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  • Lun 18 Déc - 12:11
    La marche s'était enfin lancée. Enfin, le groupement massif de civils et de militaires se projetait dans les rudes contrées d'hiver éternel pour braver le froid et la désolation. Pour chercher à percer et vaincre les mystères entourant les Archontes. S'il n'était pas spécialement inquiet vis à vis de l'expédition à proprement parler, Deydreus n'était pas crédule. Beaucoup de civils périraient bientôt. Que ce soit par les armes ou le froid, ces derniers subiraient bientôt la glaciale réalité et ses conséquences. Quand le premier soir vint et qu'on monta le camp, la Griffe ordonna la mise en place de tours de ronde et décida d'une organisation minutieuse. Si la fatigue et la lassitude n'étaient pas encore présentes, il valait mieux prévenir la chute de morale inévitable qui arriverait bien assez tôt. La décision fut ainsi rapidement prise concernant le premier repas. Un repas copieux, pour chacun. Pour les préparer à la rudesse à venir tout en évitant le gâchis de nourriture. Chacun devait manger à sa faim, sans excès. Pour les plus grands monstres, ces derniers devraient compenser leur portion par leurs propres vivres. C'était dur, mais c'était ainsi la guerre. Et en guerre ils étaient.

    Dans les jours qui suivirent, les deux conseillers du vampire lui demandèrent sa décision quant aux ombragons dansant dans la neige plus loin. Pour l'un, ces derniers s'écarteraient, pour l'autre, il valait mieux faire un léger détour. Si en temps normal, dans un convoi purement militaire, Deydreus aurait pris la décision d'avancer, il préféra cette fois se montrer plus stratégique et méfiant. Il se souvint de ses aventures récentes avec Ellana et les ravages qu'avait pu provoquer un seul ombragon mature. Alors, deux... Surtout avec autant de civils... Non, il valait mieux préserver les forces de tout à chacun pour la suite du voyage. De plus, le vampire éprouvait un étrange sentiment. Ces créatures de l'hiver étaient territoriales, extrêmement, mais elles se logeaient habituellement dans les lacs, mers et rivières. En voir ainsi évoluer près de la ville, dans les terres, n'était qu'un signe avant coureur des horreurs qui devaient les avoir poussés aussi loin. Les autres ne le remarquèrent sans doute pas, mais l'ombre du Dieu de la Mort devait sans doute déjà planer sur les montagnes. Mais la marche devait continuer.

    *
    *  *


    Les jours s'étaient mués en semaines. Le moral avait vacillé ici et là, tandis que l'ennui commençait à poindre même dans l'esprit des plus motivés. C'était là, pourtant, que le danger rôdait le plus. La routine de longues marches sans intérêt. La lassitude du paysage blanc et de l'absence de distraction. Si Deydreus était parfaitement conscient de cet état de fait, le chef de l'expédition ordonnait chaque soir à ce que des représentations soient effectués au sein du campement afin de raviver les esprits. De motiver de nouveau les troupes. Les incivilités et autres insubordinations étaient rapidement recadrées pour éviter une dégradation générale du campement, même si quelques problèmes pouvaient tout de même bien subsister. Ainsi, comme à son habitude et une fois que les rapports quotidiens lui avaient été délivrés, le vampire marchait doucement dans le camp pour rencontrer les différents membres de cette étrange expédition, et rendre visite aux personnalités qu'il appréciait le plus. S'il sentait la soif en lui jouer des siennes, Deydreus s'occupait cependant de cette dernière en créant à l'aide de sa magie de quoi se sustenter. C'était immonde, mais cela fonctionnerait, au moins le temps de la marche.

    L'un des soirs, et alors qu'il marchait doucement dans le campement, le vampire arriva au niveau d'Isolde. Pestant visiblement contre les attaches permettant de fermer sa tente, le bretteur aux yeux vairons étira un sourire moqueur tandis qu'il s'approchait d'elle. En fait, elle semblait râler et pester contre à peu près tout. Froid, personnes, fatigue. Il y avait en vérité bon nombres de choses qui semblaient déclencher l'ire de la nécromancienne.

    - Bonsoir Isolde, un souci avec votre tente? Il écouta sa réponse, souriant face à son sarcasme avant de s'approcher un peu plus. Laissez moi tout de même vous aider.

    S'attelant donc à régler les attaches de la tente récalcitrante, le bretteur observa ensuite la brune tout en reprenant la parole.

    - C'est dur, je le sais. Mais tout cela n'est pas vain. Il laissa son regard courir doucement sur le camp avant de revenir vers la jeune femme. Les secrets des Archontes et ce que nous cherchons seront découverts. Vous obtiendrez les informations qui vous intéressent. Nous pourrons les vaincre, apprendre comment leur magie fonctionne, comment ils parviennent à manipuler la mort elle même... Puis nous rentrerons chez nous. Comment se passe le reste du voyage pour vous?

    Il écouta sa réponse, avant d'enchainer doucement dans un sourire alors qu'il observait toutes les traces de la fatigue sur son corps.

    - Vous savez, nul besoin d'atténuer la pénibilité du voyage. Moi même, à l'instant, je rêve de me prélasser dans un grand bain chaud et de juste laisser cette dernière entourer mon corps et détendre mes muscles. La chaleur, voila ce qui manque le plus, pas vrai? Il ricana doucement, touchant l'épaule de la brune. Le jeu en vaut la chandelle Isolde, croyez-moi. Et puis, au moins nous avons des personnes agréables avec qui discuter. Il leva les yeux, fixant certaines formes dans le campement. Enfin. On en a quelques unes quoi.

    Un rire, complice, puis ils continuèrent ainsi à parler et échanger, le vampire n'hésitant pas à user de traits d'esprits et autres petites piques moqueuses. Le but était évidemment de réchauffer le cœur et restaurer le moral de celle qu'il avait entrainé dans cette expédition, mais aussi de se débarrasser quelques instants de son manteau de dirigeant. Le temps défila ainsi rapidement et les étoiles dansèrent dans la voute céleste. Bientôt, le matin se lèverait de nouveau et la marche reprendrait.

    C'est donc dans le froid habituel que l'entièreté du convoi reprenait sa pénible route le lendemain. Ayant repris sa position à la tête de la marche, le bretteur aux yeux vairons observait les alentours. Malgré les moments comme la veille, il fallait l'admettre, la pénibilité du voyage commençait à doucement s'enraciner dans les esprits. Et malgré les efforts de Tulkas et d'autres officiers présents, quelques débordements avaient parfois lieu. Ce n'était rien de dramatique ou d'inhabituel, le vampire était coutumier de ce genre de choses. Au moins, contrairement à leurs marches en Shoumei lors de la dernière guerre, la maladie n'était pas venue s'insinuer dans le camp grâce à l'organisation méticuleuse des Serres concernant l'hygiène minimum des soldats et des civils. Levant la tête pour observer doucement le ciel alors qu'Alasker marchait à ses côtés, le vampire étira une grimace en observant l'azuré de la voute céleste.

    - Je crois qu'en vérité, le Dieu de la Mort ne l'est qu'à cause des morts d'ennui qu'il provoque chez ceux qui tentent de retrouver ses fils pour les occire... Un ricanement, ça va pour les Dévoreurs? Ils n'ont pas eu grand chose à se mettre sous la dent à part du petit gibier inutile. J'espère que nous aurons rapidement quelque chose à faire.

    Il le pensait, sincèrement. Si la lassitude de la marche provoquait chez les civils des râles et de la mauvaise volonté, il provoquait chez les guerriers à la livrée vermillon une rage puissante qui les faisait bien trop souvent s'affronter dans des duels plus ou moins sanglant pour seulement contenir la bête en eux. Aussi, dans des terres aussi reculées, cela pouvait s'avérer dommageable. Fort heureusement, Alasker les tenait d'une poigne d'airain. Mais même lui, devait subir les effets de l'ennui.



    Puis, comme en écho aux pensées du vampire, les fantassins d'élite de la troupe noire et sang commencèrent à chanter. Entrainant rapidement avec eux dans un champ en elfique les melornois et les autres militaires. Puis tout ceux qui désiraient les rejoindre. Le chant n'avait pas uniquement pour but de réchauffer les esprits. Il était galvanisant. Rythmait la marche et évitait aux pensées intrusives de venir provoquer des abîmes de doutes. Ainsi, la journée put se faire sans encombre. Et dans une bonne humeur toute relative. Beaucoup sous estimaient les intérêts de ce genre de choses. L'intérêt de jouer sur quelques cordes sensibles pour ne pas provoquer de dissentions inutiles. L'elfique était une langue particulière, mais en l'utilisant, les Serres s'assuraient aussi un soutien "subconscient" des elfes marchant avec eux.

    Quand la nuit commença peu à peu à tomber, le campement s'était naturellement déjà bien dressé. Les palissades, les latrines, tout avait été fait pour permettre le montage des tentes efficacement. Puis, les braséros et différents feux de camps furent allumés. L'obscur fondait doucement sur le campement, et avec lui une nouvelle nuit glaciale.

    [Event] La marche du Vent d'Acier - Page 2 Gp4GmLW


    Debout dans la tente de commandement, Deydreus écoutait les deux conseillers qui débâtaient, encore, de la marche à suivre. Fixant la carte de ses yeux hétérochromes, le vampire ne manqua pas de laisser un soupir s'échapper de ses lèvres.

    - Il n'y a pas d'erreur. J'ai parfaitement confiance dans les visions qu'a eu l'Oreille. Tout comme j'ai confiance dans nos hommes. Les calculs sont bons. Notre ennemi est juste suffisamment retord pour masquer l'entrée de son domaine. Mais ce n'est pas très étonnant. Et si j'apprécie votre enthousiasme, je doute que creuser ces montagnes à la pioche plaise aux civils composant une partie de cette expédition. Il nous faut avancer, encore un peu. Au moins jusqu'à la prochaine lune. Nous avons suffisamment de vivres pour cela, inutile de dramatiser. Pour ce qui est de ceux qui manquent à l'appel, je veux bien savoir dans quel secteur ils sont partis oui.

    Ecoutant alors la réponse de l'historienne, le vampire commençait à dessiner doucement la carte de la région dans son esprit. Grâce à cette information, ils avaient au moins un début d'informations. Début qui fut agrémenter par une intervention soudaine de Tulkas qui déboula dans la tente, saluant respectueusement ses supérieurs. Fronçant les sourcils, le vampire assimila l'information qu'on venait de lui transmettre.

    - Je te remercie Tulkas. Il marqua une pause, fixant les individus dans la pièce. Nous allons placer le camp en situation de crise. Nous allons compartimenter ce dernier en quatre grands secteurs avec leurs propres forces. Je veux que les signaux soient impeccables entre chacun de ces dits secteurs. Si l'ennemi approche, nous devons savoir d'où il provient et surtout, nous préparer à céder des parties de ce dernier. Tulkas, ordonne également qu'on verse un peu de poix autour des barricades. Si une armée fond sur nous, on embrasera cette matière et c'est un mur de flammes que ces macchabés auront à franchir avant d'espérer venir se frotter à nos lames. Il prit un air plus sombre. Alasker?

    L'ombre menaçante qui siégeait dans l'armure d'airain sembla gronder, Iratus s'éveillant à la pensée commune de son frère d'armes.

    - Prends les Dévoreurs et Dimitri, le chasseur du RSAF qui avait participé à l'expédition de la Peste obscure. Allez en éclaireur voir de quoi il en est question pour ces horreurs. Prenez un mage télépathe parmi les aventuriers et mercenaires s'il le faut. Je veux être informé du nombre, de la localisation précise, et de leur comportement. Est-ce qu'ils marchent vers nous, ou est-ce qu'ils défendaient une zone. Si nous n'avons pas de réponse de votre part demain matin, nous marcherons vers vous. N'hésite pas à demander à Kahl de s'ouvrir de temps en temps la paume ou de le faire toi même. Si la neige permet de vous retrouver et traquer facilement, rien ne trompera mon odorat si je dois retrouver votre piste.

    Il porta son heaume sur la tête, replongeant ses prunelles hétérochromes sur les deux conseillers et le luteni des Serres.

    - Que les civils non combattants et logisticiens se terrent vers le centre du camp. Que ceux capables de se défendre rejoignent les militaires. Je veux une force de frappe efficace sur chaque aile. Et le moindre imbécile qui quitte sa position ou s'élance en dehors de la ligne de défense sera considéré comme déserteur, suis-je clair? Une pause, un enchainement. Nous ne savons pas encore si nous serons attaqués cette nuit ou non. Dans le doute, j'ordonne la quarantaine sur le campement. A part les Dévoreurs, rien ne doit entrer ou sortir. Le moindre mouvement non accordé sera considéré comme suspect. Et éliminé. Que tous le comprennent.

    Et sur ces mots, les choses se lancèrent. Enfin. Un peu d'action.

    Tour 2:


    [Event] La marche du Vent d'Acier - Page 2 Sgnz7nO

    " Vous, dont la liberté n'est possible que grâce à la rigueur d'âmes plus pures que la votre, ne vous croyez pas libres, vous n'êtes que protégés. Votre liberté est un parasite, vous vous appuyez sur l'énergie des hommes honorables et n'offrez rien en retour. Vous qui avez apprécié la liberté et qui n'avez rien fait pour la mériter, votre heure est venue. Cette fois vous devrez combattre seuls. Maintenant, vous allez devoir payer votre liberté passée de votre sang et de votre sueur. Car il n'y a pas de paix, seulement la Guerre. Et lorsqu'elle se montrera, elle n'épargnera personne. "

    Apparence des épées de Deydreus:


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  • Lun 18 Déc - 14:59
    La marche du Vent d'Acier
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    La cité elfique s’éloignait, Isolde se retourna un instant, avant d’y jeter un dernier coup d’œil. Le ciel étant dégagé et alors que l’expédition prenait un peu de hauteur, rien ne venait gêner sa vision. Plus question de faire demi-tour à présent. La voici partie vers un voyage aussi palpitant que dangereux. Elle ignorait les risques véritables qu’elle encourait, la mage paraissait bien trop avide de connaissance pour cela. Elle se sentait, parmi les fiers guerriers du Reike, les meilleurs parmi les meilleurs, en sécurité. Pourtant, cette dernière restait toute relative.

    Lors de la marche, plusieurs aventuriers s’arrêtèrent, contemplant visiblement quelque chose au loin. La reikoise dirigea son regard vers le point à l’horizon, que certains montraient du doigt. Elle aperçut alors deux magnifiques ombragons. Elle n’avait encore jamais contemplé de telles créatures de si près. Un croisement étrange entre un lézard et un dragon, ils approchaient les dix mètres de long. De magnifiques êtres, qu’il valait mieux ne pas contrarier. Alors qu’elle reportait son attention sur la troupe, elle fut étonnée de reconnaître un individu qu’elle avait rencontré, quelques mois plus tôt. Elle s’approcha alors lentement de lui, arrivant dans son dos.

    - « Voilà qui est plus agréable à regarder que les géomis. » Souffla-t-elle doucement à Dimitri. Elle lui adressa un très léger sourire taquin. Même si les conditions de leur rencontre précédente ne furent pas optimales, cela restait agréable de reconnaître un visage familier, dans cette expédition périlleuse et hostile.

    L’astre de jour brillait, éclairant leur chemin et offrant un joli tableau, le manteau blanc qui recouvrait les alentours scintillait. La brune, évidemment pas habituée de ces terres gelées, s’émerveillait de ce spectacle offert par cette nature sauvage et inhospitalière. Toutefois, dès la première nuit tombée, elle prit conscience, de manière foudroyante, du froid réel et insidieux, qui mordait sa peau, même à travers les couches de vêtements chauds. Le camp avait été rapidement dressé, sous les ordres des Serres pourpres, les civils n’avaient pas le choix que d’obéir et suivre la cadence soutenue des soldats d’élite. Pourtant, l’étudiante se retrouvait un peu dépassée par les évènements. Même si elle savait comment monter un petit lit de camp, ainsi que sa tente, avec ce froid glacial et pénétrant, rien ne semblait simple ! Elle pestait donc, ignorant que son calvaire ne faisait que commencer.


    Le lendemain arriva, Isolde n’avait que peu dormi. Son organisme avait eu du mal à s’habituer au froid de cette nuit hivernale. Ainsi, bien qu’enroulée dans ses couvertures, elle avait claqué des dents une bonne partie de la nuit. La marche allait s’avérer bien plus compliquée, sans le repos que la jeune femme avait mérité.

    Les nuits suivantes ne furent pas plus réconfortantes. La tente de la jeune femme semblait récalcitrante, le froid engourdissait ses doigts. Agacée, elle marmonnait entre ses dents contre cette fichue tente. Lorsqu’elle entendit une personne lui demander, non sans une certaine ironie, si elle rencontrait un souci avec celle-ci, elle ragea de plus belle.

    « Ça ne se voit pas ? » Lança-t-elle, de manière sarcastique, avant de se retourner vers l’individu qui l’importunait. « Oh. » dit-elle, en réalisant qu’il s’agissait de la Griffe. « Je… oui, effectivement. Il faut composer avec le froid, mais… ça va aller. » ajouta-t-elle, peu convaincue par ses propres paroles.

    Le vampire s’approcha pour l’aider, elle se sentait maintenant un peu gênée de ne pas s’en être dépêtrée toute seule. Elle écouta néanmoins ses paroles, qui se voulaient apaisantes.

    - « Tout se passe bien. Et merci pour votre aide, Deydreus. »  

    Elle mentait et il n’y avait qu’à voir les traits tirés de son visage et les cernes creusées sous ses yeux, pour s’en rendre compte. Et le chevalier n’était pas dupe.
    Elle sourit doucement, en entendant la remarque du chef des Armées quant au bain chaud qu’il espérait. Elle en rêvait terriblement aussi. Elle faisait ce qu’elle pouvait pour conserver la meilleure hygiène possible. Mais rien ne lui aurait fait plus plaisir, en cet instant, qu’un bain bouillonnant, pour se détendre et surtout, se réchauffer.

    Ils discutèrent encore quelques instants, de la vie du camp, des épreuves qui les attendaient sûrement, des secrets du pouvoir des archontes. Cette discussion lui remonta un peu le moral, ils se quittèrent alors sur une note plus positive.


    Les jours passèrent, s’ordonnant sous ce rythme effréné, marcher dans la neige, dresser le camp, dormir peu en luttant contre le froid, partager un repas amoindri avec des individus, pour certains, méprisables. L’étudiante maugréait, contre la nourriture, le froid, cette neige infinie… Elle envoya son pied valser dans cette dernière en râlant, la poudre fut projetée en l’air, ce qui ne calma pas ses nerfs. Cela faisait des semaines, et toujours rien. Elle commençait à désespérer, ne plus croire en cette incroyable découverte. Elle paraissait lassée, fatiguée, gelée, énervée… Et pourtant, un spécimen, certainement dont les capacités mentales étaient amoindries, ne trouva pas meilleur moment pour venir lui chercher des noises.

    « T’entendre claquer des dents, ça commence à devenir emmerdant ! Mais hé j’ai une solution moi, je peux te réchauffer cette nuit... »

    Clin d’œil, clin d’œil.
    Un gros lourd. Un orc abject. Répugnant.
    En temps normal, Isolde lui aurait lancé une remarque cinglante et calculée, de manière à le ridiculiser devant ses petits copains. Mais là, elle était bien trop remontée par cette expédition qui ne menait à rien, exaspérée et à bout de nerfs.

