogatives, si son indolence l’affligeait un peu trop, il pouvait très bien précipiter la chute de l’Empire ou du moins provoquer une guerre civile et ce juste pour combler son insatisfaction de manière passagère. En un sens, si je voyais juste, il incarnait avec justesse ce proverbe elfique avec lequel j’étais en accord :
*"Il n’est qu’une chose horrible en ce monde, un seul péché irrémissible, l’ennui."*
En apparence, d’après ce que je perçusse de son propos, le motif de sa présence face à moi était purement et simplement l’expression d’une forme de courtoisie à mon égard du fait de mes décisions lors de l’expédition du Vent d’Acier. Toutefois, j’étais prête à parier qu’il s’agissait là d’un pieux mensonge et qu’il cherchait à assouvir sa curiosité. Peut-être cherchait-il parmi les différents membres de notre compagnie, un nouveau compagnon de jeu…un objet avec lequel il pourrait se distraire pour tromper son ennui ? C’était fort probable. Aussi, priais-je pour que son intérêt pour ma personne ne soit que passager. Je ne tenais aucunement à côtoyer plus que de rigueur cet intendant des finances. En revanche, un de ces commentaires suscita mon incompréhension. Qu’entendait-il par « aller dans le bon sens ». Mes actes et mes décisions étaient actés par mes obligations envers l’Empire. En quoi allaient-ils vers le bon sens ? Cela ne signifiait strictement rien. Me faisait-il miroiter, par pur sadisme, un affranchissement potentiel de ma condition ? Non que cela eut une quelconque forme d’importance à mes yeux étant donné que je m’en moquais éperdument. Avais-je d’une quelconque façon facilité les manigances de cet homme ? Peu probable. Ou au contraire mes agissements m’avaient-ils métamorphosé en une sorte d’excentricité vivante qui, si elle persistait, finirait tôt ou tard par devenir digne d’intérêt ? Si ce qui me disait mon intuition était juste, c’était potentiellement le cas. Préférant ne pas faire durer éternellement la situation, je me contentais de lui glisser ces quelques mots sur un ton ferme.
«Nul besoin de vanter mes prétendus mérites, je n’ai fait qu’accomplir mon devoir envers l’Empire quaestor. D’autres se sont illustrés de manière bien plus magistrale et ont accompli de véritables prouesses au cours de cette campagne dans le Nord. »
Que l’on me félicite pour avoir rempli mes responsabilités me semblait particulièrement déplacé. Comparativement à la Griffe, à Dame Isolde et au Luteni, je n’avais rien accompli d’extraordinaire. Même ces sots de Dévoreurs avaient fait mieux que moi en parvenant à combattre de front l’Archonte. Me congratuler pour avoir donné quelques ordres que n’importe quel soldat aurait pu donner en usant un tant soit peu de sa cervelle était tout sauf judicieux… L’on reconnaissait bien là un civil qui n’avait véritablement aucune conscience de ce qu’était en réalité la guerre. Néanmoins, je ne comptais pas le contredire plus longuement tant je tenais à ne pas souffrir plus que nécessaire de sa compagnie. À choisir, je préférais nettement entendre les compositions du musicastre verdâtre pendant une semaine entière que de rester une minute de plus avec le Cœur. Pour cette raison, je me mordais la langue et évitais de le corriger dès lors qu’il osait me qualifier de Dame. Je n’étais pas une noble du moins pas en ces contrées. Je n’étais qu’un janissaire. Un soldat et non une de ces mijaurées qui acceptait d’ouvrir ses cuisses dès qu’un bellâtre leur faisait les yeux doux et flattait leur ego.