    - « Plutôt crever, abruti ! Dégage de ma vue ! » Vociféra-t-elle.

    L’orc, ne voulant pas être humilié devant ses camarades aventuriers, s’approcha de la brune et lui infligea une gifle monumentale. Elle porta la main à sa joue, marquée de rouge. Puis, elle se retourna vers l’individu, le regard terriblement noir. Elle lança instantanément une attaque mentale d’intensité modérée. L’individu, ne s’attendant absolument pas à une telle réplique, fut touché de plein fouet. Il porta ses mains à la tête, tombant à genoux sous l’effet du sort. Isolde ressentait le besoin de lui infliger toute sa rage et sa frustration des jours passés, dans cette neige infernale et cette situation sordide, dont ils ne semblaient pas se sortir. Toutefois, elle fut stoppée dans son geste. En effet, Deydreus ordonna à l’orc de déguerpir. La mage noire ne comptait pas s’arrêter là et augmenta l’intensité de son sort psychique, l’orc hurlait à présent et vomissait ses tripes sur la neige. La griffe s’interposa alors entre eux, pour briser son champ de vision. Selon lui, l’orc en avait eu assez. Pourtant, elle n’était pas de cet avis. L’étudiante soupira alors, en observant l’autre imbécile s’éloigner et tourna les talons. Deydreus la rattrapa, en maintenant son poignet.

    « Isolde, attendez. Regardez-moi. Et parlez-moi. Je suis venu vous voir, et si j'aimerai éviter de voir les membres de cette expédition s’entre-tuer, je ne vous reproche nullement d'avoir défendu votre cause face à cet imbécile. Si l'idée vous plaît, on lui fera creuser les latrines. »

    - « Cet abruti méritait pire que cela... » Commença-t-elle, en fuyant le regard du responsable de l’expédition. Pourtant, il l’apaisait et l’idée des latrines en punition, acheva de calmer son énervement. « C’est une idée séduisante, oui. » dit-elle, en adoucissant légèrement ses traits.

    L’aventure restait éprouvante pour la belle, Deydreus l’avait entraînée là-dedans, c’était sans doute pour cela qu’il se montrait prévenant à son égard.


    Un soir de plus, les membres du camp luttaient contre les dérives de leur esprit, certains contre leur envie d’abandonner. Et d’autres, contre cette soif de lutte et de sang qui bouillonnait dans leurs entrailles.
    Isolde trouva péniblement le sommeil, alors qu’elle fut réveillée brusquement. En effet, des bruits de pas résonnèrent dans le campement, certaines voix s’élevèrent dans la nuit, qui inquiétèrent la reikoise. Cette dernière se leva à la hâte, elle restait cachée, tendant l’oreille afin de pressentir un éventuel danger. Lorsqu’elle entendit les ordres des gradés de l’Armée, elle comprit qu’il y avait du grabuge. Elle prépara ses affaires rapidement, ainsi que son épée et sortit de la tente. Elle se mêla ainsi aux militaires, pour sécuriser le camp. L’étudiante aida à verser la poix sur les barricades, tel que cela avait été demandé.
    Puis, elle partit en direction de l’aile opposée à celle d’où était revenu l’éclaireur, afin d’assister la défense stratégique de celle-ci.



    Résumé des actions:


    CENDRES


    Entraînée pour l'éternité dans une valse funeste avec la mort, elle dérive entre deux mondes dans une éternelle danse macabre.

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  • Mar 19 Déc - 10:15
     
    La marche du Vent d'Acier
    Feat. le Reike / Melorn

    Extraits de rapports consignés par le contrôleur royal Ben le Bouc

    Compagnie du Vent d’Acier – Jour 1

    Le premier jour s’est déroulé sans accrocs. Un repas copieux a été distribué à chaque participant, et le moral est au plus haut. Militaires comme civils sont venus à bout de ce premier trajet sans trop de difficultés. Je note néanmoins qu’un certain manque de rigueur se fait ressentir parmi certains effectifs. Hormis les Serres Pourpres, régiment d’élite connu pour sa discipline et son impitoyable efficacité, il est à noter qu’un nombre non négligeable d’éléments de la Compagnie n’ont pas fait preuve un niveau de rigueur suffisant pour une expédition de ce type. Ceci doit être rectifié au plus vite, sans quoi la situation pourrait devenir problématique sur le long terme.  

    Pas de fraudeurs identifiés parmi les rangs de la Compagnie.


    Compagnie du Vent d’Acier – Jour 21

    L’ennui s’installe parmi les troupes, et à part le froid, il s’agit là du pire ennemi auquel la Compagnie doit actuellement faire face. Déjà plusieurs éléments de l’expédition commencent à se plaindre des rudes conditions dans lesquelles ils vivent actuellement, sans doute dû à un manque de préparation, ainsi qu’un manque de jugeotte inquiétant. Ces énergumènes pensaient certainement que nous allions tout de suite tomber sur l’ennemi et que l’affaire serait réglée en quelques jours ! Les idiots ! La puissance du Reike est telle que ces fanatiques doivent redoubler d’ingéniosité pour se soustraire à notre regard, même si nous les trouverons et leur réglerons leur compte dans tous les cas.

    Pas de fraudeurs identifiés parmi les rangs de la Compagnie ; Quelques discussions perçues à propos des récompenses de la quêtes ; Noms des participants notés ; Contrôles fiscaux à prévoir.


    Compagnie du Vent d’acier – Jour 56

    Le froid se fait de plus en plus mordant, et sans la présence des Serres Pourpres, notamment du Luneti Tulkas, il est à craindre que le moral s’écroule complètement parmi les effectifs de la Compagnie. Heureusement, les troupes d’élites assurent la discipline au sein de l’expédition, ce qui maintient notre taux de succès relativement élevé. Cependant, même la poigne de fer de ces guerriers d’exception ne sera bientôt plus suffisante si nous ne trouvons pas nos proies. J’ai pour ma part déjà compilé une liste des éléments les plus à risque, au cas où une mutinerie viendrait à voir le jour. Si cela s’avère nécessaire, je la remettrai au commandant d’expédition afin que celui-ci prennent les mesures appropriées.

    Un fraudeur potentiel identifié parmi les rangs de la compagnie. Il s’agit de […]



    Une clameur soudaine dans le camp attira l’attention de Ben le Bouc, qui se détourna de son rapport journalier. Rangeant ses affaires puis sortant de la tente dans laquelle il se trouvait, il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre la situation : Les civils se regroupaient au centre du camp, et les militaires se répartissaient sur les ailes de ce dernier, certainement afin d’en assurer la protection contre une menace. L’heure fatidique était-elle arrivée ? L’ennemi avait-il décidé de se montrer ? Quoi qu’il en soit, alors que les ordres fusaient, la Compagnie en avait fini avec l’ennui.

    Tout en rajustant son manteau rembourré de fourrures, l’officier impérial alla se poster sur l’un des ailes du camp, où les militaires s’affairent à verser de la poix fumante sur les barricades. Ben le Bouc réveilla les flux de mana qui sommeillaient en lui depuis le début de l’expédition, prêt à les déchainer sur le moindre intrus. Ils tiendraient bons !


    Car ils étaient la Compagnie du Vent d'Acier.

    Et la Marche n'était pas encore terminée.

    Spoiler:

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  • Mar 19 Déc - 10:18
    Ah mais... Mais c’est quoi cette merde !  

    La petite main du barde balaya les restes de viandes et les petits bouts de salade qui avaient décidé de s’accrocher à sa veste avec un air des plus écœurés. Merde, sa veste était toute neuve en plus ! Alors que dans la foule quelques types s’étaient mis à glousser et à se moquer ouvertement des mésaventures du gobelin, ce dernier s’empourpra et mécaniquement se saisit d’une flèche tout se retournant vers l’endroit d’où provenait le plus probablement l’assiette sale.

    Trop tard, le saligaud s’était déjà évanoui dans la foule, échappant à une sanction directe. La flèche désormais encochée, le regard rouge colère de l’assassin se dirigea vers les quelques gaillards qui se moquaient de lui. Mais lorsque la flèche pointa vers eux, ils préférèrent s’arrêter et changer d’air. La colère et la haine s’étaient déversées comme un Tsunami dans la tête du gobelin qui n’avait qu’une seule idée fixe : vengeance ! Il s’imaginait déjà rattraper les trois soldats, leur sauter à la gorge et les transpercer avec sa lame rétractable pour ensuite les regarder se vider de leur sang comme les animaux qu’ils étaient. Enfin ça, c’était le petit diablotin portant le visage de Tensaï qui se trouvait à sa gauche qui le lui soufflait... L’angélique petite Ayshara, elle l’apaisait en lui signalant que la vengeance dans le sang n’était pas l’unique voie. Mais clairement c’était dans l’instant la plus tentante et il fallut à l’assassin impérial puiser dans ses plus profondes ressources pour apaiser tout son être.

    Sainte Ayshara a écrit:Parfois, la plus grande vengeance est de vivre et de prospérer, de transformer la douleur en quelque chose de constructif, de noble

    Voilà, il fallait composer avec ça maintenant. Pourtant un gros enfoiré venait de lui jeter son assiette à la gueule et vu qu’il était parti comme un gros lâche, ça pouvait difficilement être un accident. Si ça avait été un hasard, il se serait excusé logiquement... Mais il s’était barré ! Peut-être un harceleur qui n’assumait pas son état ? Trop lâche pour affronter les conséquences de son acte. Qu’est qu’il aurait donné à ce moment-là pour mettre la main dessus, le capturer vivant, le faire pendre par les bras sur une branche d’arbre avec le pantalon baissé pour lui latter les couilles à coup de poêle à frire jusqu’à ce qu’il les recrache par la bouche !

    Le barde secoua la tête pour chasser ses idées noires pour de bon et leva ses yeux rouges en l’air tout en inspirant profondément : la tristesse ayant désormais remplacée la colère dans son regard. Les civils avec qui il avait sympathisé se rapprochèrent de lui pour le réconforter.

    T’inquiète pas l’ami, c’est que des pauv’cons !

    Le gobelin acquiesça évidement, et rentra dans le rang, plongé dans un mutisme inhabituel pour le troubadour. Traînant des pieds jusqu’à ses deux montures, il croisa un coursier du palais qui lui fit un signe de tête pour qu’ils se rejoignent dans un endroit discret. C’était un agent de Zéphyr qui venait lui transmettre les ordres en mains propres : après lui avoir donné le message crypté et un bref salut, ce dernier s’éclipsa, trop pressé de rejoindre son désert natal. Les ordres du couple impérial étaient clairs et son rôle ne serait que ponctuel... Pourtant il se devait d’être au bon endroit au bon moment et ce n’était pas forcément évident.

    Lorsqu’on sonna le clairon du départ, le gobelin accrocha ses deux poneys à la charrette d’un de ses nouveaux fan (parmi les civils, bien sûr) et s’installa à l’intérieur sur un ballot de foin destiné aux animaux. Pendant plus d'une heure, il fuma tranquillement sa pipe, réfléchissant à comment il pourrait mener à bien sa mission mais l’inspiration infusait tout son être. Et c’est alors qu’il reprit son luth pour gratter trois accords.

    Oh, une nouvelle chanson l’artiste ?  

    Ouep, z’êtes des privilégiés. Vous serez les premiers à en profiter !

    Aaaaah ! Vas-y balance !!!

    Air de la chanson:

    J’suis pauvre, mais j’ai l’talent
    J’ai une perruque, mais j’suis un homme
    J’suis p’tit, mais j’sais visé, yeah
    J’cause beaucoup, mais j’réfléchis
    J’fais du bruit, mais c’est d’la musique
    J’fais le guignol, mais c’est pour faire marrer, poto


    Et quand tu me balances ton assiette sur la tronche,
    J’me dis que t’es un putain d’ja-loux, oux, oux,
    Et maintenant j’ai une main sur mon luth,
    Et l’autre qui te fait un gros doigt !


    J’suis pauvre, mais j’suis libre
    J’ai une perruque, mais j’m’en fou d’être viril
    J’suis p’tit, mais c’est dur d’m’attraper, yeah
    J’cause beaucoup, mais j’suis pertinent
    J’fais du bruit, mais parfois ça fait des mélodies
    J’fais le guignol, mais c’est pour mieux t’embrouiller, poto


    Et quand tu me balances ton assiette sur la tronche,
    J’me dis que t’es un putain d’ja-loux, oux, oux,
    Parce que maintenant j’ai une main sur mon luth,
    Et l’autre qui te fait un gros doigt !


    Le voyage se déroula ensuite normalement. Les journées de marches s’enchaînèrent sans trop de soucis et le barde se mettait un point d’honneur à remonter le moral des troupes à chaque pause, offrant un petit concert d’une heure ou un petit spectacle d’ombres chinoises pour divertir civils et militaires. Stadzank sentait bien que le moral des troupes descendait en flèche et il faut dire que le paysage monotone du Grand Nord commençait à le déprimer lui aussi.

    Alors que le luteni l’avait cantonné à l’épluchage des patates avec les cuisiniers –apparemment il en pouvait plus de la voix criarde du gobelin-, sa petite chanson pour motiver les commis du soir fût interrompu par des beuglements de militaires.

    Lundi des patates,
    Mardi des patates,
    Mercredi, des patates aussi...


    Oh toi, ferme ta gueule et prenez vos armes ! Postez-vous derrière ces barricades et tenez-vous prêt !

    Tous les civils se regardèrent, le visage blême. Pourtant ce n’était pas le moment de faire dans son froc mais plutôt de prêter main forte aux soldats.

    Allez les gars, on n’est pas v’nu faire du tourisme et on n’est pas des mauviettes. Aux armes !  

    Stadzank prit alors une caisse en bois et une couverture, rejoignit une barricade avec toute une bande de civils et harangua la foule :

    Qu’ils viennent ces crèves la faim, on va s’les faire !  

    Sur son promontoire de fortune, avec sa petite laine, il était confortablement installé pour attendre les ennemis avec son arc et ses flèches. Désormais il guettait l’arrivée des intrus grâce à sa vision nocturne et disposait d'une bonne protection pour se mettre à couvert au cas où.

    Si jamais ça devait tourner au vinaigre, il n’avait pas vraiment de plan B alors il espérait que les héros ici présents n’allaient pas le lâcher au dernier moment.

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  • Mar 19 Déc - 14:45
    Je me stoppais dans mon élan lorsque quelqu'un m'interpella, fronçant les sourcils d'un étonnement à peine masqué. En me retournant, ayant l'habitude à avoir affaire à es individus plus petits que moi, je dus relever mon regard , ayant pour la première fois depuis longtemps eu l'impression d'être petit. Me dépassant largement que ce soit au niveau de la taille et de sa largeur, l'être devant moi ne pouvait passer inaperçus et , pourtant je ne l'avais pas vu arriver au camp. Sous cet amas de muscle verdâtre en partit caché par une armure et des habits adéquats pour l'expédition que nous avions à mener, une voix amicale sortit de sa bouche qui m'adressa un sourire amical.

    -Bonjour . J'inclinais légèrement ma tête en guise de salutation et de respect, sachant quel rôle il jouait pour le Reike:-Je n'aurai jamais cru rencontrer ici si loin du palais le grand Brak'Trarg en personne.

    Je lui serrais son avant-bras  pourvu d'un gantelet exceptionnel, me rappelant de tous ce que j'avais entendu à propos de ce géant vert qui protégeait les membres les plus importants du Reike. Pourtant, il restait humble, m'adressant la parole del a façon la plus simple qui soit, sans détour , attirait vraisemblablement sur l'arme que je portais à mon dos. Je pointais l'objet de sa curiosité avec mon pouce en regardant en biais mon espadon avant de reporter mon attention vers lui:

    -Malheureusement non. C'est une arme appartenant à ma famille et qui a disparu pendant des siècles. Je l'ai retrouvée et depuis, elle ne m'a plus jamais quitté. Vous semblait aimer les armes je me trompe ?

    C'est alors que le départ fut donné, rendant l'endroit similaire à une véritable  fourmilière , voyant tout le monde se hâter de remballer leur équipement et leur affaire. N'ayant nullement l'habitude qu'une telle foule soit en mouvement, je fis signe à Brak de me suivre vers un endroit plus calme où attendait ma monture. Je posais mon sac sur a mon destrier noir, veillant à ce que sa couverture soit bien attaché. Je pris la longe puis adressai un petit sourire vers mon interlocuteur avec qui je proposais naturellement, convaincus que nous aurions matière à discuter:

    -Faisons donc route ensemble si vous le voulez bien, je suis sûr que nous aurons le temps de discuter d'armement et de bien d'autres choses en chemin.

    ***

    Cela s'avéra plus que vrai, car à mesure que les jours défilaient, après s'être présenté l'un à l'autre sur nos fonctions et décrit rapidement les plus grosses lignes de nos raisons à avoir pris part cette chasse à l'ennemi, nous avions encore eu le temps de débattre sur d'autre sujets. Bien entendu, à haque camp levé, chacun de nous  s'était éparpillé pour répondre aux besoins du moment. Aidant à monter des tentes, je fus bien plus présent pour mettre en place les défenses, m'acharnant à la tâche même lorsque la nuit était déjà tombé. Si nous avions pour le moment évité toute effusion de sang en contournent les Ombragons, la couleur écarlate n'allait pas tarder à colorer la neige qui craquée à chacun de nos pas plus fatigué que le précédent, c'était inévitable.

    Craignant nullement à l'échec de notre mission, je pris rarement la peine de me laisser emporté par l'oisiveté, proposant mon aide afin d'être tout le temps en mouvement, qui était une manière aussi de lutter contre le froid et la paresse qui affaiblissait le moral des troupes. Redoublant d'efforts pour chaque jour écoulé, je finissais mes journées bien souvent fatigué, sans que cela ne m'empêche de faire ma toilette avant de dormir,après avoir souhaité une bonne nuit à Brak qui avait on immense tente à côté de la mienne en règle générale.

    Nullement démoralisé étant d'un naturel acharné que peuvent peu le prétendre, j'arrivais même à encourager les râleurs qui m'entouraient par des paroles empreintes de volonté et de chaleur, celle qui leur manqué depuis notre départ. J'avais même réussi à apaiser des tensions qui allaient se finir au pugilat pour une histoire de rations. Sans aucune hésitation, attrapant au vol le bras d'un homme qui allait s'abattre sur le visage d'un autre , je pris la parole en les regardant tour à tour, sans qu'aucune colère ne transparaisse mais bien tout le contraire:

    -Ne laissez pas le froid engourdir vos esprits et l' embrumer.  J'ai bien conscience que ce voyage est long et inconfortable mais cela ne sera rien si nous laissons la rage investir nos âmes et nos rendre plus faible face à nos ennemis véritables . Je pointais la montagne tandis qu'une rafale souleva ma capuche, sans que cela ne me fasse grimacer, au contraire. J'affichais un sourire qui brulait d'une ardeur telle qui inspira un regain d'enthousiasme:-Que votre volonté brûle à la manière du Mont Kazan mes camarades !

    Tout le monde se dispersa et je pris soin de veiller à la distribution des vivres un moment, histoire d'être certains qu'aucune querelle inutile n'éclate à nouveau.  C'est que bien plus tard que je regagnais ma tente, m'arrêtant lorsque le bruit des sabots d'un cheval me parvint aux oreilles. S'en suivit un regroupement de soldat. Je rebroussais chemin pour taper à la tente de Brak à la mesure de sa taille pour l'avertir que quelque chose se passait que l'on aurait certainement besoin de nous bien armé. Suivant les directives de la Griffe via d'autres soldats,je partis en direction des forces militaires une fois mon sac sur le dos, prenant le temps d'ordonner aux civils que je croisais sur mon chemin de regagner le centre du camp au plus vite, les redirigeant s'il le fallait lorsque l'angoisse les avait étreints au point de les déboussoler .

    La poignée de mon espadon à la main, je me retrouvais finalement  aux côtés des combattants les plus féroces . Tellement certains d'entre eux   avaient hâte de combattre que j'eus l'impression un moment de m'être retrouvé dans le mauvais camp, ne voyant aucune once d'honneur ni de dignité parmi certains regards qui cachaient à peine leurs envies sanglantes. Mes yeux cyans scrutèrent l'horizon blanc qui n'avait rien innocent lui non plus. Ce territoire inhospitalité n'allait pas nous laisser indemnes, que l'on ressort victorieux ou non. La nature cruelle par qui nous entourait, n'avait pas yeux et j'espérais qu'elle serait aussi contraignante pour ceux qui nous feraient face.

    En lançant un regard en arrière, je me demandais si nous ne faissions pas une erreur de laisser tous les civils au centre.  Il serait facilement prévisible que l'on tienne ce genre de position et donc pour notre ennemi de concentrer une attaque les visant sans que l'on oppose la moindre résistance. Je levais les yeux vers le ciel, imaginant une puissance magique tomber du ciel et s'abattre sur les âmes que je venais juste de rassurer en leur demandant de se regrouper là où ils étaient à présent. Mais la menace pouvait aussi surgir de nos pieds, la neige obstruant les méfaits en son sein sans qu'on puisse le voir approcher. La paranoïa qui me gagner me fit gonfler d'une énergie nouvelle, contractant mes muscles , prêt à agir selon les ordres qu'il me serait donné.

    Tour 2:


    Arkanon discute en 993300
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  • Mar 19 Déc - 16:55
    Le jeune homme cornu, aux cheveux blanc bien que semblant timide,  répondit favorablement à Brak lui serrant l'avant bras, de ses deux mains. rappelant à Brak qu'il était un géant hors normes en termes de taille par rapport aux autres. le jeune homme n'en revenait pas de voir Brak'Trarg en dehors du palais en personne, et quand a son espadon il lui indiqua que nop il n'était pas en phontacier mais que c'était une arme de famille perdue depuis longtemps qu'il avait retrouvé. enfin il lui proposa de faire route ensemble. Brak accepta bien volontiers sa proposition, et alors que tous deux partait en même temps que les autres de Melorn, Brak lui répondit gentiment    

    " Yep en effet je suis un grand fan des belles armes. Dans l'arène j'ai eu l'occasion d'en affronter tout un florilège d' armes différentes aux mains des gladiateurs adverses. quoi qu'il en soit je serait ravi de faire la route avec vous"

    lui dit Brak avec un gentil sourire d'acceptation sur sa verte frimousse.

    ...

    les kilomètres défilèrent et les jours de marche ce succédait dans cet monotonie neigeuse, si certains voyais dan sles ombredragons un bon présage Brak lui y voyait une perturbation de la faune locale signifiant un danger que les ombredragon redoutait, d'ailleurs les ombredragon ne firent rien pour empêcher l'expédition de passer hors ils était très territoriaux prouvant à Brak qu'il pensait plus a fuir le danger qu'a défendre leur territoire ce qui mit en alerte touts ses sens surhumain de dragon et de monstre.      
    Durant la marche un impoli demanda à Brak ce qu'il était et comment il était devenu aussi musclé. Brak était habitué a cette question l'ayant entendu un nombre incalculable de fois et savait que les autres qui n'avait pas posé la question était tout aussi curieux d'en connaitre la réponse. Plutôt que de s'énerver Brak prit le temps de répondre gentiment à la question, et leur dit.

    "Je suis Brak'Trarg un oni-drakyn et si je suis aussi musclé c'est grâce  a toute une vie dans la grande arène d'Ikusa des combats de gladiateurs et de la muscu, la guerre contre les titans puis mon travail au palais exigent le plus haut niveau de muscles et endurance donc pas question de sécher le moindre entrainement. Et si vous voulez au retour et que vous êtes motivé je pourrais vous dire ou vous rendre pour vous entrainer et vous muscler ha ha. "  

    En dehors des questions curieux, Brak lors des pauses se joignait aux groupe de chasseur usant de tout ses sens surdéveloppé de dragon, attaque aérienne et lancer de marteaux, pour traquer et ramener le maximum de gibier qu'il mettait intégralement a disposition du cuisinier des civils et des soldat et la troupe d'élite des serres pourpres.  Brak ne gardait aucune prise pour lui, sachant que le moral de tous était la clé essentielle de la réussite de l'expédition et en tant que grand monstre expérimenté il devait tout faire pour venir en aide au moral général et des civils. en terme de mangeaille Brak se contentait de la ration qu'on lui distribuait montrant l'exemple aux autres. Même si Brak de son coté le supportait très bien tant il était habitué aux régime de séche pour les beaux muscles de bodybuilder et de son expérience de la guerre des titans ou lui et les gladiateurs avait du affronter une quasi famine quand il traversait les région infesté de zombis. SI Brak avait bien des vivres dans ses affaires, il se refusait d'y toucher avant d'y être contraint et même a ce moment là se connaissant il les partagerait surement, mais en attendant tant que les cuistot continuerait de distribuer a tous leur ration Brak n'y toucherait pas.  

    Quand il était au camps Brak donnait le plus souvent un coup de main au jeune homme cornu avec lequel il sympathisait de jours en jours de marche. Lors de leur conversations ou il se racontèrent dans les grandes lignes leur situation respective et parlèrent d'armes, Brak apprit que la jeune gars se nommait, Arkanon et qu'il était gardien du Berceau. SI Brak lui parla volontiers de sa vie à Ikusa, de l'arène et de Hulgash, en revanche il ne lâcha pas le moindre mot sur son vieil ami disparu qui ressemblait à Arkanon.

    Arkanon et Brak formait un duo efficace qui s'entendait bien quand il s'agissait de construire des défense au camp, et de participer aux taches défensives. La tente de Arkanon se trouvait souvent a coté de celle de Brak lors des nuits. Brak avait une tente aussi grande que celle de Deydreus ou presque, mais contrairement à la griffe et aux grand Officers la taille de la tente de Brak n'avait rien a voir avec le grade mais avec la nécessité si bien que Brak allongé en boule à l'intérieur sous ses couvertures il n'y avait plus de place. Brak portait son armure et ses armes toujours fonctionnelle et a porté de paluche, le jour comme la nuit quand il dormait au cas ou une alerte se déclencherait.

    ...

    Un soir, alors que Brak commençait a se mettre dans son nid de voyage, et sortait sa peluche de son sac, il entendit Arkanon venir à sa tente en même temps que le signal d'alerte fourrant rapidement dans le sac sa raie manta en peluche pour que personne ne la voie, Brak sorti de sa tente armes aux poings armure lourde en justice solide sur le dos. Hochant brièvement la caboche en direction de Arkanon, Brak mit son heaume et sur les pas de Arkanon aida un peut les civil a bien se regrouper au milieu du camps le plus en sécurité possible avant de rejoindre une aile du camps armes brandi et tout ses sens surhumain en alerte aux coté de son nouvel ami Arkanon.    

    " Quelque soit la panique que vous avez en vous transformer la en rage et hargne au combat mais gardez l'esprit à la concentration durant combat, l'ennemi si il est comme au Shoumei et Sable d'Or n'e n'aura que faire des craintifs ou des fanfaronades il faut le détruire coute que coute Warhg . "

    Dit Brak aux soldat près de lui qu'il voyait avec un début de panique, de sa haute voix grave de monstre sous son armure et heaume de justice solide brandissant "Drakny" son épée géante de Bronze céleste. Sa phrase terminé c'est épée en main qu'il se tint près de Arkanon, près a en découdre et nourrir Drakny de la chair pourrissante de ses vilains zombis méchant.  


    résumé :

    _ Brak et Arkanon sympatise et font la route ensemble.
    _ Brak avec Arkanon aide aux défens du camps lors des soirées
    _ Brak lors des pauses et quand il le peut va chasser du gibier qu'il ramène aux cuisiniers du camps
    _ Brak le soir de l'allerte va aidez un peu les civils a se mettre en sécurité au milieu du camps
    _ Enfin brak rejoint une ligne de défense aux cotés de Arkanon et tente de rassurer les quelque soldats que Brak voit un peut craintif a cotes de lui
    _ Brak utilise ses sens surhumain de la vue , de l'audition, et de l'odorat a palier 1 , et la nictalopie palier 1 pour la surveillance


    voix et thème de Brak'Trarg:


    Bric à Brak (inventaire de Brak'Trarg:


    [Event] La marche du Vent d'Acier - Page 2 W84111
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  • Mar 19 Déc - 21:18
    A l’instant où le mourant avait expiré et que ses mains exsangues s’étaient crispées contre les plaies immondes de son poitrail à demi-ouvert, les ténèbres avaient commencé à vomir des prédateurs caparaçonnés, carmins et aux crocs de scie. D’abord un, puis deux, puis six…Les Dévoreurs -attirés par la senteur ferreuse du doux nectar de la mort telles les plus sinistres des avettes- encerclèrent le mort, détaillèrent ses plaies avec une démente avidité, puis laissèrent glisser leurs regards sans âme sur la monture blessée du défunt.
    Les plus sains d’esprits parvinrent à marmonner entre leurs dents serrées quelques paroles respectueuses à l’égard du perdu. Sanguin se mit à baver en grattant son visage défiguré et à demi-fondu de ses doigts crochus, se déclenchant quelques nouveaux saignements que personne ne prit la peine de notifier. Kirk rit, ouvertement, lorsqu’on emmena le corps pour le préparer à l’incinération.
    La monture blessée, stressée par l'approche des prédateurs tout autour d'elle, renâcla en piétinant. L'un attrapa ses rênes pour la tirer loin de la zone de chute de son maître. Un autre la contourna pour se pencher sur les traces laissées par ses sabots. La piste, fraîche, aisée à remonter, s’enfonçait vers l'horizon obscur, là où nulle torche ni feu de camp n'éclairait plus rien.
    “-Des horreurs qui marchent.” Paraphrasa la brute accroupie.
    “-Et un éclaireur qui crève.” Compléta l'autre, le ton caverneux de sa voix teinté d'un infime soupçon d'ironie.”Pourquoi ces connards partent dans la nuit, on se le demande.
    -Pour attraper un gros poisson, il faut souvent un gros appât.”
    Ils rirent, tous. Du moins, tous ceux qui parvenaient encore à se concentrer pour suivre une conversation, si courte soit-elle.
    Et puis le silence revint. Les monstres se turent, les yeux braqués vers l'extérieur du camp, la garde levée. L'impatience lisible dans leur regard comme dans leurs gestes. Quoi de plus excitant, après tout, qu'un début de chasse, pour une meute de prédateurs?

    Le début de l’expédition avait été…long. Désagréable. Et bruyant. Les civils ne savaient pas se tenir, pas plus que les mercenaires. La discipline manquait, les tentatives de chapardage se comptaient par dizaine et, pour tout dire, la tentation d’en exécuter un ou deux, pour l’exemple, lui était passée par la tête plus d’une fois.
    Mais les “retombées diplomatiques” et les “mouvements de paniques” qui risquaient de résulter d’une telle action avaient maintenu le bronze divin de la Salvatrice dans son dos. Alors, le jour, sur le chemin, Alasker avait passé le temps en chassant. Il n’avait pas été le seul bien sûr, loin de là, mais clairement le plus sanguinaire. La vie sauvage, au sein de terres si reculées, n’avait que bien peu souvent l’occasion de croiser le chemin de bipède et un tel état de fait suffisait à les rendre aisés à traquer. Le chef des Dévoreurs, assisté par le loup en cage qui partageait son esprit, en avait profité.
    Le reste du temps, Iratus avait observé ses hommes se battre au sein de divers cercles de duels montés pour l'occasion. Au début, des étrangers, attirés par les rires gras, les acclamations et les chants en Shierak-Qiya, avaient été tenté de prendre part aux combats “amicaux” des tueurs écarlates, mais la violence à peine contenue dont ils faisaient preuve, la façon qu'ils avaient tous de s'agiter et de sourire, dès lors que le sang coulait ne serait-ce que d'une égratignure, avait eu tôt fait de repousser tous nouveaux challengers.  Une bonne chose, puisque l'expérience lui avait appris que certains aventuriers souffraient d'une trop grande susceptibilité, en cas de défaite. Susceptibilité qui pouvait s'avérer fatale, en fonction de l'humeur du Dévoreur défié.
    Le temps qu'il ne consacrait ni à la chasse ni aux duels, le Tovyr l'avait consacré à quelques semblants de discussion avec ceux que son sang de loup estimait assez pour ne pas voir en eux de frêles et pitoyables proies. Kahl, Tulkas et bien entendu Deydreus avait tous eu l'honneur tout relatif d'échanger quelques mots avec l'irascible géant d'airain à l'heure du repas, et bien que la plupart de ces échanges pouvaient se résumer par quelques grondements  certains, parfois, s’étaient avérés suffisamment à son goût pour lui déclencher quelques rires aussi mauvais que francs.

    “-Ils rongent leurs os en attendant de pouvoir croquer ceux des autres, évidemment.” Rétorqua-t-il une nuit à Deydreus, alors que le vampire venait le questionner sur l'état général des Dévoreurs. Un gloussement secoua la lourde carcasse de la brute. ”Sanguin mangeait des ronces, l'autre jour. Je vais devoir l'attacher, bientôt. Je sens qu'il approche du point de rupture.” Il se retint d'ajouter “moi aussi, d'ailleurs”, puisque son nouveau grade lui interdisait ce doux rêve qu'était l'impulsivité. “T'es certain que c'était une bonne idée, d'amener tout ce bétail au même endroit? Certains ont l'air de savoir se défendre, mais la plupart…
    Il se stoppa, le temps de croiser un mastodonte vert et son accompagnateur cornu, qu'il connaissait tous deux. L'un, de réputation. L'autre, pour avoir dû écouter les pleurnichements incessants des victimes de son “tir allié”, à Sable d'or. Ses épaules se haussèrent.
    “-Tu vois c’que je veux dire.
    Alors, les deux monstres avaient sourit, silencieusement. Et leur marche nocturne s’était poursuivie.

    Des scènes semblables à cette dernière s'étaient déroulées, lentement, dans une humeur presque bonne, assez en tout cas pour égayer un peu ces mornes et trop semblables journées. Des conversations moqueuses, des plaisanteries bruyantes et grossières dont Kahl avait la signature, quelques-unes, tirant sur la mélancolie, sciant plus à Tulkas et son humeur du moment qu’au reste des Serres…
    Mais l’insupportable attente, les incessants couinements de ceux qui -selon lui- n’avaient rien à faire là, les pépiements abscons de certains “héros” autoproclamés, avaient fini par agacer le cancer aux longues griffes qui grandissait dans son esprit. Pour le contenir, éviter une irruption de colère fatale, le géant d’airain s’était vu, jour après jour, altercations après altercations, pleine lune après pleine lune, contraint de disparaître dans un mutisme inévitable. Chaque lever de soleil entraînait un début de migraine. Et chaque fois que cette impitoyable boule de feu cédait sa place à son amante argentée, la tentation de fourrer son museau au fond d’une montagne de cadavres déchirés se faisait plus forte.
    Le loup et l’homme composant Iratus avaient besoin de quiétude. Une paix, qu’Alasker ne pouvait plus même espérer trouver dans ce sommeil rendu agité par les rêves de chasse et de mort que lui envoyait la bête grattant les parois de son esprit avec la même avidité et la même rage qu’à leurs premiers jours.
    Sur la fin, le géant d’airain s’était surpris à avancer par automatisme, à ne déployer aucun effort pour entretenir autre chose que son propre corps. A grimacer, à chaque syllabes articulées, tant les simples mouvements de sa bouche suffisaient à déclencher des éclairs de douleurs et d’envies meurtrières fouissant à l’intérieur de son crâne cabossé, irritant les parois de son cerveau avide de transformation, déclenchant saignement oculaires, nasaux et buccaux lorsqu’il interdisait au loup de déchirer leur fragile chair d’homme pour revêtir le cuir hirsute d’une forme faite pour tuer.
    La pire des épreuves venait bien souvent au début de chaque soir, après un énième repas sans saveur, ingurgité sans envie, lorsqu’il devait assister -aux côtés de Deydreus- aux sempiternelles réunions et planifications, dans la tente de commandement. Là, les bras croisés, loin de toute source lumineuse, le tueur patientait, impassible, que quelque chose se passe. Qu’on lui donne l’occasion d’éprouver une fois de plus le tranchant de la Salvatrice. De ses hargneuses. De ses gantelets. De ses crocs. De ses mains nues.
    Mais rien ne venait. Rien de plus que d’autres pépiements, d’autres pleurnicheries, d’autres “s’il-vous-plait-ô-très-puissante-griffe-pourrais-je-solliciter-votre-assistance”.
    Jusqu’à ce qu’un soir, enfin…
    “-Alasker?

    ***

    Les passants ne s’écartaient pas, ils bondissaient hors de son chemin. Sa course ne souffrait d’aucune interruption. Les plus têtes en l’air s’écrasaient contre son plastron, avant de partir rejoindre, légèrement sonnés, cette même neige boueuse qu’ils piétinaient depuis des heures. Les Dévoreurs, postés à l’orée du camp, dardèrent sa course et ses accompagnateurs en affichant le même sourire que lui. A leurs pieds, la carcasse d’un cheval trop blessé pour être récupérable finissait de saigner, un poignard dans la gorge.
    “-Alors ça y est, ça commence?” Manda l’un d’eux, lorsqu’ils furent suffisamment proches pour s’entendre malgré le boucan du branle-bas de combat.
    “-Il faut croire.” Répondit Alasker, en se forçant à ralentir pour jeter un oeil au destrier à terre.“Kirk?
    Le concerné, toujours accroupi près de la bête morte, se redressa, les mains couvertes de sang et de viande découpée.
    “-J’me suis dit que ça pouvait pas faire de mal de faire des réserves.”
    Alasker hocha la tête, acceptant l’argument sans s’attarder d’avantage. Du pouce, il pointa Dimitri, dans son dos, pendant que Kahl le dépassait pour aller rejoindre son comparse dépeceur de cheval.
    “-On ramène un souvenir de notre dernier passage à Shoumeï. Pas de commentaires. Et personne n’essaie de lui couper un bout de peau pour voir si ça se revend.
    Il y eut quelques acquiescements sérieux, perdus au milieu des ricanements.
    “-Kahl. Tu prends une torche et t'ouvre la marche avec Dimitri et moi. Les autres, faites ce que vous voulez - pour ce que j’en ai à foutre - mais suivez-nous de près.”Un nuage de vapeur s’échappa de son heaume alors qu’il laissait échapper un soupir de satisfaction. Son regard d’encre se porta sur les empreintes encore fraîches du cheval tombé. “On y va. Ouvrez l'œil. Taisez-vous. Et préparez-vous à tuer tout ce qui n’est pas…Nous.