S’il sut percevoir l’exécration que suscitait sa présence, il n’en dit rien. En revanche, il sut identifier, pour mon plus grand déplaisir, le fait que je n’éprouvais qu’une seule envie : quitter cette place et rejoindre mes baraquements sans plus tarder. Aussi, décida-t-il de prendre congé ce dont je lui en savais gré. Cependant par courtoisie, je tâchais de répondre à sa formule de politesse, d’un ton pince-sans-rire, avant qu’il ne disparût dans la foule
« Ce fut effectivement une rencontre intéressante quaestor. Au plaisir. »
Le laissant partir, je m’empressais de me mettre en quête de la première bouteille d’alcool afin de pouvoir quitter cette assemblée le plus rapidement possible. J’espérais que d’ici là, aucune autre mauvaise rencontre n’aurait lieu.
Peut-être bénéficiait-elle d’une quelconque influence au niveau politique et militaire ? Cela paraissait être le plus probable surtout étant donné ses récentes prouesses dans les Terres du Nord. Néanmoins, je doutais que cela se résume à cela. Certes, l’Empire n’avait que faire du devenir d’une simple esclave de guerre, car après tout il ne s’agissait que d’un seul et unique bien et non d’un bataillon tout entier. Mais, encore fallait-il s’adresser à la bonne personne. Certains officiers étaient particulièrement tatillons et n’affectionnaient guère ce genre de requêtes tant elles les privaient, selon eux, de leurs soldats. À vrai dire, ils ne goûtaient assez peu qu’une tierce personne n’appartenant pas à leur monde pût faire preuve d’ingérence dans leurs affaires. Aussi, ils n’hésitaient pas à se montrer quelque peu étriqués dès qu’on leur faisait une simple demande.
De fait, pour que cette jeune femme manifestât un tel aplomb c’est qu’elle avait forcément une petite idée derrière la tête. Une manœuvre que je ne parvenais pas à identifier et qui ironiquement me frustrait quelque peu. S’il y avait bien un élément que je n’appréciais pas, c’était bien celui de ne pas réussir à déjouer une énigme ou éclairer un mystère. De par mon caractère, je tenais absolument à comprendre les tenants et aboutissants d’une situation même si j’admettais volontiers, qu’en certaines circonstances, lorsque j’étais encore à Melorn, cette attitude n’était en fait que le reflet de ma propre appétence pour les commérages. Mais ici, ce n’était pas le cas. Que diable ! Je désirais simplement répondre à cette simple question : comment comptait-elle procéder pour déjouer l’incertitude que constituait ma propre « vie » ?
La voyant disparaitre dans un halo d’élégance et de mystère, je fus brièvement tentée de la rattraper afin de pouvoir converser plus longuement en sa compagnie. Mais je me ravisais très vite tant les circonstances n’étaient guère propices à ce genre de démarche. Il nous aurait fallu un lieu plus tranquille ainsi que davantage de temps ce dont elle ne semblait pas disposer d’après sa confession. Quelles étaient ses obligations ? Je n’aurais su le dire. Peut-être, avait-ce un lien avec la nature de sa magie ou les découvertes du Vent d’Acier dans la forge ? Quoi qu’il en soit, il eut été fort peu judicieux de ma part de vouloir m’immiscer dans son organisation personnelle. Sans compter ses prérogatives, elle avait très certainement d’autres personnes bien plus importantes que moi à rencontrer. Au moins, était-elle parvenue à me changer quelque peu les idées en dépit de ma morosité même si j’avais conscience que je continuerais de me torturer l’esprit pendant toujours la journée à ce sujet.
Passant ma main derrière la tête afin de me frotter les cheveux tant tout ceci attisait ma curiosité, je me retournais afin de poursuivre mon chemin… Du moins, c’était ce qui était prévu. En effet, sans que je ne me doutasse de rien, je me retrouvais soudainement nez à nez avec un homme au teint diaphane et aux yeux d’un gris particulièrement perçant dont le visage ne m’était pas totalement inconnu, mais que je ne parvenais pas à identifier. Pourtant, il me semblait bien avoir entraperçu une telle silhouette. Restait à savoir en quelle occurrence. Hélas ! Ma mémoire me faisait défaut et refusait d’éclairer ma lanterne. Surprise, je marquais un mouvement de recul pour lui faire pleinement face et le regarder droit dans les yeux alors que cet individu me toisait d’un air froid. Que me voulait-il ? Je l’ignorais. En revanche, il m’inspirait déjà une profonde aversion et ce pour de multiples raisons. La première étant le halo non pas d’autorité ou de prépotence, mais de dominance qui irradiait de sa personne. C’était comme si, par nature, il cherchait, tel un prédateur au sommet de la chaîne alimentaire, à écraser son entourage afin, ensuite, de le façonner à sa guise pour mieux les transformer en pantins dont seul lui pourrait tirer les ficelles.