    ”résumé”:


    [Event] La marche du Vent d'Acier - Page 2 V2j7YdS
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    Kahl
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  • Mar 19 Déc - 22:08
    Après avoir calmé tout le monde, soit par la force des mots soit à grand coup de gifle dans la mâchoire, Alasker avait tourné les talons en laissant sous-entendre que la fête était finie et que les rires comme la beuverie allaient céder place à la rudesse du travail manuel.

    Cessant mollement de cogner sur son torse comme l'imbécile qu'il était, Kahl se contenta de suivre du regard le lycanthrope géant qui disparaissait en fendant la foule. Il était drôlement plus marrant lorsqu'il laissait la bête prendre le dessus sur l'homme, celui-là. Après un long soupir de déplaisir, Kahl redressa un tabouret qu'il avait fait s'écrouler et se mit machinalement à râloter dans sa barbe tout en réparant ses âneries.

    "On peut jamais rigoler, c'est dingue ça quand même... Moi j'suis pas venu ici pour me faire rabrouer toutes les cinq minutes. En fait j'en ai ma claque parce qu'à un moment donné c'est toujours pareil en plus moi hier c'était censé être Kirk qui faisait l'inventaire et pourtant c'est moi qui m'y suis collé..." J'suis une bonniche moi ? Non ! J'suis un héros, par l'Empereur, j'ai occis un Démon moi-même, monsieur ! Il va voir, ce con de chauve, un jour j'me vengerai de sa sale g..."

    Le chant de la bête apprivoisée fut réduit au silence par une glaciale bourrasque et la besogne reprit dans un calme tout relatif. Gorog se moquait éperdument des états d'âme de l'Ogre et avait pour sa part le mérite de ne pas ouvrir sa mouille pour se plaindre de tout et de rien. Alasker avait bien raison de se soucier du moral de ses troupes car si les Dévoreurs savaient se tenir un temps, leurs instincts monstrueux finissaient toujours par les ramener à leurs bonnes vieilles valeurs.



    - * * * -



    Tous ceux qui avaient le malheur de connaître l'Ogre en personne redoutaient cette longue marche en sa compagnie. D'un naturel certes jovial et avenant, il était de part sa grossièreté et sa brutalité extraordinaires un véritable fléau pour les oreilles sensibles et les esprits dénués de patience. Ce fut pourtant à la surprise générale que Kahl, en dépit de toute attente, se montra exemplaire durant les premiers jours d'exploration. Rendu muet et pensif par l'infinie grandeur du paysage gelé qui s'offrait à lui, c'était avec une certaine nostalgie qu'il avait ressassé son passé enfoui lorsque le froid mordant était venu l'envelopper. Sans devenir particulièrement désagréable pour autant, il n'avait donc pas offert à ses pairs le privilège du spectacle de sa bêtise et ce n'était que lorsque venait le temps de tonner les chants guerriers de l'Empire qu'il faisait entendre sa voix ô combien insupportable. Bien qu'il chérisse les plaisirs innombrables que lui permettaient d'acquérir sa richesse bien peu méritée, il se surprenait parfois à ressentir dans le désert impérial un mal du pays tout à fait curieux. L'immensité enneigée, de bien des façons, le ramenait à sa génèse. La vue des Ombragons hurlants, d'ailleurs, ne manqua pas de susciter en lui de vifs sentiments.

    "Sacrés morceaux, pas vrai ?"

    Agrémentant ses mots d'un coup de coude balancé dans la hanche de son compère cornu, Kirk le Drakyn pointait du menton les créatures majestueuses en dévoilant dans son sourire carnassier un grand appétit. Kahl renifla, cracha par terre puis orienta sa vilaine trogne en direction des bêtes, avant de rétorquer avec un rare sérieux :

    "C'est un met qui n'est pas à la portée du premier-venu. Particulièrement difficile à cuisiner."

    "Pardonnez mon impudence, môssieur le grand cuisto'. J'vous savais pas si distingué."

    Le naturel, enfin, fit son retour au grand galop. La provocation de Kirk était si innocente qu'elle n'aurait suscité chez un soldat normalement constitué aucune réaction, mais lorsqu'il était question des deux débiles aux dents pointues, les choses avaient tendance à s'échauffer très vite. Ce fut donc par une calotte derrière le crâne que l'injure fut punie et qu'une riposte similaire fut trouvée, donnant ainsi naissance à une réaction en chaîne somme toute classique. Le concours de claques se mua quelques secondes plus tard en petite bagarre, puis en une échauffourée qui manqua de peu de tourner au vinaigre.

    Fort heureusement, les guerriers furent séparés dans leur esclandre lorsque la Griffe ordonna un contournement des Ombragons. Les deux enfants turbulents oublièrent cet affrontement et se remirent à échanger normalement quelques minutes plus tard. Cette petite anecdote semblait dénuée de toute importance, mais l'œil avisé savait reconnaître lorsqu'il le voyait les prémices d'un échauffement qui pouvait à terme mener au désastre. Il allait falloir donner aux fauves impériaux de quoi passer leurs petits nerfs.



    - * * * -


    "VAS-Y CRAPAUD; TORD LUI LES COUILLES !"

    Les deux masses de muscles se rencontrèrent avec une telle puissance qu'un claquement audible vint résonner au moment de l'impact. Crapaud portait bien mal son nom, puisqu'il était le résultat d'une hybridation batarde entre un homme et un alligator, mais sa gueule sphérique et son bidon rondouillard lui avaient valu ce sobriquet de batracien. Il n'avait pourtant ni la petite taille ni la grâce d'une grenouille et était en vérité aussi grand que l'Ogre du blizzard lui-même.

    "Souviens-toi de l'entraînement Kahl. Tu me le chopes sous les cuisses, prise basse, tu ramènes vers toi. Fais levier, bon sang de merde, fais levier !"

    L'inévitable avait fini par se produire. En l'absence de crânes à fracasser, les Dévoreurs s'étaient naturellement tourné au fil des semaines vers des affrontements en interne. S'il était déconseillé de se foutre sur la gueule au sein même de la compagnie pour des raisons évidentes, les berserkers en armure rougeoyante ressentaient pourtant ce besoin de violence au centuple. Leur interdire de se battre, c'était comme tenter d'enseigner à quelqu'un comment cesser de respirer.

    Bien qu'ils aient cédé à leurs pulsions sauvages, les monstres impériaux avaient au moins eu la décence de faire preuve de respect vis-à-vis de leurs supérieurs. Plutôt que de mener des affrontements s'achevant dans le sang et les larmes, ils avaient eu le mérite d'établir des règles plus ou moins convenables et se contentaient de combattre jusqu'à la soumission ou à la mise à terre.
    Ne pratiquant ces duels de force pure qu'au soir, lorsque les campements avaient été établis, Ils avaient constaté au fil des jours un gain d'intérêt de la part des mercenaires et des civils, au point de faire naître en un rien de temps tout un microcosme fait de paris et de tournois plus ou moins bien organisés.

    Il y eut dans l'assemblée un hurlement plein d'entrain car Kahl venait enfin de trouver une saisie efficace. Dans un râle bovin, il était d'abord parvenu à repousser Crapaud de quelques pas puis, profitant d'un léger déséquilibre de sa cible, il l'avait subitement soulevé de terre et l'avait violemment envoyer rencontrer la neige. Essoufflé, le grand gagnant de ce soir avait ensuite lâché sa proie et s'était mis à lever les poings en exultant sous un tonnerre d'applaudissements et de rugissements grivois. Si sa victoire était absolue, certains semblaient ne pas s'en contenter.

    Un ami de Crapaud vint fendre la foule et pointa le géant azuré du doigt en vociférant :

    "Il triche ! Il utilise sa magie pour gagner !"

    Le concerné pivota pour faire face à l'imbécile ayant eu l'indécence de l'accuser de tromperie, puis il rétorqua suite à l'invective :

    "Croyez-vous vraiment que j'ai besoin d'un coup de pouce pour vaincre de telles lavettes ? N'avez-vous pas foi en ma force ?"

    "TAIS-TOI, TRICHEUR !"


    La courtoisie ayant ses limites, Kahl avait alors fondu sur sa proie mais une poignée de Serres habitués à de tels débordements avaient alors foncé dans sa direction pour retenir cet élan de sauvagerie. Puisqu'il voulait voir ce que permettait la sinistre magie d'un oni enragé, ce petit fripon allait être servi.

    La puissance de l'Ogre, née des arcanes qu'il maîtrisait par on-ne-savait quel miracle, fit son entrée en jeu et, bien qu'il fut stoppé dans sa course pour quelques secondes, Kahl ne tarda pas à braver la résistance de ses propres collègues pour continuer son inexorable avancée en direction du malheureux sur lequel il avait jeté son dévolu. Si beaucoup avaient eu l'imprudence de le croire plus clément qu'ils avaient été jadis, ils allaient avoir l'occasion de découvrir l'immensité de leur erreur. Se visualisant déjà en train de refermer ses crocs massifs sur la sale trogne de l'imbécile qui venait de l'insulter, le colosse des glaces se mit à saliver en émettant un grondement guttural.

    Puis d'un seul coup, Kahl s'immobilisa. Au loin, il venait de croiser le regard d'Alasker que suivait de près un Deydreus visiblement peu enclin aux plaisanteries. Ces derniers le toisaient avec une insistance sans équivoque. Le jeu était terminé.

    Les muscles du colosse contractés par l'afflux de magie sauvage se détendirent doucement et ses grognements se firent plus légers, puis il cessa de résister et se contenta de tourner les talons en pestant dans sa barbe. Repoussant quiconque se mettait en travers de sa route, il disparut dans la nuit gelée pour aller dormir, comme à son habitude, à la belle étoile.

    La tension grimpait.


    - * * * -


    Un signe du destin, enfin !

    Tiré d'une partie de cartes par le tintement des cloches, l'Ogre tendit l'oreille avec attention en s'orientant vers le bruit tel un chien ayant entendu un écureuil. Finalement, son dévolu ne serait pas jeté sur l'un des mercenaires qui lui tapaient sur le système. Les fauves allaient avoir le sang qu'ils méritaient et pour lequel ils priaient depuis de trop nombreuses semaines.

    Il n'avait pas fallu trente secondes pour que les soldats aliénés ne s'agglutinent les uns sur les autres pour partir à la recherche de leur chef incontesté. Caressant le fil de leurs lames ou tapotant leurs massues avec une gourmandise évidente, les sauvageons reikois se préparaient déjà au pire et les habituelles conversations au sujet du futur nombre d'ennemis abattus par l'un ou l'autre reprenaient, l'accalmie de trop longue durée n'ayant visiblement pas suffi à émousser leur colère.

    Deydreus avait pris le temps d'organiser convenablement la riposte et lorsqu'Alasker quitta son frère d'arme pour venir transmettre ses directives à ses fauves, ces derniers se firent plus attentifs qu'ils ne l'avaient jamais été. Il y eut dans la troupe des poignées de mains franches, des sourires carnassiers ainsi que quelques coups de tête administrés pour se donner du courage.

    Les Dévoreurs allaient enfin pouvoir montrer de quel bois ils se chauffaient. Rejoignant Kirk en humant l'air tel un fauve affamé, Kahl comprit sans mal la situation et se serait joint à l'effort de son compère pour rassembler les tripailles du cheval mort s'il n'avait pas été interpelé par le loup en armure pourpre. Ayant bien du mal à détourner ses mirettes de la carcasse sanguinolente qu'explorait les pognes de son copain cornu, l'Ogre consentit tout de même à s'en éloigner un peu pour s'approcher de la tête pensante des Dévoreurs, non sans maugréer :

    "Des semaines de bouillon de lapin... Ca peut pas faire de mal, un peu de bidoche..."

    Lorsqu'un filet de bave se mit à s'écouler de sa gueule entrouverte, un mercenaire curieux lui jeta un regard en biais tout à fait désapprobateur.

    "Quoi ? J'ai faim ! J'ai le droit d'avoir faim, merde !"

    Le regard -littéralement- noir d'Alasker lui rappela qu'on venait de lui donner un ordre, et ce fut donc après un bref sursaut qu'il hocha la tête pour aller piocher une torche déjà flamboyante. Kahl réalisa alors, à l'approche d'une silhouette ne portant pas une armure similaire à la sienne, que le Dimitri dont Iratus venait d'exiger la venue n'était autre que son Dimitri à lui ! Offrant au nouvel arrivant son plus beau sourire, il se rua sur lui et vint l'empoigner en l'enserrant au creux de son coude disproportionné afin de l'accueillir un peu vulgairement certes, mais avec joie.

    "Dimitri ! Voir ta p'tite trogne de vagabond taciturne me remonte le moral ! Comment il va depuis l'temps, ce tombeur ! AH ! Ca nous rajeunit pas hein ?"

    Faisant fi de l'aspect sordide du contexte et de la présence du cadavre à moitié éventrée de la bête se trouvant non loin d'eux, Kahl semblait profondément enjoué à l'idée de retrouver son compagnon, qu'il n'avait pas eu l'occasion de recroiser depuis la quarantaine qui avait suivi leur excursion chez tonton Puantrus. L'un des Dévoreurs, évidemment, ne manqua pas de siffler :

    "C'est ton p'tit ami ? Il est à croquer."

    Foudroyant son collègue du regard, Kahl relâcha le pauvre Dimitri et posa son immense main griffue sur le crâne de ce dernier, le secouant un peu sans même s'en rendre compte tout en beuglant :

    "Ce type-là, c'est un gars en or ! Tu le respectes, sinon j'te massacre ! C'est bien compris ?"

    L'interessé avait déjà tourné les talons et préparait son armement sans prêter attention aux propos du géant à crinière. Kahl pivota pour observer à nouveau le visage de son camarade du RSAF, puis il lui marmonna :

    "T'en fais pas mon Dim-Dim, ils sont vilains comme tout, ils puent, mais ils sont pas si méchants. C'est comme moi, 'faut juste apprendre à les connaître. Concernant mon chef, évite juste de le regarder trop longtemps dans les yeux. C'est comme un gros chien vois-tu, il pourrait prendre ça pour de la provoc'. Allez champion, on décampe ! EN PISTE, BANDE D'INCAPABLES !"

    Il gratifia un Dimitri déjà bien malmené d'une claque dans le dos qui se voulait encourageante, puis il dépassa le gaillard pour s'orienter vers la tête du groupe. Décrivant quelques moulinets avec sa torche tout en humant l'air à la recherche d'une trace olfactive à flairer, Kahl ressemblait à s'y méprendre à un gosse à l'approche des fêtes.

    Avec un peu plus de dents et de cornes, juste.
    Et vachement bleu, aussi.

    Résumé:
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    Dimitri Chagry
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    qui suis-je ?:
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  • Mer 20 Déc - 10:28



    ☾ ⋆  ☾ ⋆ ☾ ⭑ ☽ ⋆ ☽ ⋆ ☽

    Le rythme de chacun n’était pas le sien. L’ombra évoluait dans la neige avec peine la journée et le reflet du soleil dans celle-ci le fatiguait. Il avait de net préférence pour évoluer la nuit, cela même si les montagnes étaient habités. Il savait qu’il était difficile de lutter contre sa nature profonde. Il avait appris, soigneusement enfermé dans une bulle compacte d’isolement. Son esprit se remémorait en boucle les événements récents en même temps que ses sens fouillaient l’immensité neigeuse. Il repensait à ce qu’il pourrait gagner en débarrassant cette vermine des terres glaciales. L’or à foison, quitte à s’y noyer un jour.

    Ses yeux clairs se levaient lors de quelques interactions humaines pour satisfaire son entourage et pour rester ancré un peu dans la réalité. Il s’était attendu à la rudesse du voyage, et s’était accroché à la singulière chanson à l’avant, qui semblait parler de sa mésaventure avec l’assiette. Ses pensées lui arrachèrent un sourire, surtout qu’il trouva la poésie fort distrayante.
    Il n’avait pas trouvé utile de s’excuser et de partir dans de longues explications, et il ne le ferait pas même après s’il se faisait reconnaître par le barde en question. Un frisson le saisit alors qu’il rabattait sauvagement sa capuche qui se faisait la malle encore une fois. Le vent à cette hauteur était envahissant. Il s’engouffrait si bien dans les vêtements, qu’il se demandait s’il n’aurait pas mieux fait de s’emmitoufler dans le sac du grand baraqué vert. Il savait qu’il passait dedans avec son mètre quatre-vingt. Ni vu ni connu, l’ombra se serait bien glissé là-dedans pour s’y réchauffer par commodité. Mais son poids le trahirait.

    Il prendrait son mal en patience. Ses anciens souvenirs étouffés par mille cris et douleurs lui rappelait que dans le monde d’où il venait, il faisait presque froid dans cette nuit éternelle. Alors, il résisterait et suivait le pas.

    Au passage des deux ombragons, son regard se figea sur les créatures reptiliennes. Sauvages et territoriales, il était rare qu’elles s’éloignent de leur lieu de vie privilégié à moins d’y avoir été forcées. Un mal profond habitait ces montagnes, sinon pourquoi cette expédition de longue haleine aurait été montée ? L’ensemble du groupe avait même inscrit buffet à volonté avec les civils. Il se demandait de quelle façon ils allaient les protéger, lui n’y croyait pas. Une voix à ses côtés le surprit, son regard se tourna vers la jeune femme dont il avait reconnu la voix doucereuse.
    Parfois, il avait du mal à remettre un visage dans une situation, cela même s’il avait vécu des moments forts avec. Son esprit abîmé avait tendance à effacer certaines personnes de son existence. Mais il était difficile d’oublier l’aura de cette femme-là. ᅳ Effectivement, attrayant, mais redoutable. Tu as une recherche à faire sur les archontes ou autres créatures de la mort pour perfectionner ton art ? Il eut envie d’ajouter maléfique mais s’abstient. Ses compétences seraient très utiles dans le cadre de cette mission. Elle n’était pas là pour rien.
    Cette unique rencontre avait été suffisante pour comprendre les arcanes que cette femme chérissait. Elle ne s’en était pas cachée et s’était même sentie agacée par sa réaction de répugnance.

    Dimitri s’était demandé de quelle façon le corps de l’armée allait contourner les deux bêtes de dix mètres bien décidées à camper sur ce territoire. S’approcher de ces deux ombragons serait un suicide absolu en ce début de mission mais il n’était pas là pour donner quelconque indication. ᅳ À ce propos, ils ne sont pas dans leur milieu naturel, ils leur arrivent de divaguer sur la terre ferme mais quand ils ont un but à poursuivre. Ils ne s’éloignent pas autant des lacs en temps normal, car ce sont les lieux où ils préfèrent chasser. Souffle-t-il avec une inquiétude à peine visible. Le fait qu’ils soient proches de la civilisation l’inquiétait moins.

    L’immobilité était la pire des plaies. Il était nécessaire de bouger autant que possible et de renforcer les barricades quand cela étaient nécessaires. L’ombre avait suivi les directives sans discuter. Bien encadré, chaque bras fut utilisé pour sécuriser le campement et nourrir l’ensemble du groupe. Dimitri ne partagea pas ses rations, mais chassa lorsqu’il fut réquisitionné. Les jours et les semaines défilèrent, mais cet ennui profond ne l’accabla pas autant que certains des voyageurs. Le froid mordeur était plus dangereux pour son esprit que l’attente interminable que le sang vienne couvrir la poudreuse. Le sang de qui ou de quoi ? Son sixième sens lui soufflait qu’il le saurait bien assez tôt. Le Reike n’aurait pas mobilisé du monde sans résultat car cela coûterait à la nation.

    Il cala sa tente au milieu de celles d’un groupe d’orcs, leurs haleines chaudes et détériorées lui apporta un peu de confort. Dans chaque coin, un début de mutinerie grondait. Les faibles pliaient sous la colère. Certains gueulaient au vol, d’autres se contentaient de voler la ration des autres.
    Le son d’un cor résonna plus loin, très vite une nouvelle agita les différents camps. Le chasseur, plus habile la nuit que le jour était déjà debout, guettant les mouvements des troupes, écoutant les nouvelles. Un éclaireur était revenu expirer un message avant de partir pour un monde vide et glacé.
    Un informateur était venu le recueillir pour une mission d’une autre nature en lui donnant des indications précises sur le lieu à rejoindre immédiatement. Une mission en extérieur, au cœur de cette nuit blanche, n’était pas de refus. Il faisait fi du danger qui rôdait dehors, davantage concentré sur l’objectif qu’on lui donnerait. Sur le chemin, il récupéra un peu de poix, le liquide goudronneux se retrouva dans l’une de ses fioles. Pour une mission en extérieur, cela pourrait servir à révéler quelques cibles mouvantes. En arrivant aux abords du camp, l’ombra laissa courir son regard sur les visages délicats des dévoreurs et reconnut sans mal ceux de la peste obscure. Un simple mouvement de tête ferait l’affaire pour les saluer, même s’il ne put retenir un sourire en apercevant Kahl la bave coulant de sa mâchoire face au cheval dépecé. Il ferait tâche au milieu de ce rassemblement. Dimitri annonça sa présence auprès d’Alasker, qui le présenta de la meilleure manière qui soit à son groupe aux goûts singuliers.

    ᅳ Certains ont déjà essayé, aucun n’est devenu riche. Jugea-t-il utile de préciser en tirant son écharpe sur la moitié de son visage au moment même où une arabesque dorée décidait de se faire la malle sur sa joue. Inutile de préciser que la peau perdait de sa superbe quand on la découpait. Sinon, jamais ce chercheur fou ne l’aurait vendu et Dimitri ne serait pas devant ces visages d’ange.
    C’est ce moment que choisit Kahl pour se ruer sur lui, il n’eut pas le temps de fuir cet écrasement qu’il se retrouva bloqué par la force brute de l’oni bleu. Il manqua d’air quelques secondes, tapa sur le dos de la bête pour qu’il le lâche, mais c’est à peine s’il sentit cette caresse. Bien qu’il soit satisfait d’avoir un colosse pareil dans ses contacts, il n’en restait pas moins peu friand du contact physique. ᅳ Je suis aussi ravi de te revoir Kahl. Tu n'as presque pas changé. Ce dernier le lâcha une seconde avant de jouer avec sa tête pendant qu’il incitait ses amis à ne pas lui faire de mal. Combien de temps des êtres vivants normalement constitués survivaient dans ce groupe ? Il entendit un léger craquement, signe que l’ogre avait peut être remis quelque chose en place sans faire exprès. Il pouvait le lâcher maintenant ? Il secoua la tête, serra les sangles de son sac pour suivre le mouvement. Cette démonstration brutale d'affection le rendait presque attachiant dit donc. S’il ne répondait pas à toutes les répliques de Kahl, il prenait silencieusement tout en considération. Ne pas regarder dans les yeux le chef de meute, compris. Une violente quinte de toux plus tard, un suggéra dans un bref sourire : ᅳ Mais si tu pouvais éviter de me décoller un poumon avant d’aller courir, ce serait adorable.
    Sa régénération cellulaire était plus rapide, mais elle n’était pas instantanée. La chaleur de la torche passa sur son visage alors qu’il s’avançait vers la tête du groupe. Son regard s’habitua à la nuit lugubre qui se profilait. Sa nyctalopie percerait les détails de cet océan noir. La mort pourrait venir de sous la neige, de la cime des arbres ou de front. La nuit promettait d’être agitée, mais ce dont le chasseur était certain, c’était que les dévoreurs ne feraient pas dans la demi-mesure et qu’il pourrait s’en donner à cœur joie également.


    Spoiler:


    Codage par Magma.

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    qui suis-je ?:
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  • Mer 20 Déc - 12:40
    Installée sur un rondin de bois, les pieds tendus en direction du feu autour duquel ces sièges de fortune avaient été installés, je dégustais l’horrible bouillon servi par cuisiniers dans lequel je trempais une de mes rations de survie afin de conférer au liquide repoussant et opaque un semblant de consistance et de goût. Chaque gorgée me faisait grimacer davantage mais au moins ce repas rudimentaire avait l’avantage de remplir l’estomac.

    “ Beurk… ”

    Si le trajet se déroulait étonnamment bien et que l’expédition progressait bon train à travers les cols enneigés, nos recherches de l’Archonte s’avéraient jusqu’à présent infructueuses et la lassitude du trajet commençait à se faire ressentir, chez les civils, bien évidemment, mais aussi parmis les militaires et aventuriers mercenaires. Le spectacle des deux ombragons batifolant dans les landes paraissait déjà bien loin et l’excitation de l’aventure avait bien vite laissé place à une morosité et une fatigue bien palpables.

    Durant les semaines de voyage, si je n’avais pas tant sympathisé avec d’autres compagnons d’infortune, j’avais au moins eu le temps d’enregistrer les noms des têtes “pensantes” (façon de parler évidemment) de l’expédition et d’apprendre ceux dont il ne valait mieux pas encombrer le chemin, dans tous les sens du terme. Pour le reste… il avait suffit de briser un nez ou deux pour faire comprendre aux autres que si je ne m’étais encombrée que d’une petite tente, ce n’était pas pour la partager avec le premier abruti congénital des dunes venu. Cela n’avait toutefois pas découragé les plus insistants d’entre eux et il ne passait pas un jour sans que je ne sois contrainte de tordre un poignet après qu’une main un peu trop baladeuse ne se soit aventurée sur les mauvaises plates-bandes.

    Aussi, autant pour me défouler que pour me réchauffer, je m’étais découvert une “passion” pour la découpe du bois, autant pour en faire des bûches pour le feu que pour la consolidation des barricades qu’il nous fallait mettre en place autour du campement à chaque arrêt que nous faisions. Dégager la neige, creuser un fossé, élever la palissade et aménager des latrines, tel était devenu mon quotidien. J’avais au moins l’impression de me rendre utile, les soirées passaient vite et après une bonne transpirée, je trouvais plus aisément le sommeil.

    Ce ne fut cependant pas le cas cette nuit-là. Une violente crampe dans le bas du ventre, signe que mon cycle menstruel menait son cours normal, m’avait tirée de ma torpeur et après avoir essayé à peu près toutes les positions possibles et imaginables afin de soulager mon inconfort, en vain, j’avais pris la décision de me relever pour prendre un repas chaud, espérant que la douleur passe en mangeant. Je me retrouvais donc là, à contempler le bout de biscuit à la viande et aux céréales se dissoudre lentement dans le potage de patates comme mon courage durant cette expédition.

    “ Putain, quelle idée à la con cette expe… ”

    C’est à ce moment là que le calme très relatif du camp fut bousculé par le retour du contingent d’éclaireurs, ou du moins ce qu’il en restait. La dépouille de l’unique survivant fut ramenée au milieu du campement et immédiatement une foule aussi curieuse qu’apeurée s'agglutina autour du pauvre bougre gisant dans une mare de son propre sang. Heureusement, les chefs de l’expédition ne se laissèrent pas désarçonner et très rapidement, des directives aussi précises que concises fusèrent à l’attention de chaque corps présent. L’alerte était donnée, il n’y aurait définitivement pas de repos cette nuit.

    Secoué par un soudain branle-bas de combat, le cantonnement était en proie à un chaos propre à la désorganisation humaine. De toutes parts, des ordres étaient aboyés par les gradés dans l’espoir de canaliser les civils accourant jusqu’au centre du camp et les mercenaires qui n’en faisaient qu’à leur tête. D’abord ballotée dans tous les sens comme un bovidé pris dans une tornade, je parvins à me ressaisir pour finalement rejoindre les palissades aux côtés des forces reikoises et une poignée de mercenaires. Les Dévoreurs étant les seuls autorisés à explorer les environs, nous campions sur nos positions sur nos positions, armes sorties, sondant en vain du regard les ténèbres infinies des nuits du Nord. Au bout d’un moment, et tout aussi soudainement que la panique s’était emparée du camp, un pesant silence de plomb s’imposa parmi les défenseurs en poste.

    On laissa passer les pisteurs chevronnés et bestiaux menés par le démon bleu dénommé Kahl dont les talents pour la traque n’étaient plus à démontrer. Si même eux venaient à se laisser surprendre alors je ne donnais pas cher de notre peau à tous. Le calme fébrile dut brisé par deux mercenaires à ma droite qui ricanaient dans leur barbe en dévisageant les profils particuliers de ces soldats.

    “ Regarde-les, pour certains on arrive même pas à distinguer la monture du cavalier ! ”

    Son compagnon manqua de s’étouffer.

    “ M’est d’avis qu’ils doivent avoir la même odeur en tout cas ! ”

    Un violent coup de coude dans les côtes vint leur arracher leur sourire idiot du visage.

    “ Fermez-la abrutis, ils ont l’ouïe plus fine que n’importe quel troufion de base comme vous ! ”

    Je jetais un coup d’oeil en direction des silhouettes peu à peu englouties par la pénombre.

    “ Je mettrai ma main à couper que certains vous ont entendu. Si c’est le cas, je ne donne pas cher de votre peau. ”

    Un épais nuage de buée s’échappa d’entre mes lèvres alors que je soupirais.

    “ Enfin, s’ils reviennent… ”

    Les deux idiots déglutirent à l’unisson et on ne les entendit plus faire le moindre bruissement.
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  • Jeu 21 Déc - 19:16
    Très rapidement, l’expédition se mit en branle et nous pûmes entreprendre notre odyssée à travers les étendues gelées du Grand Nord. Ironiquement, même si je ne désirais pas être reconnue parmi les miens, ce fut un peu la mort dans l’âme que je quittais ma terre natale pour m’engager, une fois encore, dans l’inconnu. Alors que les autres janissaires prenaient le pas des autres membres de cette compagnie, je restais un long moment le regard tourné vers les portes de Melorn. Bien que je fusse résolue à terrasser les séides des Titans et à protéger cette ville qui représentait tout à mes yeux, un puissant sentiment de nostalgie m’envahit durant quelques instants et certains souvenirs de mon enfance me revinrent en mémoire. Pourtant, ces derniers furent très vite occultés par une certaine forme d’anxiété. Oh ! Non pas vis-à-vis de la tâche qui nous incombait, bien que j’eusse quelques réserves quant à notre réussite au vu de certains détails. Non. Mon émoi était plus diffus…plus étrange. Je n’aurais su le qualifier avec des mots pour être tout à fait honnête, mais, pour faire simple, j’avais la désagréable impression que plus jamais je n’aurais l’occasion de parcourir les rues et les canaux de Melorn…que plus jamais je ne pourrais poser mes yeux sur cet ultime témoignage de la grandeur de notre civilisation et de notre Empire.

    Était-ce parce que j’allais, fort probablement, rencontrer un terrain favorable à un décès prématuré ? Non. Cela faisait depuis presque 100 ans que la guerre demeurait mon seigneur et la mort, ma maîtresse. J’avais conscience de ma mortalité et des aléas propres non seulement aux champs de bataille, mais également à ma condition de janissaire. À chaque mission, j’avais une épée de Damoclès et cela ne me troublait guère. En revanche, j’ignorais quelles seraient les conséquences de notre expédition vis-à-vis de Melorn. Une voix désagréable me susurrait en mon for intérieur que cette campagne n’était peut-être au fond qu’une diversion voire même un moyen de nous affaiblir pour mieux frapper ensuite. Si j’avais été une ennemie, je n’aurais pu choisir un meilleur plan. Je ne doutais pas que la Griffe avait possiblement songé à cette éventualité. Cependant, celle-ci demeurerait qu’une simple hypothèse jusqu’à ce que nous trouvions l’antre de nos adversaires. Je soupirais longuement. Que ce fût contre les Titans ou bien contre une armée conventionnelle, la réalité demeurait la même : l’information était une ressource précieuse dont on ne disposait que rarement.

    Une tape sur l’épaule m’extirpa de mes pensées. Mon regard se porta dès lors sur une de mes consœurs janissaires qui m’intimait d’un signe de tête de suivre le mouvement. Ainsi, jetant un dernier coup d’œil vers Melorn, je murmurais ces simples mots avant de me mettre en marche en réajustant mon sac et mon carquois sur mon dos :


    « Ave atque vale… »

    Puis, sans me retourner, j’entrepris de prendre la position la plus adéquate au sein du convoi ce qui ne fut guère difficile. Au regard de mes prédispositions, je savais qu’il me fallait rejoindre le centre de notre formation pour ainsi être en mesure de scruter les environs et d’agir de la manière la plus efficiente possible avec mon yumi. Ceci dit, je n’ignorais pas qu’il y avait fort peu de chances que notre équipée subisse un assaut quelconque aussi tôt. Nous étions bien trop proches de Melorn pour cela. Néanmoins, je fis ce que l’on attendait de ma personne et contemplais du regard l’horizon en veillant à rester au plus près de mes camarades archer au sein du corps des janissaires. Certains en profitèrent d’ailleurs pour entamer une conversation dont la nature m’indifférait totalement. Non que leur compagnie me soit particulièrement déplaisante. Il est vrai que certaines « recrues » récentes n’étaient pas sans me poser problème étant donné qu’il s’agissait d’anciens serviteurs des Titans soit d’anciens ennemis. Toutefois, tous n’appartenaient pas à cette catégorie. Je jugeais, tout simplement, que nous aurions largement le temps de tous fraterniser plus tard. En cet instant, je n’avais pas le cœur à apprécier une telle ambiance…

    Ainsi, pendant ce qui dut être des heures, je demeurais murer dans mon silence même si je manquais de peu de perdre patience. Dans mon malheur, j’eus la joie durant un « court » laps de temps de subir les élans artistiques d’un minuscule musicastre verdâtre situé non loin de notre position. Or, celui-ci avait un talent certain…celui de parvenir à composer d’entrée de jeu des notes particulièrement discordantes. Étant visiblement doté d’un penchant pour la dissonance sonore à mon sens, il joua ou plutôt tortura son instrument pendant ce qui me parut durer une éternité. La moindre note qui parvenait jusqu’à ma personne avait le don de meurtrir mes oreilles ô combien sensibles qui, par réflexe, se courbèrent quelque peu de douleur, mais aussi d’agacement. Si cette odyssée se poursuivait en compagnie de ce croque-note, je jurais, à défaut de pouvoir le faire taire, de lui apprendre ce que le mot chanté signifiait véritablement ! Fort heureusement, le hasard fît que je n’eusse pas à supporter plus longtemps cette tentative ô combien raté de toucher la grâce si ce n’est le divin même si je ne pus m’empêcher de m’interroger. Comment des hommes et des femmes avaient pu l’encourager à user de son instrument ? Cela me dépassait. À croire qu’ils avaient les tympans percés ma parole !

    Alors que nous poursuivions notre chemin dans la neige, je pris soin de réajuster ma capuche sur ma tête ainsi que mon chèche afin de demeurer bien au chaud. Le froid et le vent qui l’accompagnait commençaient à se faire ressentir. Ce n’est d’ailleurs par sans un soupir d’aise que je serrais, dans chaque main les deux escaufailles que j’avais dans mes poches. Contrairement à une partie de cette compagnie, je ne risquais pas d’avoir des engelures aux mains même si je m’inquiétais quelque peu pour mes longues oreilles qui dépassaient allègrement de ma coiffe. Profitant pleinement de ces deux ustensiles, je contemplais les environs jusqu’à ce que deux ombres mouvantes au loin m’interpellent. Au vu de leur forme, et comme je pus en avoir la confirmation quelques instants plus tard, il s’agissait de deux ombragons. La présence, certes éloignée, de ces deux créatures me poussa à affermir ma poigne autour de mon yumi. Voir ces lézards vicieux aussi proches de Melorn ne me réjouissait guère contrairement à d’autres personnes au sein du convoi.

    Par le passé, j’avais déjà eu le « plaisir » d’en rencontrer un et je ne tenais absolument pas à revivre une telle expérience. Non que la taille de ces habitants des mers du Nord ait pu m’impressionner. Tant s’en faut. En revanche, ils avaient un sale caractère. Non seulement ces bêtes constituaient de redoutables prédateurs, mais en plus ils étaient particulièrement territoriaux. Mieux valait éviter de s’en approcher de trop près… Rien qu’à l’idée que nous pûmes nous retrouver sur leur territoire, un frisson glacé me parcourut l’échine. Je me représentais encore très bien le sort de ceux qui, lors des mes escapades dans cette partie du monde il y a de cela un siècle, se risquaient à les provoquer. Étrangement la perspective de me retrouver, en un claquement de doigts, transformer en un bloc de glace me paraissait peu plaisante. Mieux valait les éviter même si la présence de deux d’entre eux, en ces lieux, me paraissait être des plus étranges. L’éthologie n’était pas un domaine dans lequel je m’illustrais…mais…que faisaient-ils ici ? Aussi proche de la civilisation, cela n’avait aucun sens ! Pour qu’une espèce puisse accepter de migrer de manière aussi radicale, et ce au mépris de la présence d’autres espèces, cela ne pouvait signifier qu’une chose voire même deux : soit ils avaient été chassés de leurs terres soit, encore ils n’avaient plus de proies à leur disposition pour se sustenter et ainsi survivre. Pour le bien de cette expédition, il valait mieux espérer que ma seconde supposition fût erronée auquel cas nous risquions de connaitre quelques menus déboires qui se révéleraient particulièrement déplaisants…

    Sur ces entrefaites, nous continuâmes notre route durant un certain temps, et ce alors que la décision fût prise de contourner ces deux lézards…


    […]

    Les heures firent place aux jours qui se métamorphosèrent en semaines comme je l’avais craint au début de notre odyssée. Comme on aurait pu s’y attendre, le moral était en berne, et ce depuis de multiples lunes déjà. Le froid et l’ennui avaient eu tôt fait d’échauder les esprits. Un rien suffisait à provoquer une querelle. Pour l’heure, fort heureusement, les subalternes de la Griffe dont un qui ne m’était pas étranger depuis notre rencontre fortuite au sein d’une taverne de Kyouji - rencontre au cours de laquelle mon visage avait malencontreusement épousé une table – étaient parvenus à gérer les différents problèmes avec plus ou moins d’adresse ce qui, au vu des circonstances, n’était guère aisé. En effet, bien qu’une armée en campagne connaisse son lot de déboires et d’esclandres, cela n’était rien comparé aux turpitudes des civils et des mercenaires. Je n’enviais ni Tulkas, ni Deydreus en cet instant.

    En vérité, j’étais sans nul doute la personne la moins exaspérée par le caractère routinier que revêtait notre quotidien. Il est vrai que je demeurais inquiète cependant. En effet, la perspective de rester aussi longtemps dans ces terres inhospitalières me rendait quelque peu anxieuse. L’ennemi ne s’était toujours pas montré et, même nous disposions de suffisamment de ravitaillement, la nourriture que nous avions entreposée dans les différents charriots s’amenuisait peu à peu. Certes, pour l’heure, il n’y avait nulle matière à s’inquiéter. Mais si l’expédition se prolongeait…cela risquait de devenir très rapidement préoccupant surtout si le temps se montrait particulièrement inclément. À croire que nos adversaires n’existaient pas ou qu’ils attendaient, tout simplement, que les membres de cette expédition soient exténués, las, affamés, victimes de l’hiver éternel de ces terres et surtout suspicieux des uns des autres pour agir… Une telle tactique aurait été des plus judicieuses. Il suffisait de capitaliser sur le temps et notre défaite était certaine…mais à trop patienter l’ennemi pouvait faire une erreur.