Il se dégageait de lui une suffisance qui était caractéristique de certains milieux aristocratiques ou de certaines vieilles familles elfiques. Certes, l’arrogance était l’un de mes traits de caractère bien que depuis que je fusse affectée au corps des janissaires, cet aspect de mon être se soit quelque peu estompé. Cependant, chez lui, cette attitude prenait une forme qui s’apparentait à du dédain et à de l’hybris. J’ignorais de qui il s’agissait, mais il était clairement imbu de sa personne. Un insecte. Voilà ce que je devais être à ses yeux pour qu’il pût ainsi me dévisager. Croyait-il cependant que j’allais baisser le regard ? Croyait-il que j’allais m’effacer devant sa prétendue importance ? Cette charogne aux cheveux de jais ne m’intimidait aucunement. Aussi demeurais-je droit dans mes bottes et je me contentais également de le fixer non sans dureté. Croyait-il vraiment faire pouvoir me faire capituler ?
La seconde raison qui motivait une telle inimitié était, quant à elle, reliée à une sensation. D’aucuns se seraient concentrés sur son physique et auraient souligné sa beauté, son teint laiteux ou encore l’élégance de sa crinière d’ébène, mais tel n’était pas mon cas. Plus que la splendeur de ces traits physiologiques qui devaient faire tourner bien des têtes, mon intuition me susurrait de me méfier de ce sinistre quidam. Derrière sa vanité apparente et son hypothétique narcissisme se dissimulait, une émotion bien plus néfaste que j’avais déjà eu l’occasion d’observer à Melorn. L’ennui. Plus qu’une contrariété envers autrui, il me donnait le sentiment d’éprouver de l’apathie envers la vie elle-même. Aussi pour pallier ce sentiment, à l’instar de ces congénères de la noblesse de robe si tant est qu’il fût d’origine aristocratique et de certains elfes, il cherchait probablement à tuer le temps. Or, pour me mettre ainsi sur mes gardes, ce mystérieux inconnu était sans nul doute avide de nouvelles expériences et de plaisirs inédits. En d’autres termes, il s’attachait à goûter à toutes les formes de voluptés existantes en ce moment qu’elles fussent morales ou non. Par essence, bien que de par ma nature je n’eusse plus aucune conscience de ce qui était mal ou bien et que je n’accordais désormais aucune importance aux bonnes mœurs étant donné que j’avais moi-même brisé un tabou, il n’en demeurait pas moins que j’estimais que cet être humain était dangereux. Là où par essence, mes agissements étaient dictés par un quelconque impératif tactique, les siens étaient inspirés par un seul et unique caprice qu’il ne pourrait jamais assouvir ce qui le condamnerait, pour sa vie de mortel, à poursuivre cette quête en vain.