    En dépit de cette inquiétude qui demeurait quelque peu omniprésente dans mon esprit, je n’éprouvais pas les mêmes désagréments que mes infortunés compagnons de route. J’y trouvais même une certaine forme de quiétude tant, si l’on exceptait les circonstances ainsi que l’environnement dans lequel nous évoluions, j’avais le sentiment de renouer avec une partie de mon passé. En effet, ayant déjà visité une partie de ces contrées et ayant dû gérer des hommes, j’avais une certaine ascendance sur les autres janissaires dont je n’avais pas hésité à pleinement tirer parti pour satisfaire mes ambitions. Il n’était nullement question ici d’échapper à ma condition d’esclave de guerre, mais plus d’organiser mes homologues de la manière que je jugeais être la plus efficiente. Après tout, notre métier n’était-il pas de faire la guerre ? Par conséquent, afin de ne pas nous reposer sur nos lauriers et de ne pas nous laisser bercer par une langueur des plus monotones, je pris plusieurs dispositions.

    La première fut probablement la plus difficile en comparaison du reste. Bien que nous fûmes tous des janissaires, les détails de nos « incorporations » respectives étaient pour le moins différents. Qui plus est, nous ne provenions pas du même milieu ni n’avions pas la même expérience de la guerre. Pire encore ! Nous étions, pour certains, des étrangers les uns envers les autres. Il était impératif de remédier à cela. Pour qu’un corps d’armée soit efficient, il était nécessaire que ses membres soient coordonnés. Dès qu’un ordre était donné, ces derniers devaient se mouvoir comme un seul homme. En somme, notre groupe devait faire preuve de cohésion. Même si nous étions sous le commandement de certains représentants des Serres Pourpres, certains de leurs membres avaient probablement une piètre opinion de nous. Ne parlons même pas des mercenaires ou des civils en provenance du Reike et de Melorn et qui voyaient en nous de simples pions qui pouvaient être sacrifiés tant nos existences étaient futiles et qui n’hésitaient pas à afficher ouvertement leur dédain à notre égard. Nous ne pouvions donc compter que sur nous-mêmes. Aussi fallait-il souder notre groupe…

    …ce que j’entrepris de faire en mettant à profit chaque homme et chaque femme. Tout comme la Griffe l’avait fait pour l’ensemble du convoi, j’essayais d’organiser des représentations au sein du secteur qui nous était alloué autour d’un bon feu de camp. Nombreuses furent les soirées où nous partageâmes des histoires, parfois personnelles, et ce en rompant le pain ensemble. Ces quelques moments étaient pour le moins intimiste et ils permettaient à tous, si le cœur lui en disait de faire une confidence ou de nous témoigner d’un quelconque talent. Bien évidemment, je dus faire le premier pas en dévoilant notamment mes déboires au sein de ces contrées sauvages quand je n’étais encore qu’une jeune elfe inexpérimentée. Je sus mettre en scène ma petite révélation, et ce d’une manière à laquelle mes collègues ne s’attendaient certainement pas et qui les fît réagir aussitôt mon « exploit » conté. Non sans une certaine malice, alors que je veillais à la cuisson de la chasse du jour, je leur avais relaté à tous qu’au commencement de mes aventures, j’avais rencontré quelques menus problèmes. Toute ma vie, ma mère avait voulu faire de moi une militaire émérite qui, à sa mort, reprendrait le flambeau et dirigerait la maisonnée Inviere. Or, ma génitrice n’avait jamais pris soin de m’apprendre à cuisiner correctement au point qu’à l’issue de ce qui fut ma première chasse en solitaire, je n’avais accompli un prodige à nul autre pareil : rater totalement la cuisson de mon repas et en subir les affres.

    La réaction de mes compagnons suite à cette confidence fut des plus spontanées. Ils eurent tôt fait de me remplacer aux fourneaux au prétexte qu’ils désiraient me « soulager » quelque peu ce qui m’arracha un bref rire. Cette entrée en matière fut la cause pour ainsi dire du rapprochement lent, mais progressif des janissaires entre eux. Nous ne faisions pas que des confidences lors de nos veillées nocturnes, il nous arrivait parfois de démontrer nos talents aux yeux de tous. Certains savaient danser, d’autres imiter des cris d’animaux voire des voix de personnes. Pour ma part, j’eus le loisir de m’adonner au chant en certaines circonstances, plus par obligation que par réel plaisir tant faire usage de ma voix de cette façon me rappelait des évènements que je préférais enfouir au plus profond de mon âme meurtrie.

    La création d’une telle harmonie passa également par la division des janissaires en plusieurs escouades qui se relayaient en fonction des tâches qu’il y avait à accomplir et des spécialités de chacun. Ainsi nous autres archers étions bien souvent dévolues à la chasse lorsque l’on nous en donnait la permission. Bien évidemment, j’essayais de répartir, le mieux possible, nos ressources pour que personne ne se retrouve plusieurs fois affecté au même poste. Ainsi, par rotation, nous dûmes tous, à un moment ou à un autre, aider à l’édification du camp et de ses défenses, au creusement des latrines, à la préparation du repas – même si mes compagnons firent le maximum pour m’en éloigner – et aux tours de garde. Mieux encore ! N’étant pas sans savoir que la lassitude était le pire ennemi du soldat, je veillais à ce que les esclaves de guerre les moins expérimentés ou les moins adroits puissent, lorsque nous montions nos tentes, s’entrainer en recevant de la part des vétérans parmi nos rangs des conseils si ce n’est des leçons. Cela ne valait pas un véritable entrainement à la caserne, mais cela avait le mérite de préparer un tant soit peu les recrues les moins adroites.

    Oh ! Nous eûmes cela dit notre lot de soucis. Tout ne fut pas rose. Pourtant, certains comportements pour le moins répréhensibles eurent le don de contribuer à notre rapprochement. Après tout, quoi de mieux pour rapprocher deux adversaires que de les charger de creuser les latrines ensemble en insistant bien sur la profondeur de celles-ci ? À défaut de les amuser, une telle tâche avait le don de les liguer contre la personne ayant édicté une telle punition et contribuait en certaines circonstances à les souder. Dans le fond, le seul véritable problème que nous rencontrâmes était inhérent à notre condition d’esclaves. Même si l’esclavage classique avait été aboli par l’Empire, certaines habitudes restaient tenaces chez quelques Reikois, notamment chez les mercenaires. À leurs yeux, tout comme la caste servile lorsqu’elle existait encore, les janissaires étaient perçus comme des meubles dont on pouvait disposer à sa guise. Nombreux furent ceux qui tentèrent d’approcher les membres du Beau Sexe présentes dans nos rangs, moi y comprise, dans l’espoir de s’adonner pleinement à un comportement des plus licencieux.

    Bien qu’il ne m’appartenait pas de décider pour les personnes qui m’accompagnaient si oui ou non, ils pouvaient passer la nuit en galante compagnie, je n’affectionnais qu’assez peu l’idée que l’on puisse vouloir nous « forcer » la main sous prétexte que nous n’étions que des « janissaires ». Aussi, pris-je le risque de faire un rapport en ce sens à ma hiérarchie et d’encadrer un peu plus nos séances de toilettes. Car oui ! Ce fut l’une de mes préoccupations. Je n’ignorais pas que la crasse et les maladies étaient les pires ennemis pour une armée en campagne. Par conséquent, je veillais au grain sur la santé de mes homologues en insistant bien sur le fait de remplacer leurs bas-de-chausses et de faire sécher ces derniers au-dessus du feu. Dans un tel climat, il était impératif de conserver les extrémités des pieds et des mains au sec sous peine de souffrir d’engelures qui, si elles n’étaient pas traitées, occasionneraient des amputations. Je dus, d’ailleurs, moi-même surveiller mon état en massant, le plus souvent possible, mes longues oreilles effilées qui n’appréciaient qu’assez peu la rigueur de l’hiver de ces contrées sauvages.

    En ce qui concernait la toilette, ironiquement, ce n’était pas un problème même s’il valait mieux être doté d’une résolution sans failles pour s’y adonner à mon sens. À défaut d’avoir à notre disposition des cuviers, nous avions de la neige à perte de vue…que nous sussions très rapidement mettre à contribution en la faisant fondre ou en nous en servant directement pour nettoyer nos corps. Contrairement à certaines de mes camarades, et pourtant dieu sait à quel point j’accordais de l’importance au fait de prendre un bain, j’éprouvais une rare réticence à l’idée de subir ce que je qualifiais aisément de punition divine si ce n’est de châtiment. J’avais horreur du froid et l’eau ne demeurait jamais chaude pendant suffisamment de temps sur ma peau nue qui se retrouvait, pour ainsi dire, livrée aux affres d’un froid ô combien mordant. Si, durant ces semaines j’avais éprouvé un seul caprice, cela aurait été celui de me rendre dans la tente de commandement de la Griffe qui à coup sûr avait à sa disposition un cuvier. Qu’est ce que je n'aurais pas donné pour profiter d’un bon bain chaud !

    En certaines occurrences, il m’arrivait de quitter brièvement les autres janissaires pour m’isoler tant les moments que nous partagions me rappelaient ceux que j’avais pu vivre avec mes anciens camarades alors que je menais une tout autre vie et que plus jamais je ne reverrais. Aussi, durant ces instants, j’en profitais pour me rendre chez les Dévoreurs avec mon carnet et de quoi écrire pendant qu’ils s’adonnaient à des combats dans des cercles de duels. J’avais entendu de nombreuses rumeurs sur les personnes qui les composaient et éprouvais une certaine curiosité à leur égard. Non que je voulusse les rejoindre. Tant s’en faut. Si j’en croyais les quelques histoires qui circulaient à leurs sujets, leur manière de se comporter au combat était aux antipodes des miennes ce dont j’eus rapidement la confirmation au cours des diverses journées qui s’écoulèrent où j’eus notamment le «privilège » de voir ce qui semblait être un oni bleuâtre - bien que la taille de ses crocs et son allure, pour le moins simiesque, me firent douter de cette assertion – étaler un prénommé Crapaud qui, au regard de son apparence bedonnante et de son visage joufflu portait bien son nom.

    Même si les hurlements de la foule associés à ceux des Dévoreurs ne furent pas sans me provoquer une céphalée, je regardais attentivement leurs échanges si tant est que ce qualificatif puisse être employé à cet égard. J’assistais aux débordements que suscita cette altercation qui fut, à ma grande surprise, réglée sans que le sang ne soit versé. Tout ceci me laissait songeuse. Pour quelle raison ? Tout simplement car je n’arrivais pas à comprendre les Dévoreurs. Ils me faisaient l’effet d’être des barbares belliqueux dont la force brute n’était égalée que par leur agressivité et leur fureur. En un sens, ils incarnaient une anomalie dans le domaine tactique que je m’employais à tenter de disséquer en annotant scrupuleusement ce que je voyais sur mon carnet.

    Sur le champ de bataille, il n’était pas rare que certains soldats s’adonnent à la sauvagerie soit parce qu’ils avaient sombré dans la folie, soit parce qu’il s’agissait d’une composante de leur nature soit encore parce qu’il s’agissait d’une arme destinée à faire vaciller le moral des ennemis. Toutefois, chez eux, cette propension à la violence semblait s’exprimer en toutes circonstances au point qu’il me paraissait que la notion même de retenue, à défaut de leur être étrangère, leur était douloureuse. Ils étaient, pour ainsi dire, presque soumis à leur nature profonde ce qui, ironiquement, faisait de ces hommes et de ces femmes, les personnes les plus honnêtes et les plus pures en ce monde. Néanmoins, au-delà de cette considération, je m’interrogeais sur la viabilité de tels combattants au sein d’une armée. Ils étaient impétueux et n’avaient visiblement pas peur des défis. Pour les diriger, il paraissait clair qu’il fallait avoir une main de fer dans un gant de fer auquel cas jamais ces grognards n’accepteraient d’obéir à des ordres. Cette donnée était somme toute relative tant l’on pouvait appliquer ce raisonnement à n’importe quel corps d’armée.

    En revanche, si ce que je voyais d’eux depuis des jours, au loin, s’avérait juste, ces briscards pouvaient s’avérer une épine dans le pied. Lors d’un conflit, il n’était pas rare que la situation devienne chaotique. Néanmoins, il fallait veiller à ce que celle-ci ne devienne pas hors de contrôle. Or que se passerait-il si des soldats ayant une psyché similaire à celle des Dévoreurs assouvissaient totalement leurs désirs ? Ne rendraient-ils pas la situation encore plus chaotique ? N’iraient-ils pas jusqu’à tuer leurs propres alliés tant ils seraient aveuglés par leur amour du sang versé ? N’empêcheraient-ils pas leur légat d’appliquer sa stratégie ? Mais d’un autre côté, de par leur nature chaotique, ne pourraient-ils pas renverser le cours d’une bataille ? Ne pourraient-ils pas faire reculer l’ennemi qui serait terrorisé face à un adversaire aussi résolu à les empaler voire à les dévorer ? Étaient-ils un atout ou bien un handicap ? Je ne parvenais pas à le déterminer et avais un avis assez peu objectif en la matière. Que ce fût en tant que capitaine, mais aussi en tant qu’esclave de guerre, je croyais profondément dans la notion de discipline. C’est, à mon sens, ce qui permettait à une armée d’être efficace. Il devait, sans doute, exister un moyen pour domestiquer et enchainer une violence aussi exacerbée pour en faire un outil des plus acérées…

    Un point était certain : face à l’un des membres des dévoreurs, je ne faisais clairement pas le poids. Aussi, je me tenais assez loin pour ne pas attirer leur attention ni leur ire. Quand bien même, nous fûmes alliés, il était préférable de ne pas tenter le diable. Et puis…je doutais qu’ils aient pu m’enseigner une quelconque tactique ou artifice que je serais susceptible d’employer à mon tour…du moins pas sans me casser la moitié des os qui constituaient mon anatomie…

    Du fait du temps qui s’enfuyait, mon carnet eut tôt fait de se remplir sans que pour autant je ne parvinsse à trouver une réponse satisfaisante à mes questionnements ce qui était quelque peu frustrant. J’en venais même à en réfléchir la journée, tout en veillant à surveiller les alentours au cas où une menace surgirait… Hélas ! Le seul péril que guettèrent mes sens au cours de nos pérégrinations, fut d’ordre sonore et en provenance, une nouvelle fois, de nos rangs. Afin de défier l’ennui et de remonter le moral des membres du convoi, les soldats des Serres Pourpres avaient entonné un chant des plus galvanisant, et ce en elfique. Même si j’appréciais le choix de la langue, le rythme de ce cantique ne trouva guère totalement grâce à mes oreilles. Pour autant ce n’était pas faute d’avoir un chœur des plus convainquant. Il n’y avait presque aucune fausse note et des efforts de prononciation étaient même effectués par certains. Malheureusement dans ce domaine, j’étais un brin plus classique. Quitte à donner du cœur aux hommes et marquer la cadence, j’avais une préférence pour les battements incessants des tambours. Mais c’était un avis éminemment personnel qui n’entrait pas en ligne de compte, eut égard à l’effet positif que cela avait sur les membres de notre équipée. En vérité, je me surpris même, au bout d’un moment, à prononcer certaines paroles à force de les entendre. Après tout, que nous fûmes janissaire, Serres Pourpres, mercenaires ou civils, nous étions tous dans la même merde blanche…


    […]

    Baillant à m’en décrocher la mâchoire, je m’apprêtais à sortir de ma tente pour prendre mon tour de garde lorsque j’entendis un cor sonner. Visiblement, un de nos éclaireurs était revenu. N’étant guère surprise étant donné l’aspect routinier qu’incarnait désormais cette nouvelle, je rassemblais tranquillement mes affaires. Pourtant mon ouïe eut tôt fait de m’alerter d’un problème. En effet, ce retour anodin n’en était pas un. Je pouvais percevoir de l’agitation propre à une atmosphère des plus tendues. Les cheveux hennissaient de manière nerveuse du fait de l’agitation humaine. Des ordres étaient criés. Des armures s’entrechoquaient et des épées étaient tirées de leurs fourreaux. Les feux de camps, pourtant calmes, crépitaient désormais plus intensément alors que des bûches sont ajoutées pour produire davantage de lumière. Je pouvais même percevoir quelques murmures inquiets parmi les soldats et les civils qui se déplaçaient d’un pas pressé dont le rythme frénétique contribuait à ce brouhaha constant qui acheva de pleinement me réveiller. A en croire, mes sens, le camp était en alerte et nous allions, probablement, subir une attaque.

    Ne perdant pas davantage de temps, je sortais de ma tente en prenant soin de vérifier la présence de mes armes et de mon carquois et allais à la rencontre des janissaires en faction dans notre secteur et qui réveillaient leurs camarades qui tout comme moi, devant un tel tintamarre nous rejoignirent très vite pour savoir quelles étaient les raisons de ce branle-bas de combat. Comme je l’avais perçu quelques minutes, plus tôt, un éclaireur était revenu. Cependant, son arrivée ne s’était pas faite sans encombre. A peine avait-il eu le temps de délivrer son message qu’il avait succombé à ses blessures. D’après son rapport, si j’en croyais ce que m’affirmaient mes homologues, nos ennemis se dirigeaient vers notre position. Aussi l’alerte générale avait-elle était donnée. De nouveaux ordres nous furent d’ailleurs transmis par les sergents d’armes.

    La Griffe avait ordonné de compartimenter le camp en quatre grands secteurs, d’aider à la préparer de la défense du camp, d’escorter les civils et les logisticiens vers le centre du camp, de verser de la poix dans les sections prévues à cet effet et d’organiser les archers ce dont je pris acte sur les champs, préférant ne pas perdre une seule seconde de plus. Je pris aussitôt la parole pour m’adresser en vitesse à mes homologues dont j’avais la charge.


    « Vous avez entendu les ordres. À l’exception des archers, vous vous divisez en plusieurs escouades, vous partez vous mettre en faction dans les différents secteurs et vous tenez vos positions. Je compte sur vous pour vous sortir les doigts du cul et faire en sorte d’aider aux préparatifs. Pour le reste, vous savez quoi faire. Rien ne doit passer. La première abomination ou bestiole qui passe vous me l’empalez ou vous l’envoyez valdinguer à coup de boucliers en direction de la République ou de l’autre côté de ces montagnes, peu m’importe.» Je désignais quelques archers du doigt dont le profil et les capacités s’apparentaient aux miens. « Vous vous rendez chacun dans un secteur différent et vous prenez place sur une tour de guet ou tout autre promontoire de ce camp pour guetter l’arrivée des ennemis et donner l’alerte le cas échéant. Les autres, vous pouvez rejoindre les archers des Serres. Ils ne refuseront pas un coup de main. »

    À peine formulais-je ses ordres, que je me rendais vers la tour de guet la plus proche de mon secteur et qui, ironiquement, était située pile à l’endroit où notre compagnon avait connu sa fin. Montant le plus rapidement possible sur cette « tour » qui s’apparentait plus à quelques morceaux de bois amoncelés à côté d’une palissade, j’eus à peine le temps de voir les Dévoreurs partir se mettre en chasse vers l’inconnu. Dieu seul savait si nous les retrouverions en vie le lendemain. La nuit risquait d’être longue. Toutefois, je ne m’attardais pas sur eux plus que de raison, j’agrippais mon arc, rabattais ma capuche blanche sur ma tête et contemplais l’horizon en usant de mes prédispositions pour percer ce manteau d’encre qui nous entourait étant donné qu’il faisait encore nuit noire. Bien que j’en aie également la possibilité, je préférais restreindre mes capacités visuelles pour ne pas m’épuiser inutilement. De fait, mon regard ne pouvait scruter l’horizon que sur une centaine de mètres. Pas plus. Au vu des circonstances, c’était largement suffisamment. J’en profitais aussi pour tendre l’oreille au loin. Après tout, abomination ou pas, une force armée en marche n’était pas nécessairement des plus discrètes. C’était même plutôt l’inverse à mon sens. Aussi, nous disposions d’un certain avantage en la matière. Plus que le nombre, la tactique de nos ennemis reposait, pour l’assaut de notre camp si tant est qu’il ait lieu, essentiellement sur l’effet de surprise. Or, si une armée parvenait à faire fi de ce dernier, les chances de victoire de l’ennemi s’en trouvaient fortement réduites…à moins d’avoir un atout dans sa manche.

    Au regard des détails fournis par les vétérans de Sable d’Or, il n’était pas impossible que cette carte maîtresse réside dans le nombre de « pions » mobilisables par l’ennemi. À défaut d’avoir une tactique viable, il pouvait très bien tenter de submerger nos défenses grâce à ses effectifs. Ce n’était certes pas original, mais en l’absence de fortifications et d’une véritable logistique, il s’agissait d’une option tout à fait envisageable. À choisir, pour ma part, si j’avais été une ennemie, j’aurais songé à une tout autre manœuvre. À l’instar de ce qui s’était passé, j’aurais, sans nul doute, laissé mon adversaire pénétrer sur mes terres un certain temps afin que celui-ci soit suffisamment loin de ses alliés et que ses voies de ravitaillement soient trop étirées. Ensuite, au moment opportun, une fois que ces personnes hostiles subiraient les afflictions du froid et de la lassitude, je frapperais. Je commencerais par éliminer la majeure partie des éclaireurs et en laisserais un revenir parmi les siens pour témoigner…et je n’aurais pas attaqué. J’aurais procédé de cette manière pendant un certain nombre de jours afin d’épuiser ces hommes, de diminuer leur moral et de les rendre irascibles pour qu’ils soient plus prompts à faire des erreurs. Dès lors, je n’aurais eu qu’à entamer la bataille.

    Mais notre ennemi avait-il projeté de mettre sur pied une telle astuce ou bien nous étions-nous suffisamment rapprochés de son territoire pour obtenir une réaction de sa part. Impossible de le savoir à moins d’obtenir des informations précises. En somme, la suite des évènements dépendrait non pas de notre survie à cette nuit, mais plutôt de l’expédition des Dévoreurs et de leur rapport. Encore fallait-il espérer qu’ils ne passent pas de vie à trépas, auquel cas, nous nous exposions à des ennuis de proportions homériques.

    Soupirant, j’écartais ces pensées d’un battement de cils et me concentrais pleinement sur la tâche qui m’incombait en demeurant bien droite depuis ma position et en empoignant d’une main mon arc qui était posé contre moi afin d’être en mesure de le saisir rapidement et d’encocher une flèche pour abattre l’ennemi si celui-ci venait à se présenter à notre porte. Pour le moment, je ne percevais aucune menace à l’horizon. Je ne discernais que les contours furtifs des plaines enneigées qui nous entouraient. Quelques reflets lunaires offraient un peu de luminosité, mais elle n’était guère suffisante pour permettre au commun des mortels de saisir les détails de ce paysage constellé de blanc. Pour ma part, je parvenais, sans peine, à relever les creux, les élévations et les différentes autres caractéristiques de la topographie du milieu au sein duquel nous évoluions. Mes oreilles quant à elles ne percevaient rien. Du moins si j’exceptais les bruits propres à notre campement. À croire que les alentours étaient plongés dans un silence pour le moins assourdissant. Certes quelques cris lointains d’animaux nocturnes pouvaient se faire entendre, mais ils étaient trop ténus et trop peu pour briser pleinement la « sérénité » de ce lieu. Ironiquement, la neige présente tout autour de nous m’offrait potentiellement un atout. Étant donné que la surface à guetter était des plus étendues, la présence de ce névé me permettrait de surprendre le moindre déplacement du moins en théorie. Après tout, nous avions eu à loisir le temps de remarquer au cours des dernières semaines que la neige avait une fâcheuse tendance à craquer dès lors que l’on mettait le pied dedans… Nos ennemis n’avaient aucune idée de ce qui les attendait. Qu’ils osent venir, ils allaient pouvoir enfin faire notre connaissance… et ils n’allaient certainement pas apprécier.
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    "La mémoire est une forme d’immortalité. La nuit, quand le vent se tait et que le silence règne sur la plaine de pierre scintillante, je me souviens. Et tous revivent. Les soldats vivent. Et se demandent pourquoi..."
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  • Dim 24 Déc - 3:42
     
    La marche du Vent d'Acier
    Event


    [Côté dévoreurs]

    Avançant dans le froid, la tête de peloton, composée de Kahl, Dimitri et bien sûr Alasker, ne se heurta à aucune opposition avant un long moment. Seul pouvait être entendu le cliquetis de leurs armures se mêlant au pas lourd de leurs destrier. Le souffle des hommes qui suivaient non loin leur chef palpitait d’excitation. Chaque seconde, chaque pas, accentuait la tension étouffante qui survolait le groupe. Les traces que remontaient les éclaireurs étaient agrémentés de gerbes de sang, colorant la neige immaculée. Remarquant qu’il y avait de plus en plus de sang, nos héros purent se rendre compte que l’homme avait tiré sur ses dernières forces pour atteindre le camp, le fait qu’il ait pu annoncer à Tulkas la venue d’un danger relevait du miracle. Quoi qu’il en fût, ces traces carmines étaient bien pratiques car le blizzard semblait se lever comme attendant le groupe restreint. La vision se faisait de plus en plus mauvaise et le froid devenait dangereux au point d’engourdir les montures les plus robustes. Les traces disparaissaient peu à peu à contrario de l’odeur du sang, portée par la tempête.

    Évidemment, ce n’était pas suffisant pour endiguer la marche des éclaireurs qui semblaient avoir attendu plus que de raison l’opportunité de pouvoir enfin verser le sang.
    La marche continua quelques minutes, menée par ceux qui possédaient un odorat supérieur avant d’être frappés par une odeur que beaucoup auraient jugé intenable, celle de la décomposition avancée d’un grand nombre de corps.


    Semblable à la pourriture qui ronge les champs de batailles n’ayant pas été nettoyés, cette odeur semblait pourtant se déplacer, allant à l’encontre de groupe. Puis rapidement, les bruits de pas se joignèrent à la fragrance irrespirable, créant une macabre symphonie discordante. Désordonnés, lents, irréfléchis. Ce n’était pas un petit régiment qui avançait vers le groupe, mais bien une véritable armée.
    Et finalement, les premières lueurs percèrent l’obscurité et le blizzard. Nos héros arrivèrent au sommet d’un bassin à l’intérieur duquel s’élevait un mont se perdant dans les secrets du ciel obscur. De nombreuses torches vacillaient en contrebas et un dévoreur manqua de glisser s’il ne fût pas rattrapé in extremis par Alasker ou Kahl. Le bassin était large et les pentes gelées. De toute évidence, il ne serait pas aisé d’en ressortir une fois engouffré à l’intérieur.
    Ils purent également retrouver les autres explorateurs et leurs montures qui n’eurent pas la chance de rentrer au camp. Certains avaient glissé le long de la paroi tandis que d’autres étaient morts à quelques mètres du groupe. Les blessures ressemblaient à des traces de griffures profondes ou de morsures. Les malheureux avaient sans doute été surpris par l’obscurité et quelque chose en avait profité.

    Plissant le regard, les éclaireurs purent néanmoins mettre le doigt sur ces choses qui marchaient en direction du camp. Un amas de corps désordonnés en putréfaction, armés de torches pour quelques-uns, ou d’armes couvertes de rouille pour d'autres, avançaient d’un pas lent et douloureux dans un long grognement ineffable. De tels adversaires n’étaient pas un danger pour le groupe d’éclaireur en temps normal, néanmoins, alors que le groupe commença à les compter, ils se rendirent rapidement compte que l’armée qui venait de prendre vie sous leurs yeux dépassait d’au moins trois fois en valeur numérique, l’expédition du Vent d’acier. Et toujours plus semblaient sortir du mont central, apparaissant sans la moindre pause.

    Evidemment, un stratège avisé comprendrait facilement qu’en toute logique, s’il était difficile pour nos héros de remonter le bassin, il en serait de même pour leurs effroyables opposants. Toutefois, alors que les premiers décérébrés arrivèrent sur les pentes du bassin, voilà qu’ils commencèrent à marcher dessus. Pratiquement à la verticale. (Un senseur magique y décèlera une puissante magie provenant de l’intérieur du mont et reliée à chacun de ces êtres infâmes.)

    Heureusement, nos héros eurent une part de  chance dans leur malheur. Les morts semblaient certes affluer sans répit et rien ne semblait arrêter leur progression, toutefois, ils étaient d’une lenteur risible. Les éclaireurs n’auraient pas à être inquiétés d’être rattrapés.

    A moins que…

    D’un coup, une large main couverte d’épines, aux longues griffes couvertes du sang des explorateurs, emergea du sol pour attraper Kahl à la jambe. Plantant ses griffes dans la chair, une masse informe commença à émerger de la neige. Un amas de plusieurs corps, mutilés et cousus entre eux, commençait à prendre vie juste sous leur pied.

    Les dévoreurs qui accompagnaient purent prévenir leur chef que deux autres commençaient à prendre vie derrière eux.
    Puissants et rapides, ils n’avaient rien à voir avec l’armée infinie qui avançaient inlassablement, si bien qu’ils étaient déjà aux prises avec les éclaireurs. Au total de trois et avoisinant les deux à trois mètres selon le nombre de corps cousus, ces horreurs se jetèrent sur le groupe. Un dévoreur en blessa une mais cette dernière ignora la blessure qui ne semblait lui prodiguer nulle douleur.

    Le moment tant attendu par les bêtes du Reike venait de frapper à leur porte.

    [Côté camp]


    Les ordres avaient été donnés et chacun s’activaient en donnant tout son possible.
    Les civils, tout d’abord terrifiés pour la plupart, entendirent les mots encourageant de ce gobelin qui n’avait eu de cesse d’apporter un sentiment chaleureux au sein de la marche avec ses chansons. De plus, nos héros avaient réussi lors de la marche à créer un véritable sentiment de cohésion entre les simples civils et les forces armées. Que ce soit par le travail assidu de Tulkas durant les jours passés pour créer un sentiment de groupe, la bonne humeur enfantine de Brak’trag ou encore la diplomatie infaillible dont avait su jouer Arkanon pour casser dans l'œuf les prémices d’un débordement.

    Personne n’avait réellement été blessé durant le voyage et à part quelques écarts, les civils s’étaient rapprochés des militaires, se liant même parfois d’amitié.
    C’était sous une seule et même bannière, celle du Vent d’acier, que ces derniers commencèrent à s’écrier qu’il était impossible qu’ils restent comme des brebis égarés à attendre pendant que ces hommes et femmes avec qui ils avaient partagés ces derniers jours à braver le froid et la fatigue, mettent leurs vies en jeu.

    Ils n’étaient pour la plupart pas des combattants, mais ils étaient tous prêts à mettre la main à la patte. Que ce soit en préparant des défenses, prodiguer des soins de fortunes, apporter du matériel d’un coin à l’autre durant la bataille. Les soldats n’avaient qu’à ordonner, et ils agiraient. En plus de cela, s’il y avait bien une chose que l’on ne pouvait retirer aux peuples du Reike et de Melorn, c’était bien leur fierté. Ils étaient prêts à vaincre ensemble ou bien trépasser ensemble, comme un seul homme.

    Un soldat remonta rapidement à la griffe que le soutien inconditionnel des civils lui était acquis et qu’ils étaient prêts à tout pour se rendre utiles.

    Plus loin, des cris de guerre fusaient à plusieurs endroits du camp alors que dans une danse méthodique, chacun se posta, prêt à recevoir une potentielle attaque.
    En seulement quelques minutes, les défenses étaient prêtes, de toute évidence, peu importe ce qui se cachait dans l’obscurité, ces choses n’étaient pas prêtes à faire face à l’efficacité reikoise.

    Un silence pesant commença à s’installer sur le camp, chacun se tenant aux aguets.

    Puis une flèche fût décochée. Puis une autre. Et encore une. Guidés par Vaesidia qui visiblement avait su préparer les janissaires, ces derniers furent les plus réactifs à faire abattre une véritable pluie d’acier dans l’obscurité. Un cri de fureur mêlée à l’agonie d’une bête se fît entendre au loin. Les plus nyctalopes pourront y apercevoir un ombragon, à ceci prêt que ce dernier semblait couvert de pustules violacées.

    Un cri se fît alors entendre du côté opposé auquel était parti le groupe d’éclaireurs. Plusieurs ombragons contaminés, montés par des cavaliers à l’armure arborant le sigle de l’ancien empire elfique dont il était impossible de distinguer le visage faute au casque, tentaient une percée.

    Les soldats semblaient tous prêts à recevoir ces erreurs de la nature. Du moins, si un cri de détresse ne prévenait pas d’un nouveau malheur.

    —”Le sol ! Ils sortent du sol ! Faites attention ou-” Le malheureux n’eut pas le temps de terminer sa phrase car une main l’empoigna par la jambe. Une abomination, une concentration de corps s’éleva hors du sol pour l’utiliser telle une massue sur d’autres soldats pris aux dépourvus.

    —”Ils sont à l’intérieur ! Aux armes !”

    Un peu plus loin, Vaesida, perchée sur son promontoire, put apercevoir quelques larges chauves souris de la taille de poneys, perçant les cieux et se rapprochant dangereusement du camp. Ces dernières semblaient agoniser constamment et tout comme les ombragons étaient parsemées de ces mêmes pustules écoeurantes.

    Pour ne rien arranger, un bataillon réduit de soldats elfiques vraisemblablement tirés d’un autre âge, avançaient de manière ordonnée, se protégeant avec des boucliers et portant des armes de qualités.

    Il était grand temps pour les hommes et femmes de la Marche de prouver à ces titans et leurs créations que le Sekai leur appartenait.

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    Deydreus Fictilem
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  • Dim 24 Déc - 14:48


    La calme avant la tempête. Le silence précédant les hurlements. Entouré de ses quelques conseillers et officiers de liaison, Deydreus observait la nuit obscure qui entourait le camp. Le mal avançait, le vampire en était certain. Il le sentait. Dans ses tripes. Dans le regard de tous les hommes qui l'entouraient. Les différentes forces de défense s'étaient mise en place avec une rapidité certaine. Tous, ici, souhaitaient participer à la manœuvre et assister les militaires dans la protection du campement. Même les mercenaires, qui auraient pu la jouer "peureuse" se mirent en place. Après tout, la survie de tous dépendaient de leur discipline et obéissance. A leurs efforts communs.
    Et puis, filant aux travers des quelques flocons de neige voletant dans l'air, une nuée de flèches s'élança dans l'abime nocturne pour venir faucher ce qui semblait être un ombragon réanimé. L'assaut était lancé. Le camp, attaqué. Et les premiers morts.

    - Des chauves souris! D'autres ombragons! Une brèche dans la défense, une créature est sortie du sol! D'autres ennemis, là bas! Ils semblent organisés!

    Le chaos tentait de s'installer. Tout comme à Sable-d'Or. Tout comme à chaque bataille. Mais le chaos, Deydreus s'en nourrissait. Déployant ses deux épées jumelles, le chevalier à l'armure noir beugla ses ordres à ses lieutenants afin qu'ils ordonnent aux différents groupes de protection de se mettre en place.

    - Que les barricades s'embrasent! Que la Mort vienne récupérer les créatures qu'elle a rejeté sur ce monde!

    Les relais furent alors fait. Un groupe serait chargé d'abattre l'abominable créature étant sorti de la poudreuse. A l'instar des goules à Sable-d'Or, cette immondice avait probablement usé d'un tunnel ou creusé suffisamment longtemps pour arriver jusqu'aux lignes de défenses. Peu importait, à présent, le sang avait coulé, et bientôt cette abomination retournerait dans les abysses d'où elle venait. Par ailleurs, la notification des chauve souris, des ombragons et du bataillon protégé impliquait qu'ils avaient affaire à autre chose que des créatures décérébrés. Ainsi, la présence d'un Archonte, ou tout du moins la magie de X'O-rath, était confirmée. Ils avaient donc fait bonne route, car celle-ci les menait en enfer. Pourtant, un sourire glissa tout de même sur les lèvres du chef des armées. La guerre. La guerre était de nouveau présente.

    Le reste des groupes se forma aussi rapidement grâce aux différents officiers de liaison qui allèrent former ces derniers et transmettre les ordres de la Griffe. Les janissaires archers, soutenus par une dizaine d'archers Serres Pourpres viendraient prêter assistance à Vaesidia dans l'élimination des volants approchant le campement. Tulkas lui se chargerait de "la bataille de front" avec qui il le souhaitait pour défaire les macchabés approchant de manière ordonnée. Le garde royal présent, mandaté par quelques soldats, devrait pouvoir s'occuper aisément de l'abomination qui venait de perturber leur position. Pour le reste, les lignes de défenses ainsi que les barricades enflammées devraient pouvoir contenir la menace morte-vivante.

    - Et pour les ombragons?

    Un flottement, tandis que deux ailes membranées venaient se placer dans le dos du chevalier à l'armure d'ébène. Puis, alors que la cape de ce dernier venait choir au sol, il tourna la tête vers l'officier l'ayant questionné.

    - Je m'en charge.

    *
    *  *


    Depuis les airs, la Griffe pouvait observer facilement le camp et ses défenses. En temps normal, le bretteur aux lames jumelles aurait dut user de sa nyctalopie pour voir ce qu'il se passait mais, grâce aux multiples torches et à la ligne de barricade enflammée, le vampire n'avait aucun mal à voir les différentes zones d'actions et les menaces approchantes. Suivant ainsi les mouvements de ses troupes, l'être aux yeux vairons observa ensuite les Serres Pourpres venant lui prêter assistance. Une ligne de défense à pied, maniant lances et hallebardes pour pouvoir percer les éventuels ombragons qui parviendraient jusqu'aux lignes de défense. Tout en autorisant aux fantassins une allonge non négligeable vis à vis du grouillot réanimé qui s'élançait dans l'obscurité. Pour le reste, les dix autres arbalétriers noir et sang qui n'étaient pas avec la janissaire vinrent s'installer sur des petits talus afin de cribler de carreaux les créatures qui approchaient. Bientôt, les cinq entités macabres étaient aussi discernables que si elles étaient venues se présenter au campement en pleine journée. C'était là, que les premières salves furent décochées.

    - Visez les cavaliers!