Finalement, l’homme daigna se présenter, et ce, en souriant légèrement comme s’il savourait d’ores et déjà l’incongruité de cette situation que je ne parvenais pas encore à appréhender en totalité. Aussi quelle ne fut pas ma stupeur, lorsque ce fameux Corvus, affirma être le Cœur de l’Empire. Haussant un sourcil pour le moins évocateur, par réflexe envers un des membres les plus éminents du pays, je redressais légèrement ma stature en continuant, cela dit, à le défier du regard, fis claquer mes bottes, et ce dans l’optique de le saluer, selon la plus pure tradition militaire reikoise. Aussitôt, deux questions me vinrent à l’esprit même si j’évitais de les formuler à voix haute. Pourquoi le Grand Argentier m’avait-il abordé si tant est que ce fût le cas ? Et surtout comment connaissait-il mon identité ? En dépit du fait que je ne trouvais aucune réponse hypothétique à ma première interrogation, je supposais sans peine, pour la seconde, qu’une tierce personne avait dû lui faire un rapport des évènements du Vent d’Acier. À moins que je ne fusse responsable de la mort d’un des membres de sa famille durant la Chute d’Ikusa ? Non. Le premier postulat semblait plus pertinent. Mais pourquoi aurait-on fait un rapport sur ma personne ? Je l’ignorais. Aucun de mes actes et aucune de mes décisions n’avaient eu une portée équivalente à ceux du Luteni, d’Isolde ou de l’Imperator. Je n’étais qu’une simple anonyme parmi tant d’autres. Alors, pourquoi moi ? Pourquoi connaissait-il mon nom ? Que lui avait-on dit à mon sujet ? Quelles rumeurs circulaient sur mon compte ? Je ne savais pas. Quand bien même, nous avions eu à Vent d’Acier, un contrôleur dans nos rangs soit un de ses subalternes, nos interactions avaient relevé de l’ordre du détail. À vrai dire, en tout et pour tout, j’avais probablement échangé 5 phrases avec le barbu au front dégarni. Ce n’était guère suffisant pour qu’il pût retenir mon nom ou pour que j’attirasse son attention sur ma personne. Non. Un autre individu était forcément à l’œuvre. Mais la même question se posait : pourquoi ? Ne préférant pas m’attirer ces foudres, je me contentai de lui fournir une réponse laconique :
« Ave, quaestor Sanariel. »
Malgré les apparences, je conservais ma posture comme si de rien n’était. Quelque chose me disait qu’il fallait, en dépit de cette soudaine révélation, que je restasse sur le qui-vive, que je ne fléchisse pas devant cet homme. Me retrouver ainsi devant membre aussi éminent de l’Empire ne me plaisait guère tant j’avais conscience qu’à la moindre erreur mon sort serait définitivement scellé. Non qu’il ne fût pas mérité... mais je préférais nettement mourir au combat et non trépasser sous prétexte d’avoir écorné l’orgueil mal placé d’un noblaillon en culotte courte. De plus au regard de ce que mon intuition me susurrait à son sujet, je me rendais pleinement compte que j’avais sous-estimé le péril qu’un tel homme constituait. Si, pour des militaires tels que moi, les hommes et les femmes n’étaient que des pions que l’on manipulait sur un échiquier plus vaste que l’on nommait la guerre, pour lui que ce fût moi ou un autre, nous étions au mieux un investissement, au pire une simple statistique. Sa fonction couplée à sa supposée apathie constituait un mélange pour le moins détonnant. Et encore c’était un euphémisme. Cet homme empestait le chaos. De par ses prérogatives, si son indolence l’affligeait un peu trop, il pouvait très bien précipiter la chute de l’Empire ou du moins provoquer une guerre civile et ce juste pour combler son insatisfaction de manière passagère. En un sens, si je voyais juste, il incarnait avec justesse ce proverbe elfique avec lequel j’étais en accord :
*"Il n’est qu’une chose horrible en ce monde, un seul péché irrémissible, l’ennui."*
En apparence, d’après ce que je perçusse de son propos, le motif de sa présence face à moi était purement et simplement l’expression d’une forme de courtoisie à mon égard du fait de mes décisions lors de l’expédition du Vent d’Acier. Toutefois, j’étais prête à parier qu’il s’agissait là d’un pieux mensonge et qu’il cherchait à assouvir sa curiosité. Peut-être cherchait-il parmi les différents membres de notre compagnie, un nouveau compagnon de jeu…un objet avec lequel il pourrait se distraire pour tromper son ennui ? C’était fort probable. Aussi, priais-je pour que son intérêt pour ma personne ne soit que passager. Je ne tenais aucunement à côtoyer plus que de rigueur cet intendant des finances. En revanche, un de ces commentaires suscita mon incompréhension. Qu’entendait-il par « aller dans le bon sens ». Mes actes et mes décisions étaient actés par mes obligations envers l’Empire. En quoi allaient-ils vers le bon sens ? Cela ne signifiait strictement rien. Me faisait-il miroiter, par pur sadisme, un affranchissement potentiel de ma condition ? Non que cela eut une quelconque forme d’importance à mes yeux étant donné que je m’en moquais éperdument. Avais-je d’une quelconque façon facilité les manigances de cet homme ? Peu probable. Ou au contraire mes agissements m’avaient-ils métamorphosé en une sorte d’excentricité vivante qui, si elle persistait, finirait tôt ou tard par devenir digne d’intérêt ? Si ce qui me disait mon intuition était juste, c’était potentiellement le cas. Préférant ne pas faire durer éternellement la situation, je me contentais de lui glisser ces quelques mots sur un ton ferme.
«Nul besoin de vanter mes prétendus mérites, je n’ai fait qu’accomplir mon devoir envers l’Empire quaestor. D’autres se sont illustrés de manière bien plus magistrale et ont accompli de véritables prouesses au cours de cette campagne dans le Nord. »
Que l’on me félicite pour avoir rempli mes responsabilités me semblait particulièrement déplacé. Comparativement à la Griffe, à Dame Isolde et au Luteni, je n’avais rien accompli d’extraordinaire. Même ces sots de Dévoreurs avaient fait mieux que moi en parvenant à combattre de front l’Archonte. Me congratuler pour avoir donné quelques ordres que n’importe quel soldat aurait pu donner en usant un tant soit peu de sa cervelle était tout sauf judicieux… L’on reconnaissait bien là un civil qui n’avait véritablement aucune conscience de ce qu’était en réalité la guerre. Néanmoins, je ne comptais pas le contredire plus longuement tant je tenais à ne pas souffrir plus que nécessaire de sa compagnie. À choisir, je préférais nettement entendre les compositions du musicastre verdâtre pendant une semaine entière que de rester une minute de plus avec le Cœur. Pour cette raison, je me mordais la langue et évitais de le corriger dès lors qu’il osait me qualifier de Dame. Je n’étais pas une noble du moins pas en ces contrées. Je n’étais qu’un janissaire. Un soldat et non une de ces mijaurées qui acceptait d’ouvrir ses cuisses dès qu’un bellâtre leur faisait les yeux doux et flattait leur ego.
S’il sut percevoir l’exécration que suscitait sa présence, il n’en dit rien. En revanche, il sut identifier, pour mon plus grand déplaisir, le fait que je n’éprouvais qu’une seule envie : quitter cette place et rejoindre mes baraquements sans plus tarder. Aussi, décida-t-il de prendre congé ce dont je lui en savais gré. Cependant par courtoisie, je tâchais de répondre à sa formule de politesse, d’un ton pince-sans-rire, avant qu’il ne disparût dans la foule
« Ce fut effectivement une rencontre intéressante quaestor. Au plaisir. »
Le laissant partir, je m’empressais de me mettre en quête de la première bouteille d’alcool afin de pouvoir quitter cette assemblée le plus rapidement possible. J’espérais que d’ici là, aucune autre mauvaise rencontre n’aurait lieu.
"La mémoire est une forme d’immortalité. La nuit, quand le vent se tait et que le silence règne sur la plaine de pierre scintillante, je me souviens. Et tous revivent. Les soldats vivent. Et se demandent pourquoi..."