    Le but n'était ainsi pas de juste abattre les ombragons avec ces traits. Mais de les gêner. De crever éventuellement leurs yeux, et d'empêcher les cavaliers de voir ce qui approchait. Et Deydreus leur réservait quelque chose de particulièrement violent. Rangeant Silence dans son fourreau, le vampire laissa le mana parcourir son corps. Telle un océan déchainé, ce flux constant de magie s'écoula rapidement au travers de son corps pour se déverser dans les cieux, assombrissant les nuages déjà enténébrés par la nuit. Bientôt, de fines gouttelettes commencèrent à tomber. Des gouttes non pas faites d'eau, mais de sang. Et dans le ciel, un grondement. Sourd. Profond. Comme un orage approchant.  

    - Tu souhaites voir ce qui t'attend, X'o-rath? Tu veux tester notre hargne? Laisse moi te montrer, faux dieu.

    Le ciel se déchira alors, révélant au campement, ainsi qu'aux macchabés approchant l'étendue du pouvoir qui se déchainait sur eux. Depuis les cieux, Deydreus venait de pointer de sa dextre griffue et ensanglantée les cinq créatures abjectes et puissantes qui avançaient. Les condamnant ainsi à sa juste fureur. Si les gouttes sanglantes qui tombaient n'avaient aucune propriété particulière, elles ne tombaient pas car elles avaient été spécifiquement invoquées par le chevalier sombre. Elles tombaient, car elles étaient produites par ce qu'il avait crée. Descendant des nuages, façonné par la magie du vampire et rugissant dans les cieux, un gigantesque dragon vermillon filait dans les ténèbres. S'il n'en avait pas la même taille, Deydreus avait spécifiquement façonné la créature pour qu'elle ressemble presque au dragon impérial. Un symbole de violence, de fureur et de justice qui se jetait à présent directement vers les ombragons approchant.

    - Que s'abatte sur vous la fureur de l'Empire.

    [Event] La marche du Vent d'Acier - Page 2 PMrgjUB


    La gueule du dragon sanglant s'ouvrit dans un nouveau rugissement qui fit trembler l'air autour. Tous, peu importe d'où ils étaient, purent voir et entendre la créature sanguine que le vampire déchainait contre les immondices qui osaient venir s'en prendre à eux. Le but de la manœuvre était simple: renvoyer ces monstres dans l'abîme, emportant si possible au passage les morts qui les accompagnaient. Et, dans le pire des cas, de leur infliger suffisamment de dommages pour qu'ils ne soient plus une menace pour le campement. Descendant donc en direction des ombragons, la création sanguine du vampire s'y écrasa dans un fracas immense, tandis que sa gueule ensanglantée venait engloutir les créatures abjectes aux pustules violacées.

    Ainsi, la première riposte du Reike se lançait de la plus violente des manières. Un symbole, fort, puissant, prévu aussi pour rassembler les soldats plus bas, rassurer les civils, et faire comprendre à l'ennemi qu'ils ne se rendraient pas. Il n'y aurait que la Mort. Pour l'Empire, ou pour les enfants de X'o-rath.

    Et dans tout ce chaos, Deydreus ferait en sorte qu'ils en sortent tous victorieux.

    Résumé et utilisations des pouvoirs  (tour 3):


    [Event] La marche du Vent d'Acier - Page 2 Sgnz7nO

    " Vous, dont la liberté n'est possible que grâce à la rigueur d'âmes plus pures que la votre, ne vous croyez pas libres, vous n'êtes que protégés. Votre liberté est un parasite, vous vous appuyez sur l'énergie des hommes honorables et n'offrez rien en retour. Vous qui avez apprécié la liberté et qui n'avez rien fait pour la mériter, votre heure est venue. Cette fois vous devrez combattre seuls. Maintenant, vous allez devoir payer votre liberté passée de votre sang et de votre sueur. Car il n'y a pas de paix, seulement la Guerre. Et lorsqu'elle se montrera, elle n'épargnera personne. "

    Apparence des épées de Deydreus:


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  • Dim 24 Déc - 15:03
    - Aux armes Serres Pourpres ! La guerre que nous attendions tant est enfin à nos portes !

    Rugissait le Luteni dans sa panoplie de guerre, un fléau d’armes dans la main droite et la bannière de Coeurébène dans la main gauche. L’ennemi était enfin là, des semaines de marche et d’anticipations qui arrivaient enfin à leurs fins. Plus de longues marches, plus de moments perdus à devoir diriger les civils comme le ferait un berger avec du bétail. Plus de temps perdus à compter encore et encore combien de boisseaux de grains il restait, plus d’intendance. Non, les affaires courantes des Serres Pourpres revenaient sur le devant de la scène ; la guerre.

    Une armée impie retournait la neige sous leurs pas, dans une marche silencieuse vers les fortifications depuis lesquelles guettaient les janissaires sous le commandement de l’Elfe qu’il avait croisé, il y a maintenant semble-il une éternité.

    C’était le sifflement de leurs flèches, les « Décochez ! » hurlés par leurs officier et les étoiles filantes qui illuminaient le ciel avant d’atteindre des cibles bien trop lointaines pour que le Luteni ne décèle réellement l’efficacité des impacts. Puis, c’est comme si la réalité elle-même s’était mise à vibrer tandis que des rugissements lointains imposèrent, l’espace de quelques battements de cœur, le silence sur le camp. Des cavaliers surgis des décombres du passé, chevauchant d’énormes créatures ailées, fondaient sur eux. Portant une étrange bannière sur leurs tabards décrépis par l’éternité. Bannière que Tulkas, homme de lettre, n’eut nulle difficulté à identifier. L’Ancien Empire marchait à nouveau, animé par l’énergie impie d’un dieu mort.

    - Ombragons !

    Criait l’un des hommes d’armes de la Griffe en rejoignant la formation du Luteni. Le bouclier de sable et de gueule attaché à l’avant-bras tandis qu’il regardait vers le ciel. Tulkas, lui regardait par-dessus son épaule, observant la Griffe un instant et de le désigner de l’acier-noir de la bannière.

    - Regardez les gars ! Lança-il pour l’attention de ses frères d’armes. Deydreus est aux commandes, il ne fera qu’une bouchée de ces lézards bouffis, on a nos ordres, tâchons de pas décevoir notre père sanglant !

    Les rapports fusaient, et bien que Tulkas rugissait ses ordres pour maintenir la chaîne de commandement et s’assurer que le plan de bataille de la Griffe soit suivi à la lettre, un certain vent de panique s’abattait. Les morts sortaient du sol dans le campement, l’ennemi n’était plus simplement aux portes, il était désormais dans le campement, tout allait vite. Trop vite pour le Luteni qui, en réalité, vivait son premier déploiement en tant qu’officier. Sa première vraie bataille. L’espace d’un court instant, c’est comme si le poids des responsabilités qui pesaient sur ses épaules tenta un instant de l’écraser. Mais inflexible face à l’adversité, il allait tout faire pour se révéler digne de la confiance de son Libérateur. Digne de porter l’étendard personnel de la Griffe et peut-être plus important encore, digne de la confiance de ses frères d’armes.

    Puis, la terre trembla à nouveau. Un mal endormi s’était éveillé, une abomination, faîte d’une multitude de corps entremêlés et fusionnés dans une parodie humaine. Attrapant le corps désarticulé d’un homme d’armes, la créature frappait, encore et encore, tout ceux à sa portée. Une proie de choix, à n’en pas douter, mais qui ne lui avais pas été attribuée. Quelque part, dans sa poitrine, une certaine frustration revint à la vie. Celle d’un homme, assoiffé de gloire, qui avais pris pour habitude d’affronter des béhémoths, des trolls et des géants dans les arènes de Taïsen. Celle d’un homme, qu’il espérait avoir tué. Celle d’un homme, qui au fond, serait toujours une partie intégrante de lui.

    Grondant pour permettre à cette manifestation de s’exprimer et d’expier dans une expression de colère, Tulkas se retourna vers ses hommes. Certains Lutenis auraient probablement préféré avoir un bataillon complet sous leurs ordres. Mais ce n’étaient pas que de simples hommes d’armes.


    Ils étaient des Serres Pourpres, le bras armé de la Griffe en personne.
    Et ils étaient ses frères.
    A eux seuls, ils valaient bien un bataillon entier.


    - Luteni ! Une formation d’infanterie lourde approche !

    Avait crié une voix qu’il pensait reconnaître, mais qu’importe, tenter de mettre un visage sur une voix entendue au milieu d’une bataille n’avait guère d’importance. L’information de l’arrivée d’un fer de lance vers la porte, était bien plus préoccupant. Soit, il était impératif qu’ils n’entrent pas, et les ordres de Tulkas avaient été clairs. S’assurer qu’aucun ennemi ne rentre dans son secteur, aussi, le Luteni frappa le sol de la hampe de sa bannière pour regarder ses hommes. Dont les rangs étaient soudainement plus fournis.

    « Des janissaires ? » avait-il pensé en reconnaissant leurs marques d’asservissement, avant de hocher la tête. Il ne rechignerait pas à avoir plus d’hommes sous son commandement. Mais maintenant qu’il avait l’attention de ses guerriers, il décida d’expliquer la situation brièvement.

    - L’ennemi a enfin décider de se montrer les gars ! Commença-il. La horde sers d’écran à une unité d’élite, nous allons renforcer la porte principale du camp, réduire en peau de chagrin l’avantage du nombre de nos ennemis.

    Disait-il en commençant à emmener son unité à son poste, au trot, les hommes d’armes étaient prêts à en découdre. Les Serres, équipés de boucliers et d’armes de poing, soutenus par les janissaires, équipés de longues armes d’hast. Une formation défensive parfaite pour tenir un point d’étranglement.

    - Quand la cohorte sera assez proche, il fau-

    Une masse bruyante s’approcha vite de lui, un homme, auquel il manquait une jambe. L’abomination venait de casser son arme improvisée. Qu’importe, il continuait à expliquer son plan.

    - Il faudra faire une percée, nous ne les battrons pas à l’usure dans les portes. Avec la couverture des archers et en brisant leurs formations, nous n’en ferons qu’une bouchée les gars !
    - Comment on va briser la formation Tulkas ? Répondit un de ses frères d’armes.
    - Weserian ! Rugissa Tulkas. Va me chercher un aéromancien ou un mage ! On va avoir besoin de ses talents !

    Weserian se sépara de l’unité qui continua son chemin vers la porte principale du campement. Se dirigeant vers le centre pour appeler un mage en renfort. Interrogeant tout ceux qui étaient présents, des hommes de lettres aux comptables, jusqu’au contrôleur royal. Il fallait un mage d’air pour que le plan se déroule sans accrocs.

    De leurs côtés, les Serres et le Luteni arrivait enfin aux portes, depuis lesquelles les janissaires et les archers des Serres Pourpres décochaient encore et encore des flèches. Tirant des traits incandescents vers les cieux.

    - Boucliers devants, piquiers derrières ! Rugissait Tulkas alors que, comme mû par la volonté de l’officier, l’unité prit formation d’un seul homme. Où est Weserian bordel ?!

    S’impatientant, Tulkas se détacha un instant de la troupe pour grimper sur la palissade et observer ce qui s’approchait, une première vague de morts, vêtus d’armures rouillées et d’armes derrière laquelle avançait la tortue. Descendant des murailles, il vint prendre sa position près de ses frères d’armes. Au centre du mur de bouclier qui protégeait l’entrée du camp. La hampe de la bannière fermement plantée dans le sol, le fléau d’armes dans son autre main. Il prit parole.

    - Les serviteurs de X’o-rath vont s’écraser sur nos boucliers, ployer sous nos coups ! Nous allons les briser ! Réduire leurs os en poussières ! Qu’importe que le vent rugisse, les enfants de Coeurébène ne céderont pas !

    Les Serres commencèrent à taper en rythme du poing contre leurs boucliers, frappant le sol de leurs pieds dans une cadence martiale afin d’attiser les flammes du combat dans leurs cœur.

    - Ce soir, nous allons rappeler aux morts le goût de la peur ! Clama-il en levant son fléau d’armes. Puis, quand l’ennemi s’approcha trop proche des palissades. Il hurla. Incendiez la poix !

    Et à son ordre, ou peut-être simplement par coïncidence, une flèche incendia la poix, et dans un rugissement sonore, les flammes vinrent illuminer les contours du camp. Arrêtant la progression des morts un instant. Ne leurs laissant comme seule voie empruntable celle qui les mèneraient directement au contact avec les Serres Pourpres et leurs alliés Janissaires. Levant son fléau d’armes, Tulkas vint abattre la tête de son arme sur le crâne du premier non-mort qui arriva à sa portée, pulvérisant sa tête dans des escarbilles d’os et de chair pourrie. Puis vint l’impact. Les boucliers tinrent, les épées, haches et autres armes tombèrent comme des couperets sur les morts qui étaient obligés de mener chacun des petits combats.

    Les corps se pressant les uns contre les autres, tentant de repousser le mur des Serres en arrière, ne rencontrèrent aucun succès. Coup après coup, d’épées, de haches et d’armes d’hast, ils repoussèrent les ennemis. Au cœur de cette formation, Tulkas frappait avec une vitesse ahurissante tout ceux qui s’approchaient de lui, statue inflexible qui tenait fièrement la bannière de Coeurébène dans sa main gauche et châtiait les ennemis du Reike de sa main droite.

    La cohorte d’élite approchait, Weserian lui, revint avec le soutien qu’il avait demandé. Du moins, Tulkas l’espérait. Puis, un rugissement tonitruant, encore un, résonna dans le ciel. Couvrant le bruit même de la bataille qui commençait. Puis, à sa surprise, il se mit à pleuvoir, pleuvoir du sang. Levant les yeux, Tulkas eut un moment d’hésitation.

    - Un dragon !

    Cria un homme, de surprise plus que de peur.

    - Un dragon de sang ! Répondit Tulkas avec véhémence, pour que la panique ne s’installe pas parmi ses frères d’armes trop occupés à se battre. Haut les cœurs soldats ! Nous nous battons sous les auspices d’un dragon de sang ! La fureur incarnée de l’Empire, déchaînée par notre père sanglant ! Pour la griffe ! Pour le Reike !

    Il n’attendait plus que l’arrivée du mage de soutiens pour lancer la contre-attaque quand viendra le moment opportun. Et quand ce dernier se présenta, que la cohorte sera à portée pour éviter la surextension. Tulkas brisa les rangs des morts-vivants avec un coup d'une puissance insoupçonnée avant de s'élancer au combat.


    Résumé Tour 3 :


    [Event] La marche du Vent d'Acier - Page 2 5CwAax9
    - Ud rea, ud sura rea -
    Noble du Reike
    Noble du Reike
    Ben le Bouc
    Ben le Bouc
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    Info personnage
    Race: Humain
    Vocation: Mage élémentaliste
    Alignement: Loyal mauvais
    Rang: B - Contrôleur royal
    qui suis-je ?:
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  • Dim 24 Déc - 21:15
     
    La marche du Vent d'Acier
    Feat. le Reike / Melorn

    Tout était allé très vite. L’apparition de l’ennemi aux alentours du camp, l’abomination ayant surgi dans son enceinte, les cris de surprises des soldats réguliers. Puis vinrent les ordres de la Griffe, relayés par les officiers des Serres Pourpres, les directives qui permettraient à la Compagnie de ne pas succomber à un désordre qui leur serait mortel. Les forces ennemies avaient utilisé l’effet de surprise pour semer la discorde, certes, mais déjà les troupes impériales se répartissaient comme ordonné par leur général. La guerre venait à leur rencontre, mais celle-ci avait de nombreux visages. Les Serres Pourpres, épaulées par les troupes régulières, les janissaires et les mercenaires, étaient l’un des plus féroces.

    Alors que les cordes des arcs se tendaient et se relâchaient en un claquement coordonné, faisant pleuvoir la mort véritable sur les engeances qui s’approchaient du camp, Ben le Bouc attendait qu’une affectation lui soit désignée, tout en surveillant la situation du mieux qu’il pouvait. Bien que puissantes, ses réserves de mana n’étaient pas inépuisables, et il fallait à tout prix éviter de les gaspiller inutilement. A l’instar des innombrables lignes de comptes de ses rapports, qui établissaient, entre autres, le capital des entreprises exerçant leur activité sur le sol reikois, l’officier impérial disposait d’un capital magique à utiliser de manière proportionnelle à la situation.

    Mais sur quelle situation se pencher ?

    « […] un mage ?[…] »


    L’abomination qui se déchaînait à l’intérieur du camp ?

    « […] un aéromancien par ici ?[…] »


    Peut être les créatures volantes qui se pressaient vers le camp de la Compagnie ?

    « Contrôleur !! On a besoin d’un mage qui sait manier l’air à la porte !! Vous savez faire ça ?! »


    Sorti de sa réflexion par les beuglements du soldat, Ben le Bouc posa son regard sur le reikois. Une Serre Pourpre dont le visage et la voix lui étaient familiers. Celui que le Luteni Tulkas appelait Weserian ! Celui qui allait permettre a l’officier impérial d’être là où on l’attendait. Tout en hochant de la tête pour répondre positivement à la question de la Serre, l’homme au bouc se fendit d’un simple :

    « Passez devant »


    Une fois arrivé à la porte principale, Ben le Bouc aperçût le mur formé par les soldats d’élites du Reike fixant sur place la piétaille ennemie, les empêchant d’avancer. Les instructions communiquées pendant le trajet étaient claires : la vraie cible était la troupe de soldats lourds qui allait bientôt rejoindre la bataille. L’officier impérial montât sur la palissade pour avoir une meilleure angle de vue, et commença à canaliser le mana nécessaire à son sort, tout en formant une image dans son esprit.

    Deux lignes parallèles, une à gauche et une à droite, parfaitement alignées. Puis le mana se modela, faisant plier le vent à la volonté du contrôleur, agissant sur la pression de l’air pour rendre celui-ci terriblement coupant. Deux lames de vent qui n’attendaient plus que d’être lancées sur leur trajectoire meurtrière. On attendait du mage qu’il déstabilise les troupes de choc ennemies autant que faire se peut. Ces ennemis, cachés derrière leurs boucliers, pourraient se révéler problématiques s’ils arrivaient à engager le mur des Serres Pourpres. Mais leurs boucliers ne leur serviraient plus à rien si ces morts-vivants n’avaient plus de jambes pour les soutenir.

    Les bras tendus de chaque côté, index et majeur des deux mains levés, Ben le Bouc attendait le bon moment. L’instant où ses cibles seraient assez proches pour permettre aux hommes du Luteni d’attaquer sans mettre en péril leur formation ou la sécurité du camp. Le moment qui viendrait … MAINTENANT ! Les bras du contrôleur se croisèrent vivement, et le mana rugît. Les deux lames de vent, conjurées de part et d’autre des soldats lourds ennemis, émirent un sifflement strident tout en s’abattant sur eux à hauteur des genoux, telle une paire de ciseau coupant un parchemin. La chair et les os coupés émirent un bruit écoeurant, suivi du vacarme de corps sans jambes fonctionnelles et de boucliers tombant sur le sol enneigé. Et enfin, la frappe puissante du Luteni, qui achevait de briser la formation ennemie. Plus besoin de mur défensif, à présent ! Les Serres Pourpres allaient pouvoir se déployer et répondre à l’appel du porte-bannière de Coeurébène, et leur contre-attaque promettait d’être violente.


    Car ils étaient la Compagnie du Vent d’Acier.

    Et la Marche n’était pas encore terminée.

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