Sagesse Réincarnée
Cyradil Ariesvyra
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Cyradil était assez excentrée du centre de l’évènement. Les citoyens continuaient à affluer et la jeune femme continuait de faire don de sa générosité. Malgré sa nomination, la forgeronne était restée bien fidèle à elle-même, se contentant comme toujours, d’être proche du peuple. Probablement que certains de ces pauvres gens n’avaient jamais eu accès à ce genre de victuailles et pour certains, elle savait que ce genre de festivités ou la perspective d’une victoire contre les titans étaient l’un de leurs derniers soucis. Après tout, comment pouvait-on composer avec des problèmes d’une telle envergure quand nos besoins les plus vitaux n’étaient pas satisfaits ?
Si la magicienne ne s’attendait pas spécialement à ce que l’on vienne à sa rencontre et alors qu’elle distribuaient des gâteaux aux allures de sablés, elle en tendit un à un homme qu’elle ne connaissait que trop bien, ne l’ayant pas vu se faufiler à travers la foule pour venir au premier rang. La jeune femme lui sourit tandis que l’un de ses bras était occupé à porter un enfant qui avait échappé à la vigilance de sa mère et était venue alpaguer la robe de la liche. Si la dite mère s’était confondue en excuse devant le comportement de sa progéniture, Cyradil ne lui en tint pas rigueur et continua son œuvre de charité avec le bambin dans les bras.
« Mon cher Corvus, je suis contente de vous revoir. Comme vous le voyez, je me porte merveilleusement bien. » Elle se tourna ensuite vers l’enfant qu’elle portait. « Dis bonjour à mon ami. »
« Bonjour ami de Cyradil. » Dit-il d’une honnêteté dont seuls les enfants avaient le secret.
La jeune magicienne reposa l’enfant qui regagna les bras de sa mère et la blonde put se concentrer davantage sur le vampire.
« Je vous remercie mais je n’ai pas encore pris mes fonctions à proprement parler. Cela ne saurait tarder mais avant cela, je préférais réorganiser mon emploi du temps. Je suis très heureuse que l’Empereur m’ait accordé sa confiance mais je dois vous avouer que je ne m’attendais pas à une nomination aussi rapide. En tout cas, je ferais ce que je peux pour participer à un essor intelligent du Reike. »
Elle avait longuement exposé ses projets à Tensai, souligné certains de ses points de désaccords et abordé d’autres sujets. La liche espérait surtout qu’elle pourrait demeurer objective tout au long de la durée de son mandat et qu’elle pourra toujours exprimer ce qu’elle pensait.
Si la magicienne ne s’attendait pas spécialement à ce que l’on vienne à sa rencontre et alors qu’elle distribuaient des gâteaux aux allures de sablés, elle en tendit un à un homme qu’elle ne connaissait que trop bien, ne l’ayant pas vu se faufiler à travers la foule pour venir au premier rang. La jeune femme lui sourit tandis que l’un de ses bras était occupé à porter un enfant qui avait échappé à la vigilance de sa mère et était venue alpaguer la robe de la liche. Si la dite mère s’était confondue en excuse devant le comportement de sa progéniture, Cyradil ne lui en tint pas rigueur et continua son œuvre de charité avec le bambin dans les bras.
« Mon cher Corvus, je suis contente de vous revoir. Comme vous le voyez, je me porte merveilleusement bien. » Elle se tourna ensuite vers l’enfant qu’elle portait. « Dis bonjour à mon ami. »
« Bonjour ami de Cyradil. » Dit-il d’une honnêteté dont seuls les enfants avaient le secret.
La jeune magicienne reposa l’enfant qui regagna les bras de sa mère et la blonde put se concentrer davantage sur le vampire.
« Je vous remercie mais je n’ai pas encore pris mes fonctions à proprement parler. Cela ne saurait tarder mais avant cela, je préférais réorganiser mon emploi du temps. Je suis très heureuse que l’Empereur m’ait accordé sa confiance mais je dois vous avouer que je ne m’attendais pas à une nomination aussi rapide. En tout cas, je ferais ce que je peux pour participer à un essor intelligent du Reike. »
Elle avait longuement exposé ses projets à Tensai, souligné certains de ses points de désaccords et abordé d’autres sujets. La liche espérait surtout qu’elle pourrait demeurer objective tout au long de la durée de son mandat et qu’elle pourra toujours exprimer ce qu’elle pensait.
Noble du Reike
Arkanon Ikhilosho
Messages : 245
crédits : 2064
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Brak eut l'air vraiment ravi de me revoir, me rendant mon salut après m'avoir informé qu'il avait obtenue une journée afin de profiter des festivités. Cela tombé bien car j'avais moi aussi j'avais tout mon temps et ne me sentant pas concerner plus que cela par cette victoire ,ayant pensé qu'a une seule chose depuis notre retour au lieu de ressentir la moindre fierté pour cet exploit comme ils disent. Au moins, voire le visage de ce grand guerrier sembla un peu dissiper la tristesse qui me pesait.
-Je me demande ce qu'est devenue Kassandra d'ailleurs, si elle a réussi à guérir de ses plaies.
Dis-je en repensant à la petite bogue qui m'avait sermonné avant de finalement me remercier avec Brak de l'avoir aidée. Lorsque nous étions parvenue à faire le chemin retour ,son état n'avait pas eu l'air de s'améliorer, au contraire. Au moins avec les potions,cela avait ralenti le processus. En voyant la griffe de l'ursidé trôner sur le guerrier de jade , j'avais souri,trouvant que cela lui allait bien de porter un tel trophée. D'ailleurs je n'avais pas croisé celui qui avait tué l'abomination, espérant que j'aurai une autre occasion de le remercier.
-Encore merci Brak d'avoir combattu en restant à mes côtés, tu as été formidable.
La question de garde royal me plongea dans le silence, comprenant qu'il disait cela parce qu'il avait dû deviner en voyant mes traits marqués que quelque chose me tracassait. Je ne voulais pourtant pas l'ennuyer avec cela, car il était venu là pour s'amuser, non pas pour entendre un Drakyn épuisé à force de rechercher celle qu'il avait rencontré au Berceau.Je frappais amicalement sa main en relevant complétement mon visage vers le sien, lui adressant un sourire franc qui se voulait rassurant:
-Je n'ai pas le coeur de parler de ça ...pas tout de suite en tout cas. Et si l'on faisait un tour dans Ikusa pour se changer les idées et être un peu plus au calme ? Si ta proposition tient toujours bien entendue .
-Je me demande ce qu'est devenue Kassandra d'ailleurs, si elle a réussi à guérir de ses plaies.
Dis-je en repensant à la petite bogue qui m'avait sermonné avant de finalement me remercier avec Brak de l'avoir aidée. Lorsque nous étions parvenue à faire le chemin retour ,son état n'avait pas eu l'air de s'améliorer, au contraire. Au moins avec les potions,cela avait ralenti le processus. En voyant la griffe de l'ursidé trôner sur le guerrier de jade , j'avais souri,trouvant que cela lui allait bien de porter un tel trophée. D'ailleurs je n'avais pas croisé celui qui avait tué l'abomination, espérant que j'aurai une autre occasion de le remercier.
-Encore merci Brak d'avoir combattu en restant à mes côtés, tu as été formidable.
La question de garde royal me plongea dans le silence, comprenant qu'il disait cela parce qu'il avait dû deviner en voyant mes traits marqués que quelque chose me tracassait. Je ne voulais pourtant pas l'ennuyer avec cela, car il était venu là pour s'amuser, non pas pour entendre un Drakyn épuisé à force de rechercher celle qu'il avait rencontré au Berceau.Je frappais amicalement sa main en relevant complétement mon visage vers le sien, lui adressant un sourire franc qui se voulait rassurant:
-Je n'ai pas le coeur de parler de ça ...pas tout de suite en tout cas. Et si l'on faisait un tour dans Ikusa pour se changer les idées et être un peu plus au calme ? Si ta proposition tient toujours bien entendue .
Arkanon discute en 993300
